L'elfe qui murmurait à l'oreille des Dragons.
#1
Gwendolwenn avait rejoint la salle du Grand Conseil de Karad Zirkommen. Elle espérait pouvoir admirer la salle du trône, dont Kadshkani lui avait vanté l'insurpassable beauté. Mais un nain lui barra le passage.

- La salle du trône est fermée pour cause de conseil extraordinaire.
- Mais je suis Gwendo...
- Je sais qui vous êtes, justement. J'ai des ordres pour ne pas vous laisser entrer, état d'urgence oblige. Si vous avez une demande a faire, adressez-vous à l'écrivain public du Grand Conseil, ici présent. Mais vous elfes n'avez pas accès au registre des doléances, il vous faut d'abord saisir le greffier des affaires internaintionales. Et pour cela vous trouverez les formulaires à l'autre bout de la ville dans la biblio...


Gwendolwenn n'entendit pas la suite, car elle avait fait volte face pour aller chercher l'information à la source : dans la rue.

Elle n'eût pas a attendre longtemps car la source d'information vint à elle : à peine la porte franchie, un nanillon (nda : terme copyrighté Grundel, signifiant jeune nain Smile) qui courait en criant d'un air apeuré « Ils arrivent ! Ils arrivent ! » alla s'enfoncer dans sa robe bleue.

- Qui ? Les Ombres ? lui demanda-t-elle
- Non ! Les elfes !! Toute une armée ! Ils viennent par fleuve en chevauchant un dragon et... mais vous êtes un elfe !?
- Non, UNE elfe, mais je...


Il repartit d'un air terrorisé, en hurlant « Ils sont là !! Ils sont là !!! » avant même que Gwendolwenn ait pu lui montrer sa bague de facture naine.

Elle cru apercevoir Zohran, qu'elle venait de quitter quelques minutes plus tôt après avoir voulu lui rendre une statuette runique de sa fabrication et se dirigea vers lui en commençant :

Zohran ! On me dit que les elfes vont assiéger Karad avec des dragons ?
Se rendant compte de l'énormité de sa phrase, elle corrigea : « Enfin c'est un jeune nain un peu émotif qui m'a affirmé cela. Pouvez-vous m'en dire plus ? »
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#2
Zohran semblait en savoir plus sur la bête que le nanillon. Il la rassura, lui expliquant que ce n'était pas un dragon, mais un serpent de mer gigantesque qui avait remonté le fleuve – ce qui en soi ne la rassura guère par rapport à un dragon – et surtout que les elfes ne venaient pas avec le serpent, mais par intérêt pour lui. Les éclaireurs nains avaient repéré le groupe depuis bien longtemps et le fleuve prenait sa source bien à l'est de Karad, la situation n'était donc pas aussi préoccupante. Ce qui l'était en revanche était peut-être le face-à-face entre elfes et nains. Dans la situation analogue du Thana Da Niluhan cela avait dégénéré en conflit.

Elle tiqua quelque peu quand il laissa entendre que la bête était en fait douée de communication... et de magie. Il n'en fallu pas plus pour la décider à aller à la rencontre de ce mystérieux inconnu écaillé. Peut-être aurait-elle plus de chance dans sa quête pour la reconnaissance de toute race consciente en Ecridel de le convaincre de devenir membre des compagnons d'Ecridel à titre honorifique qu'elle n'en avait eut avec le Korrigan – qui l'avait tuée – ou avec les gobelins – qu'elle avait dû tuer –.

Elle informa ses compagnons de sa décision d'aller voir le reptile marin, mais l'un était occupé à rendre service à un notable de Karad, l'autre cherchait des informations sur tel lieu qu'il devait rapporter à telle personne, le troisième souhaitait visiter la capitale naine, un quatrième allait à l'école de magie avec un cinquième dans le but d'apprendre des sorts avant de quitter la ville, le sixième discutaillaient de la culture naine, le septième ronchonait qu'il était rouillé et qu'il devait d'urgence s'entrainer et le huitième s'était perdu en route avant d'arriver à Karad.

Aussi promit-elle à Zohran de le tenir informé de ce qu'elle pourrait apprendre là-bas, prenant à cet effet la route avec pour seul compagnon un pigeon voyageur dont le vocabulaire se limitait à « Roûû ».
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#3
Lors des au revoirs, Irkedask, eut le malheur d'insinuer qu'il pourrait éventuellement repousser sa séance d'entrainement si vraiment la situation présentait une urgence ou une gravité extrême.
Gwendolwenn lui laissa paraître ce qu'il risquait d'avenir si elle empruntait seule le chemin au delà des portes de la capitale, avec tous les coupe-jarrets de l'Ombre qui trainaient encore suite à la razzia de la maison des Bras d'Argent...
Dans un grognement d'ours fâché de devoir quitter sa caverne après un long hivernage, il lança :

- Rhaaa...Ok j'prends la direction des portes d'Karad... Qui vient ?

Gwendolwenn était heureuse d'avoir obtenu gain de cause. L'idée de la pauvre nymphette bleue abusée par des nains avait dû émouvoir le guerrier. A moins qu'il ne s'inquiétât en fait pour le pigeon, qui répondit d'un roucoulement affectueux à son râle d'exaspération.

Kraïna, comme en echo, et dans une note à peine plus féminine, enchaina :

- Raaaaah si tout le monde y va je passerai à l'école de magie plus tard !

Puis ce fut au tour de Thraïn et d'Ehluine. Curieusement, à l'annonce d'Ehluine, Aladwen déclara qu'il avait changé d'avis, et que la visite de la capitale Naine pouvait attendre.

Et comme par magie, presque tous les compagnons étaient à nouveau réunis sur les routes, longeant le fleuve depuis sa source à la recherche d'un dragon aquatique.
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#4
Ehluine était en train de parler a un professeur de magie dans l'école de magie de Karad Zirkomen et était surprise de voir qu'il connaissait la magie de l'air! Il sourit a l'elfe devant ses yeux ébahis en lui déclarant.

Vous savez, même si je ne suis pas un pratiquant assidu de la magie de l'air, j'ai étudié plusieurs éléments. Nous, adaptes des runes, apprenons a sentir bien plus que l'élément terre lors de notre formation. Et d'ailleurs nous avons un sort de résistance à l'air. Pour l'apprendre, nous devons donc connaître l'air un peu. Mais bien sur, je ne peux pas vous donner plus de détails sur nos formations runiques, ce sont des secrets bien gardés qui ne doivent pas sortir de Karad.

C'est en plein milieu de cette discussion que Thrain, passant la porte, lui annonça que Gwendolwenn était déjà repartie en direction des portes de la ville.

Mais elle ne tient pas en place! A peine arrivée, déjà elle veut nous fait repartir! Moi qui croyait que nous avions quelques jours de repos... Pfff...

Il était surtout vrai qu'Ehluine avait encore mal a la plante des pieds suite a leur récente traversée de tout Ecridel. Et ses chaussures en cuir auraient bien eu besoin de passer chez le cordonnier, pour un raccommodage rapide. Mais il semblait que Gwendolwenn en avait décidé autrement, et elle ne pouvait pas laisser son amie partir seule. Elle avait tellement la mauvaise habitude de s'attirer des ennuis.

S'inclinant devant le maître des runes, avec une moue désolée, elle prit congé de lui et sortit du bâtiment, essayant de faire abstraction des ses douleurs plantaires.
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#5
Kraïna se félicitait de rentrer à Karad, pour un repos bien mérité et terminer son apprentissage des runes. Mais les événements d'Ecridel n'allaient pas lui laisser le choix. Un dragon ! Un dragon aurait été aperçu dans Ecridel ! Le dilemme était grand. D'un côté les runes, de l'autre le dragon. Mais les runes, elles pourraient les apprendre plus tard. Voir un dragon est un événement qui n'arrive qu'une fois dans une vie ! Mais en fière naine qu'elle était elle se devait de râler. Poussant un grognement très peu féminin pour les oreilles elfes elle fonça vers les portes de la ville, portée par la magie runique de célérité. Dépassant à toute vitesse ses Compagnons, elle atteignit les portes de Karad en un instant...

Pfffffff... encore de la neige. Et j'ai pas encore eu le temps d'aller acheter mes nouvelles bottes. Dès que cette aventure est terminée, je fais les boutiques !
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#6
Fragorn avait erré quelques temps dans les neiges du Nord. Il réfléchissait toujours à l'étrange scène qu'il avait observé entre dame Naaëmsin et l'Elfe-loup, et il était à vrai dire attristé par le départ précipité de l'étrange magicienne. À vrai dire, il n'était pas insensible au charme de celle-ci, mais ce n'était pas vraiment la raison pour laquelle il voulait la revoir: sa curiosité était piquée à vif et il aurait voulu en savoir plus sur tous ces mystères.

Un soir, alors qu'il se réchauffait tant bien que mal devant un petit feu de camp, l'Elfe entendit un bruit de pas qui s'approchait. Prudent, Fragorn attrapa son épée et s'avança vers le nouvel arrivant.

"Qui est là? Tonna Fragorn
-Bonjour, Elfe! Répondit l'autre. Mon nom est Filwel, je suis chasseur et je pars dans le Nord à la recherche de fourrures. J'ai vu votre feu de loin et je me suis dit que l'on pourrait bivouaquer ensemble."


Fragorn grommela. Il n'aimait pas que l'on trouble sa solitude. Mais il accepta la compagnie du chasseur, et finalement ne le regretta pas: Filwel apportait des nouvelles pour le moins intéressantes: un gigantesque dragon des mers qui, soit disant, soulevait des vagues de six mètres de haut rien qu'en nageant, était en train de semer la terreur le long de l'Erion!
Fragorn fut tout de suite intéressé par cette histoire. Après avoir bu une excellente liqueur apportée par Filwel, et partagés une bière naine que Fragorn avait ramené de Karad Zirkomen, les deux voyageurs s'endormirent. Le lendemain, le froid les réveilla très tôt: Filwel repartit bien vite chercher ses fourrures:

"Filwel, si tu rencontres deux ours au bord d'un étang à quelques lieues d'ici, je t'en conjure par Fryelund, ne les agresse pas. Fit Fragorn en guise d'adieu.

Le chasseur acquiesça, puis disparut au loin. Fragorn, lui, avait une nouvelle destination... L'embouchure de l'Erion.
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#7
Gwendolwenn savoura a nouveau le confort de ses bottes de messager en posant le pied dans la neige devant les portes de Karad. Mais sans gémissement cette fois, afin de ne pas indisposer les gardes nains.

Les compagnons arrivaient un a un. Trop lentement au goût de Gwendolwenn. Elle lança un sort de lévitation sur tous ceux qui passaient près d'elle.
Après avoir lançé une demi-douzaine de fois d'affilé cet enchantement, elle se dit qu'il faudrait qu'elle demande a son professeur de magie s'il existait un moyen d'étendre ses effets a une zone. Il y avait des applications pratiques utiles, par exemple pour un berger souhaitant faire traverser à son troupeau une rivière un peu trop tumultueuse...
Elle remarqua ensuite qu'elle s'était oubliée, et qu'elle n'avait plus assez d'essence magique pour se doter elle-même de la capacité aérienne. Il faut dire que de faire léviter Irkedask avait été particulièrement éprouvant pour son aura magique.
Aussi suivit elle en traînant dans la boue neigeuse le groupe qui semblait avancer sur un nuage. Errizet trouva même qu'il était plus urgent d'user de son don de lévitation pour aller cueillir une hellébore un peu plus haut dans la montagne que pour aller voir une créature fabuleuse qu'aucun elfe n'avait aperçu en plus de 1000 années.

Une fois remise, Gwendolwenn se vengea en cumulant sur elle les effets d'un nouveau sort de lévitation avec un souffle porteur particulièrement puissant. Usant de sa robe comme d'une voile de smalt, elle rejoignit et dépassa aisément le groupe, dont les sortilèges commençaient à faiblir.

Elle alla si vite et si loin qu'elle évita de peu de percuter deux nains inconnus au détour d'un bosquet. Heureusement, ils ne faisaient pas partie des Ombres, mais revenaient du fleuve, là même où la créature avait été vue. Elle gagna leur confiance en montrant sa bague des Bras d'Argent, et pu ainsi être informée de tout ce qui s'était passé au bord du fleuve, car la voix du monstre portait loin lui dirent-ils. Rebroussant chemin, elle retrouva les Compagnons.

D'un air hésitant elle annonça :

J'ai pu converser avec des nains. J'ai une bonne nouvelle, l'histoire du serpent n'est pas un ragot, ils l'ont vu de leur propres yeux.

Elle marqua une pause. Des sourires étaient apparus sur certains visages.

Mais j'ai aussi une mauvaise nouvelle : il est reparti.

Les sourires retombèrent.

Mais j'ai une bonne nouvelle : il a dit où il allait.

Les sourires ne réapparurent pas, car ils commençaient à deviner que la rapide escapade proposée par Gwerndolwenn était en train de se transformer en pèlerinage.
Elle confirma les craintes dans leur regards :

Il se rend au delà d'Asteras, à l'autre extrême du monde, à l'embouchure du fleuve...
...mais j'ai une bonne nouvelle, là-bas il n'y a pas de neige et la température de l'eau est très agréable
tentât-elle.

Puis elle leur raconta ce qu'elle avait appris.

Gwendolwenn fut agréablement surprise, car aucun des compagnons ne fit demi-tour, aucune jérémiade ni même aucune remontrance -de vive voix – ne lui fut faite. La solidarité au sein de cette guilde était sans égal. Pour fêter cela, elle se mit en devoir de distribuer un nouveau lot de lévitations, en prenant soin cette fois de garder un peu d'énergie pour elle.
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#8
Cela faisait plusieurs jours que les compagnons marchaient sans relâche. Même si la distance était longue, pour elle il faisait toujours bon de marcher vers Asteras lorsque l'on venait de la capitale naine, car la température se faisait progressivement plus douce tout au long du chemin.

En sortant de Karad Zirkomen, Ehluine avait fait route avec Aladwen a ses cotés, et ils marchèrent en silence, tous les deux dans leur pensées. En même temps, elle ne savait plus trop comment lui parler après ce qui s'était passé dans la salle de cérémonie maison Bras d'Argent: Elle avait eu une réaction incontrôlable et un sursaut d'énergie magique en réaction aux paroles de l'elfe, elle ne s'expliquait pas encore comment.

Lorsqu'ils rejoignirent les autres compagnons ce soir la, ils les trouvèrent partageant un repas autour d'un feu avec un inconnu. Ehluine s'assit avec les autres, et on lui fit passer un bol de soupe que Thrain remplissait a même d'un plus grand récipient en métal, que le nain, de manière surprenante, devait avoir dans son sac de voyage. Elle écouta les discussions ce soir la sans y prendre part, attentive a l'elfe, dont elle appris qu'il se nommait Eydan. Il était apparemment a la recherche des compagnons d'Ecridel.

Il leur parla du serpent de mer, de magie de l'eau, de nains, d'elfes, de guerres possibles entre eux, de choix proposés par le serpent. Tout se mélangeait dans la tête d'Ehluine, avec aussi les rumeurs dont ils avaient entendu parler a Karad. Ce serpent parlait? Il voulait leur donner la connaissance d'un nouveau type de magie? En même temps, certains disaient qu'il cherchait a obtenir l'aide des elfes.

Le lendemain, alors qu'ils s'apprêtaient a repartir, Eydan reçut une volée de flèches provenant de nains qui venaient de Karad comme eux. Elle faillit intervenir mais Eydan lança quelques paroles aux compagnons avant de s'éloigner, cherchant a éviter le conflit.

Ils reprirent leur marche, et arrivèrent a la rivière. De nombreux elfes et nains étaient la, et sur toutes les lèvres passaient diverses versions ou interprétations a propos du serpent. Elle était de plus en plus impatiente de le rencontrer. Elle était curieuse de cette proposition de magie de l'eau. Cela diminuerait peut-être la quantité de questions qu'elle posait a son professeur de magie a propos des autres domaines de magie, questions qu'il rejetait toujours en lui demandant de se concentrer exclusivement sur le domaine de l'air.

En même temps, elle ne comprenait pas ce que venait chercher cet être, et ce qu'il espérait tirer lui-même de sa rencontre avec les peuples elfes et nains d'Ecridel.
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#9
Enthousiaste à l'idée de rencontrer une créature si incroyable, et craignant d'arriver trop tard, Fragorn avait pressé le pas. Ne dormant qu'une poignée d'heures chaque nuit, s'arrêtant à peine pour manger et marchant aussi vite que son endurance le lui permettait, l'Elfe parvint à Tilador Erdana en un temps record. Il apprit que la majorité des Elfes qui avaient vu le serpent géant étaient toujours en amont du fleuve, apparemment aux prises avec un groupe de Nains. Fragorn était donc en avance.

"Tant mieux, pensa-t-il. Mais ne perdons pas le rythme"

Passant la nuit dans une auberge miteuse et puante dans les faubourgs de Tilador, Fragorn se leva tôt, repris sa route et le lendemain, tard dans la soirée, il arriva aux portes d'Asteras la Blanche.

Comme chaque fois qu'il arrivait devant la splendide cité, l'Elfe resta un instant immobile à admirer les hautes tours qui caressaient le ciel. Curieusement, Fragorn sentait de plus en plus depuis son retour plusieurs mois plus tôt que son cœur commençait à s'attacher à nouveau à cette ville. Paradoxalement, le fait de rencontrer des Nains amicaux et de côtoyer par intermittence les Compagnons d'Ecridel lui avaient appris à retrouver du goût pour le monde des elfes, et à apprécier son peuple malgré ses nombreuses tares. C'était sûr, depuis son voyage à Karad Zirkomen sa vision des choses avait été bouleversée.

Le lendemain, flânant dans la capitale, Fragorn apprit que le serpent devait apparaître à l'embouchure du fleuve deux jours plus tard. L'Elfe décida donc de rester à Asteras jusqu'au jour dit pour profiter de la beauté des lieux. Lorsque le jour tant attendu se leva, l'Elfe sombre prépara ses affaires et partit au plus tôt vers le sud et l'embouchure de l'Erion.

Fragorn ne s'était pas rendu là depuis des années... Depuis qu'il avait fuit sa famille, alors qu'il était jeune et fougueux. Il avait oublié à quel point l'endroit était beau, en ce lieu où l'Erion majestueux et puissant se déversait dans le grand océan. L'elfe resta une heure entière les yeux rivées sur l'horizon. La mer était si paisible qu'il n'arrivais pas à croire que si près d'ici pouvaient se tenir la ville la plus active et la plus frénétique du monde, et un instant il oublia tous les malheurs qui accablaient le monde. À un moment, un puissant navire arriva depuis le sud, longeant la côte pour décharger sa cargaison à Asteras. Peut-être venait-il de Casandor ou de Feréal, chargé des richesses récoltées à l'extrême est de l'immense Empire des Elfes... Ce vaisseau tira Fragorn de sa rêverie, et l'Elfe le regarda jusqu'à ce qu'il disparaisse dans en amont du fleuve.

Puis, alors que Fragorn lança à nouveau son regard vers le large, une grande vague s'éleva et l'éclaboussa dans un grand bruit, alors qu'une grande colonne turquoise s'élevait au dessus de l'eau.
L'Elfe recula instinctivement, intrigué. Puis, le haut de la colonne se recourba et Fragorn comprit qu'il s'agissait du fameux serpent. Il était encore plus imposant et beau que dans son imagination, et une grande puissance se dégageait de lui. Puis Fragorn prit conscience qu'il était le seul elfe présent sur place... Où étaient les autres?

Fragorn resta un moment sans parler, à observer le serpent... Il ne savait rien de lui, et ignorait ce que les Elfes lui voulaient. En cet instant, l'elfe sombre se sentit étrangement seul et vulnérable.
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#10
Peu de temps après avoir quitté Karad, lors d'un bivouac où Thraïn s'était collé à la corvée de bois et de cuisine, Gwendolwenn fut surprise de constater qu'il avait invité à leur table, si l'on pouvait parler ainsi, un elfe dénommé Eydan. Le pauvre avait pris le risque de fait le trajet vers Karad, pour informer les Compagnons de l'histoire du serpent, et sur un quiproquo, il s'était fait vertement sermonner par Gwendolwenn. Elle le connaissait pour avoir déjà combattu les nains, et supputait qu'il ne cherchait les Compagnons que par intérêt personnel.

Il leur avait exposé les propositions du serpent, au nombre de trois. Aucune des trois n'avait convaincue Gwendolwenn, car chacune comportait des non-sens qu'elle n'expliquait que par une mauvaise interprétation des paroles du serpent. Ils en restèrent là et Eydan passa la nuit avec eux. Au matin, Gwendolwenn surprit la discussion entre Irkedask et l'elfe. Ce dernier lui expliquait le revirement de sa manière de penser, sa nouvelle vision moins guerrière des relations entre elfes et nains. Que ne lui avait-il raconté cela la veille au soir ! Au moment où elle alla trouver l'elfe pour s'excuser de sa conduite, ce dernier fur touché par des flèches naines. En confirmation des paroles qu'il avait eût quelques minutes plus tôt et au grand étonnement de Gwendowenn, il ne répliqua pas, mais s'éloigna tout simplement afin d'éviter le conflit. Elle se jura de ne plus juger aveuglément quelqu'un sur son passé, mais sur ses actes présents.

Le groupe s'était remis en route immédiatement après cet incident. Plus ils avançaient vers le lieu où s'était tenu le serpent, plus ils rencontraient de monde. Elfes et nains, certains déjà se battaient. Cela promettait de bien vives tensions auprès de l'embouchure du fleuve.

La plus grande partie des compagnons avait décidés de mettre à profit la route entre Tilador et Asteras pour gagner du temps et se dirigèrent vers l'ouest. Mais Gwendolwenn trouvait que le chemin le plus court d'un point à un autre était la ligne droite. Elle souhaita bonne route aux compagnons et a Ehluine de se retrouver dans une charrette de foin avec Aladwen. Elle proposa a Jah, dont le flegme était en passe de devenir proverbial, de l'accompagner par le raccourci, mais celui-ci avait encore quelques entrainements sur le feu, ou plutôt quelques entrainements dans le domaine du feu pour être exact, et avait décidé de ne partir que le jour suivant. Elle fit donc route seule, directement au sud, traversant fleuve, ronciers et marais en lévitant, forêts et prairies en courant, et ne faisant plus pour halte que de brèves séances de méditation concentrées.
Elle n'était cependant pas la seule à courir de la sorte, voyant de-ci de-là des elfes de la Flèche d'Argent qui pressaient le pas dans une direction similaire. Plus étonnant pour elle fut de se faire dépasser par un nain, qui plus est armé d'un arc. Elle se dit qu'elle avait encore des progrès à faire en matière de souffle porteur si elle se faisait distancer ainsi par un être à moitié aussi court sur pieds qu'elle...
Quelques heures plus tard, elle rencontrait un elfe, qui lui affirma avoir perdu son nain. Renseignements pris, il s'agissait d'un nain armé d'un arc qu'il s'était propsé d'escorter, et celui-ci l'avait laissé... dans le vent.
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#11
Les jours avaient passé, se ressemblant tous. Derrière Kraïna, les Nains avides de sang fonçaient dans les rangs elfiques, devant, des êtres des deux races courraient vers le Dragon. Kraïna était fatiguée de courir toujours plus loin vers le sud. Mais, elle aimait croiser certains elfes, qui, au lieu de décocher une flèche vers elle, comme ils l'auraient fait sur d'autres nains, la laisser passer, voire même la saluer, elle, une Compagnon d'Ecridel. Elle n'avait pas à regretter son choix, surtout qu'elle allait voir un Dragon. Ou un serpent géant. Enfin bon, une créature fantastique.
Les flèches d'argent saluèrent le groupe. Ils honoraient ces Compagnons par leur sympathie à leur égard. Arrivée en vue d'Asteras, la terrible nouvelle tomba sur Kraïna. Le Serpent était parti... Elle ne le verrait pas. Effondrée, elle s'écroula sous la fatigue, détroussée de cet espoir qui l'avait porté vers l'avant.


Tout ça pour rien ! cria-t-elle presque en frappant le sol de son poing. La moitié du monde connu parcourue pour rien ! Non ! Je ne partirai pas. J'irai jusqu'au bout et peut-être que devant notre détermination, le Dragon reviendra. Mais maintenant que nous ne servons plus aux elfes, il va falloir être prudents...

Expliquant aux Compagnons sa décision d'aller jusqu'à l'embouchure du fleuve, pour, si ce n'est voir le Dragon, voir la Mer, elle plongea dans l'eau et commença à traverser l'imposant cours d'eau, sous les tourelles de la cité elfique.
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#12
Gwendolwenn avait traversé le fleuve à pied, grâce à ce qui était devenu sont sort le plus fréquent : lévitation. En d'autres temps et en d'autres lieux, elle aurait eu pour cela des milliards de fervents admirateurs durant des milliers d'années. Mais présentement, il n'y avait guère que quelques mouettes qui la suivaient. Elle avait presque rejoint Asteras, et il n'y avait toujours pas trace des compagnons. Cela commençait à l'inquiéter. Elle avait pensé qu'ils seraient peut-être même arrivés avant elle à l'embouchure.
Il était temps de relâcher le pigeon qu'elle portait depuis Karad. Elle se rendit soudain compte qu'il n'avait émis aucun son depuis sa séparation d'avec les compagnons et qu'elle avait oublié de le nourrir depuis ce même moment.... elle se demanda un instant s'il n'avait pas trépassé. Mais en soulevant le tissu qui couvrait la cage un petit « rouu ? » plaintif la rassura. Il était devenu presque aussi chétif que Gwendolwenn. Elle lui donna ses graines, quelques baies rouges, un petit morceau de bacon, et une écuelle de bière naine qu'il finit en quelques goulées, avant de réclamer la suite d'un grand « rouuuu ! » de supplication. Pas de doute, c'était bien un pigeon de Karad. Mais elle ne céda pas, pensant qu'il serait ainsi bien plus prompt a retourner vers sa destination pour obtenir une nouvelle écuelle. Elle sortit un parchemin, et récitât à haute voix ce qu'elle écrivait :

Citation :Cher Zohran,

Comme je vous l'ai promis, voici quelques nouvelles concernant le « dragon ». Nous avons fait un voyage presque sans histoire jusqu'aux terres Elfiques. J'ai quitté le groupe Je puis vous assurer avec quasi-certitude qu'il ne représente pas danger, ni pour les elfes, ni pour les nains. Il a en effet préféré s'éclipser lorsqu'il a remarqué les troubles qu'il causait de par sa seule présence. Le point négatif étant justement qu'il est... parti. Je suis actuellement aux portes d'Asteras, et bien que ne l'ayant aperçu de mes propres yeux que quelques minutes, je ne désespère pas de le retrouver pour de multiples raisons. J'ai pour objectif de me rendre au port d'Asteras et de louer une embarcation pour partir à sa recherche sur les mers méridionales.
Je vous prie en outre de bien vouloir faire passer un message à la Maison du Bras d'Argent, ne voulant pas me ruiner en pigeon voyageurs pour envoyer un message séparé, je profite de celui-ci.
J'ai fait don de mon anneau a un elfe, vous aurez deviné lequel, qui a participé tout autant que moi à la mission contre les Ombres, j'espère qu'ils ne prendront pas ombrage de ceci. Aussi, si vous voyez mon anneau a un autre doigt que le mien, ne concluez pas à un méfait, c'est en plein gré que j'ai fait ce présent.

Votre dévouée,

Gwendolwenn.
Le pigeon valida chaque phrase. A moins que ses roucoulements ne fusse des réclamations pour un supplément de repas. Elle fixa solidement le papier à la patte de l'oiseau, puis le lança en l'air. Les claquements d'ailes s'éloignèrent au dessus du fleuve.

Arrivant au port, elle fut étonnée de ne voir que peu de monde. Comme elle s'interrogeait, on lui répondit qu'un monstre attaquait les elfes.
- Sur mer ?
- Non, sur terre au nord-est.
- Le serpent ?
- Non une bulette.
- Une belette ?
- bUlette
- Une boulette ? c'est quoi ça ?
- Un croisement entre un requin, une tortue et un aligator géant.



Décidément Gwendolwenn ne comprenait plus rien. Un dragon disparaissait, un autre apparaissait... Mais soit. Celui qui l'intéressait était le plus pacifique des deux. Elle se renseigna pour un bateau. L'accent du marin lui rappelait vaguement quelqu'un.

- Quoi ? Neuf cent pièces d'or pour louer ce rafiot troué ?
- Ben oui m'dam. Si vous m'dites qu'c'est pour aller chercher un serpent d'mer, c't'un peu comme si j'vous l'vendais en vue d'jamais l'rvoir.
- Et si je vous dis que je vais pêcher le thon ?
- Avec tous les monstres qui trainent, ces temps là, c'est l'même prix, m'dam. Les rames s't'on en option.


Gwendolwenn opta finalement pour un voyage maritime... a pied. Pour le prix de la location de la plus petite barque du port, elle pouvait s'offrir seize fioles de mana, ce qui lui permettait de tenir plus de deux semaines en lévitation.

Soudain de l'extrémité du quai où elle se tenait, elle vit dans une ombre dans le fleuve. Le serpent ? Non... cela aurait été trop beau. Et c'était bien trop petit. Kraïna ! Elle s'empressa d'aller vers elle pour lui jeter un sort de lévitation. Mais la naine avait une telle brassée qu'elle atteignit l'autre rive avant que Gwendolwenn arrive a sa portée.
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#13
La naine s'était jetée à l'eau, luttant contre son instinct nanesque. Mais une fois dans l'eau, ne sentant plus le sol sous ses pieds, et l'Erion l'emmenant au loin, elle prit peur. Battant fortement des bras et des jambes elle lutta pour atteindre l'autre rive. Mais, loin de s'arrêter là malgré son état de fatigue elle courut se mettre à l'abris dans les terres. Aller voir la mer n'était peut-être pas une si bonne idée... Mais une petite lumière s'alluma dans sa tête. Comprendre l'eau comme l'avait dit le Serpent ne serait peut-être pas une si mauvaise idée pour une naine adepte des longs voyages semés d'emb(o)uch(ur)es et de cours d'eau.
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