[RP] Conquête
#31
"Les hommes, les femmes, ... Les poules également, si cela était possible," répondit la sorcière sans la moindre compassion. "Je veux lire la haine dans le regard de ces gens lorsqu'ils le poseront sur vous. Je veux vous voir méprisé de telle sorte que nul ne puisse regretter votre brève gouvernance.

Comprenez vous ? J'attends de vous que vous réduisiez à néant ce respect bien mal-acquis qui vous a placé dans leur cœur. Vos aveux devront vous rendre coupable aux yeux de tous, quand bien même votre dessein n'avait rien à envier à ceux de bien des puissants. S'offrir la loyauté d'une armée est une base fondamentale après une ascension rapide si l'on entend rester à cette place.

Ce sont les moyens pour y parvenir qui vous accablent de félonie. Mais ce n'est guère suffisant. Grossissez le trait de vos méfaits. Parlez d'effets secondaires sur la santé des enfants contaminés par vos potions malveillantes. Faîtes-vous le disciple de Grid s'il le faut. Décrivez comment vous avez encouragé la fornication tant par cette structure communautaire que par des aphrodisiaques, par exemple..."


Selinde lui adressa un sourire en double teinte.

"Soyez créatif, et vous resterez vif."
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#32
Le visage devint rouge et la peau moite. Il appréhendait la suite des événements, car sa position passerait de bien aimé à paria...
S'il s'était résigné à faire des aveux, une exagération de ses expériences ne lui paraissait pas naturelle, il préférait enjoliver les faits plutôt agréables que celles qui le desservaient...

Il se permit un commentaire, qu'il regretta à peine prononcé.

Des aveux francs et me voir ramper pour espérer mon bannissement ne vous suffisent pas ? Vous êtes malsaine...

Plusieurs bruits de pas se firent entendre à l'étage, s'approchant de la trappe. Une voix connue - celle de la jeune mère - lança

C'est ici que Jalnis nous a utilisé !

Un grommelement suivit la remarque avant que des pieds apparaissent au sommet de l'échelle.
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#33
”Mes ennemis ne m'ont pas affublée de cet affectueux sobriquet de démone pour rien,” ponctua-t-elle d'un petit rire railleur en réaction à sa remarque qui avait eut la singulière conséquence de la divertir. Selinde porta son doigt à ses lèvres, qu'un sourire amusé habillait, et fixa le mage d'un oeil caustique, comme si tout ceci n'était qu'un jeu cruel pour lequel il n'était qu'un pion.

”Je me moque de votre devenir, Jalnis. Seul l'avenir de Balard m'intéresse, et il ne pourra être florissant que si j'éloigne votre ineptie communautaire de l'esprit de ses habitants. Je vous offre une chance de repenti. Le choix vous revient...

Et c'est déjà bien d'avantage que ce que vous avez daigné accorder à votre propre progéniture,”
ironisa-t-elle en levant les yeux vers le plafond, attirée par les bruits de pas à la surface.
“Les voilà. Nous verrons si vous êtes à la hauteur de votre rôle.”

Selinde lui fit signe d'avancer vers l'échelle d'un geste avec son poignard, et pria les nouveaux arrivants d'escorter Jalnis à l'étage et de rester méfiants se faisant.
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#34
Un homme armé d'âge mûr fut le premier à émerger de la trappe, suivi de près par deux jeunes tout juste sortis du lit, et la jeune femme fut la quatrième à descendre l'échelle. A peine son pied fut-il posé sur le sol, qu'elle vociféra son venin à l'encontre de son ex-bien aimé, réveillant par un sursaut les hommes légèrement amorphes.

IL nous as trompé, que nos Dieux en soient témoin, il a pactisé avec le diable pour nous duper, nous corrompre et dans les ténèbres nous envoyer !

Le capitaine fit un signe de tête et ses hommes tentèrent de calmer la future mère. A coup de paroles rassurantes et de contacts physiques apaisants, ils réussirent à défaut d'éteindre sa colère, la faire taire. Le vétéran dégaina son arme et lança à Jalnis, sur un ton inquisiteur, oubliant la présence de Selinde.

Je te conseille de cracher le morceau, ta duperie touche à sa fin...

L'heure n'était plus à la présomption d'innocence, mais aux aveux.... Jalnis, face aux furies qui hurlaient ou le menaçaient avec une lame se mit à table sans demander son reste, respectant les ordres de sa geôlière.

Je ... je voulais une armée docile, qui exécuterait mes ordres sans broncher, et les expériences de l'ancien propriétaire de cet endroit m'ont permis de mettre en œuvre mon projet. Une concoction à base de plantes et de poudre de mana augmente l'affinité à l'égard d'une personne, proche de l'envoûtement... Si les effets sont temporaires, ils sont décuplés, voire intemporels sur les nourrissons. Du moins, en théorie.

Le capitaine ne put retenir son geste, sa main vola vers la tête du mage. Le poing s'écrasant sur son visage eut pour effet secondaire une entaille plus profonde sur la gorge, laissant le sang couler plus abondamment.

Nous te faisions confiance, comment as-tu pu ? Ingrat, serpent ! Vide ton sac !

La joue en feu, Le mage commença à blêmir manquant de sombrer dans l'inconscience. Il poursuivit son discours.

Les progénitures me seront dévouées.... puisque leur naissance provoquera la mort de leur mère coupant ainsi le dernier rempart au charme, l'emprise maternelle. Je suis un assassin, car nombre de femmes perdront la vie après avoir enfanté.

Le visage du capitaine devint rouge de colère, et la future mère profita de cet instant pour beugler sa haine... Des paroles incompréhensibles sortaient de sa bouche et les deux soldats empêchaient l'enragée, tant bien que mal, de se jeter sur Jalnis.

Gardant son sang froid, il questionna le coupable.

Et il existe un remède ?

Le mage leva la tête affichant le regard du condamné. Une réponse en un seul mot, qui ne put retenir le second crochet du droit.

Non.

Sous les yeux de la talienne se déroulait une parodie de procès.
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#35
Jusqu'alors, Selinde s'était tue et observait silencieusement la scène qui se jouait devant elle. Si elle appréciait le spectacle, elle n'en montra rien, impassible. Seul son sourcil se leva, indécis lorsque Jalnis évoqua le caractère irrévocable de ses exactions. Un tel aveux était osé en sa situation.

Ce fut cet instant qu'elle choisit pour intervenir, se plaçant devant un Jalnis vacillant pour le protéger d'un troisième coup de poing, qui ne manquerait pas de le mettre à terre. Elle fit face au vétéran, forte de l'ombre de son frère qui venait tout juste de descendre.

"Avant lui, Grid aussi, estimait à tort qu'il n'y avait pas d'antidotes à ses philtres. Mais ce n'est pas parce qu'il ignorait comment neutraliser son propre poison que tout est espoir est vain.

Son poison, concocté ici-même, aurait du coûter la vie à sa victime, pourtant celle-ci est à l'heure actuelle, en rémission complète grâce à l'intervention de quelques sages œuvrant à la cour et aux notes que j'ai pu récupérer dans ce laboratoire.

Jalnis a du employer une variante de ce savoir. Ils sauront peut-être annuler les effets de cette mixture abjecte. Laissez-moi requérir leur aide, ils m'écouteront."


La sorcière se tourna vers Jalnis, et inclina la tête sur le côté, comme si elle réfléchissait. Elle le pointa du doigt, en grimaçant.

"Mais j'ai besoin de lui, vivant," décréta-t-elle avec une pointe de dégoût dans la voix. "Ainsi que de l'entièreté de ses recherches. Plus nous pourrons apporter d'informations aux sages, plus ils pourront comprendre le mal qui infecte les enfants à naître.

Si cette solution vous convient, je doute que nous en ayons d'autres à vrai dire, nous partirons dés l'aube après avoir chargé tout ceci dans un chariot. Il n'y a pas de temps à perdre en pareil cas."


Comme à son habitude, elle avait statué de la marche à suivre sur un ton ne souffrant aucune contestation. Selinde lança un regard entendu à son frère : elle savait ce qu'elle faisait.
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#36
Le vétéran hocha la tête, mais les plus jeunes remuaient derrière lui. Si la jeune mère contenait sa fureur, il sentit son regard empli de reproches se poser sur lui. Quelques personnes les avaient rejoints, alertés par le boucan qui montait du laboratoire exigü, murmuraient leur désapprobation. La promiscuité et la chaleur étouffante de la pièce surpeuplée n'aidaient pas à garder son calme.

Si cela peut sauver les nôtres alors nos gardes les plus dévoués vous accompagneront pour transporter les documents que vous jugerez importants. Je sélectionnerai moi-même ces hommes et soyez assurée qu'ils ne vous ralentiront pas.

Il marqua une pause pour dévisager le mage coupable avec horreur. Felmena tenta de se dégager mais fut retenue par les deux jeunes hommes. Il leva la main droite pour faire taire le bruit de fond avant de poursuivre.

Mais promettez-moi que vous le châtierez à la hauteur de son maléfice. S'il revient ici, je ne répondrais plus de rien.

Des signes de tête se répandaient dans l'assemblée approuvant les propos du capitaine, et on dégagea un passage pour les deux aventuriers et leur prisonnier, quelques personnes retournèrent dans le hall pour laisser plus de place. Lorsque Selinde se fraya un chemin avec un Jalnis silencieux, on raclait sa gorge pour cracher sa haine sur le mage. Arrivés à l'échelle, le capitaine, lança une dernière parole.

Mes hommes seront prêts dans une heure. Vous sauvez Balard une seconde fois, cette fois-ci de notre naïveté. Pourquoi avons-nous une telle importance à vos yeux ?

Cette question franche fit retenir la respiration des personnes encore présentes, comme si l'avenir de la région en dépendait.
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#37
"Tant que Balard demeure protégée malgré ce détachement."

C'est ainsi que Selinde acquiesça à la proposition de celui qui semblait être l'officier le plus haut gradé de ce qu'il restait de gardes à Balard. Bien que Dione et elle n'avaient pas réellement d'une escorte, amplement capables qu'ils étaient de riposter à un assaut de brigands, mais quelques hommes en armes supplémentaires suffiraient à décourager toute menace, et ainsi, à leur faire gagner un temps précieux.

"N'ayez aucun doute à ce sujet. Jalnis payera à la juste hauteur de ses crimes."

Jalnis fut probablement le seul à comprendre le sens véritable de cette affirmation. A l'évidence, il était coupable de faits répréhensibles et serait puni pour cela, mais il ne serait pas inquiété pour les mensonges qui l'accablaient des pires maux. Sa peine en serait réduite, et sa vie épargnée. Ne l'avait-elle pas promis ?

Une froide main d'acier sur l'épaule du mage, Dione menait lentement Jalnis vers la surface. Bien que la pièce était exigüe, une éternité passa, face à tous ses visages haineux, avant que la sorcière ne se trouva à proximité de Felmena. Elle allait lui dire quelques mots lorsque l'officier l'interpella de cette question troublante.

Il eut un silence où elle sentit le poids des regards, à présent, tournés vers elle. Son cœur se mit à battre plus fort, abreuvé d'un sentiment de peur et d'excitation mêlées. Elle avait espéré cet instant, l'avait attendu patiemment. Maintenant qu'il se présentait, elle ne savait que dire, que faire. Et s'ils la rejetaient ?

"N'est-ce pas le devoir d'un seigneur que de protéger son peuple ?" finit-elle par répondre, dissimulant ses doutes intérieurs par un insolent aplomb. Ses faiblesses n'appartenaient qu'à elle et à ses longues nuits de réflexion, où le fardeau de son existence venait la hanter. Ils n'avaient pas à les connaître.

Avant que nul n'ait eu le temps de réagir, Selinde se tourna vers Felmena et porta sa main sur ce ventre fertile.

"Votre enfant aura un avenir, Felmena, ainsi que tous ceux à naître sur ce sol. Tous grandiront avec l'assurance de recevoir une éducation digne de ce nom, tant martiale que culturelle. Tous pourront apprendre à manier le glaive et la plume, et ainsi armés, ils pourront espérer sortir victorieux d'un combat contre l'ordre établi.

Par ce biais, je veux qu'ils se sentent libérés des chaînes de leur naissance."


Alors que Selinde parlait, une étincelle résolue animait ses iris noisettes.

"Cet enfant aura un avenir, et vous serez à ses côtés pour l'élever et le chérir. Je vous le promets, Felmena. Masielle m'en est témoin."
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#38
Le capitaine baissa la tête avec un soupir de lassitude. Il avait connu bien des hivers et cherchait la stabilité avec un chef juste et loyal envers son peuple, au détriment de ses propres intérêts. La position ne l'enviait peu, et lui coûterait les dernières mèches brunes de sa chevelure grise. Pour sa famille et les petites gens de Balard, il aspirait à une tranquillité et honnêteté hiérarchique.

Selinde briguait aussi les commandes de Balard : l'intérêt d'évincer le précédent dirigeant ne pouvait donc que la réjouir. La mage avait prouvé sa valeur, par deux fois, et semblait solide à bien des égards. Jalnis avait endormi leur méfiance, échafaudant un scénario machiavélique. S'il avait été percé à jour, nul doute que la confiance d'un peuple envers le caldras serait plus difficile à obtenir. Au moins, la sorcière inspirait la sympathie. Un bon début.

Le discours qu'elle tint à Felmena le tira de ses pensées. Un serment d'une vie paisible, c'était cela que le peuple cherchait, sans oppression ou manipulation. Vivre libre et heureux, tel était le dessein de Balard ! La réaction de la future mère se limita à un hochement de tête, le visage trahissait un mélange d'espoir et de méfiance. Les événements récents étaient encore trop frais pour oublier toute duperie, mais pourtant, par sa promesse, elle avait touché le cœur de la jeune femme.

Alors qu'elle disparaissait par la trappe, il lança d'une voix forte.

le devoir d'un seigneur est bien plus que la protection et reconnaissance de son peuple.

Peut-être qu'elle était leur salut. Mais le peuple de Balard n'avait pas encore pansé ses blessures.
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#39
Selinde étira paresseusement ses membres engourdis par l'inaction, et endoloris par le mouvement chaotique et brinquebalant du chariot dans lequel elle s'était installée. Elle ne quittait que rarement des yeux l'homme assis en face d'elle. Attaché et bâillonné, Jalnis n'avait pas bronché depuis qu'il avait quitté la citadelle de Balard. Les précieux documents se trouvaient dans une seconde caravane que quelques cavaliers encadrer pour la protéger.

La sorcière soupira. Ils n'étaient pas partis depuis longtemps, une heure tout au plus, que déjà l'ennui erreintait sa patience. Tout en scrutant son prisonnier, elle haussa un sourcil et se mit à fouiller sa besace. Elle en sortit une flasque remplie d'alcool qu'elle déboucha prestement. Mais au lieu d'en abreuver son gosier, elle la retourna contre un bout de tissu propre et se glissa près du mage.

“De l'eau de Myste. Cela risque de piquer un peu.”

Sans lui laisser le moindre choix, elle plaqua le mouchoir imbibé contre la vilaine entaille qui lacérait le cou du condamné. Elle fit attention à bien décrasser le sang noirci, non sans un léger plaisir à voir la machoire de Jalnis se crisper sous l'effet de l'alcool.

“Il serait dommage que vous attrapiez une mauvaise fièvre à cause d'une plaie non-nettoyée. Après tout ce que vous avez fait pour conserver la vie, mourir ainsi serait d'une divine ironie, vous ne trouvez pas ?”


Amusée, elle défit le bâillon du mage et l'invita dans la discussion d'un sourire railleur.
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#40
Le mage la fixa sans trahir ses émotions. Difficile de croire que c'était la même personne joviale et taquine de la veille, il semblait si résigné... voire fataliste.

La boutade n'eut aucune réaction, restant impassible pendant les soins que lui prodiguait la pyromancienne. Si la dernière phrase le questionnait, il ne fit aucune réponse, preferant détourner le regard vers le paysage qui défilait.

Après quelques instants, il se permit un commentaire sur un ton glacial.

Ma fin n'est qu'une question de temps, une fois que je ne vous serais plus d'aucune utilité...

S'il avait fait preuve de fourberie, Selinde était à ses yeux une maîtresse du machiavélisme.
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#41
Le sourire de la pyromancienne se mua presque imperceptiblement. De moqueur, il devint énigmatique pour qui la devinait dépositaire d'une intelligence fantasque.

"Pensez-vous seulement m'avoir été utile à un moment donné ?"

Elle s'éloigna de lui et s'adossa simplement contre un rebord. Elle leva la tête vers le ciel, laissant sa chevelure laiteuse s'envoler hors du chariot. Elle resta un moment, ainsi, à contempler les nuages et les formes étranges.

"Vous comprendrez la vérité peut-être un jour."
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#42
Exaspérée par le mutisme de Jalnis, la sorcière avait, bien vite, renoncé à sa conversation pour chevaucher aux côtés de son frère jumeau. Il lui arrivait de jeter un coup d'oeil curieux aux différentes notes rapportées du laboratoire secret de Grid lorsque l'ennui le lui dictait.

Selinde mit, également, le voyage à profit pour apprendre à connaître les gardes qui l'escortaient. Ils incarnaient l'élite militaire de Balard selon le capitaine ; gagner leur allégeance était une nécessité.

Ce ne fut qu'au bout d'une semaine d'un trot soutenu qu'Yris se dressa à l'horizon. La caravane y pénétra, longeant les ruelles jusqu'à atteindre la ville haute où les sentinelles postées, n'eurent d'autre choix que d'autoriser la talienne à la chevelure blanche et son escorte à circuler librement.

Ils s'arrêtèrent devant les portes du palais royal, sous les regards indiscrets des passants trop curieux. Selinde descendit de sa monture d'ébène pour glisser quelques mots autoritaires aux soldats en faction.

“Officier, faîtes-moi annoncer auprès de Son Altesse en lui précisant que je dispose de quelques documents qui pourraient l'intéresser lorsqu'elle en aura le temps, et surtout le désir. Puis-je compter sur l'aide de vos hommes pour parquer ces chariots dans l'enceinte intérieure du palais ? Leur contenu doit rester sous surveillance jusqu'à la visite de Son Altesse. Nul autre qu'elle ne doit poser les yeux dessus.”

Après un acquiescement hébété de son interlocuteur, Selinde se détourna de celui-ci pour saluer les gardes qui l'accompagnaient jusqu'à présent. Elle leur tendit une bourse dont le cliquetis caractéristique laissait deviner l'or qui la remplissait.

“Tenez, soldats, vous avez largement mérité votre solde pour nous avoir protégé durant le voyage. La garde royale prend la relève dés à présent.

Profitez donc de ce répit pour vous reposer et visiter la capitale, car nous repartirons pour Balard dans trois jours, le temps pour moi de résoudre les affaires qui nous préoccupent.”


Son regard, accusateur, s'était dirigé vers le mage pour appuyer son affirmation. Puis, elle porta son poing au coeur pour les saluer et les congédier dignement. Pendant ce temps, quelques fantassins portant le blason des Volaran tiraient déjà les lourds chevaux de trait par les rênes pour les mener à l'intérieur, suivi de près par Dione.

Quand à la pyromancienne, elle suivit docilement le haut-gradé venu la chercher, ne sachant si la princesse allait la recevoir dés à présent ou plus tard, lorsqu'elle en aurait la possibilité.
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#43
La bourse dans les mains des gardes de Balard fit apparaître des sourires de satisfaction. Il fallait se reposer après ce voyage au pas de course, dans la capitale où tout était possible, loin de la famille, libres, loin de leur femme.... Ils échangèrent des regards entendus avant que l'un d'entre d'eux douche leurs illusions par un regard culpabilisant. Puis il s'approcha de la talienne.

Pour le bien de Balard, je me dois de vous accompagner et vous soutenir dans votre tâche.

Aucune duperie, mais la confiance n'était pas encore aveugle...

Le mage prisonnier, Selinde et Dione accompagnés d'un fantassin de Balard passèrent la grande porte et furent menés dans le grand hall du palais. Sur une estrade, à côté du trône vide, des chaises confortables étaient occupées par des hommes - riches et puissants sans nul doute - qui conversaient entre eux, sans se préoccuper de l'assemblée de roturiers devant eux. Des gardes maintenaient une distance de sécurité entre les conseillers et le peuple.

Le haut gradé leur indiqua une file... et Selinde comprit l'affront de mêler l'avenir de Balard aux affaires du bas peuple. La princesse n'avait sûrement pas été prévenue de sa venue.

Le silence se fit en un claquement de doigts lorsque la princesse vêtue d'une robe bleue soulignant la courbure de ses formes entra dans la pièce attirant tous les regards, parfois lubriques. Bombant le torse et fière de sa position, elle s'approcha du trône vide et s'y installa.

Notre Roi encore convalescent s'occupe d'affaires urgentes portant atteintes à l'intégrité de notre peuple et m'a chargé d'assurer la supervision des affaires courantes afin que vous soyez entendus.

Alors qu'elle parcourait l'assemblée du regard pendant sa tirade, elle vit la pyromancienne, son regard s'illumina et le ton se fit plus charmeur. Personne en dehors de Selinde, ne vit ce changement d'attitude.

Lorsque le premier paysan s'avança pour se plaindre, la princesse le stoppa de la main et parla d'une voix enjoleuse.

Je ne doute pas de l'importance de votre requête, et nous savons tous que l'équité nous demande d'écouter vos requêtes par ordre d'arrivée. Mais, l'avenir de Balard est en jeu et je souhaiterais faire une entorse à cette règle en écoutant en premier la talienne Selinde.

Des murmures de désapprobation se firent entendre dans l'assemblée et parmi les conseillers qu'Elene stoppa d'une seule phrase.

L'approvisionnement en blé de la capitale en dépend.

On s'écarta pour laisser passer la délégation et la princesse les invita à s'exprimer non sans une œillade complice et discrète envers la femme au tempérament de feu.
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#44

Selinde n'était jamais entrée dans l'impressionnante salle du trône d'Yris. Jusqu'alors, Elene n'avait autorisé sa présence que lors d'audiences officieuses qualifiées tantôt de brimade, tantôt de privilège par la pyromancienne. Même lors de l'adoubement de son frère, elle n'avait pu passer le seuil, empêchée par la foule massée pour assister à la scène. Contrairement à l'aristocratie placée aux premières loges, elle n'avait rien vu de l'instant de gloire de son jumeau.

Elle n'en gardait que le souvenir de ces immenses voûtes sculptées et peintes aux couleurs et formes du panthéon divin, aperçues au dessus des têtes en liesse. Face à ces impérieuses divinités de marbre, elle s'était sentie ridicule et impuissante, tiraillée qu'elle était entre la fascination et le dégoût pour toute cette opulence de grâce et de fines dorures. Ce pénible sentiment d'infériorité n'avait fait que s'accentuer quand elle avait remarqué le regard immobile et sentencieux de ce dieu guerrier avachi sur sa lance, posé sur elle.

L'inflexible statue n'avait cessé de la fixer et de la juger de toute cette hauteur surplombante pour lui rappeler sa pathétique insignifiance. Mais Selinde avait relevé la tête en signe de défi et lui avait adressé son air le plus revêche. Silencieusement, elle l'avait questionné. Pensait-il que tout ceci était réellement juste ? Indéniablement, cela ne pouvait l'être. Edar le savait. Après tout, il n'avait pas eu besoin de l'être pour l'incarner aux yeux des mortels les plus fervents. Aux siens, il n'avait jamais été l'avatar de la justice, mais bien celui de la vengeance.

La vengeance… Cette voie qu'elle avait, elle-même, choisi d'emprunter pour défier le sort et conquérir le destin dont on l'avait privée à la naissance...

Le temps avait passé sans apaiser son coeur d'écorchée, mais ses pas foulaient à présent, les mosaïques florales qui ornaient le sol de la grande salle d'audience. De méfiance ou de déférence, on se poussait à son passage et à celui des hommes qui la suivaient.

La sorcière s'avança au seuil de l'escalier ornemental d'où la princesse et ses conseillers siégeaient et dominaient l'assemblée. Genou au sol, elle s'inclina devant sa souveraine, immédiatement imitée par Dione et le fantassin, tandis que Jalnis s'effondrait bruyamment, suite à un coup de fourreau sec et précis à l'arrière du genou. Selinde releva la tête pour s'adresser solennellement à la future monarque. Ses yeux noisettes, déterminés comme jamais, s'attardèrent plus que de raison dans ceux, bleu-gris, d'Elene.

“Votre Altesse Royale, vos Excellences, soyez assurés des plus sincères salutations de Balard et de son peuple.

Hélas, le caldrasir est en proie à une succession de bassesses, qui ont, une à une, rongé l'espoir de ses habitants, accablés par le plus pernicieux des poisons. La trahison.

L'insidieuse s'est glissée dans l'oreille de l'Avide par le biais des promesses licencieuses d'une elfe singulière. Si ces merveilles illusoires se sont achevées dans un incendie punitif au sein d'une grotte à proximité d'Andoras, le sang de Balard a coulé emportant avec lui autant de ses valeureux soldats que l'ensemble de sa famille régnante.

Mais le venin est resté présent. Dissimulé dans le sous-sol d'une bibliothèque, nous n'en avons compris la nocivité qu'une fois qu'il fut trop tard. Il a pris les traits de cet homme, respectable en apparence. Qui aurait pu se méfier que derrière son air avenant se cachait une nouvelle fois, une funeste trahison ?

L'infâme a voulu, et a pris ce que Balard a de plus précieux. Son avenir… Ses enfants à naître… Comprenez la souffrance de ses mères affligées par la duperie qu'il a distillé au plus profond de leurs êtres ! Comprenez la douleur de ses pères, ivres d'une rage vengeresse pour le sort d'esclaves serviles et dociles réservé à leurs héritiers ! Il n'est de plus épouvantable atteinte adressée à votre peuple.

Votre Altesse Royale, vous savez le mal infligé par un tel poison pour en avoir déjà vu les cruels effets bien qu'il fut vaincu par vos érudits à cette occasion.

Je vous implore, Votre Altesse Royale, d'offrir à Balard toutes les armes pour combattre les maux qui l'oppressent si durement et pour s'en protéger à l'avenir.”


Selinde se tut, et baissa de nouveau la tête, attendant la délibération d'Elene et de ses conseillers. Elle n'avait pu parler librement de crainte de paniquer la plèbe sur la réalité des manigances holdars sur la gestion du royaume talien. Mais elle ne doutait pas de la vivacité d'esprit d'Elene pour traduire ses métaphores en des faits bien réels.

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#45
La princesse adressa un sourire aussi discret que complice à la sorcière puis se retourna vers ses conseillers. Les faits avancés par Selinde étaient suffisamment percutants pour plier le conseil en sa faveur. Sans laisser le temps de parlementer, elle s'adressa sur un ton provocateur.

Voyez que l'attente de l'héritier fut une décision en faveur du peuple de Balard. N'est-il pas temps de reconsidérer votre position sur sa gouvernance ?

La remarque avait fait mouche arrachant un hocquet de surprise à certains membres. Elene avait subi les affres du conseil pendant quelques temps et avec plus d'assurance, elle avait appris à tourner les débats à son avantage. Avec ces nobles grincheux, il ne faut accorder aucun répit.

Après avoir parcouru le conseil du regard, la jeune femme poursuivit pour enfoncer le couteau jusqu'à la garde dans la plaie déjà béante.

Vous savez qu'un rassemblement a lieu au nord d'Andoras, et si nous avons peu d'information, quelques-uns de nos gens sont présents. Je ne serais pas surprise d'un lien avec Balard. Alors devons-nous laisser notre peuple grossir les rangs de cette armée?

L'officialisation de cette menace extérieure, par son évocation publique agita le conseil. Mal à l'aise devant cette situation incorfontable et ce choix à sens unique, un membre des plus anciens prit la parole sans l'aval de ses confrères.

Votre proposition sera acceptée si elle contribue au bien de la région et de notre roi.

Il poursuivit en posant une question à Selinde.

Que pensez-vous faire pour sauver Balard ?

Tous furent scotchés aux lèvres de cette femme au tempérament volcanique.
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#46
Toujours la tête baissée vers le sol, nul ne vit la mâchoire de Selinde se crisper à l'écoute de la question du conseiller. Elle prit le temps de se relever pour lui faire face et le fixer d'un air résolu. Il émanait de la jeune femme une prestance conquérante qui contrastait avec sa silhouette chétive et frêle. Rien ne paraissait pouvoir l'ébranler.

“Sauver Balard ?”, persifla la fausse ingénue sur un ton railleur. “Je l'ai déjà fait par deux fois, Votre Excellence, et je recommencerai de nouveau si vous ne mettez pas fin, dés ce jour, à cette politique d'inertie qui a, déjà, fait tant de mal au caldrasir. Et qui en fera probablement au reste du royaume talien si vous persistez dans l'erreur.

S'il y avait une question à poser, ce serait celle-ci. Que feriez-vous, vous, si Balard tombait aux mains de nos ennemis ?

Il s'en est fallu de peu pour que cette situation ne devienne réalité. Sans la cupidité d'un homme et l'intervention de la Salamandre et de ses alliés, le holdar, cet être qui a tant nui à Sa Majesté le roi, serait en possession d'une réserve colossale de céréales pour ses garnisons au nord d'Andoras tandis que celles d'Yris risqueraient d'en manquer cruellement à terme.

Vous le savez autant que moi, des soldats souffrant de la faim, offrent inéluctablement leurs lames à celui ou ceux qui peuvent satisfaire les besoins de leur estomac. Vous le savez aussi, un peuple affamé est source d'instabilité politique, ce que la couronne ne peut se permettre en un tel contexte de guerre potentielle.

Rester les bras ballants dans l'espoir qu'un héritier Mierelli ne sorte miraculeusement de sa sépulture comme vous l'avez fait, aurait pu nous coûter notre survie.

Alors, Votre Excellence, je vous le demande, prenez la décision qui s'impose, et nommez quelqu'un d'apte à la tête de Balard. Moi en l'occurence. Je suis la mieux placée pour réussir dans cette tâche. Dois-je faire offense à votre intelligence en évoquant pourquoi ?”
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#47
Le conseiller marmonna quelques phrases inintelligibles et secoua la main pour écarter des insectes imaginaires. Il se leva regardant tour à tour la princesse et Selinde.

Soyez déjà satisfaite que nous accordons du crédit à votre histoire, car vos belles actions sont parvenus à nos oreilles. Ma question était plutôt tournée vers l'avenir.

Un de ses compères le rejoignit pour lui glisser quelques mots à l'oreille qui le fit acquiescer de la tête.

La princesse, même avec un statut temporaire de dirigeante, ne peut vous accréditer de Caldras sans l'aval du conseil. La marche est trop haute pour être à la tête de Balard, et puis, sans avoir retrouvé l'héritier... Les textes officiels sont sans appel :

Les titres de noblesse se transmettent du porteur du titre à l'aîné des héritiers les plus proches, homme ou femme encore vivant.


Un sourire naquit sur son visage. Les manigances du conseil était monnaie courante, et beaucoup regrettaient que la prise de décision soit trop souvent sclérosée par ces entraves. La tension électrique qui régnait dans la pièce imposait le silence, et le peuple présent en oubliait ses doléances. Tous étaient pendus aux lèvres des différents protagonistes de la joute verbale. Les conseillers contestataires se délectaient de cette opposition - et leur victoire - avec cette règle immuable.

Contre toute attente, Elene se leva pour s'adresser à ses opposants.

Votre mémoire vous fait défaut, et je me dois de la rafraîchir. Un événement sanglant de notre passé, La nuit des horreurs a quelque peu modifié la succession des titres d'Egur et de Caldras.

En période de guerre ou de conflit interne, si l'absence prolongée d'un Egur ou d'un Caldras nuit au bien du royaume, toute autorité compétente se doit de choisir un successeur qui devra par ses actions, renforcer le pouvoir en place.


Le conseiller fut surpris par cette citation très précise des textes qu'il s'était bien gardé de mentionner. Sa dernière parade fut immédiate.

Nous ne sommes pas en guerre !

La princesse, loin de s'avouer vaincue, sortit un parchemin qu'elle dissimilait sous sa robe.

Cette missive portée à ma connaissance ce matin et apposée du sceau royal est une déclaration de guerre du Concordat contre la menace extérieure dirigée par un holdar dénommé Pryd, ennemi agissant dans l'ombre depuis de nombreuses années dont nous avons découvert l'existence par celle qui a sauvé Balard... par deux fois.

Le conseiller recula frappé de plein fouet par l'estoc verbal, et s'affala sur son siège. La victoire de la princesse était sans appel, et personne ne fut surpris de sa dernière phrase.

Selinde Belzora, en vertu du pouvoir royal qui m'est conféré, je vous nomme Caldras de Balard, et vous charge de redorer le blason de la région. Pour officialiser cette nomination, vous devez préciser vos actions futures afin que nous nous assurions qu'elles ne nuisent pas à notre peuple.
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#48
Lorsque la princesse énonça son nom, elle inclina la tête en signe de respect en soufflant juste assez fort un "C'est un honneur, Votre Altesse" d'usage en de pareille circonstance. Néanmoins, elle en profita pour se mordre la lèvre inférieure pour ne pas laisser fuiter une réplique cinglante. Cette formalité rhétorique l'agaçait par son hypocrisie manifeste..

On fermait les yeux sur bien des infamies perpétrées par une poignée de privilégiés qui n'avaient eu besoin que de brandir un acte de naissance pour faire valoir leur héritage. Mais si l'on dérogeait à cette règle de sang, il convenait de prendre des précautions dépourvues de sens, s'accordant sur de bonnes intentions artificielles pour justifier d'une confiance déjà indéniablement accordée.


“Que sont des mots face aux actes, Votre Altesse ?” répondit-elle en relevant la tête. “Quand bien même mes actions seraient susceptibles de vous déplaire, il me serait facile, comme pour tout un chacun, de flatter votre conscience en prononçant les mots que vous souhaitez entendre. Je vous invite, plutôt, à effectuer des surveillances régulières sur le domaine pour vous assurer du bien-être de vos sujets placés sous ma tutelle.

Cela étant, puisque la nécessité vous l'impose, sachez que je souhaite m'entretenir avec Dame Porcerf dans l'espoir qu'elle accepte de mettre à la disposition des habitants de Balard quelques acolytes du dispensaire. Nous manquons cruellement de guérisseurs et de sorciers blancs pour suivre la maternité de plusieurs femmes, dont l'enfantement risque de s'avérer délicat.”


Ses yeux glissèrent vers Jalnis, une moue de dégoût manifeste au visage.

“Mes projets sont divers, Votre Altesse, mais il en est un, de plus cher encore à mon coeur. Celui d'offrir une éducation digne de ce nom à chaque enfant né sur le sol de Balard. J'ai déjà en tête un précepteur qui saura relever ce défi.

Mais le pragmatisme m'ordonne d'autres priorités pour le court terme, comme celui de négocier auprès de vous, nos excédents de blés pour nourrir la capitale. Je tiens à ce que la transaction et la livraison s'effectuent au plus vite, Balard étant encore affaibli…”


Aux yeux de la talienne, il était presque miraculeux que ces ressources existent encore après tous ces événements. Un bien aussi précieux avait simplement dormi dans les divers greniers de la citadelle, sans que les ennemis de la couronne ne semblent s'y intéresser pour d'autres raisons que d'empoisonner le roi. Alors que c'était ainsi que l'on mettait un empire à genoux sans avoir à se battre… Pour toutes ces raisons, Pryd lui était une énigme.

“Balard devra être prête pour les premiers mois d'été, les mois de récolte. Tout se jouera à ce moment-là pour nous. Mais pour cela, il faudra probablement que la menace que représente le holdar soit anéantie.

J'en viens donc tout naturellement à cet autre point, Votre Altesse. Le chariot dans votre cour intérieure et l'individu enchaîné ici-présent. J'ai jugé opportun de vous fournir tout ce qu'il restait de cette alchimie nocive pratiquée par nos ennemis. Avec la défection de la Haute Inquisition à… protéger les intérêts du Concordat, nous nous retrouvons quelque peu démunis face à cette menace. Au moins saurons-nous, en partie, à quoi nous attendre lorsque nous l'affronterons.”
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#49
Un conseiller se leva et répondit à la longue tirade avec un regard de défi. Ses questions furent empreintes d'animosité - sûrement la basse naissance de la sorcière.

Et les impôts royaux ? La défense du royaume ?

La princesse rétorqua rapidement sur un ton intransigeant, ne laissant place à aucun commentaire.

La santé du peuple est plus importante que vos privilèges. Je préfère également remplir leur ventre que votre bourse.

Sa réparti provoqua un sourire au coin de la lèvre. La nomination de la pyromancienne et son opposition franche aux conseillers lui insufflaient un sentiment de fierté. Le dos bien droit, une démarche royale, elle s'avança vers celle qui avait conquis son cœur.

Caldras Belzora, nous nous aiderons pour vos projets d'éducation et de santé. Il va de soi que nous renégocierons notre traité commercial pour les céréales afin qu'il soit profitable aux deux partis.

Quant aux documents et au prisonnier, je dirigerai personnellement l'équipe d'investigation, qui s'efforcera de comprendre la magie holdar. D'ailleurs, la haute inquisitrice ne répond plus à mes sollicitations...


S'arrêtant à distance respectable, bien que son cœur lui hurlait de se jeter dans ses bras, elle clôtura l'échange avec une voix légèrement suave.

Nous discuterons de ces affaires en aparté, Caldras Belzora.

Elle avait insisté sur les deux derniers mots, dissimulant sa joie de cette nouvelle position. Puis, se tournant vers le peuple qui attendait patiemment, elle ajouta.

Cette affaire est donc conclue. Nous vous remercions pour votre patience. Quelle est l'affaire suivante ?

Tous rejoignirent leur siège, en silence, prêts à écouter la prochaine doléance.
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#50
Le conseilla se leva, rapidement désarçonné par la répartie d'Elene, mais la pyromancienne se permit de répliquer à son tour. Qu'un de ces gérontes inutiles ose lui reprocher de manquer en ses devoirs de défense du royaume éveilla sa colère, qu'elle ne laissa pas transparaître.

“La défense du royaume, votre Excellence ? La Salamandre a montré qu'elle valait bien un, voire deux imposants régiments de n'importe quelle armée seigneuriale. Elle se tiendra prête sur le front de cette guerre qui se prépare.

Vous y verrai-je, Messire ?”
ajouta-t-elle, plus acide qu'ingénue, avant que la Princesse n'ait pu reprendre la parole pour s'adresser à elle et l'inviter à un entretien privé. Elle s'inclina avec déférence.

“Il sera fait à votre convenance, Votre Altesse. Ce manquement de Dame Hravan est des plus troublants, je dois l'avouer.”

Selinde ne pouvait révéler devant tant de monde la mort de la Haute-Inquisitrice il y a plusieurs mois de cela, ainsi que le nom de l'usurpatrice qui avait prit sa place pour duper le Concordat et mener à bien les manigances de son père.

La sorcière s'inclina une nouvelle fois, et prit congés de sa souveraine, suivie de près par son escorte. Arrivée loin du tumulte de la salle d'audience, elle soupira bruyamment. La tension était retombée et elle pouvait savourer sa victoire. Dione posa sa main gantée de métal sur son épaule pour l'apaiser.

“Belle victoire. Mais n'était-ce pas présomptueux de s'aliéner le Conseil Royal aussi rapidement ? Quelques banalités et flatteries auraient suffit à amadouer ces nobles.”

“Elene a besoin d'une diversion pour agir sans leur entrave. S'ils sont occupés à me nuire, ils ne prêteront plus attention à ses actes”
, répondit-elle. “Et puis, je ne les crains pas.”

Eut égard de sa nouvelle position, Selinde et son frère furent conviés par une jeune domestique portant la livrée royale à séjourner dans le salon des invités en attendant Son Altesse Royale. Du thé leur fut servi, ainsi que quelques mets au miel pour patienter. La pièce était magnifiquement décorée ; une façon d'honorer les convives de marque qui y passaient du temps.

Selinde s'installa dans l'un des fauteuils tandis que Dione resta debout à déambuler, attentif aux moindres détails. Ce fut lui qui rompit le silence.

“Il est temps d'aller la chercher” énonça-t-il simplement, comme un fait inéluctable.
“Hors de question, mon frère ! Je ne veux pas d'elle à nos côtés. Elle ne mérite pas notre miséricorde.”

Il garda le silence quelques minutes, toujours à lever les yeux vers les merveilles sculpturales des plafonds ornés.

“Il n'est pas question de son bonheur, mais de ta survie, ma soeur. Combien de temps crois-tu qu'il faudra à la nouvelle de ta nomination pour atteindre les bas-quartiers d'Yris ? Combien de temps avant que l'opportunité de nous nuire par son biais ne germe dans l'esprit de nos ennemis ?”

La sorcière soupira, consciente qu'il avait raison.

“Soit. Je ne tolèrerai pas que cette garce nous inflige de nouveaux tourments.
Occupe-toi de ramener notre mère.”
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#51
Dione s'était déjà éclipsé en quête de cette ersatz de mère, accompagné du garde de Balard, laissant Selinde seule dans le séjour des invités. Installée presque lascivement sur un fauteuil, ses doigts pianotaient frénétiquement l'accoudoir de bois, signe évident de son impatience. Si elle comprenait l'attente eut égard de la taille de la file de paysans qui requéraient la justice royale, elle déplorait de rester ainsi oisive alors que tant était encore à faire. A faire pour Balard, mais aussi pour le Royaume talien aussi.

La guerre contre Pryd venait d'être déclarée, et la nouvelle ne tarderait pas à sortir du palais. Arriverait-elle jusqu'aux oreilles des Salamandres ? Cela faisait des mois que la pyromancienne n'avait plus de nouvelles de ses hommes, partis en quête de richesses dans une crypte oubliée. A sa connaissance, il en avait été de même pour de nombreux combattants. Quand reviendraient-ils de cette expédition souterraine ? Reviendraient-ils seulement ? Son coeur s'arrêta un instant. Elle chassa bien vite cette angoissante pensée de son esprit. Ils reviendraient.
Il ne pouvait en être autrement.
Elle ne supporterait pas qu'il en soit autrement.

Selinde se leva et prit place devant un élégant cabinet d'écriture, sculpté dans un bois rare. De l'ébène devina-t-elle à sa couleur sombre. Elle n'eut aucun mal à trouver dans les tiroirs, tout le nécessaire épistolaire. Un parchemin devant elle, elle trempa lentement la plume dans l'encrier. Elle eut un moment d'hésitation. Pryd avait su trouver des alliés au sein du peuple d'Ecridel ; il lui en fallait également pour espérer la victoire, même si cela coûtait à son orgueil.

Elle commença à écrire.

"Conseiller Plonge-Mestal,
..."
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