J'avais obtempérer. Je me sentais salie et malheureuse mais j'avais rejoint mes camarades, solliciter presque aussitôt ma mésaventure terminée par Elena. Une bataille semblait s'être engagée à nouveau contre les peuples du Nord aux abords d'une forteresse qu'ils s'étaient déjà disputés naguère et ma présence était requise. Je m'étais plongée dans les combats par automatisme, comme si la violence pouvait me permettre d'exorciser ces souvenirs difficiles. Mais je n'avais pas la tête à ça et mes piètres efforts pour procurer une aide efficace ne furent guère utiles. Peut-être qu'avec la fin des combats j'allais pouvoir me confier à Elena ou Léonide. Cette vieille bique était une dure-à-cuire, une battante, si une personne pouvait m'entendre et m'apporter son aide à l'accomplissement de ma tâche… quant à ce vieux briscard de Léonide c'était mon mentor, peut-être serait-il capable d'apaiser mes tourments en m'accordant pardon et absolution… ou peut-être tout les deux me tueraient-ils sur le champ ? Au moins mes problèmes seraient résolus songeai-je amèrement. Je remis une branche sur le feu et tachais de recentrer mon esprit sur mon tour de garde, quand une chose chuta sourdement à mes côtés, me faisant me redresser d'un bond, armes en mains. Quelle belle sentinelle je faisais à me faire surprendre ainsi par l'ennemi ! Mais de l'obscurité, rien ne surgit, pas une ombre mouvante ou le moindre bruit, quel que fut mon visiteur, celui-ci n'était pas rester. Je pris sur moi de me rassoir, bien décidée à ne plus me laisser surprendre cette nuit, lorsque j'avais la chose à mes pieds. Une note froissée dont la lecture me glaça le cœur.
Citation :Valeriane,
Ça être Brutus.
Amiral Rajaat et dame Vi'Aria avoir pris décision.
Valeriane pouvoir devenir démon si trahir sentinelles de cuivre.
Mission de Valeriane, donner position de Leonide et aider à lui tendre un piège.
Valeriane dire si accepter mission ou sinon ennemie !
Brutus
Maisielle ! J'enfouis mon visage dans mes mains pour y étouffer mes gémissements de dépit. Je ne pouvais obéir à cet ordre ! Il m'était impossible de livrer Léonide ! A qui devait aller ma loyauté au final ? Mon mentor ou la population innocente ? Pouvais-je réellement trahir ce qui se rapprochait le plus d'une figure paternelle à mes yeux pour protéger des inconnus ? J'étais déchirer entre les implications contradictoires de mes vœux de paladin. Comment me sortir de ce nœud de vipère ? Au matin, je n'avais toujours pas tranchée la question, quand un cri d'alarme nous sortit tous de nos rêveries respectives. Rajaat arrivait, Seigneurs, il arrivait et je ne savais pas ce que je devais faire. Au moins n'avais-je pas eu à obtempérer cette fois. Comme s'il y avait de quoi se réjouir d'une telle chose.
Les autres s'étaient déjà rués au combat, prêt à en découdre et j'avais machinalement suivis le mouvement. Léonide s'était porté en avant de la charge, toujours aussi fier et droit, sûr de me trouver derrière lui. Je le dépassais en trombe déboulant sur le flanc de Rajaat à l'instant même où des renforts apparurent. J'invoquais en hâte mes protections au moment où Ekairos s'interposa entre les démons et moi, me procurant un immense sentiment de soulagement. S'il était hors de question pour moi de lever mon arme contre mes compagnons. Je levais mon marteau, rassemblait mon pouvoir et interpellait ma cible d'un cri
« -Ekairos ! » Je relâchai mon pouvoir pour mettre à bas ses défenses. Si je ne pouvais pas combattre mes anciens compagnons mais, rien de similaire ne me retenait en ce qui le concernait. Et s'il me fallait abattre quelqu'un pour obtenir la confiance de Rajaat, autant que ce soit un traitre qui en paie le prix. Quel ironie de ma part de tenir ce genre de réflexion. Mais mon plan était à ce prix et j'étais prête à sacrifier mon âme et la vie de l'homme du Nord pour l'accomplir.
Selinde jeta un regard inquiet sur les chariots que la troupe armée escortait jusqu'à Asteras. A ce rythme, bien lent à son goût, ils n'atteindraient pas la capitale elfique avant plusieurs longs jours de voyage. Pour autant, accélérer l'allure ne pouvait être envisagé, eut égard de l'état de santé dans lequel avaient été trouvées les esclaves dans la forteresse du Skövendor.
Les bons soins qui leur avaient été prodigués, avaient atténué quelque peu les traces de leurs mauvais traitements, mais ces jeunes filles, des elfes, restaient marquées tant physiquement que psychologiquement.
Au-delà des ecchymoses violacées sur leurs bras témoignant de divers sévices, leurs visages cruellement émaciés rappelaient à tous ces grands héros du Concordat que leur victoire sur les Nordiques avait un goût bien amer. Ce siège avait affamé les prisonnières avec plus de violence et de cruauté que pour les autres occupants, dont le comportement s'était durci dans le rationnement et le manque. Certaines en avaient succombé.
Alors qu'elle se perdait dans ses sombres pensées, ses traits s'étaient figés dans un rictus cruel sans équivoque. Il se transforma bien vite en sourire carnassier au milieu du son des cors et des cris ; le grand mage renégat, Rajaat, avait été aperçu.
« Préparez-vous tous au combat et ne laissez pas ce scélérat approcher des chariots ! »
De sa voix autoritaire, elle avait exhortait ses compagnons à prendre les armes pour protéger les captives à peine libérées, mais ne rêvait pour autant qu'à verser ce sang corrompu et souillé. Talonnant sa licorne pour s'élancer dans les rangs des combattants, elle dut subitement faire volte-face devant l'armée infernale qui venait de surgir derrière l'Amiral des flottes infernales.
Dégolas, aussi, se tenait à ses côtés. L'ironie de la situation arracha à Selinde un demi-sourire caustique. La Compagnie d'Investigation Avancée que la Haute Inquisition elfique avait en si haute estime était nécrosée de l'intérieur. Mais ces elfes n'étaient pas les seuls à s'être fait subjuguer par Vi'aria.
Sous le regard médusé de son mentor Léonide et du reste de l'assemblée, Valériane abaissa sa masse sur le skalde nordique avant de se joindre à la démoniaque cavalcade. Réalisant la traitrise de la paladine, Selinde fut soudainement prise d'un ricanement incontrôlable à la pointe de l'aliénation, issu du plus profond de ses entrailles. Elle avait encaissé les brimades répétées, sans jamais vaciller, soutenue par ses arrogantes ambitions et crachant à ses bourreaux les plus ignobles vérités. Et maintenant, ça ? Son rire éclata de plus belle, terrible.
« Vous m'avez tous méprisée pour le seul crime d'avoir parlé à mon Père. Regardez pourtant les vôtres se prosterner aux pieds de la Dame Infernale de leur propre volonté. N'allez surtout pas prétexter un quelconque envoutement pour protéger votre conscience malléable du déni. Quelle ironie, vraiment. »
Son hilarité nerveuse s'estompa peu à peu pour laisser place au déchainement de sa fureur incendiaire. Ses mains s'irradièrent de flammes menaçantes et crépitantes avant de les envoyer d'un geste rageur au milieu des forces démoniaques. Le feu fut ravageur et destructeur, immolant de toute sa violence les créatures de la Corne de Melfred.
La pyromancienne les contempla s'embraser et se tordre dans d'insoutenables brûlures. Brusquement, elle se figea quand elle en vit un autre presque insensible à son assaut de braise. Un détail lui revint en mémoire. Lorsqu'Ekairos avait contacté la Salamandre pour la première fois, il avait évoqué leur crainte du feu dans sa missive. Plus tard encore, elle avait vu la vérité sous le masque dans ces souvenirs empruntés au skalde. Les cadavres gisant à Herrkliff n'avaient rien de démoniaque… L'Egide avait été dupée. Et le Concordat s'apprêtait à réaliser la même erreur.
« Ce ne sont pas des démons... », énonça-t-elle à voix haute, comme une évidence.
La bataille de la forteresse du Skövendor était terminée. Les troupes du concordat s'étaient repliées, épuisées, mais victorieuses, en emportant avec elle les esclaves des Nordiques. Sur le chemin du retour, offrant le secours de son destrier aux victimes, Léonide marchait en se servant de sa lance pour assurer son pas.
Il tenta bien d'adresser la parole à ces malheureux, de leur tendre une main franche et empathique, mais on fuyait ouvertement son regard. Portant toujours son casque ailé de Huscarl, la ressemblance avec les troupes Agar les pétrifiaient.
Il retira celui-ci, dévoilant son épaisse crinière blanche et l'observa un instant.
" Quelle source inépuisable d'emmerde"
Au même instant, un cor d'alerte avait retenti. Reprenant ses esprits, perdant toute trace de sympathie sur son visage, le vieil homme enfila son casque et d'une énergie nouvelle se précipita vers le signal.
Il fit un de premier à apercevoir Rajaat, à l'entendre déclarer son allégeance aux flottes infernales. Déjà, l'elfe avait déployé ses sortilèges pour faire s'abattre de terribles vents sur le convoi.
La vouge du paladin fila vers le mage, mais trop rapide, comme flottant sur un courant d'air, l'elfe esquiva. À ses côté étaient apparu Xalari et autres créatures infernales. Le combat s'était désormais pleinement engagé.
Lorsque Valériane soudainement retourna son arme sur Ekarios, tout bascula. Elle aussi venait de retourner sa veste.
D'une colère sourde et d'une tristesse infinie, Léonide tenta de raisonner celle qui fut son écuyère.
"Valériane ! Que t'arrive-t-il ! Reprends-toi ! Maudits démons, je vous ferai payer mille fois ces ensorcellements" !
"Je n'ai pas le choix Léonide, par mon sacrifice, je sers un dessin plus grand que moi."
"Leur magie infernale aveugle ton jugement Valériane ! Quoi qu'ils t'aient dit, quoi qu'ils t'aient promis, ces démons ne méritent pas ton soutient ! Retrouve la raison et je te promets que nous trouverons une solution !"
"Crois-tu que je n'ai pas retourné la question dans tous les sens ? Non, Leonide, c'est le seul moyen de mettre fin à ces futiles velléités dussé-je y sacrifier mon âme. Il est de toute façon trop tard pour moi, Maître."
Les dents du vieux paladin se serrèrent. Était-ce vraiment la fin pour Valériane ? Avait elle véritablement succombé aux folies infernales ? Au même instant, le rire de Selinde retentit dans l'arrière garde.
« Vous m'avez tous méprisée pour le seul crime d'avoir parlé à mon Père. Regardez pourtant les vôtres se prosterner aux pieds de la Dame infernale de leur propre volonté. N'allez surtout pas prétexter un quelconque envoutement pour protéger votre conscience malléable du déni. Quelle ironie, vraiment. »
Sans quitter des yeux ses adversaires, dressant son bouclier pour empêcher les félons d'approcher du convoi, Léonide rétorqua :
"Le moment est mal choisi pour parler de votre papa, Selinde. Continuez à vous battre ! Il faut protéger les caravanes ! Mort aux démons !"
Pointant sa lance vers le ciel, un trait de magie protectrice se précipita vers Ekarios.
"Edar, protège ceux qui se battent pour ce qui est juste! "
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L'amiral des flottes infernales essuyait la violente riposte des Concordiens. Ni les démons ni sa magie ne parvenaient à le protéger du déferlement de magie et d'acier que tous les héros assénaient au démoniste. Les coups l'envoyèrent au sol comme un vulgaire fétu de paille ensanglanté.
A sa ceinture brillait une baguette de métal noire. Cette aura bleutée et froide... Selinde la reconnaissait ! La même aura qui avait nimbé l'amulette de Yarik à Herrkliff ! Cette même amulette qu'Ekairos portait autour du cou ! Quelle magie recelait cet artefact ? Rajaat allait-il se transformer en un golem de glace ou une engeance démoniaque sous ses effets ?
La charge d'énergie de la baguette explosa, détonnant en un bruit assourdissant
Comme à Herrkliff, l'air sifflait tant l'espace semblait se fracturer au dessus de Rajaat. Une lumière bleue intense aveugla toutes les personnes en place, alors qu'une faille vérolait le ciel de sa malfaisance.
Tout semblait si identique et différent à cette fois où l'on bouscula malencontreusement Selinde et Ekairos.
Un flot de magie infernale se déversa sur les partisans des démons, refermant leurs blessures et renforçant leurs corps d'une magie impie et froide. Qu'importe que Rajaat et Valérianne s'étaient offerts librement à ce don, de leur nature même de mortels, ils se sentaient naturellement souillé par le pouvoir qui coulaient dans leurs veines, comme s'ils trempaient dans la plus immonde des fanges.
La lumière s'atténua. Derrière les fragments de la réalité, on percevait les cornes de Vi'aria. La démone apparaissait une nouvelle fois à un moment importun pour sauver son "jouet".
Son joli minois était tordu de haine mais également par l'effort. Une telle prouesse demandait une préparation minutieuse en amont, mais également une quantité d'énergie phénoménale sur le moment. Les sens arcaniques de Daeron sentaient que derrière cette brèche, la démone avait consommé une importante quantité de mana et qu'elle ne pourrait pas se permettre de renouveler l'exploit de sitôt.
Rajaat et Valériane étaient désormais seuls face à la rage des guerriers.
La faille s'effaça lentement, la réalité retrouvait son droit. Le visage de la démone s'effaçait mais les plus attentifs avaient remarqué que derrière elle, on distinguait un bel intérieur. Un espace imposant, des colonnades blanches, un sol marbré couleur sable, des statues d'un homme imposant mais ployé et utilisant sa lance pour se tenir le plus droit possible. Tout semblait si vieux et si usé, et pourtant tout semblait familier aux personnes présentes. Il ne resta bientôt plus rien de cet étrange rêve.
Le démoniste était de nouveau sur pied et protégé par de nouveaux sortilèges. Il n'était pas remit de toutes ses blessures, ni du choc qu'il venait de subir. Il était essoufflé mais vivant et avec une nouvelle chance de contenter sa maîtresse.
Une chance à saisir pour le vaincre ! Mais avant cela, les concordiens devaient -et semblaient- réfléchir à libérer âmes en peine qui servaient les démons. Ces guerriers et mages couverts de glace, semblables en tout point aux vrais démons... cela évoquait à Chord que le meilleur moyen d'arrêter un automate, était de couper son lien avec son créateur. La glace magique des démons était épaisse... il faudrait surement "l'ouvrir" un peu à renfort de masse ou de hache, avant de pouvoir briser la magie qui affectait la personne transformée en démon.
Des démons avaient surgi face au Concordat, menés par d'anciens compagnons. Le chaos régnait et Rajaat s'en délectait sûrement. Au milieu de cette bataille, la guerrière se sentait isolée, perdue.
Pourtant, quelques heures plus tôt, Dyanese était emplie de fierté : une bataille victorieuse face aux peuplades nordiques, les esclaves libérés et elle estimait de ne pas avoir démérité dans ce conflit. Une preuve irréfutable : la vieille avait moins braillé à son encontre qu'à l'accoutumée. Elle avait essuyé quelques coups, mais rien qui puisse la fragiliser. Sa nouvelle maîtrise d'arme améliorait son allonge et lui offrait des techniques plus polyvalentes. Rien ne pouvait l'arrêter, rien ne pouvait arrêter ses compagnons. Les sentinelles seraient de tous les fronts.
Mais les derniers succès lui firent oublier les leçons de son père et d'Elena, l'ennemi peut aussi se tapir à l'intérieur.
Qu'avait-elle appris ? Devons-nous frapper nos anciens alliés ou les convaincre de leur erreur ? Bien incapable de parlementer en étant en proie aux doutes ou de lever son arme contre des compagnons de route, elle restait impuissante au milieu du combat.
La volonté de Léonide était infaillible, il avait foncé sur l'ennemi, privilégiant celui à leur tête, Rajaat. D'autres alliés comme Selinde ou la vieille avaient suivi l'offensive. Valeriane également, avant de trahir les siens.
Non, c'est impossible, pas une sentinelle ! Nous avons un serment de loyauté !
Telle fut sa première pensée, qui l'extirpa de sa torpeur. Le mage elfe à la tête des démons avait un sourire malsain et offrait monts et merveilles à qui voulait entendre. Il était la source de cette gangrène, il était la source de toute cette infamie. Un hurlement de rage s'extirpa de sa gorge,
SUPPÔT DU MAL, TU VAS PAYER POUR CETTE TRAITRISE ! RENDS NOUS VALERIANE OU JE TE CHASSERAI SUR MILLE PLANÈTES !
avant de fondre sur le commandant Rajaat. Ses frappes se firent précises, ses gestes assurés, elle devait faire mouche...
sans parvenir à trancher sa chair. Une esquive démoniaque ? Ses sbires resserraient les rangs protégeant sa fuite. Il fallait se frayer un chemin au travers de ses troupes avant de pouvoir de nouveau l'atteindre.
L'inquisiteur Bêcheur avait perdu la trace de Rajaat depuis que ce dernier avait été expédié en enfer glacé par la démone Dame Vi'Aria.
Il ne fut pas vraiment enchanté de le revoir, à cause des Xalari qui l'accompagnaient. Le grand mage, galvanisé par sa terrifiante escorte, paraissait éblouissant et sûr de lui. Toujours aussi fascinant, il irradiait encore plus de magie qu'autrefois. Terriblement menaçant aussi. Pff, quel gâchis !...
A la vue de ce tableau, les premiers propos de ses compagnons de route avec qui il revenait de la forteresse du Skövendor, le firent grimacer. Une sorcière talienne profitait de la situation pour justifier ses faiblesses envers son paternel, et un skalde versatile osait atténuer par comparaison les erreurs de l'Egide [hrp : ]. Pff, allons bon, bientôt on entendra n'importe qui dans le royaume, du mécréant au simple écolier turbulent, se justifier de la sorte: « Ne me blâmez pas, je ne suis pas si méchant en comparaison de Rajaat ».
Ainsi Rajaat était-il devenu une sorte de référence du désordre et du mal. Martin blêmit à cette pensée. Et si lui-même était tenu responsable ? Après tout, il avait été chargé de le surveiller et il avait relâché son attention, ébloui par la puissance grandissante du mage. Il se rappelait avoir été si fier quand le grand mage avait été missionné en Ingermann par le bureau des affaires magiques, il avait l'impression d'avoir remis dans le droit chemin le petit mage crapuleux qu'il était de prime abord. A y repenser de plus près, il se demandait si Rajaat ne s'était pas servi de lui en fait pour approcher les secrets de l'Inquisition et des démons qu'elle combattait. Humm, je redoute mon retour à Asteras. « Bouc-émissaire », « incompétent », peut-être même « traitre », c'est sûr on parlera dans mon dos, peut-être me soupçonnera, voire m'accusera…
Inutile de penser plus, il fallait agir maintenant. L'inquisiteur entra dans la mêlée, et se fraya un passage jusqu'à Rajaat.
A votre bon désordre, mon amiral ! s'exclama-t-il tout d'abord d'un ton très nerveux pour attirer son attention.
Tu as fait un mauvais choix, Rajaat. Tu étais reconnu dans le royaume pour ta puissance et tes actions pour la CIA. Maintenant tu n'es plus perçu que comme une simple marionnette, un jouet de Dame Vi'Aria. Détrompes-toi, personne ici ne te crains, c'est ta Maîtresse qui est crainte. Je sais que tu le sais au fond de toi. Je sais que ta soif de puissance est exponentielle. Je sais que tu n'arrêteras pas là, et que ton prochain coup de tête sera de prendre la place de ta maîtresse. Amène nous jusqu'à elle, nous la terrasserons et cela te sera aussi profitable !
Foutu corne de combat. Elle n'aurai pas pu sonner deux jours plus tôt.
Le sorcier était parti dans l'autre direction à la fin du combat avec les nordistes. Il espérait trouver certaines herbes mais à peine le temps de chercher que son frère lui entendirent le son du cor de chasse.
Deux jours de marche furent nécessaire afin d'arriver à nouveau sur le front. Le fait qu'un agar combatte avec les taliens était quelque chose de surprenant pour le sorcier. À chaque fois qu'il le voyait, il s'apprêtait à lancer un sort et devait se rappeler que ce n'était pas un ennemi pour le moment.
Le combat pour quelqu'un d'extérieur semblait un peu confus : un agar combattant avec des taliens des demons eux mêmes allies avec des elfes renégat et aussi un talien renégat. En réalité même pour une personne du front, cela était surprenant .
Un des elfes renégats s'enfuyait, le pyromancien regardait autour de lui en essayant de trouver qui était allié ou ennemis.
Allié, allié, traitre, allié, ennemi avec tête très moche, moche donc ennemi, agars mais allié, moche blessé.
Le demon assez moche attirait l'attention du sorcier flamboyant, une rumeur courait à propos des guerriers Xalari et il allait tenter d'élucider ce mystère à l'aide de ses sorts.
Un embrasement fit saigner le demon. Si la rumeur était vrai et que les xalari sont des humains, son sang serait rouge . Malheureusement les demons ont peut être aussi le sang rouge. Il s'approcha afin de regarder la couleur du sang.
Une idée germa dans l'esprit du sorcier, si les guerriers sont bien des humains, leur apparence de demon est donc une illusion et elle peut être dissipée. Il lança alors un sort de dissipation sur le guerrier couplée à la puissance du métal en fusion, afin de voir une quelconque réaction sur le guerrier.
Si rien ne devait se passer, le guerrier déjà blessé allait mourir assez vite.
L'inquisiteur avait osé faire la morale au grand mage corrompu. Quelle insulte ou représailles allait-il subir en retour ? Rien de cela, Rajaat lui tourna le dos pour prendre la poudre d'escampette.
Mes paroles l'auraient-elles touché ?
Martin se jeta sur le fuyard, tentant de le retenir, mais le mage était aussi agile et insaisissable qu'une frétillante anguille.
Citation :L'attaque de Martin Bêcheur a été esquivée par Rajaat [Retenir]
Un Xalaro vint alors bousculer l'inquisiteur, l'éloignant définitivement du fugitif.
Citation :Guerrier Xalaro a bousculé Martin Bêcheur
Rajaat se retourna alors vers Martin, un sort armé. La garde baissée par la bousculade, l'inquisiteur se mordit les lèvres, s'attendant à se faire pulvériser par une puissante attaque magique.
Citation :Le sort Vent exacerbant de Rajaat a été bloqué par Martin Bêcheur [Incantation assurée]
.
Quoi c'est tout !!! Mes paroles l'auraient-elles vraiment touché et perturbé à ce point? Aussi maléfique soit-il devenu, il y a certainement encore des failles exploitables en lui.
Ces failles devraient être exploitées au plus vite. Rajaat représentait à ce jour le chemin d'accès le plus simple à la démone Vi'Ara. Son plus gros point faible aussi, si tant est qu'elle en avait.
Martin était maintenant assez loin du grand mage renégat.
Et le même Xalaro qui l'avait déjà bousculé et tenté de le retenir était encore sur son chemin, lui faisant barrage. Ce démon était plutôt intrigant et assurément pas comme les autres. Par ses actions déjà, moins brutales que celles de ses semblables, et surtout par ses paroles, encensant sans cesse en plein combat Rajaat ou Valériane. L'inquisiteur lui adressa la parole :
Regardes-moi dans les yeux et dis-moi qui tu es ? As-tu été humain avant d'être démon ? Nous pouvons t'aider !
Martin fut pris d'un doute. Il ne connaissait qu'une personne aussi attachée à Rajaat, et cette personne avait justement disparu après avoir été expédiée en enfer glacé.
Fébrise … C'est toi ?
"Silence, paladin. Je sais ce que j'ai à faire. Contentez-vous de ce rôle auquel vous nous avez habitué par le passé, en laissant tout champ libre entre Valériane et son châtiment."
Si la voix de Selinde avait claqué en réaction aux provocations de ce parangon de vertu déchue qu'était le vieux Léonide, elle joignit son geste à la parole en lançant quelques sortilèges sur le maitre-lame renégat avant que la seconde ivrogne des Sentinelles ne s'occupe d'atténuer définitivement ses souffrances.
L'Amiral en personne aurait du être le suivant à tomber si l'apparition impromptue de Vi'aria n'avait pas changé la donne. Sa présence démoniaque se manifestait toujours par cette atmosphère oppressante si caractéristique qui incommodait la sorcière, pour ne pas dire qu'elle l'étourdissait de sa sombre puissance. Elle se crispa devant la scène qui se jouait devant elle. Elle n'en perdit pas un détail allant du beau visage de la démone déformée par l'effort à ce lieu qui lui paraissait si commun. Si talien... Ces statues représentaient assurément le dieu Edar s'aidant de sa lance pour se redresser sous le fardeau des injustices.
Ainsi, Vi'aria résidait, à présent, dans le sud et avait choisi un lieu sain par excellence, probablement un vieux temple à la gloire de la déité iconique des paladins. Elle repensa à sa dernière apparition ; la dame infernale n'avait pas eu besoin d'user d'une faille pour venir en aide à son grand-mage dans un délai fort bref. Son antre ne devait pas être loin de là... Mais dans ce cas, pourquoi Ephialt et Otos n'avaient su la trouver lorsqu'ils avaient arpenté les environs à sa recherche ? Elle grimaça sur cette lacune dans son raisonnement.
Peu importe, la sorcière résoudrait ce mystère après avoir ramené les captifs à Asteras, auprès de leurs familles. L'urgence était à l'affrontement. Rajaat et son lieutenant de feu glacé avaient déjà fui, mais... Valériane demeurait toujours une cible de choix.
Le désavantage d'une mêlée, entre autres la possibilité de se faire blesser, de souffrir atrocement ou de simplement trépasser, c'est aussi de ne pas pouvoir exprimer verbalement des propos complexes à qui pourrait les entendre.
Un coup de bouclier par ci, un projectile magique par-là, ce n'est pas le salon de thé de mémé.
Mais, malgré son grand âge, Léonide n'avait rien perdu de son ouïe.
C'est ainsi que les paroles de Selinde vinrent bourdonner une nouvelle fois aux oreilles du paladin qui ne manqua pas de lui répondre.
" Oh, la ferme, jeune sotte ! Personne n'a envie d'entendre vos colères d'adolescente contrariée ".
Puis, reprenant sa concentration vers Valériane qui continuait encore à se battre, il s'élança vers elle pour l'affronter directement et se promis de ne plus se laisser distraire par de telles bêtises.
Durant leur combat, Vi'aria fit son imposante apparition et permis à l'amiral infernal de reprendre des forces. Pire que tout, la démone semblait habiter un lieu saint appartenant au culte de Léonide. La colère de celui-ci ne fit que croitre. Et plus l'échange de coups se poursuivait avec Valériane et plus les traces de sympathie et de compassion pour celle-ci disparaissaient d'instant en instant sur son visage.
Comment osait-elle se retourner contre eux ? Comment pouvait-elle rejoindre des fous pareils, capables de s'en prendre à des victimes de guerre ? Et tout ça pourquoi ?
N'osant pourtant pas lui donner un coup qui pourrait s'avérer mortel, le vieil homme se contenta de fatiguer celle qui fut son écuyère. Lorsqu'il commença à entrevoir son affaiblissement, il lui hurla :
"Assez ! Lâche ton arme Valériane ! Ne m'oblige pas à te blesser davantage !
Elle sembla alors baisser sa masse pour la déposer à terre et durant un instant Léonide espéra. Il espéra qu'elle serait enchainée vers Yris, qu'elle parlerait de ses maîtres et de tous les traitres qui restaient peut être encore caché parmi eux …
… jusqu'à ce que tout bascule.
Selinde ne répliqua pas la remarque du vieil homme se contentant de le cibler d'un regard d'une haine sans pareille. Elle n'avait pas oublié, encore moins pardonné, ce qu'il lui avait fait et à présent que son cher Victor n'était plus de ce monde pour atténuer sa colère contre cet oncle scélérat, elle n'aurait plus de remord à agir le moment voulu.
Elle ne se préoccupa plus que du combat et de la manière de neutraliser tous les suppôts de la démone majeure, laissant Dione et Léonide dans leur altercation après que la disciple renégate s'écroula au sol et disparut dans un halo lumineux bleuté. Vi'aria avait appelé ce corps auprès d'elle comme elle l'avait déjà fait en une toute autre occasion pour Rajaat.
La pyromancienne sauta de l'un des chariots, rassurée après avoir constaté que nul à l'intérieur n'avait été blessé dans la bataille. Les captifs demeuraient apeurés, mais ils finiraient par s'en remettre. La menace infernale avait été repoussée sans perte malgré l'intervention de la démone et plus rien n'empêchait la troupe de prendre à nouveau la direction d'Asteras.
Elle s'installa sur une souche près de son frère qui nettoyait sa hallebarde maculée de sang. Maculée du sang de Valériane. Elle resta un moment à contempler ses gestes appliqués d'un air songeur. Il finit par lever des yeux inquisiteurs sur sa jumelle qui, visiblement, hésitait à se confier.
« En interférant pour sauver son amiral, Vi'aria s'est dévoilée. Je pense savoir approximativement où chercher et surtout où trouver son repère. Si je révèle ma théorie à nos alliés, je les devine assez présomptueux pour se mettre en marche dans l'instant.
Mais si nous le trouvons bel et bien, notre victoire n'est pas assurée même en réunissant de nouveau les trois guildes. »
Selinde émit un petit ricanement sarcastique.
"Dommage que l'Egide ait déjà refusé de collaborer ; ils nous auraient été presque utiles, au moins pour mourir en première ligne.
A défaut de faire appel aux Royaumes du Nord, je songe à un moyen de l'affaiblir pour augmenter nos chances de réussite. En effet, si nous parvenons à l'inciter à user de sa puissance pour ouvrir de nouveau une faille dans la réalité, elle ne pourra nous repousser avec toute sa force. Encore faut-il parvenir à mettre en place pratiquement un tel piège.
Cependant, Dione, ma véritable interrogation, tu la connais déjà. Doit-on réellement se lancer dans cette traque démoniaque alors que la Dame Infernale nous tient lieu de rempart face aux holdars ? »
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