Trevor bailla, en s'éveillant.
Plusieurs jours qu'il avait passé ses jours et ses nuits en diverses équations toutes plus insolubles les unes que les autres. Les cernes apparaissaient sous ses fines lunettes rondes. Il se frotta les yeux, tâchant de réveiller ses paupières semi-closes. Les rayons du soleil à son zénith vinrent caresser sa joue par l'interstice d'une fenêtre entrebâillée. Il sursauta, pris d'une panique viscérale. L'aube était déjà bien loin… et il était attendu. Combien de temps avait-il somnolé, la tête avachie contre les parchemins parsemant sa table de travail ? Trop longtemps. Indéniablement, s'il s'en tenait à la position de l'astre solaire.
Il se précipita sur sa besace y entassant comme il le pouvait toutes ses précieuses recherches et enfila dans la hâte ses frusques de voyage, les plus pratiques qu'il possédait. Un claquement de porte plus tard, il courait déjà dans les rues bondées d'Yris, bousculant la populace pour se frayer un chemin jusqu'au palais royal… jusqu'à heurter un de ses marins avinés par l'alcool frelaté. Le choc fut violent pour l'érudit qui en laissa tomber sa besace, inondant ainsi la place de rouleaux de parchemins. Il les ramassa prestement, non sans un regard agacé pour l'ivrogne et quelques marmonnements haineux, avant de repartir aussi prompt qu'auparavant.
Ses pas finirent par le mener jusqu'au lieu de rendez-vous convenu. Essoufflé, mais sans s'excuser le moins du monde de les avoir fait patienter, l'astronome salua les deux hommes portant l'insigne des Sentinelles d'Argent, un sourire pincé aux lèvres.
![[Image: 91250.jpg]](https://royaume-andoras.net/images/icones/v4/91250.jpg) Vous devez être mon escorte, je présume ?
Xanticor Hemerit
Visiteur
- Si fait, Saî Arino. Je me nomme Xanticor Hemerit et voici à mes côtés Evrard. Nous avons répondu présent pour vous escorter sur les traces de morceaux de cailloux tombés de l'espace.
Puis, voyant l'air dédaigneux que leur jetait l'homme en sueur qui venait d'arriver, il ajouta :
- N'ayez crainte Saï. Si certes, nous ne sommes que peu nombreux à nous présenter ici, sachez que chaque membre des Sentinelles d'Argent vaut à lui seul au moins dix hommes. Et certains de nos autres compagnons avaient promis main forte, je ne doute qu'ils soient eux-aussi en chemin. Peut-être ont-ils simplement été retardé contre leur volonté, tout comme vous l'avez vous-même été ?
Accompagnant cette dernière réflexion d'un léger sourire entre la bienveillance et le sarcasme, l'elfe attendit que son interlocuteur reprenne son souffle.
L'érudit haussa un sourcil indigné aux propos du Haut-Elfe, chargé de sa protection pour le voyage qui s'annonçait. Il grommela quelques piques acerbes au sujet d'une borgne sénile à l'haleine fortement chargée d'effluves alcoolisés avant de s'exprimer en des termes fort peu sympathiques, le souffle encore haletant.
Deux. Seulement deux hommes pour préserver ma vie durant ce périple ! Deux hommes pas dans les plus robustes de surcroît !
Il chassa d'un geste hautain un moucheron inexistant, mimant dans cette pantomime son profond désintérêt pour les bravades du persécuteur.
Espérons.
Espérons que la science n'ait pas à déplorer la perte de l'un de ses plus éminents chercheurs, si ce n'est le plus grand, par votre faute. Que votre légion de trois hommes ne tarde pas trop, le temps joue contre la précision de mes expériences !
Trevor se tourna vers Evrard, lui tendant sa besace, remplie aussi bien de rouleaux de parchemins que d'instruments de mesure.
Tenez, mon brave. Je ne vais tout de même pas porter quoique ce soit !
Répondant prestement à la convocation d'Elena, Evrard avait trouvé la place du palais particulièrement peu fréquentée, si ce n'était la présence du peu bavard Xanticor. C'est ainsi qu'il avait pu voir arriver de loin l'astronome qui marchait à grands pas, encombré par moult parchemins. Il avait finalement subi les commentaires secs du scientifique sans pour autant se départir de sa bonne humeur.
"Oh, vous savez, il n'y a pas que les biscotos dans la vie ! L'ingénierie talienne fait des merveilles de son côté !" fit Evrard, en tapotant sa grosse arbalète avec un sourire. "Et puis nous n'allons pas partir tout de suite, il faut bien que vous repreniez votre souffle avant de commencer notre petite ballade. D'ici là, je suis sûr que les autres seront arrivés."
Chargeant la besace de Trevor sur son épaule sans une plainte, le jeune arbalétrier se mit à siffloter gaiement tout en guettant l'arrivée des autres Sentinelles.
Trevor réajusta ses petites lunettes rondes pour inspecter de plus près l'arbalète du talien, dans un intérêt tout scientifique. Malgré le scepticisme qu'il éprouvait, il ne resta pas dubitatif longtemps face à l'excellent ouvrage d'ingénierie qu'il avait sous les yeux.
Ma foi, admettons. Admettons que cette chose ne s'enraye pas au moment fatidique.
Il soupira et s'installa sur un petit muret de pierre, attrapant l'un de ses innombrables carnets et se plongeant dedans comme si le monde autour de lui n'existait plus. Après quelques minutes où les deux comparses s'échangèrent quelques coups d'oeil incrédules, l'astronome releva les yeux.
Et bien ? Vous ne vous attendiez pas à ce que je perde mon temps à converser avec deux illettrés en attendant vos compagnons retardés ?
Il se plongea à nouveau dans sa lecture, sans attendre de réaction.
Hector Di Scudira
Visiteur
Victor sortait du camp d'entraînement d'un pas tranquille. Il était pourtant assez pressé de quitter la ville pour l'est, mais profitait de chaque instant qu'il passait à Yris. C'était toujours bien de revenir ici.
Il allait quitter la place du château après l'avoir balayé du regard mais s'arrêta un instant en regardant en direction de la bâtisse surplombant toute la cité. Était-ce bien Evrard et Xanticor qu'il voyait ?
Il se rapprocha en souriant et les apostropha. Cela faisait depuis... Et bien, le mariage de ses parents qu'il n'avait pas vu son cousin, aussi voulait-il au moins le saluer.
Après les formulations usuelles et une accolade à l'arbalétrier, il posa finalement ses yeux sur le troisième personnage semblant absorbé par sa lecture. Il questionna ses anciens camarades.
« Cela m'étonnerait que ce soit un nouveau membre des Sentinelles... Qui est-ce ? Un scientifique, non ? »
Il avait bien la tête d'un scientifique. Mais le jeune homme espérait une réponse plus longue qu'un simple "Oui".
Perrek se baladait à proximité de Asteras quand il avait ressenti un trouble étrange dans son énergie. Cela l'avait laissé quelque peu étourdi et confus et pendant quelques jours il s'était senti frustré et instable, refusant d'admettre qu'il ne pouvait quantifier cette émotion.
Quand il s'adressait à lui-même, la seule réponse qu'il pouvait obtenir se résumait grossièrement à "T'occupes conscient! Pas tes affaires". Bien sur je vous fait la part charitable et gentille, la vérité est qu'il se prit plus d'une fois les pieds dans une motte de terre ou manqua de peu de se prendre une branche dans la figure, le tout accompagné de pensées acides et furieuses. Hum...l'âme avait tendance à être vicieuse des fois.
Aussi quand le ciel avait été envahi par des météores en plus grand nombre qu'il n'avait jamais vu il n'avait pas été long à faire demi-tour pour enquêter à Yris.
A l'entrée de la ville il questionna un garde à propos des évènements récents et obtenu un compte rendu bien rempli de l'incertitude qui y régnait. Aussi il appris qu'une compagnie se réunissait devant le château royal en quête d'un météore passé un peu trop bas, il remercia le garde et s'en alla la rejoindre.
Arrivé sur place, il ne connaissait personne, mais ce n'était guère surprenant, il se présenta donc.
Salut la compagnie! Je me présente, je suis Perrek, un dévot particulièrement spécialisé dans les phénomènes "mystiques". J'ai ouïe dire que vous alliez explorer le site du crash, je peux me joindre à vous?
Xanticor Hemerit
Visiteur
- D'après les dires de cet astrologues, il semble que quelques bras de plus ne seraient pas un luxe pour cette mission. Soyez le bienvenu parmi nous, je me nome Xanticor.
L'arbalétrier adressa un sourire chaleureux à son cousin.
" Bien deviné ! Un astronome, plus précisément. Trevor Ara ... Aro ... Bref. Nous devons l'accompagner au lieu d'impact d'une de ces étranges étoiles tombées du ciel. Ordres d'Elena. Tu sais comme elle est quand on ne suit pas ses ordres ... ! "
Avec un clin d'oeil et un éclat de rire, Evrard enchaîna ensuite sur quelques nouvelles plus personnelles, s'enquérant des dernières aventures du jeune noble.
L'irruption de Perrek fut accompagnée d'un regard en direction de l'astronome toujours occupé à lire.
" Comme dit Xanticor, une paire de bras supplémentaires ne peut pas faire de mal, si vous avez une formation martiale ... Par contre, il faut voir si celui que nous escortons accepte de la concurrence pour ses recherches ... Vous devriez directement lui demander. "
A la mention d'astrologue de Xanticor, Trevor tiqua, refermant son carnet violemment. Il se leva pour toiser le Haut-Elfe, visiblement irrité.
"Astronome, petit ignorant !
Ai-je l'air d'un de ces bonimenteurs qui lisent le destin d'autrui dans les constellations ? Que nenni, je suis un scientifique, pas un de ces charlatans qui charme les crédules avec des mensonges bucoliques sur leur avenir ! Lui, par contre, il tient d'avantage de l'astrologue que d'un estimé concurrent."
En disant ceci, il pointa Perrek d'un doigt méprisant.
"Un bouclier humain supplémentaire n'est, cependant, pas de refus."
Il s'approcha alors des deux cousins.
"Quant à vous deux, terminez-moi dans la seconde votre petite réunion de famille pour que nous puissions partir. Nous avons assez perdu de temps !"
Hector Di Scudira
Visiteur
Victor rit doucement aux dires de son cousin. Oh oui, il savait comment Elena pouvait être en...quiquinante. A vrai dire, c'était plutôt elle la cheffe des Sentinelles d'Argent que Lenwë d'après lui.
Un astronome. Ils allaient eux aussi là-bas. Il poussa un soupir intérieur. Il ne savait pas si c'était une bonne ou une mauvaise nouvelle, mais il n'avait pas vraiment envie de les avoir dans les parages. Au moins pourrait-il peut-être apprendre des informations auprès du scientifique.
A l'arrivée d'un excentrique, il fronça légèrement les sourcils à sa familière façon de s'adresser à eux. Enfin, il était habitué. C'était plutôt le fait qu'il sache ce rendez-vous alors que lui-même n'en avait pas entendu parler qui l'étonnait. S'il avait eu vent d'une réunion impliquant les Sentinelles et un astronome allant visiter les lieux où les météores semblaient tomber, il s'en serait souvenu !
Alors même qu'il toisait ce Perrek d'un œil circonspect, il entendit le savant rétorquer qu'il était astronome et non astrologue, insulter l'inconnu qui venait de les rejoindre, et ne pas leur parler bien gentiment.
Il s'arma d'un grand sourire et se tourna vers lui pour lui attraper la main vivement et la serrer avec force. Trop de force ? Oups.
« Ravi de faire votre connaissance monsieur Trevor. Je me nomme Victor Di Scudira. »
Il lâcha sa main après une dernière pression.
« Peut-être devriez-vous apprendre à parler avec plus de respect à ceux qui vous entourent. Beaucoup vous feraient bien d'autres choses que de simplement vous serrez la main avec force. »
Il s'écarta, le sourire en coin.
« J'imagine que nous allons nous recroiser très bientôt. Bon voyage. »
Il salua la "compagnie" et s'éloigna vers les escaliers derrière la Tour au feu éternel pour terminer ce qu'il avait à faire à Yris.
Siadhal arrivait enfin à Yris. Entre ses recherches de matériaux, et sa longue marche vers et depuis Asteras pour se procurer un nouvel arc, il se savait bien en retard par rapport à la demande de présence fixée par Elena. La missive confiait seulement qu'un travail d'escorte était demandé, vers un site où avaient lieu des phénomènes mystérieux. Et qu'il fallait se hâter.
Siadhal n'avait jamais été prompt à s'adonner à l'ésotérisme, bien qu'après ces derniers mois d'aventures, force était de constater que de nombreuses choses échappaient à l'entendement. Cependant il était toujours volontaire pour effectuer quelque mission que ce soit, et l'activité était la bienvenue.
Après un moment d'exaltation lors de son entrée dans la capitale talienne où il avait passé toutes ses années de formation, et une collation à la taverne, il se mit en route vers le palais. Il espérait fort ne pas être trop en retard, ou pire encore, le dernier arrivé.
Une fois sur place, il fut surpris de constater que peu l'avaient devancé.
Il salua ses camarades avec chaleur, heureux de retrouver leur compagnie.
Ils lui désignèrent la personne qu'ils devaient escorter, et Siadhal alla donc se présenter.
"Bonjour Monsieur. Ravi de faire votre connaissance, je suis Siadhal Räetim. J'ai l'honneur de pouvoir vous accompagner dans votre périple. Mon arc est à votre service !"
Perrek se trouva étonné de l'accueil qu'on lui réservait et quelque peu amusé par le commentaire de l'astronome. Sans se démonter il répondit d'un air amusé.
Non je ne suis pas astrologue, enfin pas tout à fait. Mais je sais qu'on peut lire des messages en écoutant la pluie, ou en lisant les nuages. Je me demande justement si le mouvement des astres peut nous éduquer de manière similaire. Et puisque ce mouvement est prévisible.... enfin. Je me contente de quelques bases en astronomie pour le moment, alors je ne vous dérangerais pas trop.
Mais je ne suis pas qu'un tas de chair inutile, si vous êtes gentils, je vous soignerais!
Au regard circonspect que lui adressait Victor il souleva légèrement les sourcils d'un air surpris puis se recentra sur soi-même.
Xanticor Hemerit
Visiteur
Un léger rictus au coin des lèvres, le persécuteur elfe s'excusa :
- Astrologue, astronome... Veuillez m'excuser Sai Arino, il semble que j'ai quelque peu mélangé ces concepts qui me sont peu familiers, si bien l'un que l'autre.
Mais c'est sans ce sourire qu'il demanda ce pardon au dénommé Perek.
Puis, la troupe se mit en route avec les nouveaux arrivants et Xanticor suivit le mouvement jusqu'aux portes d'Yris.
En partant Perrek remarqua la moue de Xanticor et se souvenu qu'il lui avait souhaité la bienvenue...Il s'approcha de lui pendant la marche.
Et au fait, merci! Désolé je manque de réagir des fois, j'oublie des choses...c'est fatiguant. Mais je me rattrape quand je peux!
Au soleil d'Yris, l'armure du paladin était étincelante. La plaque du griffon, comme on avait coutume de l'appeler, offrait à plusieurs mètres une chaleur douce et agréable qui trahissait l'enchantement de brulure inscrit sur celle-ci.
Lorsque Léonide descendit de son destrier pour rejoindre le groupe récemment constitué, son lourd équipement de métal résonna de façon brutale. Habituellement la vue de son bouclier (frappés aux armoiries de sa maison) et de sa cuirasse, attirait la sympathie des badauds, car elles leur rappelaient la sécurité offerte par la confrérie et les bienfaits que (parfois) ceux-ci pouvaient offrir.
Connu en ville pour être un sympathique bougre, il n'était pas rare d'apercevoir Léonide serrer des mains qu'on lui tendait, parfois on l'interrompait même pour régler un différend léger entre deux gueux et beaucoup plus souvent on l'invitait à partager un repas ou une chopine.
Léonide était de ces nobles qui n'hésitent pas à se mélanger avec la foule.
Aujourd'hui, cependant, l'affaire était toute autre et aucune main ne s'était précipitée pour serrer celle du vieil homme.
Une fois de plus il avait installé par-dessus sa brillante cuirasse un casque d'une menaçante allure qui en refroidissait plus d'un.
Abordant un tracé typiquement nordique lui donnant l'air d'un rapace de métal prêt à plonger sur sa proie. Nombreux étaient ceux qui lui avaient aimablement conseillé poliment de laisser un trophée aussi sinistre dans un coffre, mais Léonide était aussi connu pour sa sympathie que pour son esprit entêté.
Lorsqu'enfin le paladin finit d'approcher du groupe, à grand renfort de chocs métalliques marquant ses pas, il ôta son casque pour révéler une dense chevelure blanche.
- Bien, je vois que d'autres Sentinelles sont déjà arrivées. Xanticor, Siadhal, content de vous revoir.
Il s'inclina pour saluer le duo et lorsqu'il eut terminé, envoya une monumentale claque dans le dos d'Evrard.
- Mon neveu va bien ? Paré pour une nouvelle aventure ? J'ai cru voir ton cousin Victor avant d'arriver ici. Depuis qu'il traine avec ces salamandres, j'ai l'impression qu'il me fuit.
Se tournant vers Trevor, Léonide qui malgré son âge avait toujours une grande taille baissa les yeux sur l'astronome.
- Et vous devez être Monsieur Arino sans doute ? Oui j'ai déjà entendu parler de vous.
Léonide se rappela la note qu'Elena lui avait envoyée, mentionnant la cible à protéger comme un « binoclard arrogant et désagréable ». Venant de la vieille sorcière, le personnage devait donc être extrêmement antipathique pour avoir su rivaliser avec le caractère de la sentinelle.
Il lui revint également un sympathique sobriquet que les marins avaient offert à l'exécrable érudit. Il s'agissait de «suceur de télescope », et c'était là un mot de vocabulaire bien remarquable dans la bouche des matelots, car il était probable que la moitié des habitants du port ignorait parfaitement tout d'un tel instrument.
Mais lorsqu'il s'agit d'être grossier, l'on est vite capable des plus acrobatiques prouesses linguistiques.
Il abandonna ses pensées.
- Tentez de rester derrière mon bouclier et ma lance et vous reviendrez en un seul morceau à Yris.
Saleté de vieille carne !
Tels étaient les mots qui sortaient de la bouche de Dyanese lors de sa course de longue haleine.
Après un séjour à l'autre bout du monde - la géographie n'était pas le fort de la jeune elfe, Andoras était déjà au bord de sa "carte mentale" - Elena l'avait sommée de la suivre à Yris pour escorter un « binoclard arrogant et désagréable ». En dehors des lunettes, c'était le portrait tout craché d'Elena. D'autres sentinelles participaient à la mission et accompagnaient l'astrologue. Ils les avaient prévenus du départ de la capitale et la direction prise. Elles étaient donc en retard qu'elles tentaient de combler par un rythme de marche soutenu.
Le chevalier avait questionné plus longuement la talienne sur la dangerosité, le chemin à prendre, les contrées parcourues... La seule information fut qu'il s'agissait de protéger un astrologue dénommé Trevor Arino. Connaissant l'ivrogne, elle en savait bien plus, mais préférait réserver des surprises à son élève.
Mais qu'est-ce qu'un astrologue ? Un diseur de bonne aventure ?
Ah ça, il suffit de bailler aux corneilles deux minutes pour se faire distancer par le groupe ! Lavellan s'était faite vendre une sympathique excursion champêtre et là voilà qui se retrouvait à devoir courser des étoiles filantes. Un dur travail, surtout lorsque l'on perd tout le monde de vue.
Lavellan se mit à chercher la trace de ses compagnons. Elle n'était pas ranger mais un Léonide en armure lourde devait laisser une traînée que même les moins dégourdis sauraient retrouver. Ah ! Voilà : ils étaient partis vers le sud. Son regard s'y porta, la main en visière et les yeux plissés, pour y découvrir une meute de loups qui avançaient vers l'astromachin et bien…un pas de loups.
Lavellan poussa un cri d'alarme. Un des loups fit volte-face et bondit sur elle, lui lacérant l'épaule avant qu'elle ne puisse s'en dégager. La chasse était ouverte.
Xanticor Hemerit
Visiteur
Xanticor qui lui aussi s'etait fait surprendre par le pas preste de ses compagnons fermait la marche. Voyant son camarade aux prises avec un predateur affame, il sorti immediatement ses arbaletes pour gratiffier l'animal de deux carreaux dans le flan.
- Un coup de main confrere?
Si on lui avait dit que sa route vers Kandrian – lieu où Elena et Dyanese lui avaient donné rendez-vous – lui aurait permis de croiser autant de personnes, Cendre ne l'aurait pas cru.
Pour autant, elle ne pouvait que profiter d'un peu de compagnie. Ce fut tout d'abord à Dione d'échanger quelques banalités, plus ou moins acerbes et avisées, en tout bien tout honneur. Puis vint Selinde, la Commandante de la Salamandre, et enfin Léonide, l'oncle malade de trop boire, et encore Evrard, le cousin plein d'entrain, et Lavellan et beaucoup d'autres dans un étrange cortège sans queue ni tête.
Enfin, si, une tête inconnue. Un astrologue. Un astronome ?
La jeune fille leva un sourcil, son attention visiblement accaparée par le curieux personnage.
« J'allais à Kandrian pour des affaires de guilde » reprit sur un ton calme Cendre, tournant finalement son regard sur sa belle-sœur, « et vous ? »
Elle aurait pu rajouté une petite note sur Victor mais finalement, la discussion avec Dione quelques minutes auparavant avaient endormi son venin dans sa gorge. Reposée, la vipère couleur sang se crispa et n'entendit pas la réponse – s'il y avait eu – de Selinde.
Elle virevolta vers Lavellan qui avait crié avant de découvrir sur sa gauche deux immenses loups au pelage noir sortis des buissons. Plusieurs encore suivirent. Une meute entière.
La rousse se détendit aussitôt et soupira doucement, d'un air ennuyé.
« Diable, il ne faut pas crier comme ça pour de simples… cabots. »
Se faisant, Cendre leva la main droite, faisant virevolter l'orbe enflammée juste au-dessus de sa main. Elle prit pour cible un loup qui s'approchait d'elle en faisant claquer ses dents. Elle esquissa un sourire serein et finalement, une colonne de flammes sortit de sol et fit couiner le pauvre animal.
La semi-humaine leva légèrement le menton, jetant un regard terrible sur le loup qui s'ébrouait afin de se battre contre les flammes qui désormais lui léchaient le pelage.
Elle n'avait pas pour attention de le laisser souffrir plus longtemps. Elle se concentra et des flammes jaillirent, éclaboussant la fourrure de l'animal qui se tordit avant de mourir, tout simplement, sur le sol.
Elle inspira profondément, puis soupira.
Un léger tournis la fit grimacer mais elle ne vacilla pas. Au lieu de ça, elle jeta un regard au groupe, sans trop se soucier de savoir si elle était elle-même en sécurité.
Le loup était énorme ! É-NOR-ME ! Evrard ne croyait pas en avoir déjà vu de la sorte. Le pelage noir et les yeux rouges brillants n'amélioraient pas le tableau, il fallait l'avouer. Heureusement, ses réflexes prirent le dessus sur la stupeur. Ses mains redressèrent son arbalète et pressèrent la détente, permettant au carreau déjà encoché de se ficher avec un grésillement dans le poitrail de la bête. Celle ci poussa un glapissement de couleur et de colère avant de se jeter sur le dénommé Perrek, heureusement bien engoncé dans sa cotte en acier.
Les autres sentinelles réagirent rapidement, tandis qu'un cri de Lavellan les avertissait de la présence d'autres bêtes. Celle ci ne fit pas long feu en tout cas, entre les carreaux magiques de Xanticor, la lance de l'oncle Léonide et Perrek qui lançait comme il pouvait des traits de feu sur le monstre qui essayait de lui grignoter le bras. Un second carreau d'Evrard mit un terme à l'assaut du loup enragé.
Cependant, un rapide coup d'oeil alentours pour réévaluer la situation lui apprit que l'astronome ne les avait pas attendus. L'absence du vieux paladin rassura cependant Evrard : Léonide devait avoir escompté un tel comportement et être resté près de Trevor.
Hector Di Scudira
Visiteur
Victor pestait intérieurement. S'il n'avait pas eu à se défaire de ces deux brutes qui l'avaient attaqué stupidement, il serait arrivé avant les autres. Malheureusement, voilà qu'il se retrouvait avec les Sentinelles et l'astronome qu'ils accompagnaient.
Il s'approcha de la forêt alors même que son oncle vociférait qu'il y avait des feux follets agressifs devant eux.
Il les observa de lui-même. Bien qu'il n'était pas mage, il sentait bien la magie émaner d'eux, et voyait même les flux arcaniques qui les constituaient. Plissant les yeux, aveuglé par leur lueur, il grimaçait également au son assourdissant qui ressortait de ses sphères.
Il s'avança d'encore quelque pas et put apercevoir entre les arbres un feu follet bien plus imposant. De ce qu'il pouvait voir, les autres... l'entouraient ? L'aura qui rayonnait de ces entités était puissante, en particulier celle du grand feu follet. Même lui la ressentait.
« Mon oncle... Vous voyez bien que ceux-ci sont particuliers... Peut-être sont-ce les entités qui sont tombées du ciel ? »
Il croyait se rappeler avoir lu un extrait parlant d'une pluie d'étoiles filantes et qui faisait état d'apparition de feux follets... Alors, c'était probablement ce qu'il cherchait. Il prit une longue inspiration, et avant qu'il eut le temps de faire autre chose, il vit des Sentinelles attaquer l'un des feux follets.
Il se détourna un instant de sa contemplation pour se tourner vers ses anciens camarades, un instant défiguré par la colère, et les invectiva.
« Cessez de les attaquer, bon sang ! Et vous dites qu'ils sont agressifs ?! »
Un "imbéciles" resta coincé dans sa gorge. Cela n'aurait pas aidé à la situation. Il frémit et se calma de force, avant de marcher droit vers les entités astrales, sans toutefois sembler les attaquer. Il baissa son bouclier et rengaina son épée.
Peut-être sa chance venait de disparaître à cause d'eux, mais il devait tout de même tenter. Il s'approcha donc et parla au feu follet primordial comme il semblait être leur chef.
Frissonnant, plus de crainte d'être attaqué que d'autres choses, il s'agenouilla devant eux. Il baissa la tête, éblouit par leur lumière.
« Puissances astrales, je viens à vous sans aucune volonté belliqueuse. Je suis là car l'un de vos amis m'a donné pour mission de le retrouver. Me parlant dans mon sommeil, il m'a demandé de venir à vous pour que vous m'aidiez dans cette tâche. »
Ses anciens compagnons n'entendaient probablement pas, avec le bruit assourdissant qui émanait dans tous les environs. Mais ces entités le comprenaient-ils ? Il n'avait plus qu'à espérer.
Si l'on omettait la meute de loups enragés et les propos cyniques de l'astronome, le voyage s'était déroulé sans encombre majeur. Trevor avait mené son escorte à l'orée du bois, juste au sud de Kandrian, persuadé d'y trouver l'un des points de chute des corps célestes qui avaient mystérieusement traversé Ecridel ses derniers temps. Comme il l'affirmait à qui voulait l'entendre, il ne pouvait se tromper ; ses calculs étaient formels.
Pénétrant la forêt, la troupe fut accueillie par un vrombissement inquiétant, assourdissant même. Devant leurs yeux, au travers des branchages, les Sentinelles pouvaient observer des sphères lumineuses virevolter avec une virtuosité folle. Pas plus grosses que des pommes, elles tournoyaient frénétiquement, laissant échapper quelques étincelles de magie pure dans leurs mouvements erratiques.
Plus surprenant encore, ces boules d'énergie s'agitaient autour d'un spécimen plus imposant, bien plus massif. Celui-ci restait placide face à l'excitation de ses pairs, se contentant d'écraser l'atmosphère d'une aura arcanique suffocante. Nul ne pouvait douter de la puissance de la créature.
Quelques flèches volèrent. Beaucoup finirent plantées au sol, incapables d'atteindre ces cibles si vives. La riposte le fut tout autant, privant déjà les Sentinelles d'un de leurs membres. Le pauvre Siadhal n'eut pas le temps d'obéir aux ordres de recul d'Elena qu'il fut happé par de violents faisceaux de magie pure condensée.
Pendant ce temps, l'astronome restait en retrait bien à l'abri derrière le tronc d'un vieux chêne. Il réajusta ses lunettes et plissa les yeux pour tâcher d'atténuer la luminosité. Il marmonna quelques mots à peine audible où perçaient l'excitation de la découverte et la jubilation d'avoir raison.
Ma théorie se valide bel et bien ! Nous n'avons guère devant nous des étoiles comme l'affirmaient mes confrères. Si je me fiais à mon ressenti, je parierai que ces créatures n'ont rien de célestes. Mais je suis un érudit, alors je le prouverai scientifiquement avant.
L'immense sphère d'arcane sembla réagir à la voix rassurante de Victor, comme en témoignèrent les apaisantes ondulations de mana. Sous leurs effets, deux boules d'énergie perdirent, au moins temporairement de leur agressivité.
Les vrombissements sonores se modulèrent, changeant de cadence et de rythme comme pour tenter de communiquer.
Xanticor Hemerit
Visiteur
Xanticor rattrapa son retard et rentra dans le bois, passant devant Trevor. Voyant que son camarade cherchait à communiquer avec une étrange entité, il se détendit et laissa ses arbalètes au repos en signe de non-agression. Il attendit la suite.
Qu'on me redise qu'à mon âge, la vie est belle qu'on ne le pense, qu'on a tout le temps qu'on souhaite et qu'on peut se reposer et profiter pleinement de la vie…
Le premier cornichon que j'entends me ressortir pareil ineptie, je lui tords le cou et je le donne en pâté aux brochets de l'Erion.
J'ignore pour les autres croûtons mais pour mon cas, ma vieillesse était tout sauf reposante !
Après de multiples péripéties et allers-retours joviaux à travers le continent, j'arrivais enfin à Kandrian, lieu de rendez-vous que j'avais donné à certaines sentinelles telles que Cendre.
Bien évidemment, les chevaux et le chemin cabossé avaient comploté ensemble pendant le voyage pour m'interdire tout repos et assassiner mes dernières lombaires encore un minimum fonctionnelles.
Cela auxquelles s'ajoutaient les railleries interrompues de Dyanese, dans la vaine tentative bien évidemment de m'achever.
Mais ma jeune et sotte élève avait une fois de plus fait une terrible faute tactique, car plus que me terminer, cela eu au contraire pour effet de réveiller en moi une nouvelle force engeancée par l'orgueil, pour démentir les propos blessants de la porcine aux oreilles à moitié pointues.
Néanmoins ce fut quand même mon esprit qui encaissa la fin du voyage à la place de mon vieux corps déjà réduit en miette.
C'est donc essoufflée, léthargique et en clopinant que j'arrivais -ENFIN- sur le théâtre des événements, et par chance, en même temps que les Sentinelles.
Je m'arrêtai et pris un temps pour observer la scène et bien prendre conscience de la scène.
En voyant les Sentinelles ainsi, dans ce qui ressemblait vaguement à une formation (c'était toujours mieux que ce que j'avais connu jusqu'à présent), dans leur armure rutilantes et leurs robes chargées de magie, armées d'armes robustes, lames affûtées et bâton scintillants, le regard vif et triomphant, ensembles et unis face à l'adversité, prêt à s'élancer d'un seul homme pour vaincre un ennemi redoutable et titanesque... Bref, un tableau si héroïque et majestueux que j'eu pendant un bref instant une montée incontrôlable d'émotion et à ce qui ressemblait à une pointe de fierté, en repensant à tous ces derniers mois de pénible labeur, a sans cesse répéter les mêmes choses afin d'instaurer un minimum de code et d'esprit militaire et stratégique aux Sentinelles...
Mais voilà, tous ces mauvais souvenirs étaient derrière nous, et à présent la guilde avait enfin la stature et l'image qui lui convenait, et le pouvoir d'accomplir de grandes choses : l'avenir et la gloire s'offraient à nous !
Puis il y eu un "POUF" retentissant.
Et un Siadhal, noirci, qui s'écroula par terre en fumant, en même temps que le rideau mes espoirs les plus chimériques.
L'illusion (qui avait naquit dans mon esprit en prenant pour origine ma fatigue accumulée de ces dernières semaines) s'estompa, et enfin se révéla à moi la VRAIE situation.
Qui se résumait à un mot à présent habituel qui résumait bien l'organisation chez les sentinelles: le CHAOS.
Décidément, toute cette histoire tournait autour des rêves... Quelle amère plaisanterie.
Me pinçant fortement l'arête du nez j'inspirai grandement. Trois fois. Puis j'ouvris les yeux. Et repris mon éternelle et quotidienne tâche.
Traversant les rangs comme une furie, je criai avec le peu d'air qui restait dans mes poumons :
Sentinelles, cessez le feu et reculez toutes jusqu'à l'orée de cette forêt.
Encerclez la zone et établissez un périmètre de sécurité. Je ne veux plus voir personne tirer sur ces manifestations ni entrer dans les bois jusqu'à nouvelle ordre, compris ?
Il me faut également deux volontaires pour surveiller et scruter en permanence la frontière d'Andoras jusqu'à ce que je les remplace. Si personne ne se désigne dans les cinq prochaines minutes, je m'en chargerais personnellement. Pour information: les volontaires se verront épargné les 4 prochains mois de corvées au siège de guilde. Avis aux bons entendeurs...
Léonide. Ramène-moi ton inconscient de neveu au plus vite, par loreille ou par la peau des fesses s'il le faut : je veux m'entretenir au plus vite avec lui car visiblement il a cru bon de garder pour lui des informations essentielles... Je ne peux y envoyer Cendre, ou on risquerait l'incendie.
Trevor. J'espère que vous avez bien profité de votre petite balade dans le monde réel qui existe au-delà du vitrail de votre cabinet de recherche, et que vous appréciez le spectacle. Venez dès maintenant me faire un exposé de vos premières observations et hypothèses, puis une présentation détaillée des mesures et initiatives que vous comptez prendre pour la suite. Tant que vous n'aurez pas mon accord, vous n'êtes pas autorisé à tenter quoi que ce soit envers ces créatures. Si vous transgressez mes ordres, j'aurais tôt fait de vous renvoyer par la force à Yris et laisser à un autre la renommée de cette découverte majeur. Est-ce bien clair ?
Alors que je repris mon souffle, un éclair de douleur parcouru mon dos, m'arrachant un gémissement, qui se suivit d'un dernier ordre, bien plus virulent et autoritaire que les précédents:
"... Et bon sang qu'on m'apporte au plus vite un siège ou n'importe quoi qui remplisse le même office !
EXECUTION."
Enfin arrivées ! Dyanese et la vieille avaient rejoint un convoi marchand d'Asteras en route pour Kandrian. Leur rôle était d'assurer la protection mais le trajet avait été paisible, aux rhumatismes d'Elena et leurs conséquences verbales près. Elles avaient abandonné leur mission pour se rendre rapidement à dos de canasson au sud est de l'avant-poste. D'autres membres et d'ex-membres des sentinelles étaient présents, ainsi que Trevor dit le « binoclard arrogant et désagréable », dont le physique était loin d'être un trésor.
Juste à temps... pensa-t-elle.
Une odeur de brûlé vint titiller les narines du chevalier. Un râle d'agonie confirma les soupçons et un Sandhial avec la peau noircie s'extirpa de la forêt.
Ou pas.
Les réflexes de la mage blanc revinrent au galop. Beuglant ses ordres de replis, de surveillance, Elena finit sa tirade hurlante par des questions à l'astrologue.
L'échange de postillons promet d'être intéressant !
Dyanese s'éclipsa pour chasser les vipères imprudentes. Il était hors de question de trouver un siège pour la mage ! Ou alors... Finalement, les reptiles pourraient bien lui être utiles. S'approchant de la forêt, elle aperçut les responsables de l'état de l'archer des sentinelles. Des boules lumineuses imprégnées de magie virevoltaient dans les airs, chassant tout intrus hostile.
Étrange... Ces êtres mystiques gardent une formation bien précise et protègent l'ilot central. Dans quel but ?
Les récits de bataille relatant des sièges répondaient au même critère : le chef est toujours au centre entouré de ses guerriers. Si à première vue, aucune différence existait entre ces mystérieuses entités, pourquoi celui au centre avait plus d'importance ?
Comme dans tout siège, nous pouvons adopter une tactique d'harcèlement à distance pour diminuer leur défense.
Elle plaça sa main devant sa bouche, pour s'excuser d'avoir pensé à haute voix. La bataille promettait d'être intéressante.
Le regard de Cendre s'attarda quelques secondes sur Victor, et instinctivement, glissa vers Dione et Selinde. Il n'y avait aucune animosité, juste un quelque chose qu'elle trouvait… déroutant. Elle aurait dû être furieuse, entre les erreurs grossières de Siädhal et l'apostrophe de l'ancienne Sentinelle, mais elle ne fit pas un geste ni ne prononça un mot.
Au lieu de ça, un sourire amusé se dessina sur ses lèvres et elle se retourna définitivement vers Elena, écoutant ce que la vieille militaire avait à dire. Studieuse, docile en apparence ; un véritable tas de cendre. Il fallait être stupide pour croire cependant qu'il n'y avait aucune braise sous elle.
Après l'annonce des ordres, la rousse reprit :
« Je m'occupe de la surveillance du cratère, Elena »
Et comme elle disait ça, elle jetait de nouveau un regard à Dione sans savoir pourquoi.
En trottinant vers le cratère, elle se fit la réflexion qu'ils n'avaient jamais été aussi proches. Pendant longtemps elle avait préféré ignorer leur existence. Ç'avait peut-être été une erreur. Son meilleur allié était peut-être là-bas. A cette idée elle eut un petit ricanement qui se transforma en petit « oh » de surprise.
Elle chancela, releva son regard et en observant le feu follet qui virevoltait sur place mais vers elle, elle comprit ce qui venait de se passer.
« Tu crois que… »
Elle ouvrit sa main. Elle lui semblait engourdie, faible, fragile.
« Tu crois que je suis ici pour ça ? Pour me battre ? »
Cendre se souvint de toutes les fois où sa mère lui avait parlé des feux follets. Des âmes pour certains, des esprits élémentaires. Elle n'en avait pas peur. Sa mère avant elle avait croisé des esprits bien plus puissants et bien plus dangereux. La semi-humaine fit un pas assuré vers le feu follet et reprit, d'un air un peu plus assuré, plus terrible aussi :
« Si c'était le cas, cette forêt serait déjà en feu et vous seriez déjà tous à l'agonie. »
Elle fit un nouveau pas vers le feu follet qui vrombissait davantage encore.
« De même, si vous vouliez nous tuer, nous serions déjà tous très amochés. Non… Vous cherchez autre chose. Vous êtes comme des enfants faisant une bêtise pour attirer l'attention. C'est pour ça que vous avez choisi certains d'entre nous. Parce que vous cherchez à communiquer... »
Son sourire se fit plus fin et son regard plus perçant. Elle murmura, pour le feu follet :
« Entre nous, vous devez être sacrément désespérés pour communiquer avec mon frère. »
Il n'y avait que Dyanese, à ses côtés, qui aurait pu entendre la pique.
L'astronome ouvra un instant la bouche pour protester vivement aux injonctions d'Elena, mais il fut coupé dans son élan revendicatif par l'un des feux follets qui prit pour cible le persécuteur haut-elfe. Le pauvre Xanticor n'eut guère le temps de réagir que les rayons d'énergie se déchainaient sur lui avec violence. Malgré sa petite taille, la créature était capable d'infliger de lourds dégâts, perçant les armures avec ses rayons dévastateurs.
Trevor en réajusta ses lunettes, tentant de cacher son excitation devant un tel phénomène. La capacité arcanique de ces feux follets était tout bonnement incroyable. Même si sa spécialité portait sur les astres et leurs mouvements, il ne pouvait s'empêcher de trépigner à l'idée d'une telle découverte et aux multiples expériences qu'il pourrait effectuer sur ces spécimens rarissimes. A vrai dire, certaines similitudes le titillaient.
Après un énième regard dédaigneux pour la vétérante, il s'installa en tailleur sur un rocher et commença à dessiner dans la boue avec une brindille. Peu à peu, le schéma de la situation s'orna de diverses annotations. Il pointa sa branche sur Elena, autoritaire.
Votre sénilité ne vous a pas totalement rendu aveugle. Vous avez déjà remarqué le placement singulier de ces créatures qui ne s'éloignent jamais de leur imposant congénère. Dans une optique de neutralisation pure et simple, la tactique est si évidente que mêmes vous et vos hommes l'ont bien comprise.
Il la regarda droit dans les yeux, la défiant ouvertement.
Je ne vous laisserai pas faire pour autant ! Ces créatures doivent être étudiées avec attention pour en déterminer l'origine. N'est-ce pas ce que vous recherchiez en venant me trouver ? Comprendre ce qui arrive en somme !
Il ajouta, plus bas, une réflexion pour lui-même.
Il s'avère que plus je les observe, plus je ne vois qu'une seule et même entité, ce qui expliquerait leur facilité à s'échanger aussi bien flux arcaniques qu'émotions. A croire qu'une scission a eu lieu lors de leur chute.
Pendant ce temps, légèrement plus au nord, ce fut Cendre qui croisa le courroux de l'une de ces petites boules d'arcane pure. La pyromancienne fut happée par cette magie dont elle put ressentir la présence dans chacun de ses muscles, à présent, engourdis. La créature sphérique émit quelques sifflements aigus avant de reprendre son vrombissement sonore habituel.
Avait-elle compris à défaut des mots, l'intonation ?
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