L'ombre des neiges
#1
Hemdl est un éclaireur.

Si il ne refuse pas l'affrontement contre les peuples du Sud, il aime avant tout parcourir Ecridel, à la découverte des secrets enfouis dans ses terres les plus isolées et les moins accessibles.
Il aime grimper au pic dans les étendues sauvages des Relicanth, courir sous la pluie dans les grandes plaines d'Erioss, peiner à progresser, de la neige jusqu'à la taille, ou face aux vents cinglants des immenses étendues glacées de l'Ingeman, sentir les éléments le malmener, se sentir Agar, vivant.
La plupart du temps seul, il aime parfois partager ses périples avec des compagnons discrets, observateurs, endurants et silencieux.

L'avant-poste de Tilador n'était plus que ruines, tous ses habitants et combattants tués ou lâchement en fuite après un raid dévastateur des peuples du Nord.
Le combat avait été rapide, sanglant, sans concession.
Les fuyards, honte à leur lâcheté devant leur destin, leur chemin croiserait de nouveau celui des "sauvages" du Nord, ils ne pourraient pas se cacher éternellement.
Les vainqueurs étaient en route vers Björnhill pour y être honorés par le Jarl des Jarl, leurs noms gravés pour l'histoire dans les tablettes Agar, le butin distribué aux clans en difficulté après que les combattants se seraient copieusement servis.
Un grand festin se tiendrait pour respecter tous les braves tombés au combat, Agars, Nain, mais aussi Elfes et Taliens morts les armes à la main.

En tout cas, ces beuveries n'étaient pas du goût d'Hemdl, trop de bruit, trop de débordements, trop de fierté, même si l'ivresse de l'hydromel lui manquerait.
Il avait entendu dire que des araignées géantes recelaient des soies d'une légèreté et d'une résitance sans équivalent pour tisser des capes aux caractéristiques remarquables, en particulier pour les baroudeurs tels que lui.
Il devrait pour cela affronter les immenses frondaisons des forêts de Pelethor, les griffes et les crocs empoisonnés des insectes géants, et même parait-il des Elfes qui vivaient dans ces lieux impénétrables.
Le rôdeur se dirigea vers les secrets de la grande forêt, seul.

Son périple fût à la hauteur de ses attentes.
Entre les ours géants et les arbres vivants qui le laissaient approcher pour mieux le pourchasser, il ne dût sa survie de nombreuses lunes durant qu'à ses réflexes d'éclaireur, se cachant parmi les ombres de la forêt profonde plus souvent qu'il n'affronta ces puissantes créatures.
Il en profita pour dresser un semblant de carte, ne jurant de rien quant à son exactitude tant le dédale des arbres abusait ses sens, pourtant affûtés et reconnus comme tels dans les grandes étendues du Nord.
Il repéra de nombreux lieux à explorer plus tard avec une compagnie plus nombreuse, des lieux sombres et effrayants, mais recelant probablement des trésors jalousement gardés par des êtres dignes de figurer sur un tableau de chasse Agar.

La récompense aussi fût à la hauteur de ses attentes lorsqu'il récupéra enfin l'objet de sa quête : trois soies magiques acquises après d'âpres combats, seul contre plusieurs de ces êtres curieux, qui vous immobilisaient, vous endormaient pour mieux vous empoisonner et vous dévorer vivants.
Heureusement, l'araignée est agile mais peu intelligente, et elle approche sans se protéger des flèches mordantes et du tranchant des lames du Nord, trop sûre de sa force sur cette proie inconnue, comme tant d'autres qui ne lui résistent pas.
Après quelques fièvres et quelques cicatrices supplémentaires, Hemdl était de retour à Björnhill, ou les maîtres tisserands lui vidèrent les poches en échange de leur travail sur ces soies si rares.
Devant le résultat, le rôdeur se félicita toutefois que d'autres dans la guilde pourraient profiter de sa chasse, et déposa au coffre son butin inemployé.

Sa nouvelle cape sur les épaules, toute en finesse et en grâce, délicate mais robuste, et d'une fluidité sans pareil, Hemdl repartit sans tarder vers les étendues gelées au Nord-Est de la capitale des Agars, impatient de tester sa nouvelle acquisition d'ici qu'un nouveau raid ou une descente de guilde dans un donjon ne ne soient annoncés.

Tout s'annonçait très bien, et le rôdeur s'enfonçait dans le froid mordant, croisant loups et lynx, qui habituellement affrontaient dignement la mort et qui fuyaient maintenant devant les reflets de la cape du rôdeur, à la fluidité surnaturelle.
Rien en vue sur des lieues à la ronde, le rôdeur s'approche d'un bosquet à quelques jours de marche de Björnhill, pour se reposer à l'abri du vent.
Comme d'habitude, l'éclaireur se concentre pour mieux saisir son environnement, ces quelques rares reliefs étant souvent des abris recherchés dans ces immensités désertiques. Encore rien en vue.

Rassuré, il approche d'un frêne décharné couvert de glace et de neige, qui ne reverrait sans doute plus jamais verdir ses branches blanchies par le gel.
Il dépose son arc au sol, défait carquois et son sac à dos, et s'apprête à déposer son pic de lancer pour saisir le bois mort qu'il porte dans une laine ficelée dans son dos, quand une voix chuchotée le fait bondir de surprise.

Personne ne vous a suivi ?

Hemdl dégaine sa hache, tournant très vite la tête en tout sens à la recherche de la voix : rien en vue !
Il a du rêver ou peut-être les poisons des araignées coule-t-il encore dans ses veines... ou la soie de sa cape a-t-elle des effets secondaires ?
Hurlant, tant pour se rassurer que pour débusquer l'invisible, il saisit sa hache à deux mains et avance fièrement vers le tronc décharné, seul point de repère au pied duquel gît son arc.
Un froissement à peine audible, et apparaissent alors deux yeux à la hauteur des siens, juste à son côté, quand une cape de neige laisse tomber au sol une infîme couche de poudreuse, suffisamment efficace cependant pour dissimuler son porteur à la vue d'un éclaireur aguerri : un frontalier Haut Elfe !

Par réflexe, l'Agar envoie son bras en avant, piquant dans la cape magique, si magique... de l'éclaireur Elfe, la faisant voleter et découvrir une superbe armure d'Asteras, un arc et un espadon elfique !
Que faisait un éclaireur Elfe si loin de ses terres, et surtout si proche de la capitale Agar ?

Sans laisser le temps à son vis à vis de réagir, le rôdeur le plaqua au sol facilement, bien plus fort que lui, lui plaçant le pic sur la gorge, tandis que de multiples questions envahissaient sa tête : faisait-il du repérage ? faisait-il un quelconque trafic ? était-il le relais d'un traître ?
En tout cas, les qualités exceptionnelles et valeur de sa cape indiquaient que la raison de sa présence ne devait rien au hasard.
Sa baisse de vigilence dès qu'il se fût dévoilé non plus. Il attendait quelqu'un.
L'éclaireur Agar ne pourrait pas se reposer tout de suite, et devrait conserver sa vigilance pour ne pas être surpris une seconde fois...

Qui es-tu ? Est-tu seul ? Qui attends-tu ? Qui t'envoie ? Quelle est la raison de ta présence sur les terres Agar ? Quelle est donc la magie de ta cape ? Parle ou tu mourras douloureusement loin des terres de tes ancêtres !


Le rôdeur n'avait pas sorti autant de mots de sa bouche depuis un nombre incalculable de lunes.
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#2
NB : il semblerait que le pnj utilisé pour créer le frontalier soit un Skillith, et donc il apparait dans les tableaux de chasses de ceux ayant tué le-dit skillith Smile
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#3
Un frontalier est un éclaireur trié sur le volet, aguerri à une vie dure, plaçant son sens du devoir avant toute chose, et la douleur fait donc partie de son quotidien.

Malgré sa position inconfortable, l'Elfe regarde l'Agar droit dans les yeux, un rictus méprisant aux lèvres tandis que l'Agar hurle ses questions.
Toujours silencieux, plissant les yeux en signe de dédain, il tourne rapidement la tête vers la droite, son cou offert à la morsure du pic aiguisé.
Une fine ligne sanglante se dessine sur sa gorge, tâchant sa cape d'auréoles roseatres qui s'agrandissent rapidement en s'estompant, comme si le tissu magique s'abreuvait du liquide chaud.
Surpris, Hemdl recule d'un pas, relâchant sa prise sur sa proie.

Sans attendre une autre chance, le frontalier roule sur le côté, se relevant d'un bond, et s'enfuit dans l'épaisse couche de neige avec une facilité déconcertante, disparaissant aux yeux de l'Agar dans les replis de sa cape.
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#4
Comme paralysé, l'Agar tarde à comprendre qu'il vient de perdre son avantage, et ajoute encore de précieuses secondes à son retard pour ramasser ses affaires avant de se lancer à la poursuite de l'Elfe, marmonant des menaces que seule la neige peut entendre.

Malgré ses réflexes rapides et son sens de l'observation, le rôdeur a du mal à repérer le frontalier, toujours drapé dans sa cape magique malgré les dégâts qu'elle a subis dans l'altercation.
Il suit donc les traces profondes laissées par le fuyard dans l'épaisse couche de neige, que le vent commence déjà combler avec avidité.
Le fuyard est cependant affligé d'une marque du chasseur, et Hemdl devine plus qu'il ne la voit réellement la forme très mobile, blanche sur neige, qui fuit vers l'ouest.

Petit à petit, la forme se dessine de mieux en mieux.
Quelques indices cependant ne sont pas pour rassurer l'Agar : une fiole vide trouvée au sol, une vibration très faible que l'éclaireur ne connaît que trop bien : sa proie se prépare à une chasse !
Tandis que le chasseur se concentre et équipe son arc du frisson, une voix ténue et lointaine, comme cotonneuse, lui fait comprendre que son ennemi use de toutes ses compétences d'éclaireur pour lui échapper, augmentant au maximum sa capacité de déplacement au mépris de sa fatigue.
Il n'y a plus de temps à perdre.

Une première flèche en direction de la forme mouvante disparaît dans le blizzard, ne laissant apparaître qu'une marque noire fugace tandis qu'elle traverse la cape du fuyard.
La cible est repérée.
Usant à son tour de ses compétences de chasseur, l'Agar encoche une flèche taillée dans un but précis : stopper sa cible sans la tuer.
Concentration... et la flèche file comme le vent pour stopper sa course subitement, disparaissant pour moitié, comme suspendue dans les airs à quelques pieds du sol : touché !

La suite est très classique : deux autres flèches barbelées s'empalent côte à côte à peine plus haut que la première, la cible n'ayant plus bougé, paralysée.
Une plainte sourde, dents serrées, se précise à mesure que le chasseur approche de sa proie plaquée au sol, son sang se répandant maintenant dans la neige, la cape magique comme disparue.

Que croyais-tu, l'Elfe ? Pensais-tu pouvoir m'échapper ? Je dois admettre que tu es rapide, bien équipé et que tu es bien discipliné, ton entrainement a dû être long.
Dommage, tu n'auras pas le temps de le terminer, j'ai compris que tu ne parlerais pas. Tu vas donc mourir ici.
Je te laisse une minute pour adresser une prière à tes Dieux et fourbir tes armes.


Et l'Agar de lâcher son arc au sol pour dégainer le pic dans son dos et approcher lentement de son ennemi à terre.

Sitôt l'affaire terminée, il prendra son trophée sur sa proie, une oreille qui ira rejoindre son collier, puis tentera de retrouver la cape dissimulée par l'Elfe dans sa fuite, pour preuve du message qu'il adressera à son Jarl Floki Skarsgärd.

Pour cela, il devrait tout d'abord vaincre l'Elfe, car même blessé, un éclaireur ne se rend pas sans combattre...
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#5
L'Elfe mérite le respect. Pas tous les Elfes, non, mais celui-ci a sa place aux côtés de ses Dieux.

Malgré ses multiples blessures, le frontalier se redresse fièrement, déposant à son tour son arc au sol, brisé.
Il dégaine sa grande lame pour la poser à côté de l'autre arme, et une longue dague apparaît dans sa main droite.
Il ne bouge presque pas son bras gauche, recroquevillé contre son corps, comme brisé.
Difficile pour l'Agar de savoir si il feint la blessure ou si il est réellement diminué. Méfiance.

Ton nom, Elfe ? Veux-tu mourir ici sans que personne ne chante ta bravoure ?

Encore un sourire narquois. Le dernier.
Le rôdeur Agar balance son pic d'un geste fluide et rapide. Il se fiche en pleine poitrine de son ennemi.
Celui-ci essaie bien de lancer sa dague dans un dernier geste de désespoir, mais elle quitte sa main molle pour se ficher à ses pieds.
Son regard se voile, s'agrandit et se tourne vers le ciel avant qu'il ne s'effondre, disparaissant presque sous l'épaisse couche de poudreuse.
Une voie venue de nulle part murmure dans un souffle ténu.

Sois maudit, chien du Nord, le contrat...
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#6
L'Agar s'écroule dans la neige pour reprendre son souffle et prendre le temps de remercier les Dieux.
Puis il s'approche du cadavre du frontalier, dont les lèvres sont déjà bleues, les yeux vitreux comme de la glace.

Ses armes sont inutilisables, un magnifique arc elfique brisé, une épée à deux mains bien trop abîmée, et la dague qui devrait rester pour que le mort se défende pendant son grand voyage vers ses Dieux... le rôdeur n'aurait qu'un faible butin de sa chasse.
Sous sa fine cape couleur de neige, l'Elfe cache une très belle armure d'Asteras, bien que perçée au ventre d'un trou béant.
Encore un butin inutilisable.

Mais c'est surtout la cape qui intrigue Hemdl : voilà un bel objet pour se dissimuler à l'ennemi, quelle chance pour le rôdeur !
Tandis qu'il essaie de lui retirer, une fine poudre blanche s'en détache, pour ne laisser qu'une classique cape de tissu, rugeuse et très ordinaire.
Malédiction ! la cape était sans nul doute attachée à son propriétaire par la magie.

Rageant, l'Agar remarque alors, juste au moment de détourner son regard, à demi enfouie sous le cadavre, une sacoche de cuir d'aspect très classique en dehors de sa couleur blanche.
A l'intérieur, roulé dans un film de peau huilé, un parchemin et une simple bague d'acier portant un sceau illisible pour lui.
Rien d'autre, du moins en apparence.

S'en emparant avec prudence, Hemdl déroule le papier : rien ! Aucun signe, pas une ligne d'encre visible.
La bague ne présente elle non plus aucun signe apparent, probablement encore un artefact magique.
Il devrait ramener tout cela à la bibliothèque de Björnhill pour que les érudits et les mages étudient ces objets.

Réfléchissant le plus calmement possible à la situation dans son ensemble, l'Agar en conclut que cette affinité de l'ennemi avec la neige n'était pas anodin.
Seuls les Elfes des neiges sont capables d'une telle finesse.
Du moins est-ce peut-être ce que l'on a voulu faire croire, quitte à sacrifier un frontalier au sens du devoir irréprochable, qui plus est un frontalier du Sud, pour mieux brouiller les pistes.
Et puis ces mots : Personne ne vous a suivi ?... le contrat...

Quelle était donc la mission ? qui était attendu à un rendez-vous secret si loin dans les territoires Agar ? Quel complot se tramait ici ?
Hemdl devait savoir, son Jarl exigerait des réponses.

Ramassant ses affaires, le rôdeur siffle longuement dans le happeau qu'il porte autour du cou et s'asseoit de nouveau dans la neige pour écrire quelques mots sur du velin :

Jarl Skarsgärd,
Rencontre inhabituelle avec frontalier Elfe invisible aux marches de l'Ingeman.
Ennemi mort.
Sceau et parchemins illisibles trouvés sur lui.
Magie Elfique du Nord ? Complot contre Jarl de Björnhill ? Contrebande ?
Enquête à Cyrijäl sauf contre-ordre.
Hemdl.


Et de rouler le texte dans un fin étui de bois huilé.
La corneille ne tarde pas et elle repart aussitôt en quête du Jarl Floki.

Le rôdeur, quant à lui, prend le chemin de la capitale des Elfes des Neiges.
Il devrait être prudent, même si les escarmouches récentes étaient rares, Agars et Elfes étaient ennemis de toujours.

Et Hemdl était seul. Comme un éclaireur.
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#7
Les gardes avaient annoncé qu'il y avait deux intrus à proximité des remparts de la Cité. La Grande Prêtresse Lirùlin était avec le chef des armées à ce moment-là, discutant de son prochain départ pour Asteras pour retrouver sa fille, quand un messager se rapprocha d'eux pour demander comment réagir. Plus prompt à châtier, la Prêtresse se proposa pour sortir à couvert des archers elfes. Elle ne craignait rien – depuis sa libération par Bryndìs du laboratoire, elle avait pu recouvrir toute sa forme et sa puissance.

En tant que Grande Prêtresse, elle n'avait rien à envier aux Archimages d'Asteras et n'était pas sans ressource.

« Il y a un agar, ma Dame » répondit le messager.

Lirùlin eut un petit sourire amusé. Toute la Cité n'ignorait pas que la Grande Prêtresse et le marchand d'Yris avaient tous les deux étaient sauvé par une agar.

[Image: 91217.png]« Et je suis une elfe des neiges. »


Elle descendit alors la longue rampe qui montait jusqu'aux portes de la forteresse de Cyrijäl.
Sur les remparts, des archers aux flèches mortelles attendaient, sur le qui-vive.

Dans sa tenue de Grande Prêtresse, Lirùlin gagnait plus en autorité qu'elle n'en avait jamais eu. Elle écarta sa main pour indiquer à l'agar de partir.

[Image: 61.jpg]« Je…Je vous ai cru perdu » commença l'elfe d'Asteras.



[Image: 91217.png]« Perdue ? Je l'ai cru longtemps aussi… » reprit l'elfe des neiges, un peu plus sombre qu'auparavant. « C'est une longue histoire que je ne saurais discuter hors des remparts. »
Elle se tourna vers le agar :
« Je ne sais ce qui vous porte ici, mais je ne saurais me montrer garante d'un homme dont j'ignore tout. Que venez-vous faire ici ? »

Alors que sa voix tonnait, glaciale, un immense tigre à dent de sabre surgit dans son dos. Dans un sursaut de frayeur, elle esquiva sa lourde patte et ses griffes acérées. Fort heureusement pour elle, la magie d'air la protégeait.
L'agar et Israfel se mirent à deux pour tuer le fauve.
Elle se retourna vers eux deux, remettant en place une mèche de cheveux blancs :

[Image: 61.jpg]« Êtes-vous blessée ? »



[Image: 91217.png]« Non, fort heureusement » elle reprenait doucement son souffle, « grâce à vous deux » murmura-t-elle. Elle jeta un œil aux remparts où aucun archer n'avait bougé, peut-être de peur de toucher la Grande Prêtresse par un trait assassin. Le fauve avait été si près d'elle à un moment…


[Image: 166.jpg]« Prêtresse, j'ai la conviction qu'un complot est ourdi contre mon Jarl alors que la paix règne actuellement entre nos peuples. Je souhaite enquêter parmi les vôtres. »



[Image: 91217.png]« La paix règne actuellement entre nos peuples ? » Pouffa légèrement l'elfe des neiges. « Ce n'est pas véritablement la paix qui lie nos deux nations, messire, mais plutôt une guerre aussi froide que l'hiver. »

Elle lui jeta un regard terrible.

[Image: 91217.png]« Qu'est-ce qui vous fait dire qu'il existe un complot contre le jarl ? Et pourquoi venir jusqu'à Cyrijäl pour une affaire interne ? Nous n'avons cure de savoir qui détient le pouvoir dans les murs de Björnhill, car d'aussi loin que ma mémoire d'elfe me rappelle, nous n'avons jamais été en bons termes. »
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#8
Rangeant une flèche non tirée dans son carquois, le rôdeur dépose son pic à ses pieds, ainsi que son arc.

Prêtresse,

Je sais que mes flèches en travers du corps de ce fauve ne m'ouvriront pas les portes de la ville, mais VOUS en avez le pouvoir !
Je vous laisserai mes armes pour preuve de ma bonne foi, du moins le temps de mon enquête.
Et je suis seul.


Lirùlin sembla réfléchir un bref instant. De toute façon ce sauvage Agar était à portée des archers...

Je prends vos armes, la ville vous est ouverte tant que vous en avez le respect.
Vos armes vous attendront devant les portes lorsque votre visite prendra fin, de quelque manière qu'il soit.


L'Agar rabbatit sa capuche et inclina légèrement la tête, silencieux, sans quitter l'Elfe des yeux.
Un autre salut à Israfel Aedarion, le magicien qui semblait perdue devant les portes de Cyrijäl à la recherche de la grande prêtresse, et il passa les portes de la ville qui s'ouvraient silencieusement devant lui.

Devant les regards médusés des quelques Elfes Blancs qui furetaient dans la ville, l'Agar se dirigea vers le splendide palais d'Alcascyr, qui ne semblait curieusement pas gardé.
Mais il n'était pas là pour visiter la ville.
Dans le palais, là aussi curieusement pas de gardes, du moins aucun de visible, comme si la Reine du Nord ne craignait nul ennemi en ses murs.

La reine était assise sur un petit tabouret bleu, splendide dans sa tunique bleu glace.
A son côté, un énorme tigre blanc, presque humain, ou plutôt presque Elfe, qui grondait sourdement.
De l'autre, le chef de sa garde rapprochée semblait-il, un Elfe Blanc très grand et très musclé, une énorme épée à deux mains dans son dos.
La Reine était bien gardée au final, et sans doute tous ses atouts n'étaient pas dévoilés ici.

Agenouillé devant elle, un jeune archer Talien semblait en admiration.

A l'entrée de l'Agar, Mélyriëlle d'Alcascyr se leva à peine, puis se rassit immédiatement, la grande prêtresse apparue comme par magie dans le dos du rôdeur.
Saluant la Reine et ses sujets, le rôdeur prit la parole :

Je viens en paix. Mes armes sont aux mains de votre grande prêtresse. J'ai un message pour vos Dieux de l'un des vôtres. Et des questions pour maintenir l'apaisement actuel entre nos peuples. Aidez-moi !

Si ces paroles auraient surpris n'importe quel Agar de la part d'un Elfe devant un Jarl, rien ne transparaissait ici, comme si ils inspectaient le rôdeur silencieusement.
Et la grande prêtresse d'ajouter comme à propos "J'ai les armes de ce curieux individu, mais ma Reine, je sens autour de lui quelque chose de... d'étrange ?"

A se demander qui allait questionner qui...
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#9
Un garde quittait la pièce quand Hemdl arriva.
Cette fois, impérieuse comme ses ancêtres, Mélyriëlle se leva de son siège pour saluer l'agar. Si elle avait dans le passé arboré un air neutre, cette fois, ses yeux se montraient particulièrement durs et son visage austère n'indiquait rien de bon pour l'intru.
Même le doux visage de Lirulìn n'aurait su calmé la colère qui parcourait en ce moment – et depuis l'attaque de Tilador – toute la ville-forteresse de Cyrijäl.

[Image: 166.jpg]« Je viens en paix. Mes armes sont aux mains de votre grande prêtresse. J'ai un message pour vos Dieux de l'un des vôtres. Et des questions pour maintenir l'apaisement actuel entre nos peuples. Aidez-moi ! »

Il avait l'air véritablement perdu. C'était du moins ce qu'elle pensait en voyant un agar la supplier avec autant de ferveur.
Lirulìn baissa les yeux, alors même que Mélyriëlle se redressait sur son siège, son superbe arc en main. Son regard terrible darda Hemdl. Si ses iris pouvaient tuer, Hemdl aurait déjà rejoint des limbes obscurs.
La Grande Prêtresse murmura doucement, pour sa Reine :

[Image: 91217.png]« J'ai les armes de ce curieux individu, mais ma Reine, je sens autour de lui quelque chose de... d'étrange ? »

Mélyriëlle eut un petit rictus mauvais, mais ne répondit pas à la prêtresse. Elle se contenta de passer sa main libre – celle qui ne tenait pas l'instrument de mort légué par son père – dans l'épaisse fourrure de son fidèle Silferel.

[Image: 166.jpg]« Reine du Nord, un possible complot contre la paix dans le Nord m'amène ici. L'un de vos cousins du Sud, drapé d'invisible, m'a laissé ceci en mourant aux portes de Björnhill. »

Lösse prit un air plus sombre en posant sa main sur la garde de son épée. Il fit un mouvement en avant quand l'agar jeta le parchemin et la bague aux pieds de Mélyriëlle, mais elle l'arrêta d'un simple mouvement de main. Elle se pencha, ramassa la bague en premier et reconnut le forfait. C'était une bague de frontalier. Ils n'avançaient que rarement dans le nord, mais dernièrement, et pour certaines raisons, la Reine Ashtalia en avait décidé autrement.
Mélyriëlle lui tenait encore rancœur de certaines choses, mais sur ce point-là, elle lui avait donné tout son soutien.

Elle déplia finalement la lettre – c'est avec une facilité déconcertante qu'elle leva le sceau magique qui la protégeait. A en croire d'ailleurs par cette facilité, cette lettre devait soit lui être adressée soit provenir au moins d'elle.
Mélyriëlle eut un petit rire sardonique, et cela fit frissonner tous les témoins de la scène.
Elle fixa son regard clair et vairon sur Hemdl.

[Image: 91091.png]« T'a-t-on frappé trop fort la tête, agar ? » Elle tendit à Lösse la lettre qu'il rangea aussitôt. « Tu viens jusqu'à Cyrijäl, tu te présentes devant moi, la Reine du Nord comme tu dis si bien, pour me parler de paix ? De danger ? Tu présentes jusqu'à… la bague d'un défunt de mon peuple ? Et tu crois que je vais t'aider ? »

Elle eut un dernier rire, plus mauvais encore.

[Image: 91091.png]« Bien sûr qu'un complot se monte ! Mais ce n'est pas un complot, c'est une guerre. Tu entends ? Une guerre ! » Vociféra Mélyriëlle. « Vous osez détruire mes villages, voler ma sœur, attaquer les elfes d'Asteras et détruire Tilador. Et tu oses ? Tu oses venir jusqu'ici ? »

Elle tira une flèche de son carquois, d'un air terrible.

[Image: 91091.png]« Lirùlin, jette lui son pic. Nous ne sommes pas chiens. Je te laisse d'ailleurs exactement cinq minutes d'avance, après quoi, je lâcherais mes fauves à tes trousses. »

Elle banda son arc, calant sa flèche entre ses doigts fins.

[Image: 91091.png]« Va donc voir ton Jarl, et dis-lui que Mélyriëlle va bientôt venir jusqu'à Björnhill, et qu'elle lui prendra sa tête. A lui, et à tous ceux qui osent encore se dire en paix avec moi. C'est ainsi que je serais apaisée, et alors peut-être qu'après, nous pourrons discuter. »

La flèche fut tirée, et se planta dans le sol, à quelques centimètres seulement de son pied.

[Image: 91091.png]« Cours dès maintenant. Tu perds du temps. »
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#10
Le rôdeur ne prît pas peur devant les menaces de la Reine.
Pire, elle commençait à l'énerver, chose rare.

Lirùlin recula et jeta le pic du rôdeur à ses pieds, surprise par la colère soudaine de la reine.

Chère Reine, je ne mourrai pas une flèche dans le dos. Tuez moi de face ou laissez moi partir avec toutes mes armes et prouvez votre honneur. Nous n'attaquons jamais par traîtrise, mais faisons face à la mort !

Et de cracher aux pieds de la Reine avant de ramasser son pic, qu'il rangea à sa ceinture.
Se tournant vers la prêtresse :

Madame, mon arc s'il vous plaît. C'est mon arme préférée, si je dois mourir je veux le faire avec cette arme en mains.
Je n'agresserai personne ici et m'en irai sitôt mon matériel récupéré.

Je conclut de tout cela qu'un traître rôde en Bjornhill, qui complote contre le Jarl Stirling.

Sachez que mon Jarl n'est pas celui là, et que ma visite n'avait d'autre but que de m'assurer qu'on ne tiendrait pas ce dernier pour responsable d'un complot.
Si la guerre est là, considérez que je suis un émissaire de votre ennemi, et voici donc mon message : nous vous attendons à Björnhill, tous les Elfes d'Ecridel, venez nous affronter pour vérifier si vous saurez reprendre en nos murs ce que vous n'avez pas pu garder dans les vôtres.


Ses paroles auraient sûrement dépassé ses pensées, une fois de plus... maintenant il était calme, prêt à accepter son destin.

Et de rabattre sa capuche et de s'approcher de la grande prêtresse, mains levées, pour récupérer son arme, sans lâcher du regard la Reine qui fulminait, son garde du corps dont la main dégainait doucement son épée, et son fauve dont le grondement commençait à couvrir tous les autres bruits environnants.

Le Talien n'en finissait plus de saluer la Reine, comme tétanisé, feignant de ne rien voir... mais lui resterait sûrement en vie.
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#11
La Grande Prêtresse baissa les yeux et tressaillit alors que le agar s'approchait d'elle. Elle serra contre elle l'arc du frisson qu'elle détenait depuis l'entrée.
« Je suis désolée… »
« Mon arc je vous prie, Madame. N'avez-vous aucune parole ? »
L'elfe aux cheveux blancs fronça nettement les sourcils et fixa Hemdl d'un petit air courroucé.
« Je n'ai aucune parole à avoir face à un peuple de barbare qui vole les femmes et tue les hommes dans leur lit. Je n'ai aucune parole à avoir face à des pilleurs. »

La Reine Mélyriëlle eut un sourire arrogant, ce qui la faisait ressembler à son père sous cet angle. Elle redressa son menton et ajusta sa flèche :

[Image: 91091.png]« Tu ignores tout de ton Jarl et du diable qui se cache dans son ombre. De la même façon que tu ignores tout des démons et des complots qui se trament en Ecridel en ce moment même. »

Elle jeta un regard à Lösse qui avait dégainé son épée, comme pour lui intimer de rester en dehors de tout ça. Que c'était son combat, à elle, et à elle seule.

[Image: 91091.png]« Tu préfères les flèches de face ? Alors profites du spectacle. »

Elle rejeta son coude en arrière et décocha sa flèche. Hemdl put être surpris, car ce n'est pas qu'une flèche qui transperça son corps mais en réalité trois flèches bien distinctes. La magie héritée des Sombrebrume n'avait donc pas disparu de son sang. Mélyriëlle eut un petit sourire amusé.
Que la vengeance avait un goût sucré…
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#12
Je n'ai ni tué un homme dans son lit ni violé en ce qui me concerne... râla le rôdeur, un goût de sang dans la bouche.
Le frontalier est mort dans un combat honorable, face à face, à armes égales.
Je vois qu'ici il n'en est rien.
On raconte que les Elfes sont fiers et sans honneur.
Dont acte.

Et de retirer les flèches une à une en grimaçant, posant un genou à terre puis se relevant en serrant les dents pour attendre la mort avec fierté.
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#13
[Image: 91091.png]« Tu as une arme, et j'en ai une. Alors viens. »

Pour une rare fois, le visage de la Reine exprimait sa véritable colère.
Elle s'approcha d'ailleurs vivement de lui, d'un air terrible.

[Image: 91091.png]« Le jour où vous me rendrez ma sœur, et où vous me rendrez ces dizaines de village que vous avez rasé, peut-être que l'on pourra parler d'égal à égal. »

Elle ricana et banda de nouveau son arc.

[Image: 91091.png]« Je t'attends, pilleur. »
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#14
Juste après avoir vu les flèches sur Hemdl, Erënir se précipita à bout de souffle vers l'entrée du trône.

Il était le premier, d'autres suivrait peut-être... Ou pas.

Il lança de vive voix entre deux attaques, les protagonistes s'arrêtèrent .

Nous avons besoin d'aide, les démons de glaces, ils... ont emporté mes compagnons !
Nous avons... des papiers... Du Laboratoire... Morteglace. importants... Vi'aria... Martin...


Et il plia les deux genoux pour reprendre son souffle tout en patientant devant le spectacle sans vraiment y prêter attention particulière.
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#15
Alors que Mélyriëlle, devant le silence le plus arrogant du monde, encochait une nouvelle flèche à son arc, un elfe sortit de nulle part pénétra la salle du trône. Ce n'était pas étonnant puisque Mélyriëlle se refusait à avoir des gardes personnels. Seldzar guettait bien assez les mouvements – il ne tarderait d'ailleurs pas à arriver.
Elle fronça légèrement les sourcils en entendant le nom de Morteglace, et davantage encore à l'énonciation de « Vi'aria ». Son regard vairon divergea pour se planter sur Lirulìn qui était plus pâle qu'à l'habitude.
« Prêtresse… » murmura Lösse en s'en approchant.

[Image: 91091.png]« Combien d'entre vous ont disparu ? »

La Reine rangeait déjà sa flèche et sifflait Seldzar qui arrivait, déjà la main sur son épée, à la poursuite de celui qui l'avait si rapidement devancé.

« Seldzar, tu iras apporter ce agar jusqu'aux portes du territoire des elfes. Qu'il se fasse dévorer par les fauves du nord ou qu'il se vide de son sang, je me contrefiche de son sort. »

L'elfe eut un moment de pause, comme s'il n'était pas certain, puis finalement avec un sourire terrible de vengeance et de rancœur il s'exécuta. Mélyriëlle, pendant ce temps, ne faisait plus attention à eux. Elle avança d'un pas vers Erënir – Lösse de même, sur ses talons, comme une ombre.

« Que l'on ferme les portes le temps de cette discussion. »

Il y avait des choses qui n'étaient pas bonnes d'être révélées au monde – pas pour le moment, du moins.
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