Des braises sous la cendre
#1

Bien avant l'attaque de Tilador, après une visite à Cyrijäl...

Il se faisait tard au sud de l'Ingemann, et le froid mordant avait réussi à chasser la plupart des sentinelles à l'intérieur de leur tente pour un peu de chaleur. Seule restait Cendre, les yeux perdues dans les flammes. Elle était pensante depuis plusieurs jours, marchant sans y réfléchir, obéissant à Elena qui commandait le groupe d'une main forte mais jamais dure. Ça faisait même une semaine qu'elle avait rangé son livre de compte dans sa besace et n'y avait pas replongé son nez pointu.
Tout le monde trouvait bizarre le fait que la petite flammèche ne s'embrase pas aux maladresses d'Evrard ou aux taquineries de Lenwë. Elle n'avait rien dit de toute la semaine, avait à peine grimacer aux rations froides. Eux aussi n'avait rien dit, trop hésitants à comment manier ce brasier sur pieds.

Ce soir, elle s'était juste assise là, les bras mous mais ses yeux toujours brillants.

L'indifférence avait peint son minois de poupée mais un sourire le fendit en deux quand Lenwë arriva. Cendre releva le visage vers lui. Ça ne faisait plus trop de doute dans le groupe, mais ils s'étaient tous les deux tus sur leur idylle. Elle savait que ce n'était pas ce genre de chose que l'on aimait au front, car les sentiments rendaient faibles et stupides.
Victor avait été un excellent exemple. Il avait tout abandonné pour sa « fiancée ». Parfois elle le regrettait, mais pas ce soir.

« Lenwë » sa voix était un souffle tendre, si bas qu'il était difficile de le distinguer du crépitement des flammes, « je crois que… je crois que j'ai fini par accepter. »

Elle remit une mèche rousse derrière son oreille courte et pointue à la fois.

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#2
Elle acceptait.

Quoi, Lenwë en avait sa petite idée en tête au moment de s'asseoir juste à côté des feux. La tourmente de Cendre s'alimentait bien de quelque chose, tout comme le feu de camps brûlait grâce au bois. A force d'être avec elle comme maintenant, l'elfe cernait les problèmes de Yulà.

Il jeta quelques branches dans le feu, et se serra contre son amante. L'air du soir sonnait comme mélancolique.

Cendre souriait. Peut-être trouvait-elle enfin la paix dans ses conflits. Rien n'était vraiment sûr.

« Tu crois que tu as enfin accepté ? » demanda dubitativement l'elfe en fixant les flammes, « Tu es certaine ? »

Elle passait du chaud au froid sans crier gare. Elle était toujours un peu capricieuse, ou indécise. Tant qu'elle ne s'arrêtait pas sur une décision, elle pouvait rester des heures à hésiter. Parfois, il fallait donc insister ou la forcer un peu pour qu'elle se décide. Au moins, elle se tenait coûte que coûte aux décisions qu'elle prenait.

Cela lui donnait un charme flamboyant. Parfois Lenwë s'y brûlait tant Cendre pouvait être obtus. Pour une fois, il espérant cependant qu'elle avait vraiment accepté.
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