[RP-PvP] La défense de Tilador.

[Proserpine]

Au supérieur chargé de la garde de Tilador,

Nous avons eu vent de l'attaque menée par un groupe de nains et de agars sur l'avant-poste dont nous suspectons grandement l'appartenance à la guilde des Trappistes.
Les Sentinelles sont actuellement au Nord de la ville, et nous tentons de descendre au plus vite pour vous prêter main forte.
Pouvez-vous me tenir informé de la situation actuelle, afin que nous décidions au mieux de la stratégie à prendre ?

Tenez bon,

Elena, chef du front Est des Sentinelles

Le grand mage était concentré.

Il était d'un calme plat, presque froid. Les mains écartées en signe de croix, il semblait méditer en silence, peu inquiété, son bâton flottant face à lui.
En réalité, le vieux Olorìn était terrorisé. Il connaissait pourtant la sombre réputation de Tilador, cette ville qui n'avait jamais connu le parfum de la paix. Tombée de nombreuses fois, tantôt par les holdars, tantôt par les nains, et maintenant mise à l'épreuve par les agars…

« Olorìn ! Que faisons-nous ? »

Le jeune garde qui venait d'arriver avait l'air inquiet. Ses traits étaient tirés.
Lui aussi avait peur, peur que la légende ait raison, et que Tilador tombe encore.

« Nous ne faisons rien, mon cher Seregon » répondit calmement le mage, rattrapant au passage son bâton, « nous tiendrons nos positions et nous défendrons Tilador jusqu'à la fin. »


« Mais ils sont plus nombreux ! »



« C'est notre responsabilité de tenir cette ville debout. Que serions-nous si nous décidions de fuir, autre que des lâches ? »

Le jeune garde baissa les yeux, d'un air confus.

« Nous ne serons pas seuls dans cette épreuve, Seregon. Nous sommes tous ensemble, ici, et bientôt, nous aurons des renforts terrestres. »


« Et s'ils n'arrivent pas à temps ? »



« Alors nous n'aurons qu'à prier Fryelund de nous octroyer la ténacité et la force de ceux qui n'ont plus rien en attendant le renfort d'Asteras elle-même. »

Seregon eut une petite moue peu convaincue, mais il hocha finalement la tête d'un air entendu.
Olorìn resta là, observant d'un œil sévère tantôt le ciel, tantôt les rives. Il avait été mis au courant par Elena, mais ils n'avaient pas eu le temps de faire appel à la Garde d'Asteras. Ils viendront, mais plus tard. Il fallait absolument tenir jusque-là et sauver Tilador et ses habitants.

Quand Olorìn vit les premiers arrivants – des Sentinelles – pénétrer le mur d'enceinte à la rescousse, il eut un sourire aimable.

« Ils ne sont pas encore là, mais ça ne saurait tarder. »

Au-dessus d'eux, le ciel commençait à s'obscurcir.

« Ceux sont des loups, ils attaqueront au crépuscule, quand le vent sera à la faveur de leur voile. »

[Cendre Meneldä]

Elle tomba à genoux dans la terre et jeta un regard par-dessus son épaule, comme pour s'assurer qu'elle n'était pas suivie. Elle avait réussi à les semer, se séparant du gros de la troupe, mais elle n'avait pas peur. Elle avait vu Elena traînait Lenwë à bout de force alors que le sang roulait sur sa peau diaphane. Il allait vivre, car il n'avait pas le choix. Car elle…

Elle serra les dents et frappa le sol. Une petite explosion rouge noircit l'herbe.
Elle frappa de nouveau, la rage grimpant comme un serpent le long de sa gorge.
De nouveau, des flammèches apparurent et disparurent sur ses mains.
Elle frappa une dernière fois, et cette fois la langue de feu qui apparut fit bien un bon mètre en hauteur, surgissant et disparaissant au vent.

Cendre fronça légèrement les sourcils, se faisant la remarque qu'elle risquait d'attirer les envahisseurs. Elle inspira profondément, pour calmer ses élans sulfureux, et se releva. Elle était fatiguée mais elle n'allait rien leur laisser. La retraite dans Tilador remettrait sur pieds les siens.

Elle les retrouverait là-bas, et ensemble, ils défendraient la cité contre mille hommes s'il le fallait.
Elle se remit en marche, et croisa dans la plaine Bombus le bourdon. Elle s'en approcha seulement quand elle reconnut sa silhouette si particulière et bedonnante.

« Bombus ! »

Il était armé et loin d'eux, il y avait également Ossë qu'elle n'avait pas eu de mal à reconnaître non plus.

« Tu vas à Tilador ? Je viens avec vous, les Sentinelles ont besoin de moi, et la ville a besoin de nous tous. On a voulu couper la route aux Trappistes, mais on est arrivé trop tard. Ils ont enfoncé notre front et ont blessé la plupart des nôtres. Si on ne les arrête pas, c'est Tilador qui va tomber. »

Son expression était sévère, mais ce n'était qu'une façade pour cacher à quel point elle était inquiète.

[Bombus]

- C'est beau la neige, c'est pas comme les nains.

Depuis qu'on lui avait intimé l'ordre de se retirer au-delà des limites de Sigvart, Bombus s'était retrouvé seul, et n'avait plus de nouvelles des ambassadeurs désignés pour parlementer avec les gens du nord, ni d'ailleurs avec le reste de sa guilde. Il admirait le paysage et pestait contre l'humidité glaciale.

Las d'attendre seul planté au bord de la cité, il décida de rentrer à Asteras afin de retrouver au moins la moitié du soleil d'Yris.

- 'Jour… grumf… nan… euh...ventail m'zelle.
- Nous parlons le Talien.
- Ah ouf !
- Mes grolles.. mes bottes ont commencé à prendre l'eau parc'que j'ai attendu trop longtemps dans la neige, z'auriez un truc pour rafistoler ça ?
La peaussière quitta son chevalet, et regarda d'un air dégoûté les bottes faites maison avec des écailles indéterminées.

En fait, maintenant qu'elle était debout, ce n'était pas une, mais un tanneur. Avec les Hauts-Efles, Bombus confondait souvent le sexe.

Il tendit une fiche à l'archer, expliquant :
- Nous avons des upgrades* pour rôdeurs, pour grands marcheurs, des bottes de sécurité pour assaillants, des...
- Grand marcheur interrompit Bombus en enlevant ses bottes, emplissant l'atelier d'une odeur nauséabonde - pour l'elfe -
- ...mais – euf - nous travaillons uniquement avec nos propres produits, il vous faudra donc acheter notre modèle de base en cuir renforcé et nous fournir -kof – le prix indiqué, des essences magiques, une bobine de fil et des bandes de cuir, et vous pouvez remettre vos bottes s'il vous plaît.
- Quoi ? Mais c'est de la vente forcée ça ! J'veux juste réparer les miennes, pas acheter des neuves, le développement durable, z'avez entendu parler ?

Bombus n'eut pas le temps de négocier un enchantement pour ses propres bottes, car la nouvelle fut criée comme une traînée de poudre à travers la capitale elfique : Tilador était en passe d'être attaquée. Ou peut-être qu'elle était déjà rasée, selon les rumeurs.

Les négociations des ambassadeurs avaient dû mal tourner. Il enfila ses bottes et fila, pour le plus grand bonheur de l'artisan, passant rapidement déposer son trop-plein dans le flambant neuf siège de leur Guilde. Chemin faisant, il croisa, qui rentraient enfin, Fébrise, qui avait encore ses raquettes à neige, toujours assez distrait, lui et Ossë, toujours assez discret, lui.

En fait de chemin, il n'y avait que des plaines pleines de ronces et de loups, broutées par des aurochs décidément toujours aussi acariâtres. Il était bien parti pour renter directement à l'infirmerie si le second loup s'en mêlait. Faisant rebondir contre sa panse la charge du ruminant et tentant d'ignorer le loup qui lui mordait les fesses, Bombus entendit une voix suave prononcer son nom et vit une flamme familière s'abattre sur le carnassier grivois.

Elle avait visiblement perfectionné son lancer de boule de feu, depuis l'époque où elle calcinait ses acolytes, car seul le poil de la bête fut roussi, et non celui de l'archer. Sa crinière était toujours aussi flamboyante, mais son minois était toujours plus… enfin ce n'était pas le moment de conter fleurette.

- Oui… enfin j'essaie en tout cas, et grâce à l'intervention providentielle de la divine flammèche qui faisait des étincelles, il parvint à esquiver le buffle et les crocs pour s'enfuir vers Tilador où l'attendait une mort certaine.

- Eh m…
Il se rendit soudain compte que ce n'était peut-être pas un comportement des plus galants de laisser la belle aux prises avec les bestioles enragées.
Enfin, la connaissant, elle arriverait certainement à convaincre les loups de manger l'auroch.. ou l'inverse.




* certainement un terme elfique pour améliorations

[Dyanese]

Le dernier combat contre les trappistes lui avait laissé un goût amer dans la bouche et des blessures profondes. Elle avait presqu'entendu le rire à gorge déployée du colosse agar pendant qu'elle se traînait hors du combat en se vidant de son sang. L'achever aurait gâché le plaisir de l'humiliation.

Sa convalescence commençait à peine qu'elle reçut un message enflammé. Aucun doute sur l'expeditrice... Les sentinelles devait se remettre de cette débâcle et le message indiquait de se remettre en marche pour sauver Tilador. La guerrière avait une énième revanche à prendre. Ses blessures étaient à peine refermées qu'elle se remit en marche.

Pas question que la ville gombe aux mains de ses primates.