Folie Vishnouninesque
#1
(pas dire pas faire, moi fier alors partager sur le forum Wink)

Les premiers temps furent difficiles et noyées dans un brouillard putride. Ne restaient plus en lui qu'une vague trace émotionnelle des premières années de sa vie, haine, violence et mépris étaient les seuls souvenirs qu'il en gardait. Son premier vrai souvenir c'était de se retrouver là, dehors, dans la neige de la banlieue de Bjornhill et ses bâtiments faits de planches un peu délabrées. Son premier VRAI souvenir c'était ce sentiment de liberté parfaite qui l'envahissait totalement couvrant presque entièrement l'angoisse qu'il avait de se retrouver livrer à lui-même dans ce milieu froid et hostile. L'hiver avait été rude mais restait encore tenace. Il avait supporté la compagnie de ses parents aussi longtemps que faire se peut mais un surplus de violence l'avait jeté dehors une nuit.

La suite fut amusante pendant un temps et pleine de rires joyeux, tout était simple et évident! Il vivait seul, dans un appentis abandonné, munis d'un simple couverture qu'il avait chipé dans une maison dès la première journée. Ses rations consistaient en tout ce qui pouvait lui tomber sous la main discrètement, autant dire que le marché était son lieu de prédilection dans la cité même si il passait le reste de ses journées à en visiter le moindre recoin, la moindre cachette, la moindre toiture...

Sauf que ça se passe jamais bien dans les histoires et une bande de gamins des rues finit par lui tomber dessus pour qu'il comprenne!... qu'on a pas droit à tout quand on est seul et qu'il faut partager son butin si on veut survivre.
La situation se régla assez rapidement pour tout vous dire. il fut assaillit d'une volée de coups jusqu'à ce qu'un gourdin le jette au sol, il roula vivement à l'écart, pris d'une colère terrible (il fallait qu'il souffre pour comprendre la violence!).

Il se releva dans un mouvement souple les yeux emplis d'une rage immortel, jeta un regard dénué d'émotions à celui qui l'avait jeté au sol en tendant la main vers lui. L'intention était claire, instinctivement il visa son ventre par la pensée et son âme cristallisa l'horreur tendit qu'il ramenait la main vers lui avec une légère torsion....tira jusqu'à ce qu'un "pop" sourd et mâtiné d'horreur retentisse. Je ne vous fait pas un dessin. Peut-être fut-il le seul à l'entendre, mais le couinement terrifié qui résonna dans la foulée n'échappa à personne. Alors il s'exclama d'une voix forte.


Pas dire! Pas faire! D'autres vouloir le même sort? Ou peut-être vous fuir? Ou peut-être vous pas encore saisi? Pas encore compris étoile de glace exploser dans son corps? Vous croyez lui vivre? Ben non... Ca dommage mais si vous comporter comme démons vous prendre comme démons, et ça normal.

Il leur lança un regard à la fois serein et amusé, mais en lui-même, conscient bouillait de joie et de surprise devant cette confiance, cette assurance soudaine, ce commencement inattendu et pourtant qu'il avait toujours attendu. Il le sentait, il le ressentait, il le reconnaissait cette émotion familière qui disait "foorêêt...enfin le temps est venu".

Il reporta son attention sur les autres alors que le jeune homme s'écroulait dans la neige en crachant du sang et lâchait son dernier soupir, son âme lâcha une vague de terreur sur les rescapés et quand ils le regardèrent il leur rendit un regard innocent. En lui-même il pensait, ça ferme, ça définitif moi avoir rendez-vous chez un arcaniste, moi avoir mieux à faire. Puis moi dire, moi faire...son regard amusé fit fuir les derniers restants.

Il alla récupérer la bourse du mort et s'élança vers son destin...
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#2
Je dois, il faut. Allons, racontons quand même ce passé teinté d'horreur et d'aberrations. J'ai envie après tout, pour le cas où vous me croiseriez et croyez que je suis toujours là. Je suis bel et bien allé voir les mages agars, acheté quelques bouquins histoire de rafraichir la mémoire du conscient, puis je me suis procuré une jolie tenue qui reflétait à la perfection ma folie du moment. J'ai visité avec soin et toute l'innocence requise les divers bâtiments administratifs que j'admirais à distance par le passé.

Mais le monde me semblait froid et hostile. La curiosité semblait m'avoir abandonnée. Je ne m'étendrais pas trop sur le sujet car conscient pas savoir les nuages de tourments qui lui flottaient au-dessus de sa tête. Il se sentait juste de plus en plus mal, haïssant les émotions qui traversaient son visage... Peu à peu il se renfermait dans un stade d'existence irréel, où rien n'était lui et où il atteignait une sérénité teintée d'une indifférence totale à ce qui pouvait bien lui arriver. Moi je le regardais de haut, plein d'une compassion tendre, douce et pleine d'amour. Cette émotion est indescriptible alors je m'arrête là. Peut-être qu'on a eu vent de mes exploits se disait-il? Peut-être qu'une vilaine sorcière me tourne autour avec l'intention de me faire souffrir, comment savoir? (La dernière hypothèse lui semblant toutefois des plus loufoques)
Moi je savais... Comment? Pourquoi m'étais-je retrouvé en terres Agar? J'avais abandonné ce peuple depuis longtemps pourtant. La vérité c'est que je n'en sais rien. D'habitude je ne dis pas ça, mais pour vous je vais faire une exception... "Croyez-ça!"

En fait je ne me contrôlais plus, alors que j'effectuais les différentes quêtes qu'on me proposaient en ville, des voix sadiques murmuraient mon nom d'un air réjouit: "Vishhnu! Vishhnu!". Comme milles promesses de souffrances éternelles. Ils ne perdaient rien pour attendre. Je fis mes dernières emplettes, même si j'en oubliais la moitié et partit pour mon tour d'exploration du royaume Agar, avec toute une ribambelle d'âmes favolles à mes trousses. Je traversais donc les plaines couvertes de glace allant d'un avant-poste à l'autre, saluant des gardes qui me toisaient d'un air hautain. Autant dire que je ne m'attardais pas. Le moment approchait et dans un coin de mon esprit je peaufinais mes sorts. S'échapper du corps? Ok. L'âvame douce et gentille pour me remplacer? Ok. Le reste était au point, il ne restait plus que ma disparition à planifier.

Un loup m'offrit cette opportunité d'une légère impulsion de l'esprit plus douce que l'air je lui signalais ma position. Affamé comme il l'était il cavala dans ma direction avec la ferme intention de me dévorer. Autant dire que les spectateurs admirèrent la scène avec quantité d'effusion de joie, surtout quand le loup me mit à terre et tenta de m'arracher la gorge.
Je lâchais un cri de terreur effrayant qui provoqua une vague de rire et de débilité profonde autour de moi (joie parfaite ils appellent ça!) et disparu. L'âvame pris le relais, bloqua la mâchoire avec son bras et après une longue lutte réussit à prendre les jambes à son coup.

J'observais la scène encore un instant, curieux et invisible...personne n'avait rien remarqué, parfait. J'allais pouvoir débuter ma nouvelle vie! Je m'échappais vers le sud sans un mot, retournant sur les terres des êtres civilisés.
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#3
Une curieuse bicoque...presque un appentis, logée tout contre les murailles nord de la ville haute d'Yris. A l'intérieur tout est sombre est silencieux. Seul un souffle lent et régulier vient déranger l'atmosphère d'un léger sifflement, ici la poussière règne en maître et malgré le souffle nul ne semble y avoir mis les pieds depuis longtemps. Quelques piles d'étoffe de lin sont entreposées sur un côté, certaines en bandelettes, d'autres larges et soigneusement pliées. Sur un autre mur sont accrochées à des pieux de bois de longues lanières de cuir et au sol une belle collection d'attelles en bois. La pièce ne fait guère plus de 6m2 et a pour tout ameublement un lit rustique sur lequel repose un homme.

Bien qu'il semble inerte on sent une intense énergie qui se dégage de lui. En fait elle le maintiens en vie artificiellement et insuffle en lui la force de soulever ses poumons régulièrement.
Ce sort je l'ai lancé il y a bien maintenant douze années et je n'y ai jeté que de rares coup d'œil, histoire de vérifier que rien ne venait troubler mon sommeil. Avant de partir j'ai alerté les gardes en leur expliquant que nul ne devait toucher à ma charrette ni à mon logis, considérant mes services en tant que guérisseur sur le terrain ils ont accepté avec grâce, puis je suis entré chez moi ais verrouillé ma porte et me suis endormi.

Maintenant il est temps de revenir à la vraie vie, mais j'hésite...mon corps semble être devenu si faible, si impuissant! Pourtant je dois l'accepter, j'ai mené ma mission à bien, ni vu ni connu. Des sorts alimentés par des Dalim parfait (vous saurez bien assez tôt ce que celà signifie) dispense l'énergie douce et gentille de la conscience dans toute la capitale de Bjornhill, avec pour but de soigner "l'Agarisation". Je crois vous avoir fait montre avec assez de ferveur la qualité de telles émotions, j'en pâli encore en me souvenant de ces âmes complètement folles qui pourchassent mon Vishnu.

Doucement j'entre dans mon corps et je l'emplis d'une énergie douce et apaisante. Toujours en sommeil j'agite mes muscles uns à uns avec soin et précision, puis force mes yeux à papillonner légèrement jusqu'à ce qu'il s'ouvre avec un léger étonnement. Par égard pour le conscient je me raconte mon histoire à haute voix...


Que m'est-il arrivé? Je n'en pouvais plus...de tous ces morts qu'on retrouvaient avec peine alors qu'ils se contentaient de voyager pour affaires dans ces austères vallées du nord. Et puis ces émotions démoniaques qui agitaient ces mercenaires Agar, non décidément ils appréciaient trop leur Karma, il me fallait y mettre un terme.
J'y suis allé conscient, et ensemble on a envahi leur territoire pour les soigner. Leur ville avait des allures d'enfer.
Avec gentillesse je lui montre des passages de ses années passées, conscient se regarde avec tristesse et attachement. Il ne demande rien, c'est moi. Je lui montre les sorts que j'ai mis en place puis m'arrête de lui donner des visions, lui signifiant que sa peine est terminé.

Lentement, et dans un gémissement de douleur il s'assoit sur son lit. Il se sent vieux et les nombreux souvenirs qui affluent à sa mémoire de sa vraie vie commence à lui revenir. Yris, son travail, sa charrette...la belle vie quoi. Un sourire amer tord ses traits.
Il se baisse, récupère une clé cachée derrière un pied de son lit, puis se lève et va ouvrir la porte. Il la tire brusquement car elle coince et se retrouve envahi par un rai de lumière étincelante. Avec lui se rue les senteurs d'une ville maritime, l'iode et les odeurs de poissons, la poix et les cordages moisis. Pendant un temps qui lui parait une éternité il reste sur le seuil en chancelant. Ca va pas être de la tarte.
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