Un mariage Di Scudira
#1

Tout s'était bien passé.

Les invités étaient venus en nombre. Rares étaient ceux absents. Léonide avait fait l'effort de venir malgré la brouille entre lui et Lazzare, c'est dire ! Evrard était venu aussi, de même qu'une grand partie de la famille. Seules étaient absentes Lénora, la plus vieille sœur des Di Scudira, et... Cendre, évidemment. Victor avait bien vu que son père avait déjà perdu l'espoir qu'elle vienne. Pour sa part, il n'avait jamais douté de son choix, mise à part la fois où il s'était demandé si elle n'allait pas venir pour gâcher la fête. Mais non, elle avait juste pris le chemin du Nord sans rien dire.

Le jeune homme se demandait cependant pourquoi certains nobles se trouvaient là. Était-ce par politesse qu'ils avaient été invités ? Voir des crétins qu'il n'appréciait que peu - la réciproque étant vraie - le faisait soupirer à chaque fois qu'il en croisait un qui jugeait bon de venir lui parler. Hypocrites.

La cérémonie s'était déroulée comme prévue. Il n'avait pu s'empêcher de sourire la plupart du temps. Enfin, enfin ! Ses parents resplendissaient de bonheur. Il n'était pas sûr de les avoir déjà vu avec une telle lueur dans les yeux. On pouvait bien dire ce qu'on voulait sur eux - et on en avait dites ! - ils s'aimaient. Lazzare avait beau être un imbécile parfois, si Hemina était restée auprès de lui depuis tant d'années, c'était pour une raison.

Certes, Victor n'était pas le plus objectif quand il s'agissait d'amour à présent, lui-même étant transporté par ses sentiments pour une femme. Une femme qu'il n'avait pas vue depuis déjà plus d'un mois et qui lui manquait cruellement. Une femme pour laquelle il était inquiet, et contre laquelle il s'avouait un peu énervé. Quelle idée d'aller s'aventurer si proche des territoires ennemis. Enfin, tant que son groupe ne croisait personne.
Il ne devait pas se préoccuper de ces choses en cet instant de fête, n'est-ce pas ?

Cette première journée, donc. Il était heureux de voir la famille Di Scudira quasi complète. Peut-être que cela amorcerait la réconciliation de Lazzare avec tout le monde, s'il ne faisait pas sa tête de mule. Le jeune homme l'espérait. Une famille unifiée était meilleure pour quelques raisons. Peut-être que sa tante Lénora les rejoindrait plus tard, si Léonide, Lisbeth ou Héloïse la convainquait. Mais elle était têtue elle aussi... Elle était probablement trop proche de la mère de Cendre pour avoir encore pardonné à Lazzare. Comme Cendre, finalement. Peut-être que c'était lui-même qui réunirait tout le monde. Le futur le dirait.

Le banquet du soir était fastueux. Autant que puisse l'être un banquet de famille noble assez riche. Victor était juste à la droite de sa mère, son père étant bien entendu à la gauche de celle-ci. S'égrenait ensuite les familles de chaque côté, puis les autres convives. Les places étaient attribuées ainsi, mais dans les faits, certains s'étaient approchés d'autres pour leur parler, rendant tout un peu brouillon.
Il profita d'un moment d'accalmie dans le brouhaha des invités pour se relever, son verre en main. Il prit la parole d'une voix sûre et calme, parlant suffisamment au départ pour se faire entendre.

« S'il vous plaît ! Et même s'il ne vous plaît pas, taisez-vous. »

Désagréable ? Mais non. Il était sûr d'avoir l'attention plus rapidement en disant des mots de ce genre.

« Je tenais à vous remercier d'être venu au mariage de mes parents, même si certains sont là avant tout par leur intérêt malsain des commérages. »

Il posa son regard sur quelques convives avec un sourire et une lueur dans les yeux qui reflétaient ses pensées envers eux. Hemina toussota d'un air gêné à ses côtés et il poursuivit.

« Ce jour est le point d'orgue d'un amour qui dure depuis plus de vingt années, et qui a perduré malgré les tempêtes qui ont pu le faire vaciller. Je ne suis pas sûr de les avoir vu aussi heureux depuis bien longtemps, même si mon père ne le montre pas forcément. »

Il y eut quelques rires étouffés dans la salle et eut le droit à un regard sévère de Lazzare.

« Je n'ai pas grand chose à rajouter, si ce n'est que je les aime. »

Peut-être la dernière fois qu'il le dirait. Il aurait bien ajouté un "malgré tout" à l'attention de son père, mais se retint, jugeant qu'il en avait assez fait. Vu la tête de certains, ce qu'il avait fait été même osé. Ciel, dire la vérité serait donc une mauvaise chose ?
Il se tourna vers ses parents, le sourire aux lèvres, et leva son verre.

« Vivent Hemina et Lazzare Di Scudira. »

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