[RP] Retour de flammes
#1

Le crépuscule tombait doucement dans un ciel aux délicates teintes pastel tandis qu'un discret croissant de lune dominait le sommet de l'une des collines que la jeune femme apercevait. Une délicate brise caressait son visage, déformé par un affreux rictus carnassier. Vindicte tournoyait, encore et encore, entre ses doigts fins, et s'auréolait de reflets incendiaires d'une rare intensité en réaction des violentes émotions qui animaient Selinde en cet instant.

Elle attendait. Elle attendait, le cœur vibrant sourdement sous sa poitrine et la rage tendant tous ses muscles dans une pression insoutenable. L'heure de sa vengeance avait sonné. Un ricanement frénétique sortit de sa gorge délicate. L'idée de l'affrontement la réjouissait, elle en savourait à l'avance le crépitement des flammes et l'odeur de la chair brûlée du barbare.

Sa langue passa sur ses lèvres. Que d'exquises perspectives ! Les Dieux avaient été bien joueurs d'orchestrer cette rencontre fortuite aussi vite. Qu'importe si leur quête se voyait détournée de quelques jours, l'occasion était bien trop réelle pour la laisser perdre en de vaines expectatives.

Sa voix autoritaire claqua et la Salamandre s'élança, fondant sur sa proie tel un prédateur pour l'achever sans crier gare.

Selinde s'est alors inclinée dans une révérence aussi gracieuse que railleuse devant le colosse aux tatouages tout d'or vêtu, encore à proximité. Réprimant la haine qu'il lui inspirait, ses traits étaient illuminés par l'arrogance si propre aux conquérants.

« La Salamandre vous offre ses plus chaleureux respects, cousins du Nord.
Après cette petite démonstration, avons-nous obtenu toute votre attention ? »

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#2
S'il y avait quelque chose que Sighild avait appris de ses récents affrontements avec les Taliens, c'est que le pyromancien moyen semblait généralement complètement possédé. Il riait comme un dément, se délectait de l'odeur de chair brûlée, et avait dans le regard une étincelle de folie qui laissait penser que s'il n'y avait plus rien à brûler sur Ecridel il s'immolerait lui-même par le feu dans un élan de tristesse. Et il avait le sens du spectacle... très souvent. Car très souvent, il se prenait pour un artiste. Mais le plus agaçant c'était son babillage incessant. Toujours à menacer, à vociférer, à se donner des grands airs.
Les menaces n'étaient pas vraiment un problème, à vrai dire... d'aucuns diront que c'est de bonne guerre. Mais les quelques fois où les Trappistes avaient rencontré des sorciers de feu auparavant, ces menaces avaient été vaines. Des menaces vaines sur des questions triviales.
Nabuk avait été menacé. Puis le sorcier et ses compagnons avaient découvert qu'il n'était pas seul et étaient instantanément devenus plus mielleux.
Floki avait été menacé. Pour un arbre... un arbre !!! Qui menace quelqu'un pour un arbre ? A part un foutu Elfe des bois ? Tout ça avant de se rendre compte qu'il n'avait pas les moyens de mettre ses menaces à exécution et de repartir la queue entre les jambes.

Ils n'étaient sûrement pas tous comme ça, sans quoi Yris ne serait sûrement plus qu'un tas de cendres aujourd'hui. Mais visiblement, ceux à qui ils avaient affaire revêtaient à la perfection le costume des préjugés de Sighild.

La jeune femme observa Gared dégager la lame de sa hallebarde du corps encore chaud de Lynn.


"Bien sûr que vous avez notre attention. La vouliez-vous pour nous dire quelque chose ou est-ce juste une formule toute faite ?"
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#3

La sorcière de flamme détailla un instant son interlocutrice des pieds à la tête. Elle s'attarda sur ses yeux, scrutant ses pupilles comme pour y lire une vérité cachée. Si son orbe flamboyait toujours intensément, ses braises rougeoyaient d'un vermeil plus chaleureux. Le visage de Selinde se mua en une expression plus douce. Une expression de pitié.

« Votre regard… Qu'il m'est si commun ! Je l'ai tellement observé par le passé… Si fréquent dans l'iris vide de ces braves gens, résignés et satisfaits de leur misérable sort. Résignés, oui, mais outrés devant l'audace, l'esprit entravé dans leur morne conformisme.
Vous me pensez démente, c'est évident, mais ne voyez guère votre propre aliénation. Là, où j'explose et brille, vous vous soumettez à vos préjugés étriqués, trop apeurée pour envisager l'univers d'un œil contraire à vos morales, qui n'ont de grandeur que l'apparat dans lequel elles se drapent.

Pire encore, vous n'avez même pas le courage d'exprimer haut et fort vos pensées ! Est-ce cela, la fierté et la bravoure des Hommes du Nord ? A la vérité, j'en rirai si cela ne m'attristait pas. Vous me méprisez avec condescendance tandis que je vous déteste viscéralement. Pourtant, ma haine n'est que le fruit d'une forme d'estime et de respect alors que votre dédain n'est que le reflet de vos ignorances et certitudes.

Nous étions bien venus avec une proposition… Nous avons, cependant, fait l'erreur de croire que privés de vos yeux par le biais de votre éclaireur, vos oreilles seraient alors toute ouïe à nos paroles. Il n'en est visiblement rien. Même pour vous qui n'avait pas totalement refusé ce geste. Les autres, je ne les entends guère si ce n'est pour fanfaronner sur l'excroissance de leur musculature. Qu'importe, la prochaine fois, peut-être ? »


Elle sourit, amusée malgré une situation qui ne lui était guère favorable. Elle fit un signe de tête ferme à ses compagnons. Le repli était annoncé. Les Agars l'avaient profondément déçue. Elle n'en tirerait pas ce qu'elle avait espéré.

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#4
Par les dieux, elle ne s'arrêtait donc jamais ? Ses compagnons de route se faisaient tailler en pièces et elle n'avait rien de mieux à faire que disserter sur la grandeur de la haine et sur la mesquinerie du dédain. Elle ne manquait certes pas d'esprit, mais son sens des réalités laissait à désirer. Son dernier argument était tellement grotesque que Sighild se demandait si elle-même était convaincue de ce qu'elle disait.

Profitant de la retraite des Taliens, elle répondit à la jeune femme aux cheveux d'albâtre :


"Bla ! Bla ! Bla ! La physiologie humaine est ainsi faite que combattre en parlant est bien plus fatigant. On s'essouffle plus vite et on est moins efficace. Ne voyez pas dans mon mutisme un manque de respect, mais plutôt une volonté de rester concentrée. Ce qui me semble de moins en moins nécessaire...
Je profite donc du répit que vous nous accordez pour vous confirmer que tuer l'un des nôtres nuit grandement à notre capacité d'écoute. J'ai cependant peine à croire qu'aucun d'entre vous soit assez malin pour savoir qu'on ne tue pas les gens à qui on souhaite vraiment faire une proposition. Enfin... les salamandres passent leur vie à barboter dans des cours d'eau boueux, qu'est-ce qu'elles connaitraient à la diplomatie de toute façon ?"
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#5
Un des mercenaires de la Salamandre se trouvait n'avoir guère de talent pour livrer bataille convenablement. A sa décharge, il en avait conscience depuis tout jeune, et avait appris à s'en accommoder. Si les entailles issues de ses armes ne marquait guère le tournant d'un combat, il avait néanmoins acquis une sorte d'intelligence de la préservation, une perfidie dans la défaite, que n'auraient pas renié les plus retors, et qui l'avaient conduit pendant que le muet Otos défiait le front adverse de sa hallebarde, à s'occuper de ramener les corps de Lynn et de Vagnard d'un autre côté de la forêt où, si Masielle n'était pas trop contrariée de leur audace, les talents de Chord pourraient peut être éviter le pire.

Étrangement, cet individu s'identifiait comme un chevalier, privilège accordé par seul décret royal. A le voir revenir auprès de la commandante de la Salamandre, leur proximité par le sang ne faisait aucun doute. Malgré son attitude avenante et réfléchie, les manœuvres d'un berzerker non loin le marquaient de toute évidence d'une certaine nervosité... Que les plus acérés identifieraient pourtant comme un voile posé sur la haine d'un individu qu'il avait parfaitement reconnu.

Il s'avança après que l'Agare ai énoncé sa question, non sans avoir avisé sa soeur d'un signe de tête.


Dione Belroza, Héraut de la Salamandre. Ambassadeur, si vous préférez. Mes respects.

Il avisa la jeune femme avec un sourire simple.

Notre commandante a donné le ton de la rencontre de la façon qui convient pour notre ordre. Si vous y êtes disposée, il me revient maintenant de poursuivre cette conversation.

Laissez-moi vous rappeler quelques faits concernant votre statut et vos actes passés. Vous avez, voilà quelques saisons, traqué, égorgé, mutilé, une quantité de Haut-Elfes assez considérable. Non sans fierté pour votre réussite, et je vous en félicite, même si, évidemment, il nous est difficile d'approuver entièrement le massacre de ces alliés que nous aimons tant.

Il me surprendrait, néanmoins, que certains n'aient pas imploré d'avoir la vie sauve. Avec insistance et conviction. Voilà notre premier point ici... Vous n'avez sensément aucune écoute pour les individus faibles. Il y a quelque chose de digne en cela et c'est même en partie la raison qui nous amène à vouloir vous rencontrer.


Il ramèna sa lance contre lui, inspirant pour essayer de garder ses esprits à côté des océans de rage.

Il est parfois bon de se souvenir que nous pouvons saigner, ne trouvez-vous pas ? Nous vous avons fait ce cadeau, et vous nous le rendez bien. Vous vous êtes plaints du manque de combativité des elfes, tout comme nous nous sommes étonnés de leur absence de réaction. Mais nous ne sommes pas de cette veine là. Nous sommes très différents, mais nous avons plus en commun, je crois, que nous ne l'avons encore réalisé.

Comme s'il se souvenait de quelque chose, il prit un air intéressé.

Je serais ravi de poursuivre, si vous voulez écouter la Salamandre. Mais avant, puis-je vous demander ce qu'il est advenu de votre fameuse arbalétrière ?
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#6
Décidément, ce Dione était aussi aimable que sa "commandante" était furieuse. Que ne l'avait-on laissé engager les pourparlers ? Il y aurait sans doute moins de sang sur l'herbe. Peut-être que la diplomatie ne leur était pas complètement étrangère finalement. Quel dommage qu'elle arrive si tard : quelques instants plus tôt et ils auraient peut-être pu échanger des mots plutôt que des coups.

"Salutations, Dione Belroza.

Votre intervention me surprend, surtout dans ce contexte, et je pense ne pas être la seule. Vos arguments sont d'ailleurs des plus étonnants. Vous nous dépeignez en monstres assoiffés de sang, nous accusez de tuer des ennemis qui se rendent alors que vous n'étiez pas plus présent que moi ce jour-là, présumez de notre attitude vis-à-vis de ceux que vous appelez des faibles, avant de nous féliciter pour tout cela ?

Vous ne savez rien de nous. Et c'est pourquoi, même si je vous accorde que nous avons beaucoup en commun, vous vous trompez sur la nature de ce que nous partageons. Vous respectez notre soi-disant mépris des faibles, et tentez de nous attribuer des intentions qui sont les vôtres pour nous convaincre que nous nous ressemblons. Bon sang, si vous aviez vu ce que nous avons fait de Skövendör après votre départ, vous en seriez malade !

Pour autant, la discussion aurait sûrement été possible entre nous aujourd'hui. Nous ne sommes pas aussi obtus que vous semblez le penser. Disons simplement que la façon qui convient à la Salamandre de donner le ton d'une conversation ne convient pas aux Trappistes. Si nous voulons nous battre, nous nous battons. Si nous voulons négocier, nous négocions. Vous avez choisi de vous battre, alors nous nous battrons. Vous nous avez attaqués sans sommation, et avez versé le sang. Le vôtre doit maintenant finir de couler. Ce qui ne devrait pas vous tracasser puisqu'il s'agit là d'un cadeau à vos yeux !

Nous serons ravis d'écouter la Salamandre, même si nous doutons de votre bonne foi après le laïus de votre commandante sur toute la haine qu'elle nous porte. Mais nous l'écouterons plus tard, dans quelques mois peut-être, avec ceux d'entre vous qui survivront à cette journée. Qu'ils s'assurent juste, la prochaine fois, de faire passer les mots avant les flammes.

Quant à Morane, notre "fameuse arbalétrière", des affaires la retiennent ailleurs. Sans quoi nous n'aurions probablement pas cette conversation..."
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#7
Otos n'en revenait pas. Au lieu de se battre ou de se replier, Dione prenait tranquillement le temps de conter fleurette à une Agar. Qui n'était pas dépourvue d'un certain charme certe, mais qui avait lancé quelques sortilèges un instant plus tôt. Et puis surtout, il y avait une brute sans cervelle à une distance bien trop faible pour tenter une quelconque approche.

Trimballant comme il pouvait ses compagnons d'infortunes, il s'approcha des 2 beaux parleurs aussi gracieusement qu'il le pouvait. C'est à dire comme un auroch.

Profitant du fait que le fier guerrier de la Salamandre ne regardait pas vraiment son 3 quart flanc, il lui colla les 2 cadavres sur les épaules et lui montra la direction du sud.

Malgré les blessures, il se sentait suffisamment en forme pour se prendre une violente contre attaque. Et puis au moins il était sûr qu'il ne demanderait pas grâce ni qu'il hurlerait de douleur. C'était une maigre consolation, mais il fallait bien s'y accrocher.

La demi cervelle s'approcha d'Otos avec tout la grâce d'un autre auroch. Suivi d'une troupe nombreuse et efficace.

Il allait prendre cher mais comme d'habitude il ressassa cette bonne vieille maxime : ta gueule et avance....
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#8
Le chevalier écouta attentivement, non sans une certaine tension.

Il faudrait que vous me racontiez toute la délicatesse de cette chasse à l'Elfe, en ce cas. Je n'en ai sans doute pas saisi les nuances, qui ne m'ont après tout été rapportées que du côté des victimes. Cependant, si la façon dont vous êtes exposés vous déplaît, est ce entièrement la faute des artistes qui l'ont peinte ?

En tout cas, je vous trouvais beaux et nobles ainsi, sous ce portrait. Je pensais que ces actes et ces paroles étaient assumés de votre part. Si ce n'est pas le cas, effectivement, vous me voyez embarrassé.


Son air semblait hésitant, puis il reprit plus sérieux.

Néanmoins, vous vous méprenez, lorsque vous dites que je ne sais rien de vous. Vraiment. Je connais fort bien ce que vous avez donné à voir. Ce ne sont pas les seuls faits qui m'ont convaincu de votre hargne, que j'ai été en mesure d'examiner... Au plus proche. J'étais de ceux qui ont combattu dans la forteresse du jarl Aaren, donc n'en doutez pas, je n'ai rien ignoré de votre aptitude à faucher les oisillons égarés avant même la première conversation.

Sans doute, ce jour là, ai-je laissé trop faire, avec mes compagnons, des choses qui n'auraient pas dû arriver comme elles se sont produites. Nous n'étions pas encore organisés comme nous le sommes, après tout, avions fait l'erreur de laisser certains choix à d'autres, j'en conviens, et étions diminués par nos sentiments - notre principale faiblesse. Sans doute une occasion a t'elle été manquée, oui. Vous seriez cependant cruels de nous laisser en assumer la responsabilité seuls. Songez vous sincèrement avoir été à la hauteur de l'évènement ? Je pense que personne ne l'a été, en ce qui me concerne. Personne.


Il semblait réellement contrarié à l'évocation de ce moment. Son regard envers elle était chargé de colère, même si elle n'en était pas l'objet particulier. Mais il revint au calme, tout aussi rapidement qu'il l'avait quitté.

En revanche, j'aurais bien du mal à approfondir les sujets qui m'amenaient si vous êtes dans le déni de votre capacité et de votre goût pour la violence, alors même que vous l'exercez. Sans aucune fermeture d'esprit particulière de ma part, je vous en assure. Quand à plus tard, je ne saurais vous dire... Vous n'êtes pas les seuls interlocuteurs possibles. Je m'attendais plutôt à voir quelqu'un comme vous dans l'Egide, pour être sincère, que porte-parole des Trappistes. Mon discours en aurait été moins décalé.

Je vous remercie pour les nouvelles de Morane. Vous avez raison, si elle avait été là, peut être n'aurions nous pas eu cette conversation... cette conversation-là.


L'instant d'après, Dione était renversé par l'assaut d'un Berzerker -du Berzerker- et s'en défendait comme il pouvait.
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#9
Du sang recouvrait l'herbe de la plaine. Le nain décrassait tranquillement le canon de son arme, déconnecté du monde extérieur quand il releva la tête pour voire l'autre pintade montée sur un monticule de terre, la tête haute déblatérant quelques paroles, probablement des plus inintéressantes.

Reste là ma poulette, j'ai quelques cadeaux pour toi. Murmura-t-il.

Il commença à recharger sa pétarade. Pétarade certes, mais pétarade runique qui lui avait coûté à la fois les yeux de la tête et la peau du … postérieur.
Mettant en joue la Talienne, il aperçut du coin de l'œil Sighild lui répondre. Depuis quand s'échangeait-on des amabilités en pleine bastonnade. Les humains avaient vraiment des comportements bizarres par moment. Et pour combler le tout, le grand dadet aux cheveux soyeux s'y mettait lui aussi.

Mais bordel ! Qu'est ce qu'ils foutent tous ? Et qu'est ce qu'ils disent ?!

Thrainsa qui était proche de l'artilleur leva les yeux au ciel quand il se tourna vers le gardien de runes pour avoir une réponse. Il parla lui aussi mais aucun son ne pouvait pénétrer la caboche du nain.

Non d'une mine ! Ces bouchons en cire d'abeille sont encore plus inutiles qu'autre chose ! Je suis encore plus sourd qu'avant. Ça sert à quoi de les mettre pour pas être sourd alors qu'en les mettant, je suis encore plus bouché du coquillard.

Oui, notre artilleur était souvent vu comme un bon camarade, mais pas toujours l'ami facile à sortir. Thrainsa lui montra une direction et continua à ouvrir et fermer la bouche. Peine perdue, ces bouchons étaient drôlement efficaces. Après forces acrobaties, le tireur réussit à enlever l'un des bouchons.

- Abruti, Blanche neige s'enfuit ! gueulait le Gardien des runes en lui montrant le sud ouest.
- Rah, mais c'est vous avec vos conneries de vouloir me parler. Puis, prenant le temps de remettre son bouchon d'oreille, il réajusta son tir et visa Monsieur Beaux Cheveux. Les tirs partirent, transperçant sa belle armure. C'était décidément un bon achat cette pétarade runique.
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#10

Les flammes de Vindicte tournoyaient toujours avec ferveur dans leur danse ardente au rythme des émotions de la sorcière. Tantôt chaleureuses et réconfortantes, tantôt puissantes et rageuses, elles révélaient de bien des façons l'opinion que Selinde se forgeait sur la vierge effarouchée qui s'était adressée à elle avec tout le mépris de ses pensées, puis à son frère en minaudant devant quelques politesses. Elle en eut un sourire sarcastique, un rictus plutôt. Une histoire de forme et de manières, n'est-ce pas ? Le pouvoir de l'apparence et des convenances prévalait visiblement sur celui des faits et des vérités assumés dans le cœur de l'Agare.

Quand cette dernière évoqua son absence lors du massacre des Haut-Elfes quelques mois plus tôt comme si cela retirait au fait toute réalité, Selinde ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel, prenant à témoin les Dieux de l'ironie de la situation. Elle aurait pu répliquer de bien des manières.

Certainement l'aurait-elle fait si la hache d'un colosse adverse ne s'était pas abattue sur son flanc, lui arrachant un cri de douleur. Elle cracha une gerbe de sang avant de l'essuyer rageusement d'un revers de main. Elle leva les yeux vers le second assaillant, le colosse aux tatouages, qui la menaçait de sa hallebarde. Une lueur de défi y brillait.

« L'une des vôtres dénigre et souille vos exploits passés, mais c'est la Salamandre qui vous manque de respect ? »
Elle haussa les épaules, parodiant un signe d'incompréhension. « Si vous tenez tant à me vider de mes entrailles, venez me chercher.»

Sans s'appesantir d'avantage sur la lâcheté de son acte, elle prit la fuite juste à l'instant où l'arme de Gared aurait dû lui transpercer l'épaule. C'était ainsi que l'enfant des rues qu'elle avait été, survivait dans les ruelles mal-fréquentées d'Yris, en prenant ses jambes à son cou face à une brute mesurant près de deux fois sa taille. Sans état d'âme sur la sauvegarde d'un quelconque honneur. Haletante, elle s'arrêta plus loin, la main sur sa plaie béante. L'adrénaline lui en avait fait oublier la douleur, mais celle-ci revenait à présent, lancinante et féroce, entailler son flanc.

Mais en de telles circonstances, rien n'était plus rassurant que la souffrance, preuve indéniable de la vie qui coulait en elle.

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#11
Floki était resté sur la plaine, planté de flèches, couvert de brûlures. Les trappistes s'étaient regroupés pour riposter à cette escarmouche. Ils n'étaient pas prêts mais se battaient vaillamment pour venger leur chef.

Gared entra alors en transe, se frappant la poitrine du poing gauche et hurlant comme une bête.

L'arbalétrière tombé la première, transpercée de part en part d'un puissant coup de hallebarde. Depuis qu'il était garde du corps de Floki Skarsgärd, Gared avait opté pour une arme plus conventionnelle que le fléau.
Les coups se multiplièrent alors sur lui, mais faisant preuve de détermination il repoussa les flammes magiques qui l'entouraient dans un suprême effort de volonté. Grâce à Grunielda qui avait gravé une rune entre ses tatouages, il avait plus que jamais confiance en lui.

Un blondinet qui racontait plus de salades qu'il ne donnait de coups d'épée tomba face contre terre lorsque la hampe de la hallebarde lui percuta la tempe.

Gared reprit ses esprits et réalisa que l'adversaire se débandait. Il en attrapa un ou deux du crochet de sa hallebarde, les jetant au sol. Une jeunette aux cheveux blancs fuyant plus vite que le vent, esquivait ses coups au dernier moment. Elle trouvait le temps de discuter dans sa course éperdue. Gared fût interloqué par ses paroles, peut-être s'imaginait-elle que Sighild parlant de massacre lors d'un raid était déshonorant. Cela ne pouvait être dû qu'à une vraie méconnaissance de nos coutumes, un raid sanglant était un bon raid! Haussant les épaules, Gared se détourna d'elle, leva haut son arme et acheva un blessé d'un puissant coup du tranchant. La tête roula lentement dans l'herbe qui se teintait du rouge sang.

Floki se rétablirait grâce aux soins de Sighild, mais l'affront était bien vengé.
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#12
Le combat était terminé depuis plusieurs heures. Les dieux leur avaient souri : aucun Trappiste supplémentaire n'était tombé sous les coups des Taliens. La nuit était tombée, et les hommes du nord avaient établi leur campement à proximité de la rivière. La soirée avait été festive, et l'hydromel avait coulé autant que leurs maigres rations de voyage l'avaient permis.

Presque tous dormaient désormais. Sous la lueur pâle de la lune et des étoiles, entourant les restes du feu de camp dont les flammes avaient éclairé et réchauffé leur soirée, de longues silhouettes évoquaient les guerriers assoupis.

Sighild ne dormait pas. Elle faisait partie du premier quart : les Taliens n'étaient certainement pas si éloignés, et la prudence était de mise. Elle était assise devant les braises mourantes, passant silencieusement les doigts le long des cordes de sa lyre dont elle avait joué une bonne partie de la soirée, et observait pensive la silhouette étendue de l'autre côté de foyer.

Les dieux avaient décidément le sens de l'humour : les Trappistes avaient refusé d'écouter les propos de la Salamandre, tout ça pour retrouver vivant celui qui s'était présenté comme leur ambassadeur. Les coups que lui avaient portés les Trappistes l'avaient gravement blessé, mais il avait survécu. Sighild avait fait le minimum pour le stabiliser et n'avait cessé de le surveiller depuis.

Elle se tendit lorsqu'il s'agita. Gared et Rurik, qui discutaient à voix basse à quelques pas de là, tournèrent aussitôt la tête vers le Talien. Visiblement, il commençait à sortir de son état d'inconscience.


"N'ayez crainte, Dione Belroza, murmura Sighild assez fort pour être entendue et assez bas pour ne pas incommoder ses compagnons endormis. Et prenez votre temps pour vous redresser. Vos blessures sont loin d'être guéries et vos forces vous manquent."

Elle ramassa son bâton qui reposait à son côté, et s'en servit pour pousser devant Dione un petit bol de bois qui attendait près du foyer. Il contenait une espèce de purée dont la couleur était indéterminable dans les ténèbres nocturnes.

"Mangez ça. C'est infect mais ça vous fera du bien. J'espère que vous êtes toujours d'humeur prolixe et en état de mener une conversation, car je compte bien en avoir une avec vous ce soir. Bien des choses ont été dites aujourd'hui, et peut-être serait-il bon d'en mettre certaines au clair."
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#13
Alors qu'elle se promenait tranquillement au sud de Kromgar à la recherche de loups et de gobelins, et de quelques plantes, elle croisa quelques agars.

«Salu...»

Mais pas le temps de parler. Voilà qu'ils partaient tous dans une même direction sans même la saluer. *Mince! Ils pourraient dire bonjour tout de même...*

Alors qu'elle les rattrapa, un autre nain arriva, venant du nord ouest et la saluant.
Mais pas le temps pour la maîtresse des runes de le saluer en retour, voyant que le grand tatoué venait de prendre cher en étant la cible de multiples sorts de feu.
*Mais merde! Ils vont me le griller avant même que j'ai pu sympathiser avec...*

Grunielda décida par pure réflexe de lancer une rune sur le grand berserk tatoué...
«Tient bon! Ça devrait t'aider. Dis moi si tu...» *Oh non! Pas encore.*

Et voilà qu'il repartait, plus confiant et déterminé plus que jamais à se battre contre ses ennemis.

«De rien ! »

*Et maintenant qu'est-ce que je fais... des putains de Taliens sont à deux pas de Kromgar! Mais bordel qu'est-ce qu'ils foutent là...*

C'est alors qu'elle vit à quelques mètres un guerrier talien. Elle le cibla de sa magie naine. Puis elle entendit que ça discutait entre Taliens et Agars...

Mais vu que son ami tatoué était la cible encore et toujours de sorts taliens, elle devint ronchonne. *saleté de Taliens! Bande de vauriens! vous êtes venus discuter... ouais c'est ça !*

Ce fut à ce moment là que le berserk tatoué agar s'était encore éloigné. *Maieuh... pourquoi tu me fuis! Comment veux tu que je surveille tes fesses si tu bouges comme ça !*

Et puis bien sûr au même moment le guerrier talien se défila, partant dans une direction légèrement différente. *Oh putain comment ça sent le traquenard, cette affaire!*

Les renforts arrivèrent et la soit disante retraite des Taliens qui n'était qu'une ruse pour éloigner les sorciers, runistes agars et nains des guerriers agars qui se trouvaient en avant garde.

Après une longue chasse organisée, ils firent tomber le guerrier talien. Visiblement ils étaient sur le dénouement de la rixe lancée par les Taliens. La plupart avait fui, et certains étaient tombés.

Grunielda se rendit compte alors que le Talien qui s'était présenté et qui souhaitait discuter, était tombé. *Zut! J'vais pas pouvoir lui demander ce qu'il voulait à l'Egide...*

Maintenant les Trappistes étaient disposés... ou pas... à discuter.

Grunielda vint auprès du grand tout tatoué et le salua.

«Salut! J'm'appelle Grunielda. Et toi c'est quoi ton joli ptit nom ? »

Elle jeta quelques coups d'oeil autour d'eux et vit une bâtisse abandonné qui semblait être un lieu de culte talien. *Chouette!*
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#14

Victor galopait depuis des heures à travers les plaines. Depuis qu'il avait pris conscience du danger que courait la jeune femme, il était parti de chez lui, malgré le mariage de ses parents tout juste terminé. Il n'était pas dans sa plus grande forme, mais ça n'importait pas comparé à elle. Il voulait la retrouver.

Il avait préparé Ablette au petit matin et avait filé sur les routes. Il se dirigea vers Asteras, puis Tilador... Mais il apprit que la Salamandre avait été défaite en voyant certains de ses membres retourner au temple, inconscients dans des chariots.
La chose rassurante, c'est qu'il n'y avait pas Selinde... Et s'il lui était arrivé quelque chose de pire ?

Il chemina le long du fleuve, cherchant des traces des combats. Il dormait à peine lorsque la nuit tombait. Il suivit son instinct et traversa le fleuve, continuant à chercher Selinde. Il ne pensait qu'à elle. Si elle était revenue à Yris au lieu de partir si loin avec ses compagnons exécrables, elle n'aurait pas eu ce genre de problèmes.
Mais il ne pouvait pas lui demander de rester bien sagement à l'attendre alors que lui allait aux combats. Déjà parce qu'elle l'enverrait sur les roses, et tout simplement parce qu'elle était libre de faire ce qu'elle voulait, même si ça ne lui plaisait pas à lui. Et surtout, ce n'était pas le moment de penser à lui faire des reproches.

Il finit par arriver à Nim Duin après ses zigzags dans les plaines. Peut-être les habitants l'avaient vu ? Il pouvait toujours espérer. Les environs de Tilador n'avaient rien donné. Et si elle n'était pas là, il irait vers Nitraën. Elle était forcément quelque part sur les territoires Elfes ou Taliens. Elle ne pouvait pas être restée là-bas, c'était impossible. Ou peut-être ne voulait-il pas y croire ?

Il entra en trottant dans la ville. Il n'avait pas pris soin de lui depuis ces quelques jours de recherche. Sa barbe de trois jours avait poussé de façon éparse et ses cheveux étaient pire que d'habitude. Son armure était couverte d'une petite couche de poussière due aux chemins terreux, et la pauvre Ablette... Il ne l'avait pas particulièrement ménagé. Il s'en voulait un peu, mais ce n'était pas sa priorité.

Il descendit de sa jument en lui flattant l'encolure, puis s'approcha d'un garde près des portes. S'il y avait quelqu'un qui avait vu passer une Talienne récemment, c'était bien une sentinelle. Si c'était son tour de garde à ce moment-là. Mais avant qu'il lui demande quoi que ce soit, il aperçut l'amour de sa vie plus loin, assise sur un muret.

Il se précipita vers elle en criant son nom, faisant un bruit métallique assez conséquent avec son armure. Peu importe qu'il attire l'attention, il ne voulait que celle d'une personne.

« Selinde ! »

Arrivé devant elle, il la prit dans ses bras et la serra contre lui en soupirant de soulagement.

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#15

Selinde était assise sur un muret devant Nim Duin, légèrement recroquevillée sur elle-même, ses genoux repliés vers son visage. Son allure misérable renvoyait l'image d'une adolescente fragile et chétive bien loin de celle de la femme assurée et arrogante qu'elle était à l'ordinaire. Ses blancs et longs cheveux, filaments informes et poisseux, avaient pris la teinte du sang, se dégradant jusqu'en un rouge sombre à leurs pointes. Ses diverses blessures avaient été nettoyées à la hâte, quelques bouts de tissus déchirés en guise de pansement pour arrêter l'hémorragie. Son visage était maculé tant par la suie, la poussière et le sang.

Elle tenait dans sa main, une bien sinistre chose ; la tête tranchée d'un individu dont elle ignorait tout. Dans le chaos des combats, elle ne souvenait plus avec exactitude comment celle-ci avait roulé à ses pieds, ni même pourquoi elle l'avait ramassée dans sa précipitation. Mais elle l'avait fait, certainement de peur qu'il s'agisse d'un des siens.

A présent, elle fixait sombrement l'expression de frayeur figée dans les traits de cet inconnu décapité. Ses yeux, mornes et vitreux, ne reflétaient plus que l'absence de son souffle de vie. Elle n'avait que faire de son identité et ne nourrissait guère d'émotions à son égard. Mais il méritait d'être incinéré comme le préconisaient les croyances Taliennes pour libérer son âme.

Quelques mots inaudibles, et le crâne s'embrasa dans sa main. Les flammes léchaient avec avidité cette peau d'une pâleur cadavérique jusqu'à la cloquer et l'assombrir dans des crépitements sourds. Selinde ne cessait de l'observer, silencieuse, l'esprit probablement ailleurs, malgré la chaleur intense sur ses doigts. C'était douloureux, mais pas autant que d'ignorer où se trouvait son frère Dione. Son corps n'avait pas été retrouvé... Ni vivant, ni mort.

Après quelques instants de ce curieux rituel, il ne restait dans sa main rougie que quelques cendres brûlantes qu'elle laissa s'envoler au gré du vent. En retour, celui-ci lui ramena aux oreilles l'écho de son propre prénom. Elle leva les yeux vers l'horizon, surprise en reconnaissant cette voix qu'elle chérissait plus que tout. Victor.

Il venait à elle dans le tintement métallique de son armure de plaque et elle l'accueillit en ouvrant les bras pour en entourer son cou, sans se soucier de la présence d'Ephialt à sa proximité. Il la serra contre lui, peut-être un peu fort, mais elle s'en moquait. Elle attira son visage près du sien en quête du réconfort de ses lèvres. Elle finit par poser sa tête contre son armure, lovée silencieusement dans ses bras protecteurs. Rompant finalement le silence de leurs retrouvailles d'une voix faible et chevrotante, elle murmura quelques mots.

"Dione... Dione a disparu. Nous n'avons aucune nouvelle."

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#16
Les trappistes se réunirent sur le terrain de l'escarmouche pour décider de la suite des opérations. Il convenait avant tout de remercier ceux qui les avaient aidé à repousser les intrus.

Lorsqu'il fut accosté par Grunielda, Gared la remercia chaudement.
- Salut! Ton aide durant ce combat a été très précieuse, nous t'en remercions tous du fond du coeur. Si jamais les trappistes peuvent faire quelque-chose pour toi, ça sera avec plaisir. Nous serions bien-sûr ravis que tu fasses un peu de route avec nous!
Nous avons parmi nous un adepte des runes avec qui tu pourras sans doute échanger quelques secrets! Je te présente Thrainsa!


Gared pointa alors du doigt un nain en armure lourde qui discutait intensément avec le vieux à l'arquebuse et à la longue barbe blanche, nommé Rurik...
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#17
Ses yeux s'entrouvrirent lentement. La sensation d'éveil fut presque aussitôt remplacée par celle de douleur, extirpant au Talien un gémissement agacé. Il tendit son bras d'arme, jusqu'à ce que sa main soit posée sur la sorte de brouet, et replia une jambe après l'autre. Son corps répondait et ce fait lui tira un bref sourire.

Silencieux pendant une longue minute, il observa les yeux de la jeune femme, puis tourna la tête pour distinguer les deux ou trois autres formes, et sans doute le reste du campement. Selon toute évidence, il évaluait sa situation, et faisait preuve d'une relative méfiance.

Avez vous déjà rêvé des cavernes lumineuses, parées de centaines de flammes ? dit-il d'une voix calme et basse. Elles me sont apparues plusieurs fois. Sans doute à cause d'habitudes tumultueuses et imprudentes. Ces lueurs sont des vies, qui brûlent pour continuer à exister. Chacune se consume d'une façon différente. C'est un spectacle sidérant que le seuil du domaine d'Anastraph…

Il chercha dans ses poches quelque chose, qu'il trouva. Une petite flasque remplie d'alcool qu'il ingéra avec une grimace.

…Auquel je ne serai pas encore livré ce soir si j'ai bien compris. Tant mieux. Pas certain d'apprécier ce qui m'y attend.

Après s'être péniblement assis, il tira le bol vers lui et le leva au niveau de son visage avec une hésitation.

Vous vous êtes occupée de moi. Je ne l'oublierai pas. Et je ne suis pas d'humeur à vous refuser une conversation.
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