A la rencontre de Vilda Skylar
#1
- On y est, cria Morane à l'adresse de Sighild.
Cette dernière finit de gravir la colline dénudée au sommet de laquelle l'attendait son amie. De ce point surélevé, elles pouvaient voir à une centaine de mètres devant elles l'étendue bleutée de la Mer des Glaces, dont elles entendaient bruisser les vagues au loin depuis près d'une heure. Suivant des yeux la ligne du littoral vers l'ouest, elle finit par apercevoir de lointaines silhouettes, à peine visibles, évoquant des habitations.
- Là-bas ?
Morane plissa les yeux dans la direction pointée par Sighild avant d'acquiescer. Des deux jeunes femmes, elle était celle dont le regard portait le plus loin.
- Trois heures ? demanda Sighild.
- Moins que ça je pense. A peine plus de deux. Sauf si tu traînes bien sûr…
Sighild sourit à la taquinerie mais ne répondit pas. Elle savait que, tôt ou tard, elle aurait l'occasion de prendre sa revanche sur un autre sujet. Sans perdre davantage de temps, les deux Trappistes reprirent leur marche vers le village.

* * * * *

- Et voilà, pile à l'heure pour le déjeuner ! s'exclama Morane en dépassant la pierre gravée de runes qui marquait symboliquement l'entrée du village.
- Il ne reste plus qu'à trouver une bonne auberge.
- Qui a besoin d'une auberge ? On connaît personnellement Messire Floki Skarsgärd, (Sighild se joignit à elle pour réciter à l'unisson la litanie qu'elles avaient inventée ensemble et dont elle avait reconnu les premiers mots) futur jarl de Skövendör, présentement jarl de que dalle, seigneur de rien du tout tant que les pompes de Stirling ne seront pas assez cirées !
- Quand la Skylar saura ça, reprit Morane seule, elle va nous recevoir avec les honneurs qui nous sont dus ! Ours farci à la bière, phoque à la broche, et une pomme pour le dessert !
- Si tu dois ouvrir une auberge un jour, les dieux m'épargnent d'y jamais manger.
- Quoi… t'aimes pas les pommes ?
Les conversations des deux jeunes femmes –les moins sérieuses en tout cas– suivaient à peu près toujours le même modèle : celui d'un échange incessant de taquineries auquel elles se livraient toutes deux de bon cœur. De tous les membres actuels des Trappistes, Morane était celle que Sighild avait rencontrée en premier. Depuis, une véritable complicité s'était installée entre elles.
- En attendant, phoque à la broche ou pas, Vilda Skylar ne nous fera pas goûter aux joies de sa tablée si nous ne trouvons pas d'abord où elle habite.
- Bah, ça devrait pas être compliqué. Interrogeons donc ce jeune homme à la barbe hirsute et au regard biaiseux. Hep, vous là-bas ! Nous aimerions rencontrer Vilda Skylar. Auriez-vous l'obligeance de nous indiquer où la trouver siouplaît ?
- J'espère que sa fâcherie avec Stirling n'est pas trop grave, chuchota Sighild à Morane tandis que l'homme s'approchait d'elles, parce que ton arbalète n'inspire guère la confiance.
- Bizarre. La mienne n'en est qu'augmentée quand je la sens dans mon dos.
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#2
Au nord-ouest de Björnhill, un petit village de bois se tenait en haut de la falaise. Il surplombait l'océan, offrant une vue magnifique sur la mer des glaces.

Le hameau émergeait à peine et ne comptaient pas de nombreuses âmes, seulement celles rattachées au clan Skylar. La plupart des masures se constituaient de bois, on pouvait déjà en compter une douzaine et d'autres encore se construisaient.

Seuls deux bâtiments s'imposaient. Un de pierre, à la grande cheminée fumante, indéniablement une forge si les voyageurs tendaient l'oreille. L'autre de bois, mais portant des bannières sur le fronton et des boucliers à l'héraldique du clan sur le mur de la façade, les deux jeunes femmes en déduisaient sans problème qu'il s'agissait de la loge de la Thing.

A l'entrée, un panneau souhaitait "Bienvenue à Herrkliff" aux visiteurs. Herrkliff signifiait "La falaise armée" en langue agar, et correspondait bien au cadre de vie souhaité par le clan.

A juger l'état des lieux, Sighild se doutait que le village se construisait depuis déjà quelques semaines, au moins deux, et que la rumeur avait mit un peu de temps pour se propager.

***

Le jeune homme à la barbe hirsute était occupé à soulever un rondin de bois. Il s'arrêta un instant quand la chamane l'apostropha. Il se releva, se tourna vers elle, et haussa un sourcil.

[Image: 91209.jpg] -"La cheffe doit être occupée à vérifier l'état des provisions ou à gueuler sur mon frère." maugréa dans sa barbe l'homme, peu enclin à la discussion vu la quantité de travail qui l'attendait, "Essayez de voir du côté de la loge ou de la forge. T'façons elles sont justes à côté."
Il désigna le bâtiment de pierre qui était en effet plutôt proche de la loge, puis retourna à son oeuvre.

Comme pour répondre à la demande de Sighild, une femme émergea de la loge pour se diriger vers la forge. Elle s'arrêta en remarquant l'arbalétrière et l'élémentaliste.
Sans être vieille, elle était âgée, peut-être avait-elle bien connue au moins quarante hivers. Elle semblait haute, aussi grande qu'un homme et sa carrure lui permettait de faire les mêmes travaux éreintants que le jeune homme interrogé plus tôt. Une cicatrice barrait son visage et témoignait d'un passé guerrier. Ses vêtements étaient simple, à l'exception de sa tiare qui marquait visiblement son statut et d'un grande cape surmontée d'un peau de loup.
Surprise par les voyageuses, elle alla naturellement à leur rencontre pour voir de quoi il en retournait.

[Image: 91206.jpg]-"Bonjour mesdames." adressa la femme l'intention de Sighild et de Morane, les auscultant en effectuant une petite moue en observant la chamane, "Bienvenue à Herrkliff, je suis la Thing Vilda. Je ne m'attendais pas à attirer l'attention de ceux qui marchent sur les pas des esprits. Que me doit l'honneur de votre visite ?"


Elle n'adressa pas de sourire, et elle portait un air sévère, bien que rien dans sa voix ne trahissait d'agacement ou d'énervement.
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#3
Sa conversation avec Sighild puis avec les premiers villageois qu'ils avaient rencontrés n'avaient en rien empêché Morane d'observer les lieux avec attention. Et les lieux étaient simplement magnifiques ! Un point d'union entre la terre, le ciel et la mer, unis dans le froid du Nord. Des falaises qui surplombaient la mer des glaces remontaient des embruns qui tombaient sur les quelques bicoques du village. Certaines étaient déjà anciennes, provenant sans doute de cabanes de pêcheurs installés là auparavant. Mais d'autres semblaient récentes, et quelques-unes encore en construction. Le bois, utilisé tant pour agrandir le village que pour en chauffer l'air, était omniprésent.
Deux guerriers gardaient l'entrée, mais sinon, les habitants semblaient compter peu de combattants. La région, quoiqu'éloignée de la frontière, était plutôt sûre. Selon les critères agars. Autrement dit uniquement menacées par des créatures toutes plus féroces et affamées les unes que les autres. La menace elfique elle-même était trop lointaine pour exister ici, et tant que la politique et la diplomatie restaient dans les normes et que la Jarl maintenait des bonnes relations avec la capitale, il était peu crédible qu'ils aient besoin de défense. Les difficultés de Vilda avec Björnhill pouvaient cependant les placer dans une position difficile. Une alliance avec une puissance militaire pourrait leur être utile...
Morane, de ce qu'elle en laissait paraître, semblait parfaitement à l'aise ici. Bien plus qu'à Björnhill ou même dans les plaines fertiles du sud. Le lieu lui plaisait, et une Agar choisissant de s'installer ici... damn it, voilà qui lui convenait !
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#4
- Bonjour, Thing Vilda. Je suis Sighild Asgaril, fille de Yorn Asgaril et de Bryjna Norgë d'Haraven en Rigulsheim. Je suis bien Chamane, comme vous semblez l'avoir remarqué. Mais ma venue ici n'a que peu à voir avec cela.
J'espère ne pas vous offenser en disant que je ne connaissais pas la réputation de votre clan avant votre récente dispute avec Stirling. Cette dispute a donné aux gens le loisir de parler de vous, et c'est par cette voie que le récit de votre art est parvenu à nos oreilles. On dit que les talents de forgeron de votre clan sont grands, et les professionnels de la branche, pour la plupart, ne parlent de vos créations qu'en termes dithyrambiques.
Morane et moi faisons partie des Trappistes. Je doute que le nom de notre groupe soit parvenu jusqu'à vous, mais c'est au nom de tous ses membres que nous sommes là aujourd'hui.
Nos voyages nous ont conduits à découvrir de nombreuses ressources, et à accumuler de nombreuses richesses. Si nous sommes là aujourd'hui, c'est pour savoir s'il est possible de vous passer une commande. J'ignore dans quelles conditions et pour quels clients vous acceptez de travailler, mais je peux vous dire que les Trappistes seraient prêts à payer à leur juste valeur des armes et armures de qualité supérieure, telles que celles qu'on vous dit capables de forger. Et à vous fournir des matériaux rares et précieux si de tels produits vous permettent de créer des objets de facture meilleure encore.

Sighild hésita. Elle avait aussi une requête plus personnelle, qui contrairement à ce qu'elle avait annoncé avait tout à voir avec le fait qu'elle était Chamane. Elle décida qu'il serait toujours temps de l'évoquer si Vilda Skylar se montrait intéressée par leur proposition.
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#5
[Image: 91206.jpg]-"Ahaha si vous cherchez une arme, je suis votre femme !" annonça la Thing, "J'ai justement quelques épées et haches. Le vieux Detlef m'a acheté une caisse d'armes en connaissant la réputation du clan, mais j'ai bien quelques nouvelles créations à vous vendre, mais avant cela, j'aurai une question... épée ou hache ?"
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#6
Sighild tiqua en entendant le nom de Detlef. L'homme qui avait commandité l'expédition à l'issue de laquelle elle avait rencontré Sabthryia. L'homme qui lui avait envoyé une lettre avant les événements de Skövendör alors même qu'il ne l'avait jamais rencontrée en personne. Ce monsieur était décidément omniprésent... peut-être méritait-il qu'on s'intéresse à lui de plus près.

- Je n'ai moi-même qu'une piètre connaissance des armes. Mais un de mes compagnons a suivi la voie des Guerriers pourpres, et je peux affirmer avec certitude que les haches ont sa préférence. En tout cas, il manipule les siennes avec une adresse stupéfiante. Si vous cherchez des guerriers d'exception pour faire honneur aux armes que vous forgez, il en fait indéniablement partie.
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#7
[Image: 91206.jpg]-"Un guerrier pourpre ! Il sera ravi de ma création ! Il n'existe pas meilleur acier en Ingemann, je peux vous le promettre ! Malheureusement cela a un prix. Entre les matériaux, l'enchantement et la commission du Forgeron, cela doit bien faire 800 pièces pour une hache sortie de la forge. Bon, je peux également tenter quelque chose avec les matériaux que vous me ramenez, mais je promets rien sur la qualité."

Remarquant tout l'intérêt que Morane portait au village, ainsi que l'énorme l'arbalète qu'elle portait dans son dos, la Thing ajouta.

[Image: 91206.jpg]-"Je vois que votre petite amie aime les grosses armes ! Je n'ai jamais forgé les mécanismes d'un tel engin, mais cela peut-être amusant d'essayer un jour ou l'autre. Je suis certaine qu'elle jalouse les Taliens et leurs maudites arbalètes de guerre. Comme les prix du clan sont élevés, je vous propose ça : si vous m'achetez une hache maintenant, je commence à travailler sur une arbalète à faire pâlir de jalousie tout le sud d'Ecridel."
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#8
De son côté, Morane laissait parler les vieilles et était partie chercher une corde pour atteindre un recoin de la falaise qui avait attisé son intérêt, pensant déjà au divers moyens d'utiliser cette particularité architecturale pour de grands projets. Sous l'oeil curieux du bâtisseur qui avait bien voulu lui prêter ce qui avait plus d'une amarre recyclée que d'une corde de chantier.

[Image: a3aa45239ec5e425c8d0b0afd07aaa0a.jpg]

Repassant près du groupe, le mot arbalète la fit revenir prestement dans la discussion, passant la corde à l'épaule, elle était déjà comme chez elle. Du fond de son cœur, elle était une bâtisseuse, enfin, plutôt une colon, construire un lieu de vie dans des terres nouvelles, voilà qui parlait à son âme... presque autant qu'une arbalète de guerre.

[Image: 137.png] Et pas qu'un peu, considérez votre hache comme achetée, il vous faudrait combien de temps pour la finaliser ? Je dois pouvoir réunir la moitié de la somme en revendant 2, 3 fourrures et autres matériaux qui pourraient vous être utiles. J'ai également une poignée de poussière de mana, si vous êtes intéressés.

Ses yeux brillaient d'un intérêt évident... pas l'attitude idéale pour négocier, mais la Thing semblait plutôt passionnée que commercante, même si l'un et l'autre n'était sans doute pas en franche opposition.

[Image: 137.png] J'avais pensé à deux trois idées, que je vous montre un schéma.



Avant de sortir sans plus attendre un croquis de son sac :

[Image: 1.jpg]
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#9
- A vrai dire, j'ai toute confiance en la qualité de vos propres matériaux. Nous avons cependant quelques ressources rares, dont j'ignore ce qu'il est possible de faire, mais dont je pense qu'elles donneraient des merveilles entre les mains d'artisans talentueux ! Nous avons une collection décente de gemmes -des gemmes glaciales surtout- ainsi qu'un gros cristal de mana trouvé au fin fond des Relicanth. Peut-être que ces trouvailles sauront magnifier votre travail ?
Huit-cent pièces d'or me semble un prix juste si vos créations sont à la hauteur de votre réputation. J'ignore comment vous travaillez d'habitude, mais je peux vous proposer de payer la moitié du prix immédiatement, pour couvrir vos frais, et la moitié au moment de récupérer la hache. Avec la certitude que si cette hache est à la hauteur des espérances de notre frère d'armes, nous reviendrons vers vous avec suffisamment de commandes pour vous occuper pour plusieurs mois !
Par ailleurs, vous parliez d'enchantements. Ma question vous paraîtra peut-être incongrue -voire indiscrète, aussi je comprendrais que vous ne souhaitiez pas y répondre- mais qui se charge d'enchanter les armes qui sortent de vos forges ? Nos pas nous ont récemment conduits chez le Jarl de Skövendör, et nous y avons découvert une puissante hache imprégnée de la magie des esprits élémentaires. Je me demandais si vous étiez au fait de telles techniques d'enchantement, voire si votre clan les pratiquait lui-même. Intuitivement, je serais tentée de croire qu'un tel savoir-faire relèverait de la tradition chamanique, et je serais ravie d'en apprendre plus sur la question !
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#10
Citation :HRP : Thorgal arriverait après que Morane et Sighild aient terminés leur entretien avec la Thing
Au cours de la mission d'exploration menée par l'Egide pour retrouver la forge Xalari , Thorgal arriva lui aussi proche de ce tout nouveau village.

Il décida d'y faire une halte et c'est avec une grande joie qu'il retrouva Sighild Asgaril. Des liens forts c'était tissés entre Sighild Asgaril, Ragnhïld Valbörg et Bock lors de cette nuit autour du feu en compagnie de Sabthryia l'elfe des neiges.

[Image: 88.png]
Bonjour Sighild , je suis content que nos chemins se croisent à nouveau ! Il s'est passé énormément de choses depuis notre visite à Cyrijal, nous avons rejoins Bock au sein de l'egide de Myrinn avec Ragnhïld et nous avons prêtés mains fortes à des compagnons d'armes nains, de la famille Plonge-Mestal,
Bock pourra t'en dire plus à ce sujet, car nous avons trouvé des ramifications avec une ancienne maison naine : la guilde des ombres...

Mais pour l'heure nous étions en chemin pour explorer cette région, et trouver une ancienne forge .. La forge Xalari, qui serait semblable à Forge-glace

Se tournant également vers la Thing Vilda Skylar , et la saluant respectueusement

[Image: 88.png]
Auriez vous toutes deux, des informations à son sujet ? ou une orientation qui nous permettrait de la localiser ?
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#11
[Image: 91206.jpg]-"Ah la hache des esprits. Je vois de quoi vous parlez, mais cela dépasse mes compétences, en principe. La hache doit être forgée dans le mithril et bénie par quatre élémentalistes, chacun maître d'un élément. Il est rare de trouver des élémentalistes honorant l'esprit du feu ou de l'air, et il est encore plus rare d'obtenir leur bénédiction."

Sitôt payée, la Thing offrit une hache magnifique à Morane, semblable à de l'obsidienne; puis elle reporta son attention sur le nouveau venu.

[Image: 91206.jpg]-"Une forge Xala...quoi ? Non désolée, je n'ai rien vue de ce genre dans le coin. Hormis la mer, la neige, et les mouettes, y a pas grand chose ici."
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#12
[Image: qzhf5w.png]

Et voilà, Sighild était encore partie dans un autre monde. Cette capacité de l'élémentaliste à s'extraire de la vie courante était pour la jeune agar une perpétuelle énigme. La magie était quelque chose qui ne l'avait jamais fasciné. Elle avait cependant compris avec le temps que chacun avait droit à son chemin, et si le sien passait par des labyrinthes de courants magiques, de formules, de calculs et autres complexités.

A propos de calculs, en faisant quelques calculs, elle se demanda s'il n'était pas possible qu'elle dispose déjà de la somme pour la hache. Laissant donc les deux vieilles femmes à leur discussion, elle se trouva un petit espace à l'abri de la neige pour compter les quelques peaux de bêtes qu'elle avait pu ramener, avec d'autres babioles, de la poudre de mana, qu'elle avait appris à reconnaître pour l'intérêt qu'y portaient les mages et une bonne quantité de potions qu'elle avait récemment acheté. En ajoutant quelques pièces, cela pourrait le faire ! Plus vite l'achat aurait été réalisé, plus vite, elle pourrait parler de ses idées d'amélioration pour l'arbalète à l'artisane. Une certaine fébrilité la prenait en imaginant toutes les possibilités.

Griffonnant quelques chiffres sur une feuille, elle se tourna alors vers la Thing :

Thing, je pense que nous pourrions dors et déjà vous acheter cette hache, si vous accepteriez un paiement en nature, qui vous sera sans doute utile pour votre installation.

Ne semblant pas manifester d'opposition, elle jeta un coup d'oeil à la fiche de comptes et acquiesça avec un regard amusé de l'enthousiasme de la jeune agar, avant de l'emmener vers le hall du bâtiment voisin. Toujours le regard dans le nuages, Morane ne put s'empêcher que malgré la construction plutôt récente de certains bâtiments, et le caractère plutôt humble du village, dans son ensemble, de nombreux détails, une sculpture dans le bois ici et là, quelques touches de couleurs, des cornes surplombants les portes donnaient déjà une touche personnelle au village. Il était beau !

Elle ne sortit de sa rêverie que lorsqu'elle vit l'arme. Magnifique, elle était noire comme la nuit la plus sombre, une obscurité sans reflets, étrange. La saisissant par le milieu du manche, elle fut impressionnée. Elle n'était clairement pas à l'aise avec les armes de contact, encore moins les armes lourdes, mais celle-ci avait quelque chose de particulier, équilibrée, elle se sentait... prise d'une certaine liberté, une rage indiscernable, encore un truc de mage à tous les coups. Mal à l'aise, mais le regard admiratif pour l'art de la Thing, elle glissa celle-ci dans son dos, la fixant à l'aide d'une pièce de tissu sombre, évitant de la laisser à l'air libre.

Elle est superbe ! Je suis certain que nous saurons à qui la donner.
Avec les nouvelles recrues de la guilde, ils sauraient certainement qui pourrait vouloir d'une arme aussi impressionnante.
Nous serions ravis de continuer à commercer à vous. Vous aviez parlé d'une arbalète ?
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#13
Dolos arriva en compagnie d'Ekairos au village. Celui-ci n'était pas le but premier de l'expédition, mais d'autres membres de sa nouvelle guilde y étaient et c'était donc l'occasion de se rassembler. La vue était magnifique et rappelait à Dolos ses longues ballades en bords de mer.


Dolos salua poliment le thing et demanda à ses compagnons ce qu'ils avaient appris. Rien concernant la forge, mais Morane avait fait l'acquisition d'une excellente hache et discutait désormais d'une arbalète. Ce n'était pas un domaine de prédilection des Agars, mais il y avait surement quelque chose à faire.


Après avoir été mis au courant des dernières nouvelles, le sorcier s'adressa à Vilda.


Bonjour, je ne suis pas un expert, mais l'enchantement est depuis longtemps une passion. J'imagine que vous comptez des spécialistes du sujet, j'aimerais discuter avec eux. Pourriez-vous donc m'indiquer ou est-ce qu'ils travaillent ?
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#14
L'homme et ses compagnons marchaient depuis un bon moment lorsque le modeste hameau se détachât dans le lointain.
Ils avaient longé la côte septentrionale, partant de Bjornhill-la-belle en direction de l'ouest, et, à vrai dire, le sorcier s'était penché sur ces rumeurs qui circulaient, parlant d'un village neuf sorti de terre et d'armes magiques, mais il n'avait pas réalisé qu'ils passaient si proche de celui-ci.
Ils étaient partis à la recherche de la légende, bien plus ténue, de l'antique Forge de leur ordre, et non pour ces quelques nouvelles masures.

Cependant, ils s'y dirigèrent spontanément : il sera bon de se reposer quelques temps en attendant le reste de la troupe, largement en retard. De plus, les rumeurs, quoique parfois complètement infondées, étaient bien plus souvent des simplifications de la vérité, et l'âme de skalde du jeune homme lui soufflait qu'ils auraient intérêt à interroger cette Skylar.


Ils arrivèrent donc en fin d'après-midi aux portes de Herrkliff, qui se résumaient à un panneau récent souhaitant la bienvenue aux étrangers.
L'homme s'aperçut rapidement que d'autres étrangers étaient sur place, mais se détendit en reconnaissance Morane et une de ses acolytes. Il n'était pas étonnant de trouver ici les Trappistes, après tout, puisque les rumeurs parlaient d'armes fantastiques...


Sans grande cérémonie, Thorgal, qui était entré peu avant eux, et Dolos, interrogèrent poliment celle qui conversait avec Morane, l'un sur la forge, l'autre sur les techniques d'enchantement.
Etait-ce la présence de Morane et Sighild, personnalités connues de ses compagnons, ou l'air paisible du hameau qui avait sur ses compagnons cet effet apaisant, le sorcier ne le savait pas. Mais, regrettant momentanément leur franchise, il se décida à changer ses plans, et à jouer cartes sur table. Tant pis si les Skylars avaient à voir avec la forge ou les démons, il leur faudra le découvrir autrement que par la ruse.

S'avançant vers le petit groupe, son bâton négligemment posé sur l'épaule, il lança à vieille femme :
[Image: 72.jpg] - Salutations, Thing Vilda Skylar, c'est un honneur d'être ainsi présent devant toi. Il inclina légèrement la tête, afin de montrer qu'il était en apparence sincère, malgré la disgrâce de son interlocutrice. Mon coeur se réjouit de votre bonne fortune, car je vois que vous avez choisi un endroit beau et agréable, et que votre renommée grandit déjà. Il regarda brièvement Morane, puis continua. Il n'aimait pas vraiment cette position publique, tout skalde habitué aux effets de langage qu'il était, mais les triarques mettraient du temps à venir, et jusque là il serait le seul représentant, ses compagnons étant trop récemment entrés dans l'ordre.
[Image: 72.jpg] Nous représentons la glorieuse Egide de Myrinn, ordre antique pourchassant sans relâche démons et abominations, et les renvoyant dans l'ombre de leur perfidie. Vous devez forcément nous connaître, aussi ne vous embêterais-je pas plus avec ces discours.
Pour vous parler en toute franchise, notre quête actuelle n'était pas votre formidable hameau, mais un bâtiment de notre Ordre qui, normalement, devrait se trouver dans ces contrées. J'espérais pouvoir me féliciter de votre concours dans cette recherche, car sans doute connaissez-vous l'endroit mieux que nous, et peut-être avez-vous déjà remarqué quelque étrangeté ?

[Image: 72.jpg] Mais naturellement, nous serions honorés d'accepter votre accueil, si modeste soit-il, car nous attendrons quelques jours certains de nos compagnons. Et, pour quelques uns d'entre nous, nous serions très intéressés par un potentiel... échange de savoirs. Peut-être pourrions nous apprendre mutuellement de nos techniques ?



Il sourit et fit une large révérence, à peine exagérée, comme un second salut de la Thing.
[Image: 72.jpg] D'ici l'arrivée de mes supérieurs, je serais le référent de l'Egide sur ces lieux. Skalde Ekairos, pour vous servir.
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#15
Au sujet de l'arbalète, la Thing discuta un petit moment avec Morane à part, discutant des plans proposés. Il faudrait travailler pendant un moment sur des prototypes avant de fournir quelque chose capable de rivaliser avec les arbalètes de guerre des Taliens.

Deux nouveaux arrivants se présentèrent à Vilda Skylar. Cela commençait à faire beaucoup d'agitation pour un petit village sur la falaise. Elle rendit la politesse des salutations aux deux arrivants, tout en fronçant les sourcils. Elle avait du travail, alors subir un interrogatoire lui déplaisait fortement.
[Image: 91206.jpg]-"Salutations, non, je n'ai vu ni forge Xalari, ni forge de l'égide, ni quoique ce soit. La seule forge ici est celle que mon clan a installé, quand à observer ou discuter de nos techniques de forge, c'est une violation des secrets séculaires de notre clan. Pour vous loger, nous manquons déjà de maisons pour loger tout le clan Skylar, certaines familles sont déjà obligées de cohabiter en attendant de leur construire une demeure digne d'agars."
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#16
La partie allait devoir se jouer plus finement que prévu. La Thing n'était visiblement pas familière des jeux d'esprit, et Ekairos regretta à nouveau l'absence de Yarik ou d'un des nains, qui auraient été plus à l'aise à l'affronter directement.

Il répondit par un sourire pincé, et dit :
[Image: 72.jpg] - Mes excuses si je me suis mal fait comprendre. Je ne voulais bien sûr pas requérir une bâtisse, dans un village qui n'en compte encore que peu.
Je voulais parler de votre accueil sur les terres alentours, et de votre tolérance face à quelques étrangers dans les environs. Vous nous établirons bien sûr dans nos propres tentes, à l'écart du village...

Mais nul doutes que vous avez de quoi faire, en ce moment, aussi ne vous abattrais-je pas de plus de questions pour le moment.
Sachez simplement que nous risquons de faire quelques recherches dans les environs, l'endroit recherché étant normalement... Très proche d'ici...


Craignant d'entrer sur un terrain glissant, ou de fermer toute porte à une future discussion, l'homme se contenta de s'incliner, afin de montrer la fin de son discours.
Après s'être éloigné, et assuré que la Thing ne soit pas à portée d'oreilles, il s'approcha de Thorgal, Morane et Sighild, la chaman des Trappistes. Les politesses rendues, il entra directement dans le vif du sujet. Celui-ci n'était pas politique, et il connaissait le caractère direct de Morane... Aussi était-il plus à l'aise :
[Image: 72.jpg] - Je vois que vous avez acquit là une bien belle arme, et je vous en félicite... Ce clan semble vraiment à l'apogée de leur technique de forge.
Cela vous embêterait-il que... Nous examinions cette hache ? Magiquement, j'entend.
Il se tourna vers Sighild Non pas que je doute de vos capacités, chaman, mais peut-être certaines de nos connaissances seraient utiles...
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#17
Ce petit village perdu aux confins du Septentrion était soudain devenu un lieu de passage extrêmement fréquenté. Sighild salua chaleureusement tous les membres de l'Egide qu'elle connaissait, mais ne put contenir une moue pincée lorsque plusieurs d'entre eux commencèrent à assaillir Vilda Skylar de questions. Elle la voyait se renfrogner un peu plus à chaque demande, en particulier celles qui visaient à en savoir plus sur les techniques de forge de son clan.

Elle et Morane s'éloignèrent de la Thing lorsque la hache leur fut confiée. L'Egide était visiblement en quête de quelque chose, et partirait dès qu'elle aurait reçu les informations dont elle avait besoin. Inutile de rester auprès de leur hôtesse alors qu'elle était déjà bien entourée.

Ekairos s'avança alors vers les deux Trappistes.


- Je vois que vous avez acquit là une bien belle arme, et je vous en félicite... Ce clan semble vraiment à l'apogée de leur technique de forge. Cela vous embêterait-il que... Nous examinions cette hache ? Magiquement, j'entend. Il se tourna vers Sighild Non pas que je doute de vos capacités, chaman, mais peut-être certaines de nos connaissances seraient utiles...
- Mes capacités n'ont rien à voir avec les vôtres, Ekairos. Nous voyons chacun le monde à travers un prisme très différent et, de fait, n'en voyons pas les mêmes éléments. Je comprends donc que votre examen se fasse indépendamment du mien. Cependant, je me dois de vous poser une question, à laquelle je vous demanderai de me répondre franchement.

Elle planta son regard d'émeraude dans celui du sorcier, comme si cela pouvait lui permettre de déceler une tromperie éventuelle dans sa réponse. Elle doutait qu'il lui mente, mais elle voulait qu'il comprenne qu'elle prenait la question très au sérieux.

- Que cherchez-vous ? Qu'espérez-vous découvrir en examinant cette hache ? La Thing vient tout juste de vous annoncer qu'elle refusait de partager avec vous les secrets de son clan. Si vous souhaitez les découvrir par vous-même, en examinant cette hache par exemple, ne comptez pas sur moi pour vous aider.
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#18
L'homme lui sourit, et, s'assurant de leur isolement par rapport à la Thing, répondit sans détourner le regard :
[Image: 72.jpg] - Je voudrais simplement savoir si cette hache est simplement très bien forgée, et enchantée dans les règles de l'art... Ou si quelque chose d'autre, comme une découverte fortuite, pourrait les avoir aidé. Pour être franc, c'est la localisation de ce village qui me rend perplexe.
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#19
- Votre franchise ne va pas assez loin à mon goût. Sighild s'assombrit néanmoins en imaginant ce que pouvaient sous-tendre les propos d'Ekairos. L'Egide n'était pas du genre à s'occuper d'affaires triviales. Elle baissa encore le ton, murmurant presque. A quel genre de découverte pensez-vous ? Qu'est-ce qui vous tracasse dans la localisation de ce village ? Je suis prête à vous faire confiance Ekairos, mais donnez-moi quelque chose de tangible !
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#20
Il lui fit une grimace, un sourire mi-amusé mi-embarrassé, comme reconnaissant sa défaite du moment de mauvaise grâce.
[Image: 72.jpg] - La réponse était franche et non embigue... un petit peu tronquée, il est vrai, mais vous ne m'aviez pas demandé de déballer toute l'histoire, après tout.
Il fit un bref calcul de ses chances d'avoir raison, d'avoir tord, et de n'avoir rien du tout, et poussa un long soupir. Espérons que les Triarques ne lui en voudrons pas trop de ne pas tenir sa langue.
[Image: 72.jpg] - nous cherchions... un vestige des démons, une cache ou un bâtiment, et selon nos informations il devrait être tout proche d'ici. La localisation dun nouveau village, reconnu pour sa forge et ses armes bien enchantés, si proches qu'ils pourraient être dessus, me trouble, simplement.
Sans doute me trompais-je complètement, je ne sais. Mais tant qu'à bien faire mon travail...


Puis il ajouta sur le ton de la plaisanterie :
[Image: 72.jpg] -Bon, ca m'étonnerait que ca soit de la medenite, mais peut être ont ils simplement trouvé un bout de parchemin lisible concernant un pacte ou que sais je.
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#21
- C'est étrange. Ce clan jouissait déjà d'une bonne notoriété pour la qualité de son artisanat avant de venir s'installer ici. C'est du moins ce que j'ai compris, ayant moi-même longtemps vécu trop isolée pour que de telles réputations ne parviennent à mes oreilles. C'est aussi une accusation lourde, bien que ma connaissance limitée des démons m'empêche d'en mesurer toute la portée.

Sighild tendit la hache à Ekairos.

- Faites ce que vous avez à faire avec cette hache. Ni plus, ni moins. Et tenez-nous informées de vos découvertes.
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#22
Bravant l'épaisse couche de neige qui recouvrait les immenses plaines de l'Ingemann, de petits groupes armés convergeaient vers le village d'Herklif, un hameau composé de quelques baraquements à flanc de falaise.
Les voyageurs étaient peu nombreux dans ces régions hostiles, même les bandits ne tendaient pas d'embuscades, d'ailleurs les routes étaient inexistantes, tout au plus quelques sentiers rendus invisibles par l'épais manteau de neige où il fallait deviner sa route grâce aux poteaux et aux rochers sculptés qui se dressaient fantomatiquement dans le paysage ici et là.

La route avait durée plusieurs semaines afin que la majeure partie des membres de l'Egide de Myrinn se regroupe sur ce tranquille petit village, tous avaient le visage grâve, et peu de mots étaient échangés pendant la procession. Les barbes étaient envahies de stalagtites de glace, condamnant leur sourire et toute marque d'expressivité au fur et à mesure que leurs souffles bravaient la pénible morsure du vent des grandes plaines.
Les Triarques représentaient l'élite de cet ordre, ils marchaient en tête emmitouflés dans d'épaisses capes de fourrures; Suivis par une poignée de marcheurs boréens, des thaumaturges spécialisés dans les phénomènes liés à la démonologie, ainsi que quelques élémentalistes qui avaient un sens particulier pour ressentir la corruption s'immiscer parfois dans la pureté de l'immensité glacée.
Quelques guerriers et archers Agars lourdement armés encadraient les arcanistes pour protéger les moins armurés en cas de danger; Mais il aurait été étonnant que quiconque ose se dresser devant une assemblée aussi austère.
Le groupe était suivi d'une bonne trentaine de mètres par un nain massif lourdement armuré qui semblait peiner dans la neige qui lui arrivait au niveau du ventre, il pestait contre le vent quitte à s'en geler la langue lorsque tout à coup la troupe s'immobilisât.

L'un des Triarques pointât son bras ganté dans une direction, où l'on percevait péniblement quelques volutes de fumées perdues dans le brouillard matinal : le clan Skylar.
La destination tant convoitée se dessinait enfin, et tous, y compris les nains, s'affairèrent en silence à libérer leurs armes pour ne pas être entravés, à ajuster les lanières de leur armure et de leur casque, à vérifier les sachets de composants ou les marques pages de leurs épais grimoires, à préparer leurs meilleures flèches et dénouer les lanières des gibecières où l'on entendait s'entrechoquer des potions.
La tension de l'inquiétude était palpable, elle avait fait place aux rictus figés et immobiles qui animaient les visages jusque là, nombreux fronçaient les sourcils ou grimaçaient en échangeant des regards inquiets .

Puis, une géante Agar qui portait d'une main une immense hache de guerre, dressa de sa main libre au bout d'une pique l'étendard brodé à l'image du dragon tricéphale; Et d'un mouvement commun le groupe s'ébranla et avança en silence dans la direction du village.
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#23
Les pas crissaient dans la neige, cette dernière gelée cédait sous le poids des guerriers tandis qu'ils entouraient le village pour couper tout possibilité de retraite.
Aux premières lueurs du jour quelques ombres qui étaient dissimulées dans le hameau se dirigèrent vers les Triarques, des éclaireurs de l'Egide qui avaient profité de leur avance pour fouiller et mener une brève investigation en se concentrant sur les alentours de la forge et la Thing Vilda.
Un tel rassemblement dans un village habituellement si paisible ne manquât pas d'attirer l'attention des membres du clan Skylar qui montraient leurs visages inquiets aux fenêtres.
Les guerriers de l'Egide, eux, étaient sur le qui-vive et certains avaient même retirés leurs armes de leurs fourreaux.

Les nains armurés semblaient s'impatienter et s'adressaient vivement aux sorciers du groupe et aux éclaireurs, ils souhaitaient visiblement fouiller le village de fond en comble.
Le plus volumineux des deux précisait pour appuyer son point de vue
-" C'est pas normal, il n'y a pas d'enfants ici, c'est pas normal .... ça doit être là, il y a la forge c'est un signe ... et ils ont de drôles de têtes, même pour des Agars ... Gardez l'oeil ouvert et vos armes à portée de main compagnons! "

Au bout de quelques minutes et en ayant à peine pris le temps d'échanger avec la Thing du village et les autres habitants, ils se remirent précipitamment en route portés par l'heureuse nouvelle d'une découverte à flanc de falaise, en contrebas du village, l'entrée d'une grotte.
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#24
Carpe Diem

Les combats des dernières semaines avaient été rudes. La guerre, ou le combat, n'était beau, glorieux que vu de loin, à l'abri dans les villages épargnées, ou après des années passées à re-écrire l'histoire pour servir un récit plus politique qu'historique.

Les trappistes avaient vu des villages détruits, incendiés par les combattants des deux côtés, des villageois pillés dans le meilleur des cas, massacrés ou forcés à combattre pour les hommes, tandis que les femmes étaient au mieux prises en otages.

Ils avaient passés des jours à essayer de coordonner la reconstruction du Sud de l'Ordensheim, pour que le Jarl ne fasse rien d'autre que bloquer la réhabilitation de la forteresse. Comment des querelles politiciennes de bas étage pouvaient-elles ainsi prendre le pas sur la vie de centaines, voir de milliers de citoyens agars ?

Et elle n'était pas non plus blanche de tout reproche, des décisions avaient du être prises. Des adversaires massacrés dès le premier signe potentiel d'hostilité, des étrangers taliens qui auraient pu devenir des partenaires étaient, par la force des choses, désormais des ennemis acharnés, sans qu'elle puisse leur en vouloir, par ailleurs.

C'était donc avec ces idées dans un crâne trop mince pour elles que Morane était arrivée au village de Herrkliff.
Et là, pour la première fois depuis un long moment, elle s'était sentie en paix. Le vent, le bruit des vagues en bas de la falaise, la morsure du froid, et surtout, des agars acharnés à construire plutôt que détruire. Il était temps de poser son sac quelque temps.

Elle avait donc décidé, face à la mer, les pieds criant leur indignation de finir en glaçons, de rester ici. Elle ne savait pas quand elle partirait, mais à chaque jour suffit sa peine.

Ils l'avaient accueillie comme une soeur, l'avait aidée à se construire un abri sous un toit, minuscule, certes, mais elle n'était pas exigeante, l'avait accompagnée pour se chasser quelques fourrures après quelques nuits un peu fraîches. De son côté, Morane n'avait pas ménagée ses efforts, participant à la vie de la communauté, chassant pour les repas, construisant chaque jour à leur côté leur village toujours plus grand, plus solide. Les abris de bois s'étaient peu à peu transformés en solides bicoques hautes pour s'élever au dessus des chutes de neiges, mais résistantes aux tempêtes du large. Son aide avait été précieuse pour la construction d'un pont, au delà d'un gouffre qui compliquait considérablement l'entrée au village.
Celui-ci avait désormais une certaine prestance, semblait construit pour durer, et les agars des alentours ne s'y trompaient pas. La forge tournait à plein régime, tandis que ses ressources permettaient d'acheter aux bûcherons et mineurs des alentours de quoi construire chaque jour de nouveaux bâtiments.
la grande nouveauté du moment avait été la création d'une tour de garde au centre du village, ainsi que le début de l'érection d'un phare pour guider les navires vers des côtes plus hospitalières.

[Image: 241149sketchaday289byskrawwdalv36g.jpg]

Et les jours passaient, semblables, stables et différents cependant par la manière de les vivre, les gens au côté de qui on les vivaient. Elle avait au bout de quelques chasses obtenue une certaine réputation d'efficacité, et avait donc pris en charge l'approvisionnement en viande sauvage.

Même si elle appréciait grandement la compagnie des villageois, ces temps seule au milieu de la côte enneigée lui donnait l'occasion de prendre le temps de répondre à ses questions.
Il y a quelques jours qu'elle était partie, pour la cinquième fois de son arrivée. Après une journée de chasse, elle avait pu trouver la tanière d'un couple de renards des neiges pas plus vieux que quelques années, des fourrures magnifiques, qui vaudraient sans doute au moins de quoi s'acheter une petit cloche pour la tourelle. Quelques bouquetins viendraient agrémenter à la fois le menu de ces prochains jours et sa chambre où de nouvelles bougies pourraient prendre place dans leurs cornes. Le traîneau était lourd, elle mis une bonne demi-journée pour rejoindre Herrkliff, malgré un réveil avant l'aurore.

Et là, une scène d'apocalypse, des corps partout, Falkoor, le cuistot, était là, éventré, son fils à ses côtés, un hachoir à la main, tandis que Grialda, la comptable du village, gisait dans son sang gelé, une hache plantée en plein crâne, et là, encore Pal'Mer, un sudiste, qui les avaient rejoins récemment lui aussi, et qui tentait péniblement de faire pousser des tubercules dans un abri... des corps partout, qui avait bien pu faire ça ?

Fouillant à travers le village, elle vit soudain derrière la tannerie apparaître deux silhouettes, un nain, inconnu de Morane, et Tasr'Amuk, un des membres de l'égide, tenant ce dernier en joue de son arbalète, semblant difficilement se contenir :

[Image: 137.png] Le premier qui bouge, je tire ! Que s'est-il passé ici ?
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#25
La journée qui venait de passer avait été incroyable. Incroyable et effroyable à la fois.

Tasr'Amuk ne se souvenait pas avoir été dans un tel état de tension depuis bien longtemps.

Il avait suivi l'Egide, l'organisation qu'il avait récemment rejoint, jusqu'à ce village reculé en apparence des plus paisible.

Il s'agissait de sa première mission pour le compte de cet ordre, et on l'avait prévenu qu'il pourrait y avoir du danger mais il ne se doutait pas à quel point.

L'inspection avait pris une tournure inattendue lorsque l'Egide était descendue dans la grotte découverte par hasard à flanc de falaise en inspectant les environs du village.

Ce qui s'était passe là-dessous, il était difficile de le décrire pour un homme simple ayant été préservé sa vie durant de la réalité de l'existence démoniaque en ce monde. Préservé jusqu'à ce jour.

Quoi qu'il se soit passe là-dessous il avait survécu.

Ce n'était pas le cas de tous ses camarades. Certains manquaient à présent à l'appel.

La présence dans la grotte avait été mise en fuite. En fuite, vraiment ? Ils avaient défait les horreurs les moins puissantes. Mais les plus puissantes, les plus influentes étaient parties, peut-être suivre d'autres plans, ou répondre à d'autres urgences.

La grotte avait été "nettoyée" mais pouvait on dire qu'il s'agissait là véritablement d'une victoire ?



Tasr'Amuk ne s'était pas lancé dans la traque qui suivit.

Il faisait parti de ceux qui avaient été désignés pour rester fouiller le théâtre macabre des opérations, à présent désert, à la recherche de tout indice utile.

Il retourna donc au village, découvrant avec un haut le cœur que tous les habitants étaient à présents morts, morts sur place, on en trouvait partout.

Les membres du clan Skylar, les habitants d'Herrkliff. Qu'étaient-ils en réalité ? Qu'avaient-ils été ? Étaient-ils morts comme ceux de la grotte ? Ces monstruosités qui révélaient des corps humains après décongélation ? Ou s'agissait-il d'un autre massacre ? Qui en était l'auteur ?

Puisqu'il valait mieux ne pas trop s'attarder dans ce charnier, l'homme au masque commença a explorer chaque maison chaque bâtiment, pénétrant les foyers abandonnés, essayant de trouver une autre faille dans la façade de normalité de ce petit village.

Personne n'était plus la pour lui interdire l'accès.

Il cherchait aussi des informations sur Loggi. Ce prêtre gothar qui l'avait précédé a l'Egide puis avait disparu.

C'est avec un certain détachement qu'après de longues recherches, il trouva ce qu'il était venu chercher.

Pour la première fois depuis le début de sa quête, il trouvait une trace tangible de l'homme qu'il cherchait, et pourtant la joie de la découverte ne parvenait pas à percer.

Dans une petite maison, il trouva un journal tenu par le gothar. Un journal partiel, qui ne relatait que les derniers jours passés dans ce village.

A première lecture, Loggi n'avait pas percé le mystère d'Hercliff. En tout cas jusqu'aux dernières pages, mais Tasr'Amuk aurait besoin de plus de temps et une lecture plus approfondie pour comprendre la raison de la venue de cet Agar dans ce lieu maudit.

Y avait-il une chance que sa proie soit à présent parmi les cadavres ? Ce n'était qu'un visiteur mais …



Il ressortait de la maison, le journal entre ses mains, lorsqu'une nouvelle personne fit son apparition.

Le premier qui bouge, je tire ! Que s'est-il passé ici ?

Une jeune femme visiblement en colère le pointait de son arbalète.

Tasr'Amuk se figea.

Il hésita à pointer son arme, dans un premier réflexe, sachant où il se trouvait encore. S'agissait-il d'une survivante ?

Mais après quelques secondes d'observation, il se dit que la nouvelle apparition ne devait pas faire partie des habitants. En tout cas ceux qui s'en étaient pris à l'Egide ne l'avaient pas fait sous cette apparence. Et puis face à une arme de jet de cette nature, il ne pourrait pas faire grand-chose.

Je vous en prie, laissez-moi le temps de vous expliquer

Commençait-t-il, lorsque Garondarn, un autre nain de l'Egide, son instructeur, fit irruption dans les rues.

Il se lança dans une tirade essoufflée, expliquant brièvement la situation à la jeune femme et informant Tasr'Amuk de ce qui était en train de se passer plus loin dans la toundra.
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#26
Morane avait toujours été impulsive, et la brutalité avec laquelle cette parenthèse de paix s'était désormais terminée était particulèrement difficile à vivre. Elle croyait avoir laissé toute cette violence derrière elle en venant ici, mais elle ne pouvait s'empêcher de s'accuser, de se dire que, d'une manière ou d'une autre, elle était responsable, qu'elle avait apporté la mort sur ce village paisible.

Les explications du nain étaient confuses, des démons à proximité, ils auraient pu effectivement être responsable de la mort des villageois, mais l'absence de corps, et le caractère particulièrement conventionnel des blessures était troublant, sans compter que rien ne laissait imaginer leurs présences, alors qu'elle était présence depuis désormais 5 semaines. Un des chasseurs en aurait sûrement vu des traces, plus encore dans une grotte si proche du village.

Enfin, elle n'était pas maître d'elle même, et aucune décision n'était bonne sous l'emprise de la colère. S'éloignant vers une colline aux alentours, elle aperçu les envahisseurs, ils étaient nombreux, beaucoup trop nombreux, ils ne tiendraient jamais seuls.

Ce "sens du combat" la calmait toujours, comme un catalyseur, elle voyait maintenant que son énervement n'était sans doute qu'un moyen d'extérioriser cette culpabilité, de la rejeter sur ces nouveaux arrivants, qui n'étaient sans doute pour rien dans cette affaire. Il était temps de se recentrer. Après tout, ils était un des triarques d'une des plus célèbres guildes du Nord, il était digne de confiance. Ah ! Il avait intérêt à ne pas la mener en bateau !

Elle n'avait pas perdu son esprit de combattante et, le laissant prendre le dessus sur ces pensées de désespoir, elle s'attela à barricader le village, indiquant aux présents de l'aider.
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Atteindre :