[RP] Animation : Sogno di Volare
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Citation :Rapport d'enquête sur la mort de d'Il'Nael Hràvan à destination de la famille Hràvan par Ossë Hyarmendaquil et Neryë Eryhen


Enquête de terrain sur les lieux de l'accident et au temple de Fryelund a permis d'établir les points suivants :

- L'accident qui a provoqué le décès après trois jours de coma du jeune Il'Nael Hràvan lors du concours d'innovation est la conséquence d'une perte de contrôle arcanique survenue pendant la démonstration du prototype de véhicule volant auto-stabilisé.

- Même si les blessures, bien que graves, n'étaient pas mortelles, les prêtres du temple de Fryelund se sont montrés incapables de prodiguer des soins à Il'Nael Hràvan. Son corps était réfractaire à toute forme de magie, aussi bien la magie pure que la magie de l'eau.

- La perte de contrôle arcanique était due à l'ingestion de « confiseries stimulatrices » dites « pâtes de mana » vendues à la GCCO. Ceci a été étayé par d'autres incidents de même nature, une rupture totale de lien arcanique avec impossibilité de retrouver l'accès à son mana, auprès d'autres étudiants. Les effets sont temporaires.


Enquête auprès du comptoir de la GCCO :

La suite de notre enquête nous a naturellement menés auprès de la GCCO, fournisseur de ce produit. Sur place le coordinateur était plutôt nerveux et soucieux d'éviter tout scandale. Et ce dernier nous a orienté vers un entrepôt de fabrication à Blancastel et a offert les services de deux mercenaires taliennes pour nous y accompagner, une sorcière du nom de Hélea Mortanil et une éclaireuse du nom de Mia Delarue.


Enquête dans l'entrepôt de Blancastel :

Notre visite nocturne de plusieurs ateliers de fabrication de cet entrepôt nous a mis nez à nez avec d'étranges créatures animées en sucre et de quelques gardes. Après avoir capturé et interrogé un de ses gardes, ce dernier nous a appris que ces créatures destinées à la surveillance des lieux étaient l'œuvre d'un alchimiste du nom de Ragold. Ce dernier n'officie plus dans cet entrepôt dont il était l'ancien responsable depuis l'arrivée d'un « nouveau directeur ».

La suite de la visite se passe dans l'atelier où travaille ce « nouveau directeur ». Nous avons trouvé au rez-de-chaussée un laboratoire alchimique et un bureau. Des escaliers mènent vers une cave dans laquelle nous avons découverts deux cages. Dans la première se trouvaient deux succubes et le cadavre d'une troisième et dans la seconde un Holdar.

Nous avons été surpris sur place par le retour du « nouveau directeur », un alchimiste du nom de Lofcal. Nous avons pu parler avec lui avant que la situation ne dégénère. Voici la teneur de ses propos dont il ne nous est pas possible de démêler le vrai du faux mais que nous restituons tel quel :

D'après Lofcal, les Holdars ont mis au point une nouvelle arme, dérivée de la magie démoniaque des succubes de la corne qui permettrait un contrôle mental, relatif, mais efficace sur un champ de bataille.

Les « confiseries stimulantes » seraient un début d'antidote, qui a le mérite de rendre quasiment imperméable à la magie démoniaque. Le souci est que les premières assimilations du produit provoquent une légère insensibilisation passagère à l'arcane. Ce qui a provoqué l'accident ayant entrainé la mort de Il'Nael Hràvan.

La GCCO est donc pour lui une couverture permettant d'administrer le « traitement » permettant « d'immuniser » l'ensemble des elfes et taliens sans éveiller les soupçons des autorités.

Toujours d'après Lofcal, les Holdars auraient déjà sans doute envouté un bon nombre de postes clés au sein des autorités elfes et taliennes, c'est ainsi qu'il justifie son mode d'action

Lofcal a été éliminé. Les deux mercenaires taliennes avaient un contrat sur sa tête émanant d'un commanditaire dont l'identité nous est inconnue.


Fouille du laboratoire de Lofcal

L'étude des notes sur le bureau de Lofcal quelque peu obscures pour nous, montre qu'un des composants principaux des « confiseries stimulantes » est le sang de succubes, lorsqu'elles sont dans de certaines dispositions arcaniques, et que l'Holdar prisonnier a quelque chose à voir dans cet état.

La fouille du bureau de Lofcal montre que celui-ci s'intéressait aussi à des sujets plus géopolitiques, il a été retrouvé une compilation d'articles sur l'Ordre de la gloire suprême ainsi qu'un livre sur les frontaliers ouvert sur un chapitre concernant les interactions des frontaliers avec les Holdars.

Il n'a pas été retrouvé d'éléments qui puissent rattacher l'alchimiste à un ordre ou à des personnes bien que celui-ci ait évoqué « le soutien de quelques amis », ce qui pourrait suggérer qu'il soit en lien avec une organisation.



Joint au rapport :
- un échantillon des fameuses « confiseries stimulantes » dites « pâtes de mana » en provenance d'un camarade de Il'Nael Hràvan blessé dans le même accident.
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Les résultats de l'enquête avait fait grand bruit dans les hautes sphères politiques. La confrérie et les politiques avaient cependant trouvé un accord de discrétion. Pour les premiers, l'intérêt était évident, les seconds n'avaient aucun intérêt à voir le bas peuple réaliser la complexité du jeu politique et le risque qui pesait sur eux.

L'inquisition s'était cependant découvert une nouvelle mission... enquêter sur les dires de l'alchimiste. Sa mort avait laissé plus de questions que de réponses. Sa position dans le jeu politique était devenue encore plus ambivalente, mettant en évidence le risque toujours plus menaçant d'une défaite face aux envahisseurs, mais toujours plus en opposition avec une partie de la société elfique.

Du côté de l'Académie, Les chercheurs étaient particulièrement frustrés de voir des années de recherche, certes douteuses du point de vue éthique, mais le savoir était... à ce prix, perdues. Connaître la nouvelle arme holdar était cependant un avantage militaire notable. Les conditions de l'expérience découverte à l'atelier avaient déjà permises de premières pistes d'attaque du problème.

La Maison Hràvan avait elle été encore plus difficile à satisfaire, ils exigeaient vengeance pour la mort de leur jeune espoir. Et bien que la mort de l'alchimiste ai été un grand soulagement pour eux, il restaient encore bien trop de questions pour qu'ils acceptent d'enterrer l'affaire. Leur silence avait toutefois été obtenu contre de nouveaux inspecteurs indépendants dans les affaires de l'inquisition qui avait du accepter de mauvaise fortune cette nouvelle ingérence.

Bien entendu, beaucoup restaient encore dans l'ombre, une lutte de factions invisibles était en cours et bien que certains aient marqué des points, d'autres en avaient perdus. Il fut difficile de savoir comment l'information se diffusa, mais le journal Grande Asteras publia un article qui présenta une partie de l'affaire quelques jours plus tard sous le titre : L'Inquisition envoie un agent assassiner un chercheur anti-holdars, corruption ou bavure ?. L'article en lui-même ne contenait que peu d'informations, la nature même de la recherche avait manifestement été protégée par les procédures de protection du secret, mais l'inquisition se voyait une fois de plus mise en défaut, incapable qui plus est de présenter une version plus juste de l'affaire sans en dévoiler plus, par soucis du secret ? ou autre chose, d'ailleurs ?

Quelques jours plus tard, les deux elfes reçurent un message, d'un gosse qui n'avait pas 10 ans : une heure, une taverne.
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#94
La semaine avait été des plus étranges. Qu'elle se conclu par une invitation d'un gamin haut comme trois pommes à un rendez-vous dans une taverne louche n'était donc pas un choc insurmontable pour le duo.

Pourtant, tout semblait avoir débuté aussi bien que possible compte tenu de la situation. La famille Hràvan avait accepté avec beaucoup de courage les révélations apportées par Ossë. Le sentiment de colère qui en avait résulté, n'était que la conséquence naturelle du processus de deuil, dont Neryë n'était que trop coutumier. Après une forme de déni, la rage prenait le dessus, il fallait un exutoire à leur chagrin. D'une certaine façon, l'enquêteur trouva ici une forme de satisfaction à accompagner une famille dans cette épreuve. A une certaine époque, il aurait certainement apprécié un soutien de ce genre.

Le reste de la semaine s'était avéré, lui, bien moins satisfaisant. Les informations délivrées étaient remontées immédiatement en haut lieu, on leur intima l'ordre de ne pas s'exprimer sur l'affaire, et on leur demanda de ne pas sortir d'Astéras pendant un temps indéterminé. Cela faisait plusieurs jours qu'ils étaient surveillés par des agents plus ou moins discrets du gouvernement, et ce petit jeu les lassait au plus haut point.

Lorsque l'affaire sortit dans la presse, la surveillance sembla monter d'un cran. Il était impossible pour les deux elfes d'échapper à la vigilance de leurs guetteurs. Lorsque ce jeune garçon les aborda, c'est donc avec circonspection qu'ils accueillirent son invitation.

Pour qui, pourquoi utiliser un tel subterfuge ? Le seul moyen d'obtenir la réponse était de se rendre sur les lieux du rendez-vous à l'heure donnée.

- T'as soif ?, fit Neryë d'un ton bourru au jeune inquisiteur.
- Je me laisserai bien tenter par un verre ou deux, répondit Ossë avec un sourire en coin.
- Tu paies?, répondit le maître-lames sur le même ton.
- Dis-moi pas que t'as déjà tout dépensé??, s'enflamma l'inquisiteur. T'es vraiment une poche percée ! On est vraiment juste en plus en ce moment, tant qu'on aura pas touché la prime de la GCCO et celle de la famille Hràvan ça va être coton !

Se chamaillant gaiement les deux compères prirent les venelles les plus étriquées d'Astéras en se dirigeant de manière aussi anodine que possible vers le lieu de leur mystérieux rendez-vous.
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#95
Le lieu était très animé, pleine de vie et d'animation. Elle devait régulièrement être impliquée dans des désordres certains, car les patrouilles de gardes y étaient régulières, et les videurs peu commodes. En l'espace d'une demi-heure, pas moins de de trois groupes avaient été éjectés manu-militari.

Pourtant, l'ambiance était bouillante, c'était le dernier jour de la semaine, le peuple profitait de la paye hebdomadaire pour prendre un peu de bon temps, et les aubergistes savaient profiter de la situation.

Les deux elfes avaient pris chacun une boisson, en faisant attention à rester relativement sobres et près, quelque soit ce qui devait leur arriver.

Pourtant, c'est le plus naturellement du monde que les deux mercenaires taliennes vinrent s'asseoir à leur table, posant avec fracas deux pintes sur le bois usé et huilé par les consommations des habitués.

Elles semblaient joyeuses, soulagées et plutôt enthousiastes.

Salut les gars, alors, comme ça s'est passé de votre côté ? Vous en êtes où ?

Une telle subtilité dans l'approche était... déconcertante, mais les taliennes les avaient habitués à plus de surprises. Ils entreprirent donc de leur raconter le rapport qu'ils avaient fait à l'inquisition, maîtrisant cependant avec subtilité l'art de parler sans dévoiler toute la vérité : l'inquiétude profonde des autorités qui transparaissait derrière les compliments chaleureux, l'invitation impérieuse, voir clairement autoritaire, au silence face au public qui se cachait derrière les remerciements pour l'action héroïque menée ou encore la volonté nette d'enterrer l'affaire, ou du moins de la traiter en interne travestie derrière des promesses d'actions retentissantes.
Cela n'était même plus un mensonge, simplement un langage différent, plus subtil, à plusieurs niveaux, réservés à ceux qui... savaient. Les mercenaires n'étaient pas de ceux là.

Elles eurent cependant le droit à un récit détaillé de la fureur du responsable local de la GCCO quand il apprit que toute l'histoire était dévoilée aux autorités. Histoire dont il n'était d'ailleurs au final que peu responsable, tout au plus victime lui aussi selon sa vision des choses, pas question de parler de prime de ce côté, malheureusement, ils n'avaient du qu'à l'intimidation de leur interlocuteur de ne pas être jetés dehors par sa garde personnelle.

S'amusant avec Neryë et Ossë, elles ne perdaient cependant pas le nord et c'est une fiche détaillée des comptes qui apparu bientôt sur la table, indiquant un total de plus de 2000 pièces d'or de butin, auquel une courte liste de frais venait s'ajouter. Le moment des comptes était venu.

Il semblerait bien qu'il faille se partager le tout. On a récupéré votre part de la prime, on aimerait bien récupérer la notre du butin. Ca semble logique, non ?
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#96
- Vous l'aurez votre part du butin, nous savons très bien que nous n'aurions pas abouti sans vous, tout comme vous savez que l'inverse est vrai.

En prononçant cette phrase Neryë se dit en lui-même qu'il ressentait sans doute les premiers effets de l'alcool, mais là où l'expérience et le bon sens lui aurait intimé de se taire, sa colère contenu entretint sa diarrhée verbale.

- Vous croyez quoi en nous envoyant un môme vous rencontrer ici? Vous vous prenez pour qui? Pour des espionnes? Des héroïnes façon chevalier des Ons? Votre façon de faire n'a pas le sceau de l'entreprise hasardeuse de deux aventurières en mal d'argent, ou de jeunes filles de bonne famille en quête de sensation forte. Vous nous cachez quelque chose. Pour qui vous travaillez?

Puis il lança un regard à l'inquisiteur qui sortit un plein sac de pièces, sans s'inquiéter des regards cupides du voisinage. Le borgne poursuivit :

- Voilà votre part, vous inquiétez pas Ossë sait bien compter. Des affaires sales, j'en ai connu. J'ai mon lot de souvenir à oublier. Tuer un gus pour de l'argent, c'est pas nouveau en ce bas-monde, mais moi j'avais pas signé pour ça. La GCCO a pas joué franc-jeu avec nous et ça je n'apprécie pas.
Avec mon collègue on est arrivé à une conclusion simple. Si on ne veut plus se faire gruger, il faut que les gens sachent qui l'on est. Cette affaire nous a fait prendre une notoriété inattendue, et je compte bien l'utiliser à bon escient.
On en est encore aux balbutiements, mais avec quelques personnes de confiance, on va monter un entreprise légale qui nous permettra de vendre nos services de manière officielle. Même si je ne vous fait qu'à moitié confiance, je vous aime bien et je sais reconnaître les gens compétents.
Alors je vous laisse deux choix : soit vous prenez maintenant votre part du butin, vous nous laissez la notre et l'on ne se revoit plus jamais. Soit vous acceptez de retrouver une activité hors de l'ombre, comme consultantes pour notre boutique et l'on met tout ce qui nous reste en commun pour louer des locaux et s'acheter du matériel pour nos futures aventures. Vous n'aurez plus à vous inquiéter pour l'argent, ou d'avoir un toit, ni besoin de courir les affaires louches.
Vous en pensez quoi?


Terminant son monologue d'un souffle, Neryë éclusa le fond de sa pinte et fit signe au tenancier de faire porter à la table une autre tournée. Le choix que ferait les deux taliennes en dirait long sur qui elles étaient et permettrait surtout de ne pas s'éterniser dans ce bouge infâme à la bière sans goût.
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#97
Les deux mercenaires taliennes se regardèrent puis apres un long moment de silence, Mia prit la parole:
On garde l'offre en tête jusqu'à ce que votre projet se concrétise, mais pour le moment un sac de pièce d'or nous semble une meilleure assurance pour notre avenir.

Car vous n'avez pas de guilde et travaillez dans l'ombre permet d'accéder à certaines missions qui ne peuvent pas être donné publiquement.
Nous avons aimé notre collaboration, en attendant de voir ce que donnera votre guilde, nous acceptons le rôle de consultante intérimaire.
Notre aide peut toujours vous aider dans certaines situations et nous pouvons aussi aider pour certaines paperasses.


Mia fit un signe aux serveurs afin qu'il leur apporte de l'alcool et non de la piquette .
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#98
La réponse des deux taliennes avait le mérite de laisser entrevoir une éventuelle collaboration future. Même si elles faisaient toujours silence sur les aspects qui intéressait vraiment les deux elfes, chacun prit partie d'enterrer la hache du guerre, au moins le temps d'une soirée conviviale venant clôturer une aventure qui avait été éprouvante à plusieurs points de vue.

Le serveur vint apporter une bouteille d'eau de vie talienne, et les acolytes d'un soir trinquèrent au succès de leurs affaires.

Au moins pour cette soirée, il était temps d'oublier les tracas du quotidien et de profiter d'un moment en agréable compagnie, peut-être que des occasions pareilles ne se présenteraient plus de ci-tôt.
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#99
Entre deux tournées d'eau de vie, le tavernier donna une lettre à Nerye et Ossë. La lettre était cachetée et semblait importante mais elle pouvait attendre le lendemain pour etre ouverte.
Place à la fête pour ce soir.
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Le brouillard se lève.

Pas au-dessus d'Astéras où le soleil est déjà bien haut, mais dans l'esprit de l'elfe bien trop aguerrit aux joutes alcoolisées.

Les détails se confondent chez le guerrier, mais en soulevant la tête de son oreiller reste le souvenir d'une agréable soirée et les relents d'une gueule de bois qui fait écho à ses excès de la veille.

Comme à sa vieille habitude (qu'elles sont dures à chasser!), Neryë fit le tour de ses poches afin de dessiner un contour plus net de sa nuit d'ivresse. Il retourna sa veste d'où, sans surprise, aucune pièce ne chut, mais de laquelle une lettre au papier épais s'échappa avec élégance.

L'enveloppe était cachetée, et point besoin d'être sigillographe pour reconnaître celui de l'une des plus grandes familles d'Astéras, la famille Hràvan. Le borgne ouvrit le pli.

[Image: 934823lettre.jpg]













- Une soirée en mon honneur, en voilà une bonne !, fit spontanément le maître-lames.

Le soupir qui suivit ne fut qu'une occasion de s'imprégner pleinement des effluves éthérés de la pièce. S'il voulait faire bonne figure d'ici à demain soir, il faudrait s'y mettre tout de suite. Mais attendez... Quelle est cette autre odeur qui vient se mêler au nauséabond de la chambre de l'ex-ivrogne. N'est-ce pas la fragrance d'un parfum délicat ?

Plongeant par réflexe sa main dans le dernier pli de sa veste, l'ancien senti la douceur soyeuse d'un tissu qui n'était pas sa propriété. Effectivement cette soirée n'avait pas du être si mauvaise...
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Le courrier avaient une très déplaisante tendance à s'accumuler sur le bureau d'Ossë ces derniers jours, voire même à prendre la poussière ! Et ce n'est pas des soirées arrosées comme celle de la veille qui allaient réveiller les velléités épistolaires de l'inquisiteur. Mais bon, il allait bien falloir s'y atteler !

Ossë rejoint donc en soupirant son espace de travail contemplant d'un œil torve la pile de lettres qui l'attend. Après quelques minutes à tenter en grimaçant de faire passer les battements sourds qui lui martèlent l'arrière du crâne, il décide d'une résolution absolument vitale : à l'avenir, éviter d'accepter un concours de boisson avec une sorcière talienne...

Les premiers courriers sont plutôt inquiétants. L'Ordre a des nouvelles plutôt alarmantes concernant le Nord et Ossë entreprend de contacter les principaux inquisiteurs de terrain d'Asteras à ce propos. La situation nécessite action et rien de dit que quelque chose de bon sortira de tout ceci...

La dernière lettre de la pile est toutefois bien plus réjouissante :

[Image: 2017-03-06_2040.png]

Après l'avoir parcourue, Ossë sourit. Peu de chance de tomber sur deux pochtronnes taliennes chez les Hràvan ! Cette soirée-là devrait être plus paisible ! Hum... quoique que à la réflexion, avec Neryë, on ne peut être sûr de rien...
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Les préparations allaient bon train chez les Hràvan, la petite soirée en l'honneur des investigateurs ne pouvait être bâclée, chez les Hràvan on fait les choses bien. Plus que bien. Même dans les branches les moins brillantes le passable n'était accepté. Il y avait que deux invités, le duo efficace qui avait apporté les réponses. C'était l'heure d'oublier les vaines tentative ou le peu d'enthousiasme qu'avait suscité l'affaire.

Par contre l'honneur des Hràvan n'était pas oublié et s'ils n'étaient pas -pour une fois- l'unique centre de l'événement ils se gardaient bien de faire preuve de modestie. Après tout, il ne fallait pas abandonner si vite ce brave Il'Nael et négligé son dévouement à la famille.
Les deux préposés à l'accueil avaient néanmoins été briefés sur l'apparence des protagonistes pour pouvoir les reconnaitre avant de demander leurs noms. Les borgnes n'étant pas si courant dans le quartier, ils étaient confiants. Ils aiguisaient leur arsenal de flatteries en attendant les intéressés. Sosomon Hràvan, le patriarche, n'avait pas prit cette peine et avait commencé les petits fours qui foisonnaient dans la salle de réception.
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Après un briefing détaillé d'Ossë sur les us et coutumes de la Haute-Inquisition, le guerrier acheva sa préparation en revêtant la tenue qui lui semblait la plus appropriée. Loin des atours de la noblesse, ses vêtements étaient simples, propres et dignes, et témoignaient de la modestie qu'il souhaitait à tout prix afficher. Par coquetterie néanmoins, il plia, puis glissa dans la poche haute de sa veste le foulard de soie rouge retrouvé la veille, ajoutant ainsi une touche de cérémonieux à sa tenue.

Les effets collatéraux de leur changement de statut se manifestèrent avant même le passage des grilles du manoir Hràvan. Fini le temps où on les regardait de haut et les faisait passer par la porte réservée aux domestiques, pour finalement les recevoir dans l'arrière cuisine. Aujourd'hui, un homme en livrée aux couleurs chatoyantes vint les recevoir avec excès de manière et de déférence.

La nuit était tombée tôt, mais la demeure ne leur parut que magnifiée par le jeu de lumière et d'ombre proposé par l'éclairage minutieusement agencé des lieux. Les escaliers jumeaux qui faisaient face à l'entrée étaient recouverts d'un tapis rouge maintenu par des tringles de marche dorées. A peine avaient-ils franchi le perron que la lourde porte d'entrée s'ouvrit, laissant s'échapper la douce chaleur d'un foyer accueillant.

Confiant leurs pourpoints à deux serviteurs postés ici à leur intention, les deux amis échangèrent un sourire convenu, se remémorant les déboires qu'ils avaient connu pour aboutir à cette conclusion en apothéose.

Tachant de se souvenir des conseils d'étiquette que son savant compagnon lui avait prodigué, Neryë rajusta sa veste, déplissa ses manches et étoffa un peu le foulard gardé contre sa poitrine. Ce regard simple sur lui-même, lui rappela à quel point il était aujourd'hui déconnecté de ce monde, qui n'était plus le sien, et dépareillait avec le faste proposé par la famille Hràvan.

Le temps de l'introspection fut cependant bref, car l'instant d'après les propriétaires des lieux firent leur apparition.
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Solomon Hràvan s'était consciencieusement essuyé la bouche une fois mit au courant de l'arrivée de ses invités. Ensuite il s'était dirigé à leur rencontre. Il n'était pas arrivé seul, son habituel entourage ne le quitta pas en de tel occasion. Ouvrant les bras, il accueillit chaleureusement le duo.

Bienvenue ! Nous sommes ravis de vous recevoir.
Comment allez-vous ?

On a prévu à boire, à manger, de la musique, faites vous plaisir. Ho, un petit mot de remerciement et puis une arme de mon arsenal personnel, les gestes c'est important.


Après une succession de mondanité, le patriarche leur glissa quelques mots avant de prendre congé pour le "petit mot de remerciement" qui était devenu un "discours".

N'hésitez pas non plus à passer à notre armurerie, on du bon matériel et nos forgerons -tout aussi bon sinon plus- se feront un plaisir de peaufiner une de vos armures. On a aussi quelques facilité dans le marché foncier en ce moment, ce sera un plaisir de vous en faire profiter.

La Haute-Inquisitrice Enwina Hràvan arriva juste avant le début du discours. Elle ne passa pas inaperçue et bien qu'affable dans ses retours de salutations qu'elle recevait à la pelle, elle paraissait sobre par rapport au reste de la famille. Neryë Et Ossë furent cité plusieurs fois dans le long monologue précieux de Solomon et un tonnerre d'applaudissement accueilli la fin du discours. Il n'y avait pas que des claquement de mains, elles n'étaient pas aussi précieuses que les paroles des hôtes mais fallait en prendre soin, de nombreux mages (une majorité des présents) se contentèrent de quelques éclairs magiques spécialement conçus pour faire du bruit. Le bruit et la lumière résultant étaient un bon réveil pour les rares assoupis, il fallait avouer que c'était impressionnant.

Un silence relatif revint rapidement et on apporta un grand cimeterre à la lame bleu clair, en verre ou cristal. Solomon la passa à un de ses fils qui la remit pompeusement aux héros de la soirée. Et un défilé se forma pour que chacun puisse leur donner adresser un mot. Suite à une remarque d'Enwina, un Hràvan se permit de tester la résistance de lame quand ce fut son tour de les féliciter, en affirmant qu'elle n'était pas conçue pour l'apparat. Remarque plutôt pertinente vu que ça avait été son unique rôle depuis son arrivé à Asteras, elle était passé de mode depuis plusieurs années, mais ça personne l'évoqua.
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Le bruit, les gens, les applaudissements, les éclairs, tant d'attentions en si peu de temps... pour quelqu'un qui avait vécu dans l'anonymat le plus total pendant quelques décennies c'était beaucoup, peut-être même trop.

Le borgne avait besoin de prendre l'air, et Ossë qui avait perçu son malaise, lui permis de s'éclipser discrètement en accaparant une partie de l'attention de l'auditoire autour des détails de la magnifique lame que leur avait offert la famille Hràvan.

Sortant de la pièce animée où se tenait la réception, Neryë se retrouva dans un couloir ou seuls quelques serviteurs s'affairaient au transports des mets et alcools fins offerts avec prodigalité par leurs hôtes. Alors qu'il progressait en quête d'oxygène dans le luxueux couloir principal du manoir, il fut surpris par un des domestiques.

- Monsieur, puis-je vous aider?, fit un elfe à la posture toute aristocratique, qui aurait très bien pu passer pour l'un des convives, si l'on oubliait de considérer le plateau d'argent vide qu'il portait sous son bras.

- Elle sont où les ch..., se ravisant soudainement suite aux précieux conseil de son jeune précepteur d'ami il poursuivit, euh, pourrai-je savoir où sont les commodités?

Le laquais lui répondit d'un ton détaché :

- Prenez le premier couloir à gauche et vous les trouverez au fond sur votre droite. Puis il retourna à ses tâches serviles.

Opinant du chez l'elfe, prit la direction indiquée, ne voulant pas davantage attirer l'attention sur sa personne. S'engouffrant dans le corridor, il s'arrêta devant la première porte qu'il trouva et à l'abri des regards, sorti de son pourpoint une fiole au contenu douteux. Lorsque deux des invités approchèrent, avant qu'ils ne le vissent, il s'appuya d'un geste maladroit sur la porte qui lui faisait dos. Celle-ci s'ouvrit, Neryë découvrit alors un magnifique bureau et y vit l'occasion de s'offrir un moment de tranquillité. Refermant délicatement la porte derrière lui, il prit le temps de contempler la pièce où les étagères pleines de livres côtoyaient les portraits des membres les plus prestigieux de la famille Hràvan, ainsi que de magnifiques armes elfes de toutes époques, témoignant d'une connaissance pointue du domaine par leur collectionneur.

Son regard fut attiré cependant par un ouvrage, laissé ouvert sur une petite table ronde. L'épais manuscrit était un compendium historique manifestement ancien. La page de gauche contait les hauts-faits des elfes d'autrefois, avec force détails narratifs. Celle de droite présentait une gravure qui montrait des guerriers Haut-elfe affrontant des guerriers nains. Le borgne y arrêta un peu plus attentivement son regard, reconnaissant les lieux, l'époque mais aussi les personnages qui y figuraient.

- Vous êtes revenu.

La voix qui venait de résonner, était calme, posée et pourtant ferme et puissante, c'était celle de Solomon Hràvan.

- Pardonnez-moi monsieur, s'excusa le maître-lames, je me suis trompé de porte.

Le noble referma cette dernière derrière lui et poursuivit, comme s'il n'avait pas entendu la réponse de son interlocuteur.

- Je n'en étais pas sûr, mais vous savez j'ai une excellente mémoire et je n'oublie jamais un visage.

- Vous devez néanmoins confondre, je m'excuse d'avoir abusé de votre hospitalité.

- Oh non je ne confonds pas... asseyez-vous je vous prie.

Le propriétaire des lieux parlait en homme qui connait l'exercice de l'autorité, et le ton employé avait ici valeur d'ordre. Neryë prit place dans un des confortables fauteuils de la pièce.

S'approchant de la table où était posée le livre, il poursuivit :

- Cet ouvrage est dans ma famille depuis de nombreuses générations, peu de personnes aujourd'hui peuvent se targuer de l'avoir en leur possession. Il raconte l'Histoire de notre peuple, ses événements fondateurs, ses batailles épiques et ses héros légendaires. Lorsque j'étais enfant, mon aïeul, un rat de bibliothèque qui voulait faire de son fils un général, me lisait souvent ce genre de récits. J'étais fasciné par les gravures de ces ouvrages, j'y passais d'ailleurs la plupart de mes loisirs.
Lorsque j'ai entendu parler d'un enquêteur elfe maniant un fléau, j'ai demandé à en savoir plus sur vous. Suivant la description physique, exceptant votre visage voilé, je n'ai pu m'empêcher de faire un lien avec ce texte précis. Et voir enfin votre visage n'a fait que conforter mon intuition. Vous êtes l'un d'eux.


Il prit le livre de la table, le tendit à l'elfe assis et lui indiqua un personnage en bas à droite de l'image.

- Vous ressemblez d'ailleurs assez à celui-ci, ajouta-t-il prenant un air espiègle de jeune homme.

Le guerrier prit quelques instants pour regarder les détails de l'image et lire la légende : Les guerriers de l'Ordre du Lion repoussent au corps à corps les robustes nains des montagnes.

Refermant l'ouvrage, il se leva, posa le lourd codex sur la table et s'éloigna vers la porte.

- Si je l'ai découvert, d'autres le feront Monsieur Eruhen, interpela Solomon Hràvan avant que son invité ne passe la porte. Je fais partie de ceux qui se réjouissent de cette nouvelle, mais sachez-le, nous ne sommes pas nombreux dans ce cas. Prenez garde à vous mon ami. Je vous dois une dette, non seulement pour ce que vous avez fait pour ma famille, mais au nom de notre peuple. Passez demain à mon armurerie, j'aurai deux ou trois choses à vous y montrer.

Neryë adressa un regard de remerciement au vieux sage et sortit de la pièce sans un bruit, enclin à finir la soirée un verre à la main malgré les précieux conseils d'étiquette de son associé.
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Le lendemain était arrivé plus tôt que prévu et contrairement à l'avant veille, l'esprit de Neryë était aussi clair que possible.

Le bref échange qu'il avait tenu avec le patriarche de la famille Hràvan avait jeté le trouble dans l'esprit de l'elfe. Revenir à Astéras après tant d'années, était-ce une si bonne idée? Il l'avait fait dans le but de protéger, d'aider, de tirer au clair une succession d'évènements bien sombres, et il pensait qu'après ces décennies d'abandon, il pourrait reprendre un semblant de vie normale. Il s'était trompé. Et aujourd'hui, l'idée que sa seule présence soit un potentiel danger pour ses compagnons remettait en cause sa quête personnelle.

Le soleil se levait sur la capitale elfique révélant aux yeux du passant la beauté tragique des flèches de la ville, symbole de l'orgueil de son peuple. L'audace de ces constructions n'avait d'égal que le sentiment de puissance de ceux qui les avait bâties, mais n'avait pas la valeur du sang qu'il avait fallu verser pour les sauver.

Mélancolique, le maître-lame rejoignit son matinal ami, qui était affairé aux derniers préparatifs de leur prochaine mission, destination : le nord.

- Venntaï mon ami, nous avons tout ce qui nous faut?

- Venntaï Neryë, oui nous sommes presque parés. Un voile d'ombre plane cependant sur cette nouvelle enquête et l'avenir comporte une grande part d'incertitude.

- Tu te rappelles que les Hràvan nous ont promis un coup de main? Si tu veux, on peut se rendre dès maintenant à leur armurerie, peut-être sauront-ils mieux que nous ce dont nous avons réellement besoin.

L'inquisiteur acquiesça du chef, finit de serrer son paquetage, enfila son armure et suivit son ami hors de la bâtisse.

Ils arrivèrent à nouveau aux portes de la demeure de leurs hôtes de la veille. L'agitation avait laissé place à un calme étonnant, qui semblait davantage correspondre à la grâce des lieux. Le garde posté à l'entrée, les amena directement à l'armurerie familiale.

L'entrée discrète ne laissait présumer des richesses qu'abritaient l'endroit. Des armures somptueuses, des râteliers garnis de lames plus acérées les unes que les autres, ainsi que d'armes plus exotiques. Solomon Hràvan était à coup sûr un connaisseur dans le domaine.

Voici d'ailleurs l'aristocrate respecté qui fit son apparition marteau de forge à la main, et accompagné d'un gaillard aux bras aussi épais que ceux du maître-lames.

- Bienvenue à vous dans mon modeste atelier, fit-il d'un air détaché. J'espère que les agapes d'hier ne vous ont pas trop effrayées, ajouta-t-il malicieusement, sans prendre le soin de présenter celui qui était manifestement un forgeron expérimenté.

- Merci de votre invitation Maître Hràvan, répondit le borgne. Mon ami et moi-même ne voulons pas abuser de votre générosité, la récompense que vous nous avez donné hier a déjà dépassé de loin nos espérances. Mais vous ne devez pas être sans savoir que nous quittons Astéras ce jour pour enquêter dans le nord sur invitation de l'Inquisition. Nous ne savons pas exactement le type de périls que nous allons affronter, mais les premiers indices en notre possession font mention d'activités démoniaques.

Laissant cette assertion faire son effet, il reprit.

- Nous avons apporté avec nous tout l'équipement en notre possession : armures, épaulières, boucliers, lames de noble et lames d'Astéras, ainsi que mon fléau. Nous vous faisons confiance pour jeter un coup d'oeil à ces objets et apporter les améliorations nécessaires à l'accomplissement de notre prochaine mission.


Le patriarche fit un signe à son compagnon qui emporta avec lui certains des effets des deux enquêteurs, Ossë le suivit jusqu'à son poste de travail. Pendant ce temps, Neryë s'approcha du propriétaire des lieux et s'adressant à lui en aparté lui dit :

- J'ai beaucoup réfléchis à ce que vous m'avez dis hier. Si vous savez réellement qui je suis et êtes réellement un allié, montrez-moi aujourd'hui que vous pouvez m'apporter ce dont j'ai réellement besoin.

Sur ces paroles bien énigmatiques, il emboîta le pas du forgeron et de l'inquisiteur, et s'approcha des établis de travail en relevant ses manches.
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