Un bout de bobine
#1
Certain font la tournée des bars, ayant très soif ou ont les jambes lourdes. Mhara ne se retrouve ni dans l'un ni dans l'autre. Et si la soif venait la titiller elle est parée avec une collection de tisane digne d'une grand-mère vétéran. Elle fait donc la des tournées plus étendue, où elle dégourdir ses gambettes dont elle est si fière. Les nuits dehors ne l'enchante guère, pas plus que les embouteillages. Si j'ai autant de lignes d'affilées c'est que la tendre est au prise d'un beau soldat qui a prit la mouche alors qu'elle conseillait sans retenu l'organisation au porte de Kandrian. Elle s'est étonnée des reproches qu'on lui a fait, surtout qu'il semblait plus correspondre à émetteur qu'à elle. En tant que citoyenne disciplinée elle a essayé de calmer la colère du guerrier qui semblait avoir un attelage aussi nombreux que nerveux. Un joli visage ne résolvant que peu de problème, ni l'honnête ni la sûreté ne faisant exception, il est naturellement venu le temps d'un 'dédommagement' ou dans le langage courant un pot-de-vin. Mhara n'ayant aucune envie de payer pour un malentendu ni d'encourager l'évolution en soudard du courageux -et soupe au lait- soldat, elle tente -débordant de confiance (mince ! je commence à lui piquer ses tiques [cela ne va pas du tout]) injustifiée- de lui servir un plat de mot. Pas sa méthode la plus efficace pour saouler une personne saine. Une fois de plus : voici l'histoire du dragon rouge très rouge.

Mais non, c'est pas l'histoire de dragon rouge très rouge, c'est l'histoire des jumelles de Nim Duîn.
C'était deux apothicaires elfes, elles font toutes sortes de potions et ont un magnifique rayons de thé. Très populaire à Astéras, moins à Yris, mais ils sont un peu à la masse sur les tendances. Quand une remplit un alambic l'autre vide la cornue. Si l'une est de corvée de rangement, l'autre réorganise les rayon. Si l'une éclate de rire l'autre fond en larme, de vrais bras, comme sur un mannequin d'entrainement : l'un avance quand l'autre recule, toujours synchronisés. Jamais loin l'une de l'autre. Comme le banquier, devant il vous trouves les meilleurs avantages dedans c'est lui qui en profite. Inséparables et désaccordées, on les différencie en les appelant Pile et Face, c'est pas très efficace. Elles tirent à l'arc avec quatre mains, elles montent en amazone dos à dos, l'une dicte les mémoire de l'autre.
J'irais bientôt à Nim Duîn d'ailleurs, je pars bientôt, faut pas que je traîne, mais je ne voudrais gâcher une histoire pour cela.
Je ne vais pas trop vite ?
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#2
Bien des mois plus tard...


Alors que la matinée était bien avancée, je paressais mollement sous un arbre, faisant néanmoins mine d'être absorbée par les textes abscons qui ornaient les pages de mon grimoire de magie. Dione s'entrainait à quelques passes d'arme que je jugeais plus esthétiques qu'efficaces, tandis que Yan, éclaireur du groupe, s'était éloigné pour monter la garde.

J'entendis alors quelques bruissements de fougères et de brindilles craquantes. La faune des bois étant rarement amicale, je me redressai pour observer, à l'affut du moindre mouvement. Pourtant, la silhouette que je devinais, se déplaçant avec célérité entre les arbres, n'avait rien de celle d'un quelconque canidé.

Lorsque l'ombre fut suffisamment proche de notre campement, je la reconnus. Je ne pus cacher un sourire amusé et m'empêcher de héler l'elfe aux pieds légers.

"Dame Mhara, ne vous pressez pas tant dans ces dangereux fourrées. Venez donc partager la suite de votre histoire. Mon frère se languit d'en atteindre le dénouement !"

Mon ton, mi-mielleux, mi-railleur, l'était tout autant pour Mhara que pour Dione.
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#3
Surprise de se faire apostrophé lors de son footing, il est vrai que les bois sont mal famé depuis des siècles, mais généralement le profil des importun sont un peu plus rugueux. Cette fois là, le gueux est incertain. Bien, la politesse en étouffé certain, à d'autre elle a été fatal d'une autre manière, Mhara ne la fuit pas pour autant.

Plait-il ?

Ho ! Ne serait-ce pas la garde de Kandrian ! Vous êtes bien loin de votre cantonnement, une promotion peut-être ? ou une mission importante ? Votre zèle, votre sérieux et votre intégrité n'a pas du échapper à vos supérieurs.

Que puis-je pour vous généraux ? Le peuple haut-elfes doit avoir devoir de vous faciliter la tâche puisque vous êtes sur son sol.

Si vos grades ont augmenté votre tenue aussi, quelle allure !
Bien évidement c'était déjà le cas la dernière fois, quelques rayons vous vont à ravir.


L'impertinente avait lancé la dernière phrase en regardant le guerrier talien.
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#4
Une promotion.
Si seulement.
Après avoir pataugé plus d'un mois dans un marais fétide et affronté une tribu de saurotarques en colère, la Redresseuse de Tort d'Yris s'était contentée d'un vague remerciement affecté. Il s'agissait certainement d'une façon de signifier ouvertement qu'elle se déresponsabilisait, elle et les autorités Taliennes, du massacre de reptiles qu'il nous avait été suggéré, ou plutôt vivement conseillé. Cette sombre farce avait encore un goût amer. Comment envisager l'obtention d'un galon d'officier dans ces conditions ?

Cela étant, je n'avais aucune raison de contredire la demoiselle, aussi certaines que soient les railleries.

"A dire vrai, mes frères et moi sommes actuellement en mission pour le compte d'un particulier inquiet pour la sécurité de sa fille. Celle-ci aurait quitté le manoir familial pour rejoindre quelques nobliaux en quête de gloire et d'aventures. Il convient de la ramener avant qu'elle ne finisse par se blesser avec l'épée qu'elle a dérobé dans la foulée."

Je me gardais bien d'étayer mes pensées sur les caprices de cette jouvencelle prétentieuse. Encore une lubie d'une noble n'ayant jamais mis un pied en dehors de ses luxueux appartements. Au moins, la tâche serait aisée, quitte à cogner sur ses compagnons pour que la belle retourne à ses dentelles et bals mondains.

Je détaillai du regard l'elfe toujours à la hâte.
Elle ne m'avait guère inspirée aux premiers abords. L'insolente s'était empressée de nous réclamer de déguerpir alors que je peinai à cautériser les multiples plaies de chacun d'entre nous. Ce n'était pourtant pas le sang qu manquait pour lui inspirer la compassion sur notre situation. La rencontre avec l'un de ces guerriers orcs avait failli nous être fatale. Et celle avec Mhara s'était transformée par un coup de sang de la part de Dione, irrité d'être ainsi bousculé alors que chaque pas nous était douloureux, jusqu'à s'achever par un conte sur des jumelles apothicaires. Tout du moins, le début.

Mais lors d'une seconde brève rencontre, la fille de l'air qui parvenait à laisser sans voix mon frère Dione me déroba un léger rire. Peut-être n'exagérait-il pas lorsqu'il affirmait avec vanité qu'il laissait toujours aux femmes un souvenir impérissable ? La manière dont celle-ci le toisait semblait en tout cas l'approuver.
Habituellement, je n'interférai jamais au sujet de ses conquêtes féminines. Mais cette fois-ci...

"Je suppose que vous pouvez nous accompagner si vous en avez le désir. Dans un sens, il vous suffira de faire acte de présence pour que la récompense offerte en dédommagement soit également vôtre."
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#5
Une petite moue hésitante se peigna sur le visage de Mhara.

Vous n'aviez pas une sœur aussi ? Enfin, les humains ça ne se compte pas.

Votre générosité semble louche. Toutefois un petit tour dans ce coin qui m'est inconnu n'est pas pour me déplaire. Essayez quand même de me préserver de vos éclaboussures, quelque soit les origines.


Boue, bave, sang, sève y a de quoi faire effectivement, la sève c'est le pire quand même, une horreur dans les cheveux, pour cela qu'il faut éviter les armes tranchantes en forêts.

Vous parlez d'histoire si je me trompe pas, la quelle est-ce ? La rencontre entre mon grand-oncle Plha et Sot-Crade ? La nouvelle Arwen ? Ce doit être le dragon rouge très rouge.

Donc, c'est l'histoire d'un dragon rouge très rouge, un dragon vénérable rouge, mais très rouge ...


Mais non ! Ce n'est pas l'histoire du dragon rouge très rouge, c'est l'histoire des jumelles.

...rouge...
J'ai un doute soudain, c'était bien le dragon rouge très rouge ? Ou ma mémoire me joue un tour ? C'est une chipie, je ne sais pas chez vous, mais la mienne elle est très joueuse.
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#6
Mon visage se décomposa presque instantanément lorsque Mhara évoqua Lev.

"Notre soeur est retournée à Yris à la demande de notre mère."

Ma voix, bien qu'aussi neutre que possible, laissait entrevoir les relents de ma colère couvée.

Cette vieille harpie avait osé nous la prendre, osé nous priver de notre sœur. Qu'avait-elle encore en tête pour notre cadette ? Lui avait-elle trouvé ce fameux parti richissime qui devait dorer ses vieux jours ? Je n'osais imaginer ma douce aux bras de son mari, vêtue de l'une de ces magnifiques robes de satin qui l'émerveillaient tant. Pire encore, la reverrai-je le ventre arrondi par l'enfantement futur ?

Je secouai la tête, nerveusement, pour chasser ces pensées de cauchemars et recentrer la conversation sur des sujets plus plaisants.

"Louche ? Tout autant que vos élucubrations sur un dragon particulièrement rouge. Mais soit, vous n'aurez qu'à détaler et slalomer entre les gouttes. D'ailleurs, vous ne craigniez pas de voyager seule ? D'autant plus qu'il se dit que les barbares du Nord donnent la chasse aux vôtres au plus près de vos villes.

Et non, il n'était aucunement question de dragon, mais de jumelles elfes. Enfin, de ce que j'ai vaguement écouté de vos échanges avec Dione."
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#7
Ho, dommage.

Aucun souvenir d'elle, ni de certains frères, qu'importe.

Les parents c'est différents, mais touchant, enfin quand on les domine enfin. Du coup c'est peut-être pas eux.
Bref, l'infériorité numérique accentuée n'est pas trop dérangeante ? Des genres j'entends.
Etant fille unique j'y comprends rien, mais la remarque m'est parvenue régulièrement, c'était peut-être du vent.

Les barbares ? Pas entendu. J'aimerais bien en voir un, parait qu'ils sont différents de vous, pas les habits j'entends.

Les jumelles ? Hooo, très bon choix, j'aime beaucoup cette histoire, c'est mon oncle qui me l'a rapportée ou un ami de mes parents ? Plus le nom en tête, c'était il y a longtemps, il vient plus. Je ne pense pas que se soit ma mère qui ne l'en empêche, non pas qu'elle ne m'a rien enlevé.

Je vais faire vite, il y a des gens pas content habillé de métal qui viennent vous voir. Le lieu j'ai dû le préciser, et à vrai dire je ne crois pas qu'il soit important. Les jumelles, elles le sont. Y en a deux, elles se ressemble mais sont différentes, dans le geste et l'attitude, mais seulement dans l'instant, seulement pour s'équilibrer. Il y en a une et sa barre, son complémentaire si vous voulez. Elles s'accordent à être l'inverse, elles s'oppose en toute chose mais elles-mêmes sont similaire, presque identique.

Houu, il n'a pas l'air de vous souhaiter la bienvenue.
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#8
L'elfe était particulièrement déroutante.
Une fois sa langue déliée, ses paroles défilaient avec un débit hors du commun. Elles allaient et venaient, incessantes, sans que je ne parvienne toujours à les saisir au vol.

Elle-même trottinait d'une place à l'autre, observant et commentant le déroulement des combats qui nous opposaient à cette poignée de chevaliers qui avait accueilli la capricieuse demoiselle.

"Infériorité ? Guère non, je n'ai jamais à faire valoir le droit d'ainesse pour obtenir satisfaction auprès de mes frères !"

Mon sourire se fit plus complice, un brin mielleux à l'intention de Yan, qui achevait d'une flèche bien placée l'un des hommes armés.

"Cependant, ma Lev n'est loin de nous que depuis quelques jours que déjà son absence nous hante..."

Je n'eus pas le temps de terminer qu'un autre combattant chargea sans ménagement notre trio. Sa lame ne rencontra que, dans un fracas métallique, celle de Dione. Déviée et contrée par la maitrise de mon frère, il m'était aisé de concentrer quelques flammes incandescentes dans ma paume sans risque.

Enfin, sans risque pour moi. La boule de feu s'écrasa aussi bien sur nos adversaires que sur mon guerrier de frère. Un fait que Mhara sembla trouver fort charmant tandis que je m'en mordais les lèvres de culpabilité. Notre piteux adversaire ne me laissa pas le temps de m'appesantir en remord plus longtemps. Le feu à nouveau lécha sa cuirasse rougeoyante. Il poussa alors un ultime cri de douleur avant de s'effondrer, brûlé.

"Nous disions donc."
, repris-je entre deux respirations haletantes et quelques traits de feu.
"Des sœurs identiques, mais différentes. Que tout oppose, mais qui se rassemble. Bien que plurielles, elles ne forment qu'un tout. Ai-je bon ?"

Mais à peine, avais-je eu le dos tourner, pour convaincre la blonde jouvencelle d'un retour rapide auprès des siens, couteau sous la gorge aidant, que l'élémentaliste avait disparu.

Aussi inconstante que la brise marine au petit matin, elle avait déjà filé vers d'autres cieux.
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#9
C'est une Aéromancienne, c'est tout !


Il ne faut pas le faire valoir, il faut qu'il soit sous-jacent, c'est bien plus efficace.

Enfin, c'est qu'on m'a dit. Cela ne m'a pas choqué, jamais très bénéfique d'imposer sa supériorité. Je dis jamais que je suis la plus rapide, ça se sait, c'est mieux ainsi.

Oui, c'est cela, vous avez compris. Toutes les semaines, elles sortent ensemble se balader le long de l'Erion. Elles marchent à la même allure, l'une le nez dans les fleurs, l'autre dans les nuages. Appréciant à la fois le vent et l'onde, les croassement d'un crapaud et le silence de la plaine.
Et puis elles retrouvent un beau chasseur, elles connaissent son territoires, ses pauses et ses campements. Elles en sont toutes deux amoureuses. Redoutant les conséquences d'un choix, chacune s'efforce d'être désagréable avec lui, afin de laisser toutes les chances à sa sœur. Puis elles rentrent, laissant un billet doux, imitant l'écriture de l'autre.

Ho ! Qu'est donc ? Je reviens !
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#10
Les combats avaient cessé, faute au manque d'adversaires encore valides.

Je hochai la tête, songeuse aux propos de Mhara. A vrai dire, mes frères, et même ma sœur, me surclassaient physiquement sans le moindre doute. Mon corps n'a jamais eu la robustesse de celui de Dione, ni les muscles noueux de Yan. Frêle et fragile, il n'était pas rare qu'enfant, je finisse rouée de coups dans une ruelle, après avoir agité violemment mes poings chétifs pour un regard de biais. Dione me ramenait alors à la maison, me portant dans ses bras tandis qu'à notre arrivée, Mère pestait de n'avoir trouvé le courage de me noyer à la naissance.

J'en gardais quelques cicatrices, dissimulées sous les plaques de fer de ma cuirasse. Elle aussi n'était qu'une illusion qu'il me plaisait d'entretenir. Revêtir les traits d'une chevalière m'offrait cette apparence tant désirée de force et de puissance. Si je n'en avais que l'allure, je n'en étais pas pour autant dénuée de tous arguments létaux. La manifestation tardive de mon Don pour la pyromancie avait été mon salut. A présent que mes flammes calcinaient les chairs avec plus d'avidité et de voracité qu'une lame se repait du sang de ses victimes, je n'étais plus un fardeau pour les miens.

La voix de l'elfe me sortit de mes pensées pour me mener vers l'univers de son conte. Elle continuait son récit tandis que je visualisais ces deux sœurs dont elle parlait. C'était le printemps, le soleil illuminait leurs boucles blondes qui retombaient en cascade sur leurs épaules légèrement dénudées. Toutes deux étaient éprises d'un même homme. Toutes deux étaient incapables de supporter la souffrance d'un rejet de l'autre. Toutes deux étaient tiraillées tant par l'affection d'une sœur que celle d'un amant. Toutes deux s'étaient condamnées à n'être jamais pleinement heureuses.

Pourtant, leur comportement m'apparaissait absurde bien que teinté de cette adoration fraternelle que je ne connaissais que trop bien. Pourquoi devaient-elles se sacrifier alors qu'elles pouvaient simplement partager ?

"Et donc ?"

Mhara s'éloignait à nouveau. Qu'avait-elle encore en tête ? Elle ne tenait décidément jamais en place. Je soupirai, en jetant un regard en coin sur Dione sans parvenir à dénouer le fil de ses pensées. Il restait rarement aussi silencieux.
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#11
Après avoir observé un quelconque détail de dame Nature, Mhara revint clore son histoire, souriante.

Et donc quand elles rentraient, devant une tisane d'une réserve spéciale, difficile de dire si leurs rires étaient plus cristallins que leur porcelaine. Difficile de dire laquelle était l'illusion de l'autre.
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Atteindre :