Un bandit cogne toujours deux fois
#1
Citation :[HRP] Ce RP se déroule en parallèle de notre exploration des égouts d'Asteras, à la recherche des contrebandiers indiqués par la quête du donjon.

Décidément, cet endroit n'avait pas une odeur appréciable. Victor n'avait de toute façon pas penser le contraire. Mais il avait cru que ce serait un peu plus ténu. Heureusement qu'après de longues minutes passés dans ses couloirs remplis de rats bien trop gros et d'une eau bien trouble, il s'était accommodé tant bien que mal. Une chose était sûre, lorsqu'il sortirait enfin de ces égouts, il redécouvrirait mille odeurs d'une façon différente.
Pourquoi étaient-ils là ? Tout simplement parce qu'un garde ne voulant pas quitter son poste les avait chargé d'enquêter sur des contrebandiers soit-disant cachés dans les égouts. Si la garde ne pouvait (ou ne voulait ?) pas s'en charger, alors les Sentinelles le feraient.

Il était arrivé un peu après tout le monde, se dépêchant autant que faire se peut. Un peu essoufflé, il s'était faufilé entre ses camarades et posté devant, commençant à frapper une des sales bestioles qui trainaient là. Comment ces rats avaient-ils pu atteindre une telle taille ? Y avait-il un produit qui avait été déversé ici et qui aurait causé cela ? Il ne pouvait pas vraiment savoir.
Il avait noté la présence d'un individu qu'il ne connaissait pas, puis d'un deuxième... Le premier ne leur avait pas adressé la parole, tandis que le deuxième l'avait fait le jour précédent. Sur la route, il semblait s'énerver sur la troupe qui avançait groupée vers Asteras. Il lui jeta un regard dédaigneux et poursuivit son avancée, suivant les indications des personnes ayant déjà repéré les lieux.

Petit à petit, ils avançaient dans les sombres couloirs, sur les bords crasseux, évitant l'eau autant que possible. Il se demandait depuis combien de temps ils déambulaient dans la semi-obscurité. Les rats laissèrent leur place peu convoitée à des humains. Est-ce là les contrebandiers qu'ils recherchaient ? Ils semblaient bien peu loquaces, et surtout très stupides. Ils s'acharnaient sur les membres du groupe, se contentant de répéter une lettre de l'alphabet. Illaria, partit en avant pour explorer les lieux, n'avait d'ailleurs pas été épargnée par leurs coups. Après s'être assuré qu'elle était en sécurité à l'arrière de la petite troupe, le jeune homme entreprit de se relayer avec les autres guerriers pour faire face aux assauts des brutes.

Alors qu'ils continuaient leur avancée, ils ne rencontraient que des bandits complètement idiots, se jetant sur eux sans aucune stratégie, quand bien même ils étaient dans l'eau putride des lieux. La seule qualité que Victor pouvait leur reconnaître, c'est qu'ils étaient coriaces. Mais il doutait du fait qu'ils aient été capables de mettre en place un quelconque trafic de contrebande ici, ce dont il fit par à ses camarades.

Pendant qu'ils se décidaient à faire une pause pour laisser à certains le temps de reprendre des forces, voilà qu'un Elfe ayant suivi leur piste déboula, parla de céleri-rave parti, et courut dans le couloir suivant. Certes... Il alerta manifestement trois autres contrebandiers qui se trouvaient là. Bon, et bien le repos serait pour plus tard... Le guerrier et Dyanese partirent à sa suite afin qu'il ne meurt pas bêtement.
Traversant le couloir en largeur pour ne pas être gêné par les deux Elfes, il remarqua deux choses. Tout d'abord, une salle au bout du tunnel. Avaient-ils trouver le repaire de ces malfrats ? A en voir les caisses qu'il pouvait distinguer dans la pénombre, c'était sans doute le cas. L'autre chose qu'il remarqua, c'était un contrebandier différent des brutes décérébrées qu'ils avaient croisé jusqu'à présent. Déjà, il était doué d'élocution, vu la menace qu'il leur lança... Mais surtout, il semblait intelligent ! Victor le signala à ses compagnons. Il ne voyait personne d'autre dans les environs, peut-être était-ce le chef ? Ou bien celui-ci était caché dans l'obscurité de la pièce, dont il ne voyait pas le fond...

A peine avait-il détourné le regard vers le bandit en face de lui qu'il entendit un sifflement, puis ressentit un projectile se planter dans sa cuisse, dans les chairs. La douleur suivit le mouvement et il grimaça. Au moins, il savait qu'il y avait encore du monde... Il fit volte-face et mit son bouclier en avant, juste à temps pour ne pas se prendre un autre carreau. Il tint bon sur ses pieds, observa un instant le responsable de sa douleur et lança à la cantonade :

"Il y a un arbalétrier là-bas !"

Répondre
#2
Ploc. Ploc.
C'est la merde.
Ploc. Ploc.
L'odeur ne laisse aucun doute : c'est bien de la merde.

Elle le sait, le redoute, mais impossible de se tromper.
« Y a au moins une bonne raison à porter des talons j'imagine... » maugrée la jeune femme en essuyant rageusement le bout de son talon sali sur un des cadavres de bandits affalé sur le sol. Son petit minois est crispé de dégoût, mais la troupe avance, alors elle ne s'attarde pas.
Rejetant sa tignasse de feu sur ses épaules, elle suit la troupe, restant à distance, laissant les plus résistants d'entre eux passaient devant. Si elle garde un œil sur la ligne protectrice des guerriers c'est principalement car la rage des bandits déferle sur une personne à la fois, et cette fois, c'est Léonide qui fait les frais de sa témérité.
Pas un mot de la bouche de la rousse. Elle sait que son oncle saura reculer à temps et ne pas se laisser avoir par une poignée de brigands sans envergure. Ils ont peut-être de la force dans les bras, mais en haut, il n'y a rien qui brille.

Dépassant Léonide, la rousse sourit :
« Mon oncle, vous êtes dans un piteux état. Une maison de repos ? Non ? Bien. J'aurais proposé. »
Derrière cette simple phrase, il y a un peu d'inquiétude voilée, rien d'éclatant car ce n'est pas le lieu de preuve de sentimentalisme.
Un second cadavre jonche le nouveau couloir. Des fourmis remontent dans les mollets de la talienne à oreilles longues qui maugrée de nouveau, exaspérée par la longueur de ces égouts.

Des cris résonnent dans le coude. A bout de vision, Cendre aperçoit une intersection : un couloir tout droit, à gauche et à droite. Dyanese, elle, a tourné à gauche et se retrouve en main avec deux imbéciles. La mage accélère le mouvement, se fraye un chemin à travers le groupe bien formé et tend sa baguette vers la scène de combat. Elle met en joue le premier individu stupide devant elle qui ne fasse pas partit de la guilde.
« On arrête tout de suite, à moins de vouloir un second euh-sophage ! »

Elle ricane à sa propre blague, mais ils n'écoutent pas, alors elle siffle et marmonne un sort.
Pfiouuuu--
Le projectile meurt à peine sortit de la baguette. Cendre grogne. Les égouts sont sans doute trop humides maintenant qu'elle y pense, alors soit, pas de brûlure ici, juste des flammes.
Un nouveau mouvement de poignet fait naître un jet de flammes qui frappe de plein fouet la brute épaisse – le second suit et frappe également, au niveau de sa poitrine. L'imbécile émet un petit gargouillis, mais est incapable de formuler un mot correctement.
Ce n'est plus les égouts ici, se dit Cendre, c'est l'école des imbéciles, la cour des miracles d'Asteras.

Un carreau se plante alors dans la cuisse de son demi-frère. Le regard de la jeune femme l'a bien vu mais elle ne dit pas un mot. Pas besoin de se prononcer là dessus. Un regard terrible, la jeune femme cherche l'arbalétrier du regard. Il est le prochain sur la liste.
Il n'y a qu'elle qui a le droit de blesser ce grand idiot qu'est Victor.
Répondre
#3
Ça se chamaillait un peu, il fallait le dire. Ce n'était pas la première fois, et ce ne serait certainement pas la dernière. Evrard aimait s'imaginer la première rencontre entre Elena et Dyanese : un concours de hurlement, ou un combat à mort dans une arène. Bon, peut être pas à mort, mais quelque chose de cet acabit, à coup sûr.

Parfois, c'était un peu pesant, mais la plupart du temps, leurs incessantes piques maintenaient le groupe de bonne humeur. Comme maintenant qu'ils pataugeaient dans les égouts d'Asteras, par exemple. Le tout était de détourner le visage quand on ne pouvait plus s'empêcher de sourire, sinon c'était à vous qu'elle s'en prenait.

Heureusement, le coin était suffisamment mal fréquenté pour offrir de fréquents repos aux zygomatiques : entre les rats démesurés et plus qu'agressifs nourris à on-ne-savait quelle mixture issue des laboratoires de mages, et les brutes patibulaires qui y faisaient de la contrebande, le jeune homme avait de quoi mettre en pratique son entraînement militaire – mais en situation réelle, cette fois. Heureusement, il y avait l'oncle, ainsi que d'autres, en première ligne, ce qui faisait qu'il n'était lui même pas trop exposé, et pouvait se concentrer sur ses tirs.

Un pas de côté, on tire, on se replie derrière le mur, on recharge, et on recommence. Un pas de côté, on tire, on se replie derrière le mur, on recharge, et on recommence. Facile comme tout. Presque comme à l'entraînement, à part l'odeur – quoique, certains en approchaient à la fin de la journée – et le sol dallé humide, un peu gliss...

Et zut.

Elle était froide, en plus.



Voyons les choses du bon côté : tant qu'ils étaient là dedans, l'odeur ne dénoterait pas trop. Et son arbalète n'avait rien. Et puis maintenant, il n'aurait pas peur de sauter à l'eau en cas de besoin, alors qu'une hésitation pourrait s'avérer mortelle !

Comme quoi, c'était peut être un coup de chance !
Répondre
#4
Les escaliers plongeaient sous terre sans en voir le fond et les miasmes dégagés sonnaient comme une descente en enfer. La comparaison avec Elena siroptant son verre de vin après une soirée bien arrosée était tentante.

Pataugeant dans l'eau croupie, il fallait se frayer un chemin parmi des rats bien gras. La jeune elfe ouvrait la marche, sur le qui-vive. Elle aperçut des ombres plus élancées, donc peu comparables à des rats, et l'une d'entre elle se rapprochait dangereusement. Serrant le pommeau de son épée, Dyanese était prête à la recevoir. Les contours de l'ombre se dessinèrent plus nettement. L'éclaireuse peu vêtue et blessée revenait au rapport. On pourrait presque croire que sa tenue indiquait son bain annuel dans cette eau nauséabonde. Dyanese chassa cette idée de la tête, aucune comparaison n'était possible avec Elena.

Des brutes écervelées gardaient le prochain carrefour et il fallait se frayer un chemin par la force. Enfin un peu d'action pour nous faire oublier cet environnement désagréable !

D'un pas déterminé, la guerrière alla à leur rencontre, son épée gouterait leur sang. Coude à coude avec Victor, ces rustres avaient signé leur arrêt de mort.
Répondre
#5
Personnellement, l'odeur ne me gêne pas tant.
Elle est certes désagréable, mais elle n'est qu'un simple effluve à côté des marais de Ténagos.
En plus de la décomposition organique omniprésente, les marais eux possèdent une odeur supplémentaire, tout autre que la simple fétidité des eaux d'évacuation.
Celle de la mort.

Oui. C'est tout autre chose…



Mais les jeunes, eux, ne semblent pas d'être de cet avis.
Ces gamins…
Leurs réactions m'amusent.
Dégoûts, nausées, gémissements, jurons...


On pourrait penser qu'au bout d'une heure ils comprennent qu'ouvrir la bouche pour se plaindre et râler leur font avaler de grandes goulées d'air qui, est bien évidemment infect et répugnant, aggrave considérablement leurs hauts-de-cœur… Mais non !
Ce serait faire preuve de trop de bon sens et de discrétion ! Ca les incite, bien au contraire, à l'ouvrir encore plus ! Fatalement !
Et puis sans cela nos ennemis ne seraient pas ainsi prévenus de notre venue. Or il ne serait pas très galant de notre part de les massacrer sans nous annoncer n'est-ce pas, même s'ils sont de la pire racaille qu'il soit.
Les bonnes manières avant le bon sens voyons, Elena ! Mais où a-t-u donc été éduquée ? Ta formation date d'un autre âge, maintenant place aux jeunes et leurs techniques révolutionnaires !
Il faut que tu évolues ma vieille !

Brèves de plaisanteries… Loué soit les dieux que je n'ai pas à m'occuper de l'organisation et la direction du groupe…
Sinon, il y a déjà bien longtemps que je me serais jetée dans cette eau croupie et verdâtre dans un hurlement de folie après m'être arrachée quelques mèches avec un bout de cuir chevelu, pour laisser mon vieux corps cabossé se faire porter par le courant, telle une carpe asphyxiée dont le corps flotte piteusement à la surface, jusqu'à atteindre la mer. Et une fois que j'aurais coulé jusqu'aux fonds vaseux, crabes et bigorneaux viendront me grignoter le nez et les oreilles, jusqu'à ce qu'ils ne restent que mes vieux os, qui serviront probablement de support à d'autres crustacés et mollusques.

Et puis un beau jour, dans quelques siècles, avec l'abaissement du niveau de la mer, un pêcheur haut-elfe tombera sur une ou deux de mes vertèbres, voir mon crâne, pensera avoir fait la découverte archéologique du siècle et s'empressera ainsi d'apporter mes restes à un historien qui saura les dater. Peut-être saura-t-il même déterminer que j'étais une talienne, voir même une femme ? Les sciences progressent si vites de nos jours…

Puis après m'avoir brossée, savonnée, astiquée, re-savonnée, re-astiquée et vernie, on me posera sur un promontoire dans un musée ou dans la bibliothèque d'un riche noble d'où je servirais d'attraction et de support de légendes et de comptines pour effrayer les enfants jusqu'à me retrouver sur une étagère entre deux livres de droits, barbants et ennuyeux. Et là, je pourrais pour l'éternité compter les grains de poussière qui s'accumulent sur moi, et tenter vainement d'entamer une discussion rhétorique avec mes passionnants voisins de rayon.

Ce serait plutôt une bonne fin : ma mort aura été ainsi utile –dans l'ordre- au maintien de la biodiversité de la mer, à bouleverser la journée s'annonçant morne et répétitive d'un pêcheur, de sujet d'étude à un historien ridé, de support de cours à des gamins incrédules et béats ou de symbole de bienséance et d'instruction à un noble insuffisant, pour finir en cale-livre à des ouvrages beaucoup trop indigestes pour être lu, laissé à l'oubli dans un coin sombre et désert. Et avec un peu de chance –si ce n'est pas trop en demander, si tout se passe ainsi ce serait déjà merveilleux- pourrais-je encore me montrer utile comme abri pour araignées ou rongeurs.
Et là, vraiment, je serais comblée.
La fin P-A-R-F-A-I-T-E.


A y penser ça devient tentant… Je regarde, presque avec envie, l'eau s'écouler à quelques mètres de moi...

Une voix derrière moi m'arrache à ma joyeuse réflexion :
-Elenna, tout va bien ?
-Mh… Ah ? Oh. Oui. Rien. Je vérifiais juste que… Nous n'avions oublié aucunes pièces dans le canal. Ce serait dommage…


Je fronce les sourcils pour tenter de percer l'opacité mystérieuse de l'eau troublée afin de coller avec mon improvisation, puis après quelques secondes de comédie qui n'ont sans doute pas berné Cendre, je reprends tranquillement ma route. Bah. Elle n'aura qu'à mettre ça sur le compte de l'âge.


Je lève mon regard des dalles visqueuses, entraperçoit Dyanese qui me surveille, l'œil moqueur. Je ne prends même pas la peine de la foudroyer du mien –cela risquerait de lui accorder de l'importance- et l'ignorant, je continue mon avancée périlleuse.


Sûre que si ma mort devait apporter satisfaction à quelqu'un, avant les bigorneaux et les araignées, c'est bien à cette sale truie. Je suis convaincue qu'elle serait capable d'aller rechercher mon cadavre au fond de l'océan pour conserver mes restes, du moins mon crâne, afin que je lui serve de cible de tir pour son entraînement à l'arc.

Même si il y a peu de chance qu'elle ne me touche un jour vu ses capacités médiocres au tir, il m'est inconcevable de prendre en serait-ce le moindre risque.

Mes plus sincères excuses les asticots, corail, historien, mioches effarés, culs-serrés et autres ! Une autre fois, peut-être.

Et puis… La vieille bique que je suis exagère, comme toujours.
Même si tous transpirent l'inexpérience et la naïveté des débutants –hormis Leonide qui transpire l'alcool, sans forcément me déplaire- je reste relativement surprise de la cohésion de ce groupe pourtant fraîchement fondé, et des manœuvres réalisées.
Je vois des choses plus que correctes… Mais aussi des beaucoup moins.
Ne nous enflammons pas non plus trop vite. Mais… Je dirais qu'il y a du potentiel dans cette bande de mômes tumultueux.
Peut-être ne vais-je pas m'ennuyer autant que je le craignais.

J'observe à mon tour Dyanese, trop occupé à se jeter sur les ennemis pour faire ses preuves et frimer devant ses petits camarades, faisant fi du danger et de tout ce que j'ai pu lui apprendre en terme de stratégie et de tactiques de combat.
Je regarde à nouveau les eaux usées, imaginant mes leçons dériver au milieu des étrons..
Tsss…
Elle va m'entendre celle-ci ! J'hésite grandement à l'assommer, la sortir des égouts et aller l'attacher au clocher de la capitale que je ferais retentir pendant une heure durant !
Elle verra ainsi comment je sonne les cloches de son genre.
Hélas… les autres tenteront sans doute de s'opposer à mes plans. Je ne peux pas leur en vouloir. Ils ne connaissent rien au lien si fort qui nous unissent, Dydy et moi. Leur expliquer ne m'amènerait à rien.
Et même sans ça, ils ne prennent pas beaucoup de risques à me laisser agir à ma guise: j'arriverais à traîner Dyanese sur, aller quoi, cinq, six mètres tout au plus ? Et encore péniblement. Avant de m'effondrer à mon tour, à bout de souffle et de force.
A moins… que je ne me serve des conduits, utilisant l'écoulement du volume pour la transporter sans effort jusqu'à l'entrée !
Mais restent les escaliers.
Misère.
Que la vie est difficile et injuste avec les vieilles femmes…

Ne pouvant exécuter mes sombres projets, je me contente de féliciter oralement mon élève, et lui montrer toute mon affection, à coup de « morue », « bécasse », « pimbêche » et autre mots doux et tendres qui caractérisent si bien notre relation.

Ainsi, de par la réponse qu'elle me fournit, je suis en mesure d'estimer et de m'assurer de son état.
Sa dernière réplique fut une misère de répartie et d'originalité, mais elle n'en a jamais été pourvue, donc je m'en suis satisfaite. A vraie dire je ne m'attendais pas non plus à ce que soudain, le miracle aux vœux que j'adresse depuis plusieurs années déjà, s'opère dans ces bas-fonds humides et pestilentiels.

Une fois toute ma ranc- pardon, ma tendresse disais-je- exprimée, j'observe méticuleusement chaque membre du groupe et chercher une tâche pertinente à accomplir. Je mis peu de temps à la trouver, Leonide ne tardant pas à s'extirper de la mêlée officiant à quelques mètres devant elle, reculant avec peine, se tenant le bras droit.
Je m'approche de lui et tente du mieux que je puisse avec cette magie récente et nouvelle pour moi, de le remettre un tant soit peu sur pied.
J'en profite également au passage pour lancer une pique à propos de son âge. Il n'y a pas de raison pour que, parce nous avons sensiblement le même, qu'il n'y ai pas droit également. Ainsi pas de jaloux ! Et puis, ne suis-je pas la plus légitime à lui en faire parmi tous les membres du groupe ?
Sa réponse m'indique, en plus qu'il possède plus de répartie que n'en n'aura jamais l'autre bêcheuse, qu'il se porte bien.
Je suis soulagée.

Je me redresse et me dirige vers le cœur du combat. Ils s'en tirent plutôt bien, mais un coup de baguette ne leur ferait pas de mal.
Sans compter qu'il est hors de question que je laisse ces petits croire qu'ils peuvent se débrouiller seuls. Et ma fierté dans tout ça, quelqu'un y pense à ma fierté ?


Néanmoins, malgré tout ce flot de pensées cyniques, une interrogation me taraude depuis notre entrée dans ce dédale, et plus encore depuis notre première rencontre avec les brutes.
Ces dernières sont à l'évidence, incapables d'être impliqués dans un réseau de contrebande autre qu'en tant que simple larbin. Les interroger ne nous mènera à rien.
Utiliser de la main d'œuvre jetable et qui ne puisse pas trahir ses supérieurs est une stratégie typique mais efficace.
Il est donc évident que quelqu'un ici commande. Et si le réseau de contrebande est confirmé –ce que nous ne tarderons pas en arrivant dans ce qui paraît être une antichambre leur servant de repère- il y a alors il y a sans nul doute d'autres personnes encore au-dessus qui tirent les ficelles, qu'ils soient clients, commanditaires ou mécènes.
J'ai eu par deux fois l'occasion de participer à la dislocation d'un réseau, même si mon escouade ne faisait pas partie de celles chargées des affaires internes du royaume. Ce genre d'enquête peut s'avérer très vite dangereuse, car très vite on s'aperçoit en tirant le fil que, dissimulé sous le menu fretin, un ou plusieurs gros poissons se débattent. Et ces derniers, se sentant acculés, n'hésitent pas à utiliser tous les moyens en leurs possessions pour se libérer de l'hameçon.

Plusieurs enquêtes ont à plusieurs fois mal fini pour les enquêteurs, jusqu'à ce qu'enfin, tous les moyens nécessaires soient mis pour sortir la proie hors de l'eau et la mettre hors d'état de nuire.

Ma question ici est donc : quel type de poisson allons-nous bien pouvoir lever ?
Répondre
#6

Un... Deux... Trois... Quatre... Cinq... Non, les égouts n'étaient pas vraiment le lieu pour un cache-cache. Cinq, c'était simplement le nombre de carreaux enfoncés dans la chair de Victor. Ce n'est pas que ça faisait mal, mais... Si, ça faisait *bip* de mal, pour rester poli. Ce contrebandier était particulièrement adroit, si bien que que le jeune guerrier n'avait pu bloquer aucun des projectiles avec son bouclier. Il faut dire dire qu'il se bousculait un peu avec les autres combattants pour bouger à la sortie du couloir... Cela gênait les mouvements. Et puis, le sol était glissant !
Des excuses ? Peut-être bien. Peut-être aussi qu'il s'était pris le deuxième carreau dans le haut du bras gauche, juste en dessous de l'épaule. Vous savez, le bras qui soutient son bouclier. Forcément, il avait un peu plus de mal à bouger son bras. Entre la douleur et le simple blocage du muscle...

Il s'était reculé un peu, pour pouvoir récupérer quelques instants. Également pour laisser la place à d'autres de passer sans problèmes et attaquer ce bandit. Heureusement que tous les autres étaient morts, car celui-là était plus coriace. Il arrivait aisément à esquiver leurs coups, tandis que ses carreaux faisaient mouche.
Voyant que l'un des elfiques inconnus qui les avaient rejoint il y a quelques minutes était face au contrebandier, Victor commença à s'approcher, pensant que l'autre focaliserait l'attention de leur ennemi commun. Quelle ne fut pas sa surprise quand il vit l'elfe faire volte-face et s'éloigner dans le couloir, comme si l'endroit était paisible ! ... Qu'est-ce qui lui était passé par la tête ? Est-ce qu'il croyait que malgré les cinq carreaux dans sa peau et le pasque de douleur sur son visage, Victor était en pleine forme ? Et bien non, c'était étrangement loin d'être le cas...

Mais puisqu'il devait faire face seul au courroux du malfrat, alors il y ferait face, simplement pour qu'aucun projectile n'aille blesser l'un de ses compagnons.

Répondre
#7
D'un carreau, il avait mis un terme aux acrobaties meurtrières du brigand armé de deux dagues, empêchant ce dernier de s'en prendre à son pauvre oncle Léonide déjà bien amoché. Une pointe de culpabilité le rongeait : c'était peut être plutôt à la jeune génération d'encaisser les coups à l'avant, non ? Comme son cousin Victor. Mais bon, il avait toujours été particulièrement inefficace aux entraînements à l'épée. Et il doutait que son oncle apprécie de traîner son cadavre dans les égouts juste pour pouvoir lui offrir une sépulture correcte. C'est que les escaliers à l'entrée étaient bien raides !

Laissant là ses pensées, Evrard se concentra sur le reste du combat. L'affrontement s'était déplacé plus avant, au bout d'un couloir étroit. Il entendait fuser les carreaux et cliqueter l'arbalète du dernier des contrebandiers. Par contre, comme par hasard, impossible d'avoir une ligne de mire dégagée vers l'individu. A chaque fois c'était la même chose, se dit le jeune homme en soupirant. Plus qu'à aller sur place ! Encore empli d'adrénaline, Evrard s'élança d'un bond sur la coursive humide.

Et glissa. Une fois de plus.

Bordel.

Le côté positif : il n'était pas tombé à l'eau, cette fois ci. Le côté négatif : il s'était arrêté sur le dos, juste aux pieds d'un type patibulaire armé d'une grosse arbalète qui le toisait avec un rictus moqueur.

Oups.

Jusqu'à ce qu'une gerbe de sang lui retombe sur le visage, et que le corps décapité du contrebandier s'effondre dans un gargouillis.
Répondre
#8
La contrebande payait bien à Asteras ? C'était certain. Les cargaisons de « produits alchimiques spéciaux » se vendaient bien, que cela soit auprès de ces timbrés de savants et de mages, que des nobles désabusés en quête de sensations fortes.
Cela rendait un peu dingue après quelques prises et provoquait une grave dépendance. Quelques subalternes de Tywin en payaient le prix, mais après tout, cela n'en faisait-il pas des larbins plus dociles et efficaces ?
Le souci, c'était les gardes, toujours à venir fouiner et se mêler de ce qu'ils ne les regardait pas. Alors les « entrepôts » avaient du être délocalisés dans les égouts. L'odeur tenait leurs capricieux nez hors des affaires des malfaiteurs.

Tywin revenait par quelque passage secret d'une transaction particulièrement lucrative. La bourse qu'il transportait pesait bien lourd à sa ceinture et lui permettrait certainement d'étendre son réseau d'influence jusqu'à Yris !

Le vacarme produit par un groupe d'aventuriers le ramena à la réalité. Des mercenaires, engagés par la garde, Tywin s'en persuada, nettoyaient les égouts et terrassaient ses loyaux serviteurs. Le chef des contrebandiers serra les dents, et jeta un coup d'œil du coin d'un tunnel. Ils étaient nombreux mais désorganisés, le labyrinthe formé par les tunnels allait être leur perte.

Il attrapa son arc, et entreprit sa guérilla.
Répondre
#9
Cela faisait un moment que leurs ennemis les rats avaient mué pour devenir des brutes décérébrées. Si la corpulence avait changé, l'odeur et l'intelligence restaient la même. L'elfe n'en avait cure, Elena l'avait habituée à des odeurs bien pires.

Le couloir se prolongeait en ligne droite avant d'arriver à un coude. Les guerriers s'engagèrent en premier et tombèrent nez-à-nez avec une brute et un brigand. Comme à l'accoutumée, Dyanese s'avança en premier pour frapper les ennemis. Quelques échanges de coups suivirent, et la guerrière dut admettre que le brigand lui donnait du fil à retordre. Elle l'avait mal jaugé, et de nombreuses estafilades en témoignaient. Les séances d'entraînement avaient-elles été vaines pour être autant blessée au premier combat plus ardu ? Il faut croire que la vieille n'ouvre pas la bouche pour rien.

Se ressaisissant, la guerrière sur la défensive poursuivit ses passes d'armes avec le brigand. Ses compagnons profitaient des ouvertures pour lui asséner des coups. Sa mort n'était qu'une affaire de temps. Au loin, le contrebandier poussa un râle d'agonie avant s'affaler sur le sol. La salle était pacifiée, la fouille pouvait commencer. Taliens et elfes retournaient chaque caisse, pot ou sac en quête de preuves du marché noir.

Un bruit suspect alerta Dyanese et des flèches volèrent dans la pièce, trouvant parfois un morceau de chair. Un nouvel ennemi était apparu et sa façon de combattre laissait présager que le niveau était tout autre.
Répondre
#10
"Ben, ça n'aura pas été sans mal." Constatation laconique et lapidaire. Rien de plus à ajouter devant tant d'évidence. Les créatures humanoïdes, quelles qu'elles puissent être se sont battus sans céder un pouce de terrain, je dois bien leur reconnaître cette ténacité impressionnante. Ou bien serait-ce là un simple manque de jugeote ? Je ne saurai dire. Il y à certainement quelques rescapés qui doivent se terrer dans les tunnels que nous avons négligés. Les autres que nous avons acculés dans cette dernière salle n'ont pas la moindre chance. Le reste du groupe encercle les rescapés avant de fondre sur eux, je profite de la confusion pour loger deux carreaux à bout portant dans le torse d'un des contrebandiers avant de me détourner. C'est jusqu'ici la piste la plus proche et la plus prometteuse pour moi de savoir ce qu'il est arrivé à mon père, peut être retrouverai-je traces de sa cargaison ou qu'en sais-je encore ?

Qu'ils les achèvent donc, je me détourne du carnage, peu soucieuse d'assister à la scène et commence à fouiller la salle à la recherche d'indices. Une poignée de pièces dont l'origine me laisse perplexe atterri dans ma besace, rien sinon, rien si ce n'est des fournitures classiques et sans grande valeur. Une corde, des babioles, rien, il n'y à rien. Je fouille l'une des caisses qui me tombe sous les mains sans trouver d'indice, ô Dieux laissez moi donc une piste ! Pour toute réponse, des cris de surprise et de douleur. Je pivote, arme en main pour apercevoir du coin de l'œil, à l'autre bout du couloir, un archer tirer sur mes camarades. Un regard en direction d'Elena, je ressors l'une des pièces et la lui lance. Si quelqu'un parmi nous peut savoir quelque chose à leur sujet, je parierai sur elle. Un cri à son adresse, je réarme mon arbalète, encoche un carreau et fonce vers l'escarmouche qui s'annonce en abandonnant mes recherches. Si proche et si loin.
Répondre
#11
Lorsque le garde d'Asteras lui précisa qu'il venait de faire la même demande à d'autres aventuriers et que tout renfort était le bienvenu face aux contrebandiers, Martin Bêcheur accepta de se rendre dans les égouts pour aider à mener l'enquête. En réalité, c'est surtout l'idée de peut-être retrouver ses anciens compagnons de route dont il avait perdu la trace, voire de s'en faire des nouveaux, qui le motiva à accepter.

Quelle désagréable surprise il eut lorsqu'il s'aperçut que les autres aventuriers en question étaient les membres de la Guilde des Sentinelles d'Argent. En effet, quelques jours auparavant, il s'était pris un vent de la part de leur chef après avoir essayé d'en savoir un peu plus sur leurs activités (hrp Wink). Fier comme un coq, ne voulant surtout pas leur adresser un mot, Martin passa devant eux comme si de rien n'était, marmonnant à qui voulait l'entendre qu'il se rendait à une obscure et improbable rave-party. Concentré sur son port de tête le plus arrogant possible, comme il savait si bien le faire, plutôt que sur sa garde, il avança ainsi sans conscience des dangers de ces égouts. Heureusement, une femme d'un âge respectable mais très bien conservée, lui adressa la parole avec calme et sagesse. Raisonné, il essaya d'aider le groupe à finir l'exploration des égouts.

Le dernier contrebandier tombé, Martin commença le chemin retour à toute vitesse. Après avoir dépassé tout le monde, il s'arrêta quelques secondes pour reprendre son souffle et se détendre. Mal lui en prit, une pluie de flèche s'abattit sur eux au moment même.

"Ce n'est pas possible, combien de temps encore vais-je être coincé avec ces gens dans cet endroit?", grommela-t-il en arrachant une flèche qui venait de se planter superficiellement dans sa cuisse.
Répondre
#12
Bien qu'un séjour dans les égouts ne donne envie à personne, j'ai ressenti la main d'Edar qui m'invitait à agir à travers la demande de ce garde d'Astéras.

Une fois dans ce souterrain nauséabond, j'ai rencontré un groupe soudé qui avait ressenti le même appel et nous avons uni nos forces.
Bouclier contre bouclier, nous avons affronté des brutes écervelées. Limitées à une seule lettre de l'alphabet, elles me rappelaient ces soi-disant chevaliers qui disent ni, légendaires pour leur stupidité.

Au travers de ce dédale, nous avons atteint l'antre de ces contrebandiers qui périrent sous nos coups malgré une vaine résistance.

Alors que nous nous affairions à démanteler leur trafic, j'entendis des traits habilement tirés sur nos camarades restés en soutien.

Lorsque je m'engouffrais dans le couloir humide, je n'eus qu'une seule pensée :
"ça y est, le cerveau de ces bandits est enfin apparu. Il est temps de raviver la flamme de la Justice d'Edar."
Répondre
#13
Un point de côté. Un énorme point de côté et probablement une côte fêlée par-dessus le marché. Cette impression désagréable où vos poumons vous hurlent de les satisfaire au plus vite en oxygène lorsque vos côtes vous supplient pour que ces premiers restent tranquilles.

Les parties de votre corps ne sont pas toujours d'accord les unes avec les autres. Ils pourraient s'expliquer entre eux à la place. Mais non, les organes sont des vieux ronchons acariâtres qui refusent de s'adresser la parole.
C'est dans cette posture délicate que je tâchais de reprendre mes esprits. Des étoiles dansant devant mes yeux et ma main agrippée à ma lance comme à une cane de petits vieux plantés la pointe dans une boue infâme. Je tentais de retrouver son souffle et un semblant de dignité alors vouté et le visage blanc comme un linge.

Un instant plutôt j'avais sauté dans l'infâme eau d'une épaisseur douteuse qui traversait ces égouts dans l'espoir d'attirer l'attention des contrebandiers. J'ai réussi.

Un instant plus tard le manche d'une hache avait heurté violemment mon thorax en me coupant le souffle.
Heureusement ce n'était que le manche, le tranchant de la lame m'aurait facilement percé l'armure de cuir et organisé une rencontre avec une artère ou l'autre se baladant innocemment dans ma poitrine.

Ce moment de confusion avait toutefois suffit à faire perdre le temps nécessaire pour que mes compagnons en finissent avec le propriétaire de la hache et son comparse, depuis réduit à l'état « de vagues tas viandes trop cuits couverts de petit bâtons pointus ».

Je soupire mentalement. Oui, c'est chose possible de soupirer mentalement, surtout lorsque l'on a une côte qui se demande si elle a bien réussit son créneau et ses voisines qui la regardent d'un air qui semble dire « fillette, tu marches sur mes plates-bandes, va voir ailleurs».

Tout en regagnant quelques brides de respiration et en se redressant vaguement, je songe :
« Je leur avais pourtant proposé de rendre les armes et de décarrer à ces imbéciles ».

Un coup d'œil à droit, un coup d'œil à gauche.

C'est bon, les gamins sont en un seul morceau. C'est qu'il y a de la famille sur place. Deux neveux et une nièce. Bien, ils sont un peu couverts de merde et on prit quelques coups mais c'est le métier qui rentre. Victor et Evrad sont un peu amochés, oui, ils ont des méchantes éraflures et des carreaux plantés dans les armures mais rien qui les fera mettre un pied dans la tombe. Les sorciers parmi nous devraient parvenir à soigner ça rapidement. Enfin, j'espère.

En définitive je ne sais pas trop comment j'expliquerais à leurs parents la mort de leurs enfants s'ils venaient à trépasser dans ces fichus égouts.

A Lazzare, le père de Cendre et de Victor ça serait sans doute le moins compliqué. Moi et mon frère ne nous entendons pas (ou plus) et il refuse de me voir ou de me parler depuis que je lui ai fiché la moitié de mes phalanges dans les gencives (rapport à Hemina, la mère de Victor, mais ce sont des histoires de grandes personnes). Bref, ça ne changerait pas beaucoup nos relations en définitive. Ils me détesteraient sans doute encore un peu plus, mais personne n'a obligé ces gamins à rejoindre les Sentinelles ou même ces égouts. Ils sont aujourd'hui assez grands que pour décider des risques qu'ils souhaitaient prendre et de quelles causes embrasser. Je devrai les dissuader, je ne crois pas non Lazzare, ils valent mieux que toi à te dorer le fessier dans ton maudit château.

Aux parents d'Evrard, ça serait plus ardu bien sûr. Terriblement plus ardu. Communiquer avec les morts c'est une affaire de prêtre et je m'entends moyennement avec le panthéon divin, en tout cas depuis la mort d'Annabelle. C'est moche de mourir comme ça. Plutôt mourir dans les déjections elfiques une arme à la main plutôt que d'une maladie qui vous transforme en légume, puis en pâtée pour asticot.

Les images de l'enterrement d'Annabelle et son mari me reviennent.

En passant une main poisseuse sur mon visage, j'essaye de chasser ces pensées.

Ces gamins ont besoin d'entrainement et cette escapade à la recherche de misérables contrebandiers de seconde zone est une bonne occasion de les mettre à l'épreuve. Ça leur forge le caractère et ils sont bien entourés par les membres des Sentinelles pour éviter de trop gros risques. Enfin, j'espère.

Il n'y a pas que des bleus parmi leurs troupes. Il y a même cette vieille pie d'Elena. Une guerrière émérite en son temps. Toujours aussi insupportable, osant même tenter une pique sur mon âge. La garce. Je ne comprends toujours pas pourquoi elle a abandonné les armes. A notre âge on ne se refait pas. Vieille excentrique.

Au fond c'est plutôt moi qui aurais besoin qu'on veille sur mes arrières, plus que mes neveux. Je n'ai plus la vigueur que j'avais il y a 10 ans. A cette époque j'aurais affronté seuls ces pathétiques bandits, à main nue et une main dans le dos ! Il n'y a pas un doute ! Aujourd'hui, j'ai peine gardé de maigres réflexes et mes muscles ont fondus sous le poids de l'inaction et de la boisson.

Quand enfin mon point de côté semble disparaitre et que mon esprit a récupéré tous les morceaux de pensées éparpillées dans mon crâne de vieillard gâteux, je détends mes muscles fatigué, pensant enfin le combat terminé. Des voix parlent dans ma caboche : « Misère, je me jetterai bien un godet derrière le gosier après un coup pareil » suivi de « Bordel, maitrise-toi vieux débris», suivi de « Eh Ho ! On avait dit qu'on y allait progressivement, pas … »
Mais ces pensées agréables furent interrompues. L'arrivée d'un nouvel antagoniste avait pris la troupe au dépourvu, moi le premier.

Je rassemble alors mes forces, sort d'un geste nerveux ma lance et me prépare à charger l'archer qui nous menace.

« Ce n'est pas terminé. Restez sur vos gardes ! » Je m'écrie d'une voix ferme, puis en se tournant vers mon neveu.

« Evrard, ton équilibre nom d'un chien. Allez debout, arrête de faire le clown ! »

Je l'aide à se relever d'un mouvement ferme et assuré, en lui envoyant un regard qui veut dire « Tu vaux mieux que ça sacrénomdedieu ».
Répondre
#14
Les relents nauséabonds des soubassements d'Astéras ne dépareillaient pas avec l'odeur pestilentielle de son haleine éthérée, et s'était sans doute tant mieux.

Si Neryë avait daigné sortir de sa mise en abyme, il ne s'imaginait pas pour autant devoir traîner son corps et son esprit meurtris dans ce cloaque nidoreux.

Revenir dans le pays de ses pairs n'avait-il pas été un défi suffisamment grand ? Subir le dédain d'une génération qui avait tout oublié, ou presque, un camouflet assez blessant ? Et il fallait encore côtoyer la chienlit de la race elfique, ces brigands des bas-fonds qui n'entendent rien à la valeur de nos vies…

Mais il savait pourquoi il avait accepté de revenir.

« Il lui ressemble tellement… », cette rengaine résonnait en permanence dans son esprit encore embrumé. Jamais il n'avait envisagé qu'un fantôme du passé puisse le tirer des fanges de sa mélancolie. S'il y avait une raison encore valable à son existence, cet éternel combat, c'était uniquement celle-là.

C'est donc avec résignation qu'il avança encore un peu plus au travers les sombres méandres de cette cité dite d'albâtre, guidé par la fidélité d'un lointain serment...
Répondre
#15
" Allons, mon oncle, c'était une glissade tout à fait maîtrisée ! Le but était, bien évidemment, de distraire son attention le temps de ... "

Bon, ça ne servait à rien, la glissade n'était clairement pas maîtrisée, et Evrard ne devait son intégrité physique qu'à la vitesse de réaction des autres combattants. L'oncle n'avait rien perdu de son sens de l'observation, dans son vieil âge, dites donc. Se rajustant rapidement, le jeune homme aux cheveux bruns rechargea son arbalète d'un geste qui avait la précision de l'habitude avant de se tourner vers le couloir d'où ils venaient.

Contrairement à ses espoirs, la virée dans les égouts n'était toujours pas terminée. Bah, il prendrait ce bain un peu plus tard, c'est tout. Et ça lui laissait le temps de sécher un peu plus avant de remonter, ce qui ne pouvait être qu'un avantage, vu l'odeur. A moins que ça rendrait juste la crasse plus difficile à éliminer, évidemment.

Mais il ne servait à rien de se tournebouler l'esprit sur de telles questions : un autre contrebandier était non loin, et avait démontré ses intentions plus qu'hostiles : carrément meurtrières, vu la volée de flèches qu'il avait décochée.

" N'ayez crainte mon oncle, aucune glissade de prévue, maîtrisée ou non ! "

Il allait devoir faire très attention aux endroits où il poserait ses pieds, après une promesse pareille. En espérant qu'il pourrait rattraper le bandit malgré tout.
Répondre
#16
Le dernier contrebandier s'écroule sur le dallage humide et visqueux dans un râle étouffé par le sang sortant de façon incontrôlé de sa bouche.

Une fois qu'il s'immobilisa complètement et définitivement, un élan de soulagement et de triomphe parcouru le groupe rassemblé et serré dans cette salle et ce couloir étroit.


La tension descend d'un coup et l'ambiance commence à se détendre.

Les visages se décrispent peu à peu, et quelques sourires et plaisanteries commencent à fuser ici et là.

Et pour une fois, je n'y prends pas part.
Ni railleries sur mes compagnons. Ni moqueries du Dyanese.

Je reste de marbre face à ce que les jeunes semblent considérer comme une victoire, et reste totalement imperméable à l'égaiement général.


Il y a un engrenage manquant qui empêche la boucle de s'accomplir correctement. Et tout comme un ingénieur en chef qui reste insatisfait tant que le mécanisme ne fonctionne pas à la perfection et ne produit pas la douce mélodie de l'enchaînement parfait des rouages, je ne peux me satisfaire de ce résultat.

L'absence de cet élément –pourtant flagrant- ne semble pas inquiéter plus que ça les jeunes.

L'inexpérience leur confère une espèce de niaiserie et d'innocence, peut-être touchantes pour certains, mais intolérables pour moi, surtout dans pareille situation.
Ne prennent-ils tout cela que pour un jeu ? Bref.

Ne vous emballez pas et ne vous dispersez pas, gamins.
Ce n'est pas fini.


Même si les deux derniers adversaires étaient de loin plus redoutables et coriaces que les précédents, aucun n'avait l'aura caractéristique d'un meneur.
Comment je le sais ? J'ai suffisamment croiser et soutenu le regard d'une personne apte à diriger, qu'elle soit alliée ou ennemie, en recevant un ordre ou avant de l'achever, pour reconnaître ce détail au premier coup d'œil.

Le chef de ces contrebandiers est absent. C'est une évidence.
Deux hypothèses possibles.
Non. Trois.

Première : il s'est enfui en nous entendant arriver. Dans ce cas, les preuves importantes pour opérer au démantèlement du réseau ont été emmenées avec lui. Sans nul doutes. On ne peut pas diriger ce genre de réseau sans posséder un minimum de jugeote, sinon on ne dure guère longtemps dans ce milieu.
Mais les ennemis rencontrés ne m'ont pas paru montrer le comportement typique des gars laissés à eux même afin de couvrir leur chef et avec lui tous leurs secrets ainsi que la plus grosse part du profit. Ils ont plutôt eu l'air surpris, se défendant par instinct pour leur survie et non pour défendre les intérêts de leur organisation.
Une personne qui en protège une autre, que ce soit par amour, fidélité ou intérêt a toujours une expression bien spécifique. Ce n'était pas le cas des hommes.

De plus, s'ils avaient vraiment voulu nous ralentir, ils auraient pu s'y prendre par plusieurs moyens, et ne seraient pas restés comme des idiots à rester coincés dans cette antichambre au nord. Ou alors ce sont des abrutis. Hypothèse plausible…
Mais non. Rejetée.



Seconde possibilité : ces égouts ne constituent pas le cœur névralgique du réseau c'est-à-dire : l'entrepôt principal. Ce n'est possiblement qu'un lieu de stockage secondaire, pour le surplus de marchandises ou le conditionnement en attente de livraison, cohérent si la production est éloignée ou si le réseau ne dessert pas qu'Asteras et est plus étendue. Dans ce cas, s'il est trouvé (comme ici), cela ne met pas en péril tout la chaîne.
Il y a également la possibilité que l'entrepôt principal soit bien dans ces égouts, mais localisé à un autre endroit dans ce dédale qui me semble beaucoup plus vaste qu'il n'en a l'air, et dont on n'aurait explorée jusqu'à maintenant qu'une petite partie.

Mais là encore, des arguments si opposent : pourquoi tant d'effectifs pour protéger un point secondaire, facile à sacrifier en cas de risques ?
Même si la majorité des brigands rencontrés étaient des masses de chair sans cervelle, main d'œuvre facile à manipuler, tout autant à abandonner et sacrifier, ils doivent néanmoins représenter un certain coût. De plus le nombre que nous avons rencontré jusqu'à présent est plutôt conséquent, trop pour garder un stockage optionnel. Et si le stockage principal était positionné à un autre endroit dans les égouts, la majorité des contrebandiers s'y seraient dirigés pour s'y rassembler et le protéger voir commencer l'évacuation des articles les plus précieux et des richesses.

Dans ce cas, soit le réseau est bien plus développé et conséquent que je l'avais supposé, et un point même secondaire pourrait ainsi faire penser à un entrepôt principal, et dans ce cas nous ne voyons que la queue du lycanthrope prêt à nous déchirer d'un coup de mâchoire, soit…

Troisième possibilité : le chef est absent, et n'est pas encore au courant de notre présence ici. Si c'est le cas, c'est une occasion rare et inespérée, beaucoup trop pour la laisser consciemment filer. Il faut à tout prix cacher les corps et nettoyer les traces de notre passage pour lui tendre une embuscade afin de le capturer puis l'interroger. Lui faire cracher le nom de ses fournisseurs et de ses clients. Et ce par tous les moy-


Un bruit étouffé retenti à l'instant. Derrière moi.
Ce bruit me rappelle quelque chose. C'est comme corde qui se ten-
MERDE.

Pas le temps de me mettre à couvert. Le tir est déjà parti.
Ou plutôt : LES tirs.
Une volée de flèches naît des ténèbres enveloppant le couloir derrière moi et que j'avais bien à tort et imprudemment, oublié, et foncent vers moi et ceux m'entourant.

Se mettre de profil. Lever les bras pour protéger la tête.
Mon entraînement se rappelle à moi tout comme la nécessité de respirer et expirer. Et mon corps agit de lui-même sous l'impulsion. Et je n'ai aucune raison de m'y opposer.

Heureusement, les tirs sont imprécis. Seule une flèche m'effleure le bras droit. Au niveau de l'entaille, j'aperçois la viscosité vert émeraude typique d'un poison.

La pluie mortelle s'arrête.
Je ne laisse pas le temps à la seconde salve de partir et me recule rapidement mais prudemment vers le couloir, faisant face à la menace mes bras toujours en bouclier devant ma poitrine et mon visage. Tout en battant ainsi en retraite je tente de discerner à travers l'obscurité l'origine des tirs.

Une silhouette se dessine dans le noir.
Son visage est sombre, mais j'aperçois le reflet de nos torches dans ses yeux. Je croise son regard.
Le chef. Nul doute possible.
Je n'ai pas le temps de l'examiner plus qu'il se tourne et disparaît dans les ténèbres.

La surprise de l'attaque déclenche un mouvement de panique dans le groupe.


Merde.
Tu as complètement foiré Elena !
A l'époque, je n'aurais jamais laissé une telle chose se produire. Comment j'ai pu oublier l'existence de cet embranchement ? Pourquoi n'y ai-je pas fais attention et ne l'ai pas surveillé tandis que les autres clampins se congratulaient bêtement ?
Est-ce que je me repose, à tort, sur ces mioches comme je le faisais avec mes anciens compagnons d'armes ?

Non. Inutile de rejeter la faute sur eux.
Je suis devenue sénile, incompétente et inapte à mon ancienne fonction.

Mais je ne vais pas pour autant me laisser abattre : la dépression et les regrets sont faisandés, et j'y ai suffisamment goûté dans le passé, assez pour en attraper une indigestion.
Maintenant je marche de l'avant. Et je vais corriger cette grossière erreur.

Tout d'abord la blessure. J'arrache sans hésitation un lambeau de la manche gauche de ma robe pour essuyer le poison en prenant garde à ne pas en mettre d'avantage dans la plaie, tandis que tous s'agitent autour de moi.
Une fois nettoyée, je saisis un bandage, l'enroule autour de mon bras au niveau de la blessure et serre.
Le problème de la plaie est réglé.
Je commence à sentir les effets du poison : nausées et frissons, mais à une intensité amplement supportable. Soit il n'est pas suffisamment puissant, soit il n'y a pas eu suffisamment de quantité qui ai pénétré mon organisme. Tant mieux.
Je regarde les autres blessés. Aucune blessures graves, toutes secondaires. Bien. Ils sauront se débrouiller sans moi.


Alors qu'ils sont déjà nombreux à se lancer à la poursuite du bandit, je me retourne, et remonte le flot à contrecourant en frôlant le mur, direction l'antichambre.

De par la nature de son attaque et sa « fuite », il est clairement évident que le contrebandier ne souhaite pas nous tuer, mais attirer notre attention dans le but que nous le poursuivons.
Technique typique d'une guérilla : attirer l'ennemi dans son environnement de prédilection pour l'y piéger et l'épuiser jusqu'à lui porter le coup fatal.
Tellement évident et prévisible.

Pour autant, je ne m'interpose pas devant ceux qui déjà accourent vers le couloir où a disparu l'ennemi, ni tente de les en dissuader. Je les laisse faire.
Une armée régulière ou un groupe basique sans plan adapté n'a aucune chance de triompher contre une guérilla. Aucune. Au pire, ils vont se faire massacrer –mais même s'ils sont incompétents, je suis confiante sur le fait qu'ils reculent et abandonnent au lieu de mettre leur vie en danger, aussi je ne m'en inquiète pas plus que ça- au mieux, le chef parviendra à s'enfuir.
Néanmoins, j'ai besoin qu'ils le suivent pour donner l'impression –pas si illusoire que ça- que son plan a fonctionné. Ainsi, j'ai le champ libre pour mettre en place les miens.


Cependant, la technique de la guérilla n'est pas ultime ni imparable : connaît aussi bien le terrain que ton ennemi, et son principal avantage disparaît.

J'arrive tant bien que mal à l'antichambre qui, si elle était encore bondée il y a à peine quelques minutes à cause de l'avidité et la hâte des jeunes qui s'imaginent toujours des trésors de monarque au bout de leur périple pour récompenser leurs efforts –attentes qui ont été assez vite et promptement déçues à ce que je peux deviner de leurs expression et de l'état encore bien préservé de la pièce et des caisses- se vider aussi vite qu'une choppe percée.
Tant mieux.
J'ai besoin de calme et de toute ma concentration pour la suite.

Sur le chemin, Illaria me donne une pièce, différente de celle utilisée usuellement dans notre économie, sans doute avec l'espoir que je puisse en tirer quelque chose. Je m'arrête, et procède à un premier examen qui, à première vue, ne me rappelle rien de ce que je puisse connaître. Je repère et mémorise chaque figure et caractères inscris aussi bien sur les faces que l'arrête, puis la met méticuleusement dans ma besace. Je conserve son image bien rangée dans un coin de mon esprit. Cela pourra resservir plus tard.
Je reprend ma route, jusqu'à arriver au centre de l'antichambre.

Je m'arrête et observe le contenu de la pièce.
Caisses, sacs, coffre –déjà fouillé, dont vient sans doute la pièce que m'a confié Illaria- et cadavres… Si je ne trouve rien de ce que je cherche, c'est que nous avons gravement contrarié les dieux, d'une manière ou d'une autre.


Il y a trois choses que je souhaite trouver dans cette salle :
- Un exemple de la ou de les marchandises qui sont au cœur des transactions et sur lesquelles le réseau semble réaliser son profit. Si possible, selon sa taille et sa nature, j'essayerais d'en récupérer un exemplaire. Un examen attentif réalisé plus tard pourra nous permettre d'en apprendre plus sur son intérêt -et donc quel type de public est visé et concerné par ce marché frauduleux- et ses divers composants –qui pourront peut-être nous permettre d'identifier les producteurs et/ou les fournisseurs-.

- Un courrier, une lettre, un simple mot… Qui permettrait d'identifier des membres du réseau, de préférence les mécènes, afin d'en informer la garde pour qu'elle puisse opérer à une vaste opération de démantèlement afin de mettre à terre définitivement ce commerce des bas-fonds.

- Enfin et non des moindres : un plan ou du moins un croquis des égouts. Ces derniers semblent labyrinthiques, auquel s'ajoute l'obscurité et le danger -que ce soit venant des rats ou des chutes qui peuvent se révéler nombreuses voir mortelles, comme a bien failli nous le montrer Evrard à ses dépens-, aussi il serait très étonnant qu'aucun des brigands que nous avons vaincus jusqu'à présent n'en possède un exemplaire, ou du moins quelque chose qui s'en rapproche.
Il serait également plus que surprenant que les contrebandiers n'utilisent que l'entrée officielle des égouts pour leurs allées et venues. J'imagine sans mal qu'il existe une autre sortie, par exemple celle permettant à l'eau de s'écouler dans la mer, mais j'ignore si elle est empruntable ou si une grille en bloque le passage et ne permet que l'écoulement des eaux usées. Et puis installer un entrepôt sans qu'il y ai plusieurs entrées et sorties possibles est plus que stupide : c'est irréalisable. Aussi nul doute qu'il doit y avoir des passages secrets, par le biais de canalisations suffisamment grandes pour être praticables, ou des bouches donnant sur différents endroits de la capitale. Si plan il y a, ces passages sont sans doute localisés dessus.
Je pense que mes plus grandes chances se concentrent au niveau des cadavres du brigand et du contrebandier qui semblait porter sur lui une bourse considérable ainsi que quelques ressources intéressantes. Ces cadavres ont déjà été pillés, mais mes prédécesseurs fouilleurs recherchaient des richesses ou des objets intéressants et utilisables. Moi, je recherche un bout de papier.
S'il faut, je n'hésiterais pas à les déshabiller entièrement pour trouver ce que je cherche : ces idiots ont parfois la manie de tatouer des plans et des informations cruciales sur leur corps. Stupide, mais je n'irais pas m'en plaindre si ça me permet d'obtenir ce que je recherche.


Bon.
Je relève mes manches, comme pour me préparer à une tâche physique intense, puis prend une profonde inspiration.
Au travail ma vieille !

Sans plus tarder je commence à m'atteler à l'examen attentif et rigoureux du contenu de chaque caisse, boîte et sac que contient cette pièce.

L'examen des cadavres viendra par la suite.
Répondre
#17
En fouillant la pièce, Elena mit la main sur des bouteilles d'un étrange liquide rouge et visqueux. Ces fiole contenaient une drogue débilitante, un véritable fléau pour les esprits.
Ce n'était surement pas la première fois qu'elle voyait une telle substance. Peut-être lui avait-on proposé de goûter le Sang du Dragon autrefois ? Peut-être a-t-elle vue une connaissance ravagée par ses effets ? Peut-être en avait-elle prit et se retrouvait à encadrer un voyage scolaire dans les égouts ?
Cela ne regardait que la vielle dame.

Elenna découvrit également des bouteilles plus "classiques" d'alcool. A l'odeur, elle pouvait juger qu'il était frelaté depuis un moment. Sûrement la piquette qui sert à soûler les brutes écervelées. Rien d'intéressant donc.

Quand aux papiers, il était bien difficile de mettre la main sur ce serait-ce qu'un ! La plupart des bandits provenaient des couches basses de la société elfique ou talienne. Ces contrebandiers n'eurent probablement jamais l'occasion de s'instruire, encore moins après avoir consommé le Sang du Dragon.
Rien ne les empêchaient de dessiner un plan... mais celui-ci devait plutôt se trouver entre les mains d'un membre de la bande. Peut-être le meneur, peut-être un de ses lieutenants.
Répondre
#18
J'observe le liquide vermeil à la lumière de la torche suspendue au mur devant moi. Des tâches de reflet couleur sang maquille mon visage.
Je remue légèrement la fiole pour tester sa fluidité: la substance semble très épaisse.

Mh...

J'ai déjà ma petite idée, mais je préfère m'en assurer.
Dernier examen: olfactif.
J'ouvre la fiole dans un bruit sourd et approche prudemment le goulot de mon nez.
Soudain, une odeur terrible et infâme envahit mes narines, à tel point que je manque de lâcher la flasque. Et pourtant, mon odorat est déjà bien amoindri par l'odeur pestilentielle des égouts !

J'écarte le flacon et le rebouche à bout de bras, le nez me piquant encore, à tousser et renifler bruyamment comme un chien qui aurait respiré du poivre.

Eeerk... Aucun doute possible. C'est bien du sang de dragon.

J'en ai déjà vu dans le passé, durant ma carrière. Une drogue abjecte qui détruit l'esprit des hommes aussi bien que leur goût. C'est quelque chose d'inacceptable pour une adepte de bons vins telle que moi !

...

Bon, il est vrai que, durant cette période obscure de ma vie, l'occasion s'est présentée à moi et j'ai longuement hésité... Mais au final je me suis rabattu sur la piquette: pas fameux ni glorieux, mais ça reste pourtant une des meilleures décisions de ma vie !
Si j'étais tombé dans la consommation du sang de dragon, je n'aurais jamais pu remonter la pente comme j'ai pu le faire. Enfin... Si on peut vraiment appeler comme ceci le fait d'éduquer une gamine vilaine et inintéressante.

Bref, concentre toi vieille bique, ce n'est pas le moment pour ça !

Je reporte à nouveau mon attention sur la fiole que je tiens, puis sur la seconde qui trône non loin sur une des caisses.
Il semblerait que le commerce de ce produit illicite se soit développé au cours de ces dernières décennies et trouve une clientèle demandeuse...
Cependant son coût, lui, n'a pas dû beaucoup évoluer. Dans mes souvenirs la conception de cette drogue coûtait particulièrement chère, de par ses ingrédients déjà, son processus de fabrication également, mais aussi et tout simplement du fait qu'elle soit interdite à la commercialisation.
Or l'interdit existe pour être bravé, c'est bien connu.
Ainsi les personnes pouvant se permettre de s'acheter ce genre d'article en ont nécessairement les moyens, donc sont forcément des individus de bonnes conditions.
J'ignore depuis combien de temps existe ce réseau mais si cela fait quelques mois déjà, ils ont sans doute déjà accumulé un butin impressionnant…


Tsss. Il y a toujours des gens pour abuser des faiblesses des autres.
Et ces mêmes autres qui n'ont rien de mieux à faire de leur argent que de le dépenser pour des désirs inutiles et puérils et alimenter un trafic de contrebande. Idiots.

Je récupère la seconde fiole et les met toutes deux avec délicatesse dans ma besace. Il manquerait plus qu'elles ne se cassent et se répandent sur mes affaires…, comme si l'odeur ambiante ne suffisait pas à elle toute seule !

Sa fouille ne releva rien d'autres d'intéressant… Si on excepte les quatre bouteilles de piquette qui n'eurent pas, elles, à subir un examen approfondi pour atterrir –comme par magie- dans mon sac.
Bien évidemment, je ne les ai prises que parce qu'elles peuvent avoir un intérêt en tant que désinfectant pour les blessures. Et par blessures, j'entends bien celles du corps comme de l'âme.
C'est juste au cas où. En cas de pépin. De moment de faiblesse… BREF.

Je ferme ma sacoche et effectue un dernier tour de la salle. Rien d'autres.
Bien.
A présent… Passons au plat de résistance
!

Mon regard se pose sur les trois cadavres les plus proches : celui du contrebandie, du brigand et de la brute.
D'avance j‘exclus la brute : cette corvée ne me répugne pas mais ma passion n'est pas pour autant le dépouillage de cadavres. Surtout quand ils sont aussi hideux. Je m'avance donc vers le corps gisant du contrebandier quand j'aperçois Illaria qui, en retard sur le reste du groupe après avoir elle-aussi fureté dans les marchandises -mais visiblement dans un but différent du mien- commençait à s'éclipser vers le couloir pour rejoindre les autres.

L'occasion était trop belle pour la laisser passer.

« Illaria ! Aide-moi à examiner en détails les cadavres. Il est possible qu'on y trouve quelque chose qui pourrait nous aider. Et c'est l'occasion de mettre à profit des compétences de ranger.

Occupe-toi du brigand, je me charge de l'autre.
N'hésite pas à le déshabiller complètement s'il le faut, et à examiner le corps. TOUTES les parties du corps, compris ?
On recherche une missive, un plan… Tout ce qui peut nous être utile.
Essaie de voir également s'ils possèdent un signe distinctif –une bague, un sceau, une marque, un tatouage- qui pourrait les rattacher à un groupe ou un clan. »


Sans attendre sa réaction je m'approche du macchabé dont j'ai la charge et commence à le dévêtir en tâtant chaque pan de ses vêtements pour m'assurer que rien n'y est caché. Puis j'inspecte méthodiquement chaque doigt, chaque orteil, chaque partie de son corps -dont l'intérieur de la bouche malgré l'haleine de gobelin qui en émane- afin de n'omettre aucun détail.

C'est une tâche macabre, certes, mais pour qui a vu défiler de nombreux cadavres –voir trop- dans sa longue vie, ce n'est qu'un exercice pénible comme un autre.
Et les morts ont d'avantageux qu'ils sont de bonne compagnie quand on recherche le calme et la concentration.
Répondre
#19
Tous s'étaient rués en avant à la poursuite du mystérieux assaillant et à ma décharge, ma première réaction avait été de me lancer dans la bataille, stupide réflexe d'héroïsme débile. La meilleure façon d'aller à la rencontre d'une mort rapide et inutile. Reprends toi ma fille et souviens toi de ce que disait alors ton père :"Illaria, être à l'écoute de son cœur est une belle et bonne chose, mais ne le laisse jamais te gouverner." Je pensais avoir pourtant retenue la leçon, rudement inculquée à grand renfort de parties d'échecs et de débats enflammés. Père, êtes vous seulement encore en vie ? Cette pensée morbide suffit à me plonger dans un abîme de tristesse et je me rend soudain compte en avoir oubliée de respirer quand mes poumons se rappellent à mon bon souvenir. Erk, l'air ambiant est franchement infect ! Je jette un regard en arrière vers les autres, puis vers la salle de stockage. Je soupire. Bonne chasse, soyez prudents.

Décision aussitôt prise, demi-tour aussitôt fait, je conserve toutefois mon arbalète prête à tirer tout en pensant à mettre le cran de sûreté. Je m'en voudrais de mettre fin aux jours de quiconque par accident. A peine ai-je eu le temps de rentrer dans la salle qu'une Elena autoritaire se tourne vers moi -non sans glisser dans son sac plusieurs flacons au contenu visiblement vinicole- et se met à me donner une série d'instructions d'un ton fluide et rapide. Je me raidis instinctivement, toute mon attention tournée vers cette vieille chouette au ton sec et professionnel de vieux briscard et avant même de me rendre compte de ce que je fais, me voilà en train de saluer sur un :"A vos ordres, sergent !" aussi vif que clair. Je cille, aussi surprise qu'étonnée de ma propre réaction avant de lui adresser un demi sourire d'excuse. Les vieilles habitudes ont la peau dure, surtout quand on vous les à inculquez à grand renfort de coups de pieds au cul.

Je me dirige vers le cadavre désigné par mon aînée, dague en main et me met à l'ouvrage, pas dégoûtée pour un sou de devoir manipuler un mort. Celui-ci au moins avait été tué proprement (enfin façon de parler !) et n'avait pas eu le mauvais goût de se faire déchiqueté par quelques prédateurs en maraude (si l'on exclu les aventuriers en maraude de cette catégorie, bien sûr). Je commence donc par lui faire consciencieusement les poches, examinant attentivement leur contenu avant de lui retirer ses bottes et de les retourner à la recherche de quelques objets dissimulés.
Je lui ôte ensuite ses vêtements, les réduisant précautionneusement en lambeau à l'aide de mon couteau, à la recherche de poches secrètes ou de doublures cachées. Cela fait, je m'attelle à la dernière partie de mon examen, palpant attentivement le corps désormais dénudé du brigand, notant doctement les meurtrissures et les plaies que lui ont infligés mes camarades. J'insiste en m'attaquant aux endroits les plus farfelus, lui ouvrant la bouche, lui écartant les paupières sur ses yeux révulsés et morts (sait-on jamais si celui là n'en aurait pas perdu un et cacherait un quelconque papier derrière son œil de verre ?). Bon il ne me reste plus qu'un endroit... J'enfile une paire de gants de vieux cuir usés par le temps et retourne le cadavre d'un coup de pied pour inspecter le corps des oreilles jusqu'aux pieds. Je songe bêtement qu'il me faudra acheter une nouvelle paire de gants après ça.
Répondre
#20
Les flèches venaient bien de quelque part !

Trouver la source des projectiles permettra de détecter leur nouvel ennemi. Comme le flot s'était tari, la tâche devenait ardue. Un point était clair : l'archer n'était pas dans la pièce actuelle. Dyanese rebroussa chemin et croisa Elena en chemin.

Elle traîne la savate la vieille, il va falloir vraiment qu'elle se trouve un hospice ! pensa-t-elle.

L'heure n'était pas à l'échange d'insultes, leur survie était plus importante. Ses compagnons étaient sympathiques, certains avaient en plus un joli minois, en perdre un dès la première aventure serait fort regrettable. Ils devaient apprendre à se connaître, à s'épauler et s'organiser. Il fallait donc qu'elle prenne les devants pour protéger les mages des projectiles. C'était son rôle.

Son père lui avait répété maintes fois qu'un groupe soudé et bien dirigé égale sans conteste une grande armée indisciplinée. Une organisation n'est efficace que si chacun se tient à son rôle sans excès de zèle. Il est bien connu qu'un novice un peu téméraire finit entre quatre planches. Et elle ne voulait pas laisser ce plaisir à la vieille harpie.

Le groupe s'était précipité dans la salle protégée par un brigand et son compère, sans examiner les moindres recoins du dédale obscur et nauséabond. Ils n'avaient donc pas daigné explorer le second couloir, et cette erreur avait failli être tragique.

L'auteur des projectiles se cachait inévitablement dans ce couloir, mais les indices pour le débusquer restaient trop maigres. La guerrière n'allait pas attendre qu'un de ses compagnons devienne un porc-épic pour connaître sa position. Quelle possibilité leur restait-il ?

Un sourire naquit sur ses lèvres, elle avait trouvé une idée. Elle lança d'une voix forte.

Hé, l'archer ! Merci pour tes marchandises ! Tu nous en veux pas de les emprunter ? Malheureusement, j'ai bien peur que tu ne puisses pas profiter de ce marché juteux !

Elle n'avait aucune idée de la contrebande organisée, mais l'appât du gain facile devait regrouper ces hommes. Voir l'or disparaître sous leur nez devrait le faire sortir de ses gonds. Donc se trahir. Espérons que la tactique aboutisse.
Répondre
#21
Son mal de crâne ne passait pas, et même devenait de plus en plus pesant. Il l'avait d'abord mis sur le compte des odeurs pestilentielles qui lui montaient au cerveau, mais Martin Bêcheur commençait maintenant à suspecter une présence de poison dans la dernière flèche qu'il avait reçue, voire un début d'infection de ses plaies. Cette dernière hypothèse le terrifiait, il se rappelait d'un de ses jeunes camarades d'enfance, qui après avoir été mordu par un rat, avait dû être amputé de la moitié de son corps après qu'une gangrène gazeuse se fut développée à vitesse foudroyante.

Il attrapa une torche dans son sac et demanda à l'un des pyromanciens présents de l'allumer. Il approcha la flamme de sa dernière blessure, le plus près possible, afin d'une part de neutraliser l'éventuel poison au cas où celui soit thermolabile, et d'autre part d'assurer une désinfection superficielle. Puis il appliqua un bandage propre.

Le soin accompli, son regard fut attiré par des inscriptions sur le mur. Il commença à les déchiffrer : « Tinùviel et Aranwë pour la vie», plus loin « Voronwë si tu lis ce message, je t'aime, Niniel ». Tout excité à l'idée de découvrir éventuellement son nom, Martin continua sa lecture. Qui sait, peut-être allait-il découvrir qu'une femme l'aimait en secret ? (il ne doutait pas que de nombreuses femmes n'osaient l'aborder, de peur de ne pas être assez bien pour lui).

Un des aventuriers du groupe le surprit et l'interpella :

- « Et Le Bêcheur, tu vas nous aider à trouver le tireur au lieu de lire les cochonneries sur les murs !

- Euh, mais c'est pas du tout ce que vous croyez, euh… j'essaie simplement de trouver un plan secret ou tout autre indice !... »
Répondre
#22
Arianna avançait dans les égouts une main sur le nez pour empêcher l'air vicier d'entrer dans son nez. Elle semble prêter peu attention aux étrangers qui étaient déjà présent. Visiblement le garde a fait preuve d'un zèle certain pour recruter des gens pour faire son travail. Elle ne retient pas une moue de dégoût lorsqu'elle s'aperçoit qu'elle est obligé de marcher dans l'eau (ou ce qui passe pour de l'eau) pour avancer. Et là, elle pousse un petit cri d'horreur : elle vient de se rendre compte qu'elle a oublié de s'acheter des chaussures et était toujours pieds nus. Dans cette eau dans laquelle flottait des rats et bien d'autres choses. Les joues rosies par la honte, elle ravale sa bile et continue d'avancer. Après tout, le mal est fait, rien ne sert de revenir en arrière.

Progressant un peu, elle entend des bruits de combat. Visiblement, il y a des affrontements mais elle n'en voit guère de traces. Peut-être quelques corps qui flottent çà et là. Elle continue son exploration et se rend compte qu'elle a trouvé la cache des brigands mais sans les brigands. La compagnie déjà présente s'en est déjà chargée. Elle hausse les épaules et continue plus au sud : elle cru entendre quelqu'un évoquer le chef de la bande qui était toujours là.

Elle se faufile entre les Taliens et prononcent quelques incantations en se concentrant le plus possible. Des salves de feu et une bourrasque de vent jaillissent du bout de ses doigts mais ratent complètement leur cible. Ne perdant pas la foi dans ses capacités, elle prononce une autre incantation qui touche le chef des brigands. Mais contrairement à ses attentes, le sort ricoche et touche deux compatriotes et un Talien. Elle écarquille les yeux et blêmit.

"Mais... Mais ce n'est pas possible."

Ouvrant alors sa besace, elle reprend son livre de sort en main, tourne nerveusement les pages et tombe sur celle qu'elle cherchait. Après l'avoir lue, elle ferme les yeux et prend une grande inspiration... Ce qui au passage n'était guère judicieux étant donné la puanteur qui régnait toujours. Elle se tourne vers Dyanese, Leonide et Martin Bêcheur, ses mains en avant en signe d'excuse.

"Pardonnez-moi, j'ai été négligente. C'est la première fois que je lance ce sort, je ne m'étais pas aperçue de sa dangerosité."

Elle se mord la lèvre inférieure en signe d'agacement.
Répondre
#23
Alors qu'il pensait les combats enfin finis, et qu'il allait pouvoir se reposer... Il fallait croire que non. Victor avait tout de même eu le temps de souffler un peu et surtout de boire une potion de soin avant que le groupe ne se fasse à nouveau attaquer. C'était la première fois qu'il en buvait une entière, et aussi vite. Bien qu'il trouvait la texture un peu pâteuse et la couleur vivace peu appétant, il n'allait pas faire de chichis. Et il n'allait pas non plus laisser ses camarades s'enfoncer plus profondément dans les égouts alors qu'il retournait à la surface guérir de ses blessures. Heureusement que la magie permettait de faire ce genre de potions. Il ne doutait pas qu'elles avaient sauvé la vie de bien des personnes.

Laissant d'autres plus en arrière, il s'avança promptement dans le couloir, traversant l'eau une fois de plus. A force, cela ne le gênait plus vraiment... Ou plutôt, il fallait faire avec. Il rêva un instant du bain qu'il prendrait en sortant. Reprenant pied sur l'une des rives, il prit l'option de s'éloigner du gros des troupes ayant poursuivit leur furtif ennemi pour suivre Theobald. Il prit donc un embranchement à leur droite et observa les environs. Il avait remarqué que les autres Sentinelles avaient commencer à défaire une brute qui restait là, et eut le plaisir d'en décompter deux dans son champ de vision.

Avançant prudemment, maintenant qu'il était pour ainsi dire seul, il entendit un nouveau sifflement dans l'air. Le sifflement caractéristique d'une flèche (ou d'un carreau). Par réflexe, il plaça son bouclier devant sa tête, mais entendit quasi-immédiatement un cri de douleur. C'était l'autre guerrier qui avait été visé et touché. Il eut tout juste le temps de voir le contrebandier redisparaître dans les ombres sur l'autre rive.

"Theobald, reculez ! Revenez près du groupe."

Il avait l'air mal en point, mais Victor ne pouvait pas faire grand chose pour lui actuellement. Il observa l'endroit où il avait traversé il y a quelques minutes et interpella son cousin qu'il voyait là, parlant ensuite aussi bas que possible, mais suffisamment fort pour qu'il l'entende.

"Evrard, préviens les autres, il est par ici..."
Répondre
#24
Courir dans la saleté n'était pas digne d'une dame. C'est sans doute ce qu'aurait dit Lazzare, le regard terrible et plein de jugement. Elle lui aurait alors ri au nez, relevant son menton comme sa mère l'avait fait avant elle, et se serait elle aussi prise la même gifle qui avait marqué la fin de beaucoup de chose.
Notamment de l'époque où Cendre se comportait encore comme une Dame, toute convenable et aimable.
De nos jours, elle n'avait de convenable que l'habit - une longue robe lui arrivant à la cheville et de couleur sombre, faisant alors ressortir sa crinière rouge comme plus flamboyante encore. Un quelque chose de chaud, de brûlant dans le regard, prêt à incendier n'importe quelle chose l'approchant de trop près.

Comme un bandit, par exemple.

Si Evrard, Victor et Léonide commençaient doucement à souffler, pour avoir été trop proche des longs bras et des grands mains de quelques imbéciles, Cendre elle se sentait au mieux.
L'odeur avait commencé à faire partir du décor, à ne même plus être véritablement remarqué par son nez fin et gracile.
Elle s'enfonçait dans les ténèbres, brillante comme une étoile sur fond d'obscurité.

« Oh ? »

Une volée de flèche venait de s'abattre un peu plus loin sur un rang d'hommes.
La jeune sorcière était toujours à l'abri, bien en arrière. Elle jeta un regard à son oncle, puis à son demi-frère, et enfin à son cousin. Aucun d'entre eux ne semblait en forme. Les combats duraient maintenant depuis quelques heures, à courir, à patauger, et maintenant ils étaient même sous le joug de quelques truands dont un principalement qui se jouait d'eux.

Elle grogna, et avança, passant entre les guerriers.

Quand elle était gamine, Lazzare lui disait souvent qu'elle avait tout d'une princesse. Il lui souriait, passait parfois même ses grands doigts dans ses cheveux, pour mieux lui caresser le haut de la tête. Elle était minuscule, elle le voyait immense. Il aurait sans doute détesté la voir ici, à crapahuter dans la merde, mais à bien y réfléchir, en avait-il seulement eu un jour quelque chose à faire ?

Elle jeta un regard à Victor, le détailla. Du sang avait un peu tâché sa peau claire.
Elle ne s'inquiétait pas pour lui. De fait, Cendre ne s'inquiétait pour personne, parce que c'était mieux ainsi. De ne plus s'inquiéter. La dernière fois qu'elle s'était inquiétée, c'était pour sa mère, et elle avait failli mourir la gorge rongée par les flammes.

Si seulement...

Une brute apparut dans le fond du couloir, répétant comme tous ses dégénérés de congénère un long et balbutiant « euuuh ». Y avait-il une lueur d'intelligence dans ce regard ? Diable, pensa Cendre, ils ont l'œil moins pétillant et moins vif que les cochons du fermier de Malefosse. Ce n'était bien évidemment pas un compliment.

« Si c'est ça que la garde elfique n'a pas réussi à tenir en laisse, alors je me doute de pourquoi les Holdar ont réussi à raser leur Empire » murmura Cendre tout bas, se sachant entourer de nombre d'elfes.

Bien sûr elle en était une, mais la moitié qui coulait dans son sang ne s'était jamais considérée proche de la couronne d'Asteras. Sa mère était une elfe de Cyrijäl, comme les parents de Lenwë. Ils n'avaient, vis à vis d'Asteras, du moins pensait-elle, aucun devoir particulier.

Elle leva sa baguette et de nouveau deux traits de feu jaillirent, puissants certes mais visiblement pas assez pour percer le cuir épais des bestiaux.

« On dirait des bœufs que l'on aurait métamorphosé en hommes ! Ils ont l'intelligence d'une vache et le muscle d'un taureau ! » s'insurgea t-elle en voyant la simple brûlure sur le corps des brutes suite à sa magie. « J'espère au moins que leur chef sache ne rumine pas. »

Elle avança de nouveau.
Répondre
#25
Si les stocks conséquents de boissons avaient éveillé le moindre intérêt dans l'esprit de Neryë, il n'en avait rien montré.

Il y avait bel et bien un sens aux choses, il en était persuadé, même si des décennies d'errance l'avait éloigné bien loin du droit chemin.

La découverte, de la guerrière talienne marquée par les ans, de quelques pièces aux inscriptions anciennes n'avait fait que réveiller ce sentiment. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas vu ce visage. Si longtemps qu'il n'était plus sûr de bien le reconnaitre, ou bien était-ce la face des pièces qui était trop usée.

Pourquoi ses fantômes du passés venaient l'assaillir à nouveau? Peut-être était-ce un effet secondaire de sa récente crise de sobriété... non ça devait être autre chose, trop d'indices, trop de similitudes.

Il fallait enquêter et Neryë savait par où commencer...
Répondre
#26
La traque de l'archer avait commencé, un groupe s'était engouffré dans un passage menant à une autre pièce, mais Dyanese pensait que l'ennemi se terrait dans le couloir sud. Flanquée de deux compagnons, elle avança prudemment cherchant le moindre bruit suspect.

Leurs efforts furent récompensés : une tête émergea du coin du couloir, l'elfe leva son épée devant elle, prête à en découdre. Les passes d'arme furent longue, et elle ne ménagea pas ses efforts pour blesser son adversaire... sans succès. Les deux adversaires se séparèrent un instant, pour se jauger et reprendre leur souffle.

Le brigand avait compris, l'elfe s'était épuisée dans ce duel. Il sourit avant d'approcher pour croiser de nouveau le fer. Dyanese acculée, para ses coups de moins en moins précis, et les entailles commencèrent à fleurir sur son corps.

Meurtrie, elle n'eut d'autre choix que de reculer. Déversant en un cri toute sa douleur, elle tenta de fuir : le combat était fini pour elle. Le brigand, satisfait, s'avança vers sa seconde victime.
Répondre
#27
Martin Bêcheur essayait en vain de frapper le brigand lui-même occupé à en découdre avec Dyanese.
Il parvenait à le toucher, mais à peine à l'entailler.

Il va vraiment falloir que je prenne un jour le temps d'aiguiser mon épée…. Et renforcer mes biceps aussi …

Les bourrasques lancées par Lenwë Ezelohhar et Arianna ne semblaient pas plus affaiblir leur adversaire commun.

Puis Dyanese s'écroula. Le brigand regarda alors les trois aventuriers restants autour de lui, un à un, d'un air sûr et satisfait « Dommage pour vous ».

Martin Bêcheur profita de cet instant pour lancer une attaque par feinte… facilement parée par le brigand.

« Reculons pour chercher des renforts ! » proposa l'elfe dépité qui voulait éviter de rejoindre Dyanese dans le monde des rêves trop rapidement.
Répondre
#28
Bien que la brute était braillarde – et sale -, et que bien du monde – trop- se trouvaient dans ces égouts – sale aussi- , l'agitation qui régnait dans son dos ne pouvait être ignorée.
Par delà le détour un peu plus loin dans son dos le fracas était plus lourd et les cris plus puissants. Quoi qu'il pouvait bien s'y dérouler le vacarme portait avec lui des promesses violentes.

Puissent-ils venir jusqu'ici pensa-t-il. Je ne puis plus quitter le contact, mais si chacun dans ce trou puant pouvait migrer vers ce détour, nous aurions un avantage certain.
Répondre
#29
Tandis qu'Illaria et Xanticor continuent de s'afférer à leur cadavre respectif, je me tiens assise à côté du mien, plongée dans mes réflexions et nullement affectée par la présence du macchabé à quelques pouces de moi, dont d'ailleurs le corps à moitié nu est mon œuvre, si on peut appeler ça ainsi. Sacrilège diront certains. Acte condamnable dénonceront d'autres. Goûts morbides souffleront les derniers. Je m'en moque. J'ai obtenu ce que je souhaitais, et cela compte des centaines fois plus que les possibles commentaires d'aigris en manque de commérages.
Ignorant l'humidité des dalles imprégnant peu à peu ma robe, je tente au mieux en m'aidant de la lumière faiblarde des torches, de déchiffrer ce bout de parchemin moisi sur lequel un vague et imprécis schéma est très grossièrement dessiné.
Néanmoins, après quelques minutes d'attentif examen à me rappeler mes souvenirs de la configuration des couloirs que nous avons emprunté jusque-là, je peux confirmer que ce vulgaire bout de papier et les traits vagues tracés à la hâte dessus constituent bien le plan de ces égouts.

[Image: 508801plangoutsRP.png]

A partir de là, un rapide examen m'apprend ce dont j'ai besoin. Deux sorties semblent être indiquées : celle que nous avons empruntée pour venir au Nord-Ouest, et une seconde au Sud-Est. Si ces égouts suivent un minimum la structure de la ville située juste au-dessus, alors cette sortie ne peut donner sur nul autre que l'Erion.
Le contrebandier a fui vers le Sud, le reste de la troupe à sa suite, cependant il peut très bien être tenté de faire le tour pour filer par où nous sommes entrés, ce qui serait un beau comble.
Hélas, je regrette que ce plan ne soit pas plus précis et n'indique pas les probables passages secrets dont notre cible pourrait toujours se servir comme dernier atout.
Mais c'est déjà mieux que rien. Il va falloir faire avec.

Alors que je me lève en laissant échapper un mince gémissement -l'humidité n'a jamais été prescrite pour les rhumatismes- un début de tactique se dessine dans mon esprit. A voir si les autres vont suivre ou n'en faire qu'à leur tête… Gare à eux s'ils choisissent le second choix… Mais j'aurais tout le temps par la suite pour échafauder de sombres et machiavéliques plans de vengeance.
" Illaria, Xanticor, arrêtez votre fouille, j'ai trouvé ce que nous cherchions."
Je brandis le parchemin puis me retourne et entame déjà le chemin du retour sans en dire d'avantage. J'attends qu'ils me rejoignent pour leur débiter un bref résumé tout en continuant de marcher avec un rythme soutenu, en espérant qu'ils soient un minimum attentifs et que je ne m'épuise pas en vain:
« Nous devons retourner à l'entrée des égouts. Une fois devant, vous descendrez au Sud avec possiblement les autres aventuriers que vous croiserez sur votre route. Les égoûts dessinent grossièrement un cercle. Ainsi en descendant au Sud directement après l'entrée au lieu de monter au Nord comme nous l'avons fait, et en tournant toujours à gauche, vous devriez tomber sur le reste du groupe. Et il est fort probable que ce manant ce joue de nos camarades en profitant de cette information. Mais notre avantage est qu'il ignore que nous la possédons également. Ainsi vous lui barrerez la route et le prendrez peut-être par surprise, suffisamment pour l'acculer et le capturer.
S'il parvient néanmoins à vous échapper, il n'a alors très vraisemblablement qu'une seule échappatoire : le fleuve. Concernant ce point, j'en fais mon affaire, ne vous préoccupez donc ni de moi, ni de cette sortie. Je n'ai rien d'autres à ajouter."


Les indications terminées, j'accélère mon pas, du moins aussi vite que ma démarche mal assurée me le permet. Qu'importe qu'ils aient saisi et s'ils obéissent ou non. Je sais ce que j'ai à faire, et je l'accomplirais.
Arrivée à l'entrée et sans même un regard aux autres, je m'élance vers les escaliers pour bientôt déboucher à l'air libre.
Aaah… Comme toutes les grandes villes Asteras n'est pas caractérisé par un parfum de rose, mais tout s'en rapprocherait après ce séjour prolongé dans les égouts… Même Dyanese.
Mais pas le temps de savourer. Il me reste encore pas mal de chemin à faire, et le temps presse.
Je patiente quelques secondes que mon œil s'habitue à nouveau à la luminosité ambiante, puis reprend ma route. Direction : le port !
Répondre
#30
- Grumph.

La flèche plantée dans sa cape n'avait pas l'air de déranger Bombus. Et pour cause, elle n'avait fait un trou que dans son estime.

Tout comme se cible à l'entraînement, il avait raté ce qui semblait être le chef avec son arc et pensait qu'il pouvait souffler quelques minutes, car son endurance était mise à rude épreuve…

Et dire qu'il voulait juste rendre service a un Talien qui lui avait demandé de prendre la route pour Asteras, tombant sur un elfe qui lui demanda d'aller en voir un autre qui lui lui-même lui proposa d'en voir un troisième qui l'entraîna dans une nouvelle course vers un quidam qui lui proposa à son tour de...
Bref, il ne savait plus trop comment, mais il avait atterri dans les égouts où il avait achevé rapidement sa mission de reconnaissance et se préparait à regagner la surface, tout du moins le pensait-il avant qu'une elfe agée (il ignorait jusqu'ici que cela existât !)ne le hèle et lui propose d'aller plus avant.

Lui pour qui traverser la route de son appartement jusqu'à l'archerie était déjà une sinécure, il en avait plein les jambes. Et les bras. Et le nez. Car voilà qu'il se trouvait au beau milieu d'un échange de flèches et autres objets tranchants, contondants et pire, entre des brindilles à l'armure moulante et des armoires à glace qui auraient pu être ses frères tant ils se ressemblaient physiquement et cérébralement.

Pour couronner le tout, ses vivres commençaient à baisser dangereusement, il n'avait pas prévu de rester aussi longtemps dans la capitale Elfique, surtout pas dans son trou du… hum, endroit le moins reluisant. Un série d'hommes de main gisait à terre, le chef s'était fait la malle, c'était le bon moment pour manger un sandwich de mo'man.

Mais il n'eut le temps de grignoter rapidement qu'un infime morceau de pain avant qu'une nouvelle bordée de contrebandier ne déboule, et que chacun de ses compagnons d'infortune ne propose une solution différente au problème qui les unissait.
Abandonnant à contre coeur son casse-croûte pour son arme, avec un traditionnel

- 'Rumph...
Répondre


Atteindre :