Les folles aventures de Devian Pavus
#1
"Je ne peux pas porter ça !
- Mais monsieur...
- Cette coupe ! Et cette teinte !
- Certes, oui mais puis-je vous rappeler que vous ne pouvez vous permettre mieux. Pour ce prix là, vous ne vous attendiez pas à du sur-mesure tout de même ?!"

Devian devisagea la marchande qui le fixait. Droite comme un piquet, les mains croisées dans le dos et un faux sourire plaqué sur le visage. Elle lui rappelait sa mère, ou peut être bien son père. Au niveau du marchandage ils étaient tous deux aussi carnassiers que des loups.

"Soit, je la prends. J'imagine qu'avec du temps et beaucoup d'efforts je pourrais m'arranger pour que cette robe ressemble à quelque chose de plus... enfin, de moins... bref ! "
Les coins des lèvres de la marchande s'étirèrent encore, lui donnant une allure tout sauf rassurante. Avant de se retourner pour se placer de l'autre côté du paravent, Devian l'aperçut lever les yeux au ciel.

Une fois tranquille il sortit une broche noire qui reposait au fond du sac qu'il avait posé à ses pieds. Après l'avoir délicatement accrochée au devant de la robe, près de son cœur, il s'admira une dernière fois dans le miroir.

Son visage arborait beaucoup de traits similaires avec celui de son père; pommettes saillantes, yeux clairs, mâchoire marquée ; un profil plutôt agréable en somme. La seule différence notable se trouvait au dessus de ses lèvres où reposait une fine moustache bien entretenue. De sa mère, il possédait le teint halé ainsi que l'amour des bijoux et des vêtements bien coupés. Son corps fin semblait maigre dans la robe trop large qu'il venait d'acquérir.

L'ornement faisait tache mais Devian hésita tout de même quelques instants avant de l'arracher d'un coup sec, déchirant légèrement le buste de la robe au passage. Il soupira et reposa finalement la broche au fond de son sac, qui ne contenait pour le moment rien d'autre sinon sa gourde et une lettre pliée en trois.

Une fois ses achats réglés, le sorcier déambula dans les rues. Sa nouvelle robe fourrée négligemment dans le sac et ses habits originaux, bien plus légers, de nouveau sur lui. Le soleil se couchait lentement, transformant le ciel en un dégradé de couleurs chaudes. Quelques étudiants passèrent devant lui, échangeant de vifs propos concernant leurs études. Un sourire se dessina sur ses lèvres, comme il se rappelait débattre avec Ionne de choses et d'autres. Souvenirs désormais lointains. Il sortit la lettre pour la parcourir encore une fois :

Devi,

J'ai réussi à obtenir les informations qui t'intéressent grâce a quelques contacts à Asteras.
Il semblerait que ta chère et tendre soit partie vers le Nord ; comme tu le pensais elle est accompagnée d'un elfe. Je n'ai pas pu en savoir plus.

Nous sommes quittes désormais.

M.

PS : Si jamais tu passes dans le coin, fais signe. J'aurai peut être quelque chose pour toi.


Le Nord. Devian lâcha un soupir avant de replier la lettre. Il se dit qu'il détestait le froid tandis qu'il ouvrait la porte d'une taverne, décidant de profiter d'une dernière nuit d'ivresse avant peut-être un long moment.
Répondre
#2
La taverne était encore relativement calme lorsque Devian prit place à l'intérieur, ses affaires reposant près de lui. Il joua un moment avec l'une des nombreuses bagues qui ornaient sa main en attendant que l'une des serveuses vienne prendre sa commande.

Une heure plus tard, son verre n'était qu'à moitié vide. L'ambiance était au divertissement. Tout autour de lui, les autres clients s'exclamaient en riant, se tapaient dans le dos, chantaient ou bien rotaient de manière plus ou moins gracieuse.

Un sourire se dessina sur les lèvres du moustachu et, attrapant son verre, il se décida à profiter de la soirée comme il l'avait prévu et vida d'une traite le reste de sa boisson. Les heures suivantes furent assez répétitives; boire, se mêler aux différents groupes présents, échanger des anecdotes, participer à des concours d'adresse ou de force, chanter, boire encore...

Le temps passa, la taverne se vida petit à petit et ne finirent par rester que ceux que l'on pouvait sans scrupules qualifier de poivrots. Devian se trouvait parmi eux, le regard vitreux et les membres engourdis par l'alcool. Il se divertissait sans bruit à l'aide d'une pièce qu'il faisait tournoyer, lorsqu'un individu encapuchonné se plaça près de lui.

"Tu sais combien de tavernes j'ai faites pour te trouver ? Dit l'homme en retirant sa capuche, dévoilant un visage légèrement plus clair que celui de Devian et beaucoup plus jeune.
-Melwin ! Toujours pas au lit ? Méchant garçon ! Répondit le sorcier, sa langue pâteuse rendant son élocution difficile.
-Très drôle, prends tes affaires on y va. Tâche de ne pas me vomir dessus, surtout. Empoignant le sac, Melwin en inspecta rapidement le contenu. Je vois que tu as au moins réussi à trouver de l'équipement... Enfin si on peut appeler cette horreur de l'équipement. J'imagine que sans la fortune des parents il est difficile de se procurer mieux. "

Se relevant péniblement, Devian prit appui sur son compagnon. L'air frais fouetta les parties exposées de son torse et de ses bras, plutôt nombreuses dans ses tenues habituelles. Après plusieurs minutes de marches, frissonnants, les deux hommes se retrouvèrent devant une petite maison. La porte une fois franchie, Devian s'étala sur la première surface plane venue, en l'occurrence le sol. Il chouina un instant de manière incompréhensible avant de se traîner pitoyablement jusqu'à un futon. Melwin s'assura que le sorcier arrive à destination avant de s'éclipser, laissant près du poivrot un grand bol, un pichet d'eau et un message griffonné rapidement. Devian ronflait doucement, de la bave coulant depuis sa bouche grande ouverte jusque sur son fin matelas. Posée dans un coin de l'unique pièce de la maisonnette, sa statuette de terre cuite semblait le juger silencieusement.
Répondre


Atteindre :