Lendemain difficile
#1
Toc toc qui suis-je ?


Mon mal de crâne ?


Gagné ...


Oh putain.


Rufus ouvre un oeil et inspecte avec suspicion ce qui l'entoure. Des lattes de parquet verticales ... une choppe vide ... collée au mur ? Ah non ... c'est une table.


Et tu te reveilles la joue collée dessus, affalé comme le dernier des poivrots. Bien joué Rufus.


L'étudiant pousse un grognement et se redresse. Il est assis à une table, à la taverne ... La seule table encore occupée, le reste de la taverne est vide et silencieux, le comptoir est propre, toutes les chaises retournées et rangées sur les tables.
Le peu de lumière qui filtre à travers les volets l'éblouit. On est le matin. Ses yeux plissés tombent sur un bout de papier qui est posé devant son nez.

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Rufus, je t'ai laissé dormir là.
Je t'avais prévenu que tu tiendrais pas la gnôle de Malefosse.
Merci de fermer la porte en sortant.
PS : t'inquiètes pas pour l'ardoise, quelqu'un l'a réglé pour toi
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Merde je devais bosser hier soir. Qu'est ce qui s'est passé ?


Tu ne l'as pas fait. Sandale est venu. Alors plutôt que t'y mettre, t'as papoté, t'as joué au dé, t'as picolé et voilà où t'en es.
Au fait j'en ai une bonne pour toi : BOUM BOUM, qui suis-je ? Ta gueule de bois !



Argh.[/color]


Le Talien se masse la tête. Le décor tangue légèrement autour de lui mais il a vu pire. Il tâte avec prudence du côté de la sacoche qu'il porte au côté et sort un carnet de notes qu'il ouvre avec un air coupable.


La première page annonce fièrement un titre en grosses lettres : "Essai sur les théories quantiques et métamagiques des distorsions asynchromatiques, de Rufus Valroc, Dispensaire de l'étoile de Nacre.".

Il tourne la page pour y lire "Chapitre I : ". Et c'est tout. Il feuillette, feuillette encore. Des pages blanches, des pages blanches encore. Et c'était tout. Encore une journée de perdue.


Tu devais t'y mettre sérieusement ...


Je sais.


Tu devrais aller à la bibliothèque plutôt qu'ici.


Non la bibliothèque c'est pire. Les livres n'ont rien de nouveau à m'apprendre. Si je dois écrire quelque chose, il faut ce soit du neuf.


C'est pas sur un banc de taverne que tu trouveras ça.


L'expression maussade de l'apprenti fait lentement place à un sourire alors que dans sa tête une idée fait son chemin.


Mais c'est bien sûr ! Il faut que j'expérimente ! Me confronte à la réalité. Je vais écrire une annonce ! Je vais accompagner des aventuriers.


Avec un enthousiasme retrouvé, Rufus sort de sa musette une feuille un encrier et sa plume. Il commence à rédiger.


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RECHERCHE EXPEDITION

Etudiant en arts thaumaturgiques au dispensaire de l'étoile de Nacre cherche expédition à accompagner.

Compagnon joyeux et enthousiaste, je met à disposition mes compétences à tout groupe d'aventuriers expérimenté.
Je dispose de connaissances magiques avancées, maîtrise de nombreux sortilèges et suis un infirmier compétent.
Particulièrement intéressé par l'étude des vestiges magiques et les sortilèges anciens.

Si intéressé, contacter Rufus au dispensaire de l'étoile de Nacre.


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Il pose la plume et relit le papier.


Autant de conneries en quatre malheureuses phrases, c'est à pleurer. Toi aventurier ? C'était quoi ta dernière aventure ? Aller demander son prénom à la rousse l'autre soir au bar ? Même à ça tu avais été lamentable.

J'ai pas été lamentable .. J'avais juste essayé d'être gentil. De toutes façons pourquoi je te réponds ? Si tu me ressors l'histoire d'un vieux râteau, c'est que t'as plus rien à dire.

Il secoue la tête et fait taire sa mauvaise conscience d'une pichenette mentale. Cette fois c'est décidé, il va assurer.
Il se lève, va clouer l'annonce sur un mur de la taverne et quitte les lieux un sourire confiant aux lèvres.
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#2
En arrivant en ville, la première chose à faire était de passer à la taverne : quoi de plus agréable que d'apprendre tout plein de choses en buvant ?
Parfois, cette recherche d'informations pouvait même s'accompagner d'une bonne bagarre !
C'était dans le but de s'informer que Vjolden s'était rendu à la taverne de la capitale, et qu'il tomba sur l'annonce.

Pendant qu'il lisait l'information, un furet s'extirpa de sa besace, et grimpa sur son épaule : dans un mimétisme parfait, il semblait lui aussi lire l'annonce.

A la fin de la lecture, Vjolden se retourna vers son ami.

"Qu'en penses-tu Pik ?
Cela pourrait être sympa de se faire un compagnon, même si je ne comprends rien à l'art thaumaturmachin...
On tente de le contacter ?"


En entendant son nom, Pik se tourna vers Vjolden, puis il hocha sa tête de haut en bas.

"Très bien ! Faisons cela alors".

Vjolden pris place à une table et il sortit un morceau de papier, à moitié mâché.
Il se tourna vers Pik et pris un air de désapprobation.

"Pik... Le papier, ça ne se mange pas !"

A ses mots, le furet se réfugia illico presto dans la besace.

"Chenapan !
Sur ce..."


Vjolden extirpa un nécessaire d'écriture de sa besace, et commença à écrire, d'une écriture très maladroite, et difficilement lisible.

Citation :A l'attention de Rufus,

Ai vu votre annonce.
Suis intéressé.
Serait-il possible de se rencontrer ?
Disponible à la taverne les soirs.
Si besoin, donnez une note au tavernier.

* signé : Vjolden *
Une fois sa tâche accomplie, il sortit de la taverne et alla porter le billet à l'étoile de Nacre, en sifflotant.
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#3
"-Oh une réponse !"

Rufus se lissa le menton, tripotant ce qui faisait office de barbe et dont il tirait une certaine fierté. (Même si un jour un homme très grossier lui avait dit que même un pubis d'elfe était plus garni que son menton ... l'alcool fait parfois dire des choses bien méchante aux gens.). C'était une bien mince touffe de poil pour un homme mais une grande victoire contre la glabreté, quoi qu'on puisse en penser.

Plissant les yeux, il déchiffra les pattes de mouches de Vjolden avec un certain plaisir. ( Il avait travaillé avec des médecins, ne l'oublions pas).

Bravo, ton plan a fonctionné à merveille. Il te donne rendez-vous à la taverne.T'as réussi à dégoter un alcolo. Tu t'attendais à quoi d'autre en mettant ton annonce au bar ?

Mais non ! Regarde ces traits durs, ces courbes décidées. C'est franc, incisif, direct. Ce sont des mains calleuses, forgées par l'expérience et les défis qui ont tracé ces mots. Un homme plein de volonté, exécutant ses gestes avec assurance et détermination sans s'encombrer de formalisme. Un vrai aventurier. Indomptable, intraitable, inimitable, ... in ... heu ... je n'ai plus rime mais qu'importe ... répondons-lui !

Le papier a même une vague odeur de fennec ...

Certes ... on à affaire à un baroudeur, c'est tout ce que je voulais.

[ MP en jeu Smile]
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#4
[Retour à la case départ]

Quelques jours plus tard ...

L'apprenti de l'ordre de Nacre méditait avec amertume sur la glorieuse "Expédition" dont il revenait à peine ...

Sa mauvaise conscience plus bavarde que jamais le raillait sans répis.

Bilan de cette expédition ? Des égouts, des rats, des brigands (visiblement mécontents de recevoir de la visite) et une foule d'aventuriers qui l'avaient soit bousculé, soit ignorés. Il s'était perdu dans le noir, avait été rossé, avait glissé et dérapé dans ce qu'on appellera par commodité "de la boue" et avait fini par fuir ventre à terre sans avoir trouvé la moindre trace d'enchantement ancien et mystique qu'il pensait trouver en pagaille dans les souterrains elfiques.

Vjolden, l'aventurier qu'il avait convaincu de le rejoindre avait pris ses jambes à son cou en constatant son niveau d'incompétence ce qui le vexait un peu mais ne le surprenait pas outre-mesure.

Il y avait quand même un peu de bon à tirer de toute cette histoire ... Il avait eu l'occasion de lancer quelques sortilèges sans trop faire de dégâts autour de lui (pour changer), avait visiblement aidé à réparer quelques bobo et rencontré quelques personnes intéressantes.

Après cette expérience mitigée et traumatisante, son oncle, inquiet du devenir de ses études l'avait tiré des égouts, forcé à prendre un bain et mis quelques claques pour le secouer. Après le sermon solennel, Rufus avait naturellement trouvé refuge dans son coin préféré* de la taverne, là ou normalement, on le laisserait tranquille un peu.

*(Il convient de préciser que comme tout bon habitué, Rufus AVAIT un coin à lui. SA chaise, SON emplacement. Une belle petite table près d'une fenêtre, idéalement placée pour recevoir un peu de lumière quand il essaye de se mettre à travailler mais qui permettait surtout de guetter l'extérieur en toute discrétion, et de prendre la poudre d'escampette par derrière quand il constatait qu'il s'agissait d'un de ses professeur ou pire : un parent venu lui secouer les puces et causer de ses résultats médiocres.)


Cette aventure là était bel et bien terminée.
Une nouvelle page se tourne. La nouvelle blanche et bien nette n'attend que d'être remplie.
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