Premières années.
#1
Quelques années auparavant

Les premiers cours d'aéromancie se révélaient particulièrement ennuyants. Lenwë notait négligemment quelques remarques de l'enseignant qui tenait la classe, parfois une anecdote. Les professeurs enrichissaient toujours leurs cours de petites histoires, qu'elles s'avèrent être des découvertes magiques importantes, des récits historiques, mais bien souvent des situations d'étudiants trop ou peu adroit qui servaient d'exemple aux élèves. Cela méritait d'aérer l'enseignement prodigué.

Lenwë jeta un regard à la fenêtre à sa gauche pour tromper son ennui. Difficile de s'intéresser à quelque chose de maîtrisée depuis quelques années.

Le reflet de la salle révélait quelque chose d'autrement plus intéressant. Les regards braqués de tous dans une direction, sur une élève. Une chevelure ardente, un joli minois, de longues oreilles légèrement arrondie, tout le charme exotique des sangs-mêlés.

Considérant néanmoins que la demi-humaine ne méritait pas de regard supplémentaire pour l'épier, l'elfe reporta sa maigre attention sur le cours. Ces premières heures étaient pénibles mais, avec le temps, les sorts deviendraient plus intéressants.

La simplicité de la magie d'air déconcertait toujours Lenwë. Sa facilité de manipulation et d'accès en faisait un allié précieux pour les mages de second rang et les élémentalistes. Pour quelques gestes et paroles, le vent se pliait docilement entre vos doigts. Sauf pour les cancres au fond de la classe.

"C'est vrai qu'elle est intéressante." songea rapidement l'apprenti mage, avant de chasser cette pensée intrusive.
La sang-mêlée se remarquait tellement de sa simple présence que cela exaspérait le professeur d'aéromancie, et qu'il en fronçait méchamment les sourcils.
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#2
Seule au fond de la classe, la jolie Cendre regardait par la fenêtre.
Deux petites oreilles pointues perçaient sa chevelure longue couleur de feu. Elles étaient étonnement courtes pour une elfe, rappelant à tous qu'ici elle était peut-être appelée Yùla, mais que ce n'était pas son véritable prénom.

Peu intéressée par le cours d'aéromancie, magie qui de toute façon lui était par nature interdite, elle s'efforçait d'observer les airs, les nuages, les quelques étudiants qui passaient en contrebas du Congrès.
Le bâtiment était immense, si grand qu'elle se sentait toute petite à l'intérieur. Ce n'était pas plus mal quand on avait envie de disparaître entièrement.

Une petite boule de papier vola jusqu'à elle et frappa de plein fouet son nez fin. Elle allait s'offusquer mais garda pour elle l'éclat de voix soudain qui aurait pu être le sien si seulement sa mère ne lui avait pas tant demandé d'être sage et compréhensive.

N'avait-il jamais vu de talien ? N'avait-il jamais vu ce que l'amour, aussi fou fut-il, pouvait faire faire aux hommes et aux femmes d'Ecridel ?

Sang-mêlé, certes, mais un mélange explosif à souhait entre le glas du nord et le feu des mers.

Elle attendit simplement la fin de l'heure, tenant entre ses doigts la boule de papier. Quand le professeur les relâcha enfin, elle sortit de la pièce la première. Elle laissait derrière elle une douce flagrance chaude, de pivoine sublimée par des braises chaudes.

Elle ne bougea pas, et attendit que le premier elfe ne sorte. Ça pouvait ne pas être lui, elle s'en fichait. Si ce n'était pas lui, alors c'était donc son frère !
Elle cherchait un exemple, et son exemple, elle l'avait trouvé.

Là, elle lui jeta la petite boule de papier droit dans le visage.

Droite dans ses petites bottines vernies, elle lui jeta un regard terrible.

« Ne recommencez jamais. »
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#3
L'école des sciences magiques appliquées de Thaner, établissement privé et coûteux, semblait à toutes les autres académies de magie d'Asteras : grande et luxueuse. Bien que plus modeste que la tour de l'ordre des mages, rien ne manquait à la structure. De grands dortoirs, des chambres privés pour les enseignants et les élèves méritants, de vastes salles d'entrainement en pierre taillée, des salles de cours aux pupitres de bois sombre, des plantes en pot dispersées un peu partout, et un parquet ciré recouvert de tapis pompeux.

Chaque année, des hordes de bourgeois avides de notoriété et de statut social, venaient inscrire leurs progénitures gâtées. Nombres d'élèves se trouvaient à faire des années supplémentaires supportées par l'argent de leurs parents. Certains se montraient aucun talent ou intérêt pour la magie, d'autres paressaient bien trop.

Ce fût l'un de ces redoublants que la boulette renvoyée toucha. Déjà frustré d'entendre d'avoir écouté le même discours que l'an passé, celui-ci se vexa comme tout elfe. Ses joues virèrent au rouge écarlate tant il semblait en colère.
"Tu vas voir catin !" s'égosilla-t-il en entamant ce qui ressemblait à une incantation elfique.

Lenwë sortait de la classe au même moment. Un rapide coup d'œil le renseigna sur ce qu'il voulait savoir. Un sort de magie pure, mal exécuté à cause de la colère, mais potentiellement dévastateur et surtout avec de bonnes chances d'arriver à son terme vu l'énergie déployée.

L'apprenti mage ferma le poing en marmonnant un premier mot de pouvoir, puis la déplia légèrement en formant un signe occulte tandis qu'il récitant le second mot. Au troisième mot, la main se déplia tellement, libérant le maléfice. Lenwë venait d'inverser le flux de mana du rustre qui s'emportait, bloquant ses sorts et sa réserve de magie. L'effet le plus notable fût le choc provoqué par le retour de magie : l'assaillant semblait être momentanément encore plus stupide qu'avant. Celui-ci s'était arrêté dans sa propre incantation sur un "Niéééééééé".

Fier de sa bonne action du jour, l'elfe continua sa route dans les couloirs. Chercher des remerciements ne l'intéressait pas. Lenwë ne souhaitait pour le moment que de découvrir une bonne lecture à la bibliothèque avant le déjeuner de midi.


Comme toujours, la bibliothèque de Thaner ressemblait à une cadette de celle de l'ordre. Des étagères de livres parfaitement ordonnés s'étalaient sur une surface impressionnante. Des meubles en bois lévitaient au dessus et contenaient d'autres ouvrages aux savoirs plus difficiles d'accès tant physiquement que mentalement. Le jeune elfe se contenta d'errer un peu en bas et son choix se porta sur un petit livre épais à la couverture neuve de cuir bleu.
Un ouvrage intéressant qui promettait une vision nouvelle de l'arcane.
Lenwë alla s'asseoir avec, et sortit son carnet et son vélin de sa besace, avant de se plonger dans sa lecture. Les premiers chapitres énuméraient les bases de la magie pure et furent vites lus. Les pages sur le sort de stupidité eurent le mérite de lui arracher un sourire en repensant à l'utilisation faites plus tôt de ce sort.
Cela donna à Lenwë l'idée de décrire, dans son carnet de magie, l'expérience de ce sort., ainsi que les idées et remarques qui accompagnaient cette utilisation.
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#4
Elle ne connaissait pas ce genre de chose. Chez les Taliens, elle avait été heureuse avant. À Malefosse, son père était bien connu, bien aimé du peuple. Il était vrai qu'il n'avait de beau que le visage et l'armure, mais au moins il inspirait tant de crainte que nul homme n'aurait osé dire de sa fille qu'elle était une catin, car ce n'en était pas une.
Se mordant la lèvre inférieure pour retenir un juron de même envergure, la jeune fille leva les mains, sentant la chaleur picotait le bout de ses doigts. Elle n'eut pas le temps de déverser son brasier qu'un contre-sort coupait aussitôt son adversaire.
Elle tourna le visage et surprit le jeune elfe qui venait de la « sauver » tourner les talons.

Cendre resta quelques secondes bête, se demandant même s'il ne l'avait pas touché également. Elle fronça légèrement les sourcils et finalement quitta sans plus un mot ni un regard le petit groupe qui se formait autour du pauvre étudiant qui balbutiait des inepties désormais.

C'est dans un silence saint qu'elle pénétra dans la bibliothèque. Elle ne connaissait pas l'étudiant, mais il était plus simple de dire qu'elle ne connaissait pas grand monde. Tout au plus croisait-elle parfois un étudiant qu'elle avait jadis croisé au cours d'une soirée que donnait son père. Des bourgeois, il n'y avait que ça ici, alors oui, il y avait l'embarras du choix.
Lazzare était si fier de voir sa fille dans une école prestigieuse d'Asteras. Ah ! Asteras ! Le bon fantasme talien, l'éducation des élites…

Cendre repéra enfin le jeune homme et hésita. Elle était cachée derrière un pan de bibliothèque, tordant ses doigts encore brûlants. Elle était si particulière, si unique. Un mélange étrange, un monstre pour certains même. Mais il l'avait aidé, et elle avait reçu son éducation de la meilleure des mères. Quelle fille serait-elle si elle manquait à la plus petite de ses obligations ?

Elle se pinça finalement les lèvres, ravala son orgueil et sa frustration, et finalement avança. Ses talons faisaient à peine de bruit. Cendre n'avait pourtant rien d'aérien, si ce n'était peut-être sa robe courte sur ses genoux, d'un blanc pâle, cousu de fils rouges.

Les yeux ambre de la jeune fille se plantèrent dans le regard de l'elfe, et elle fit une légère révérence, sans rougir.

« Merci. »

Elle se redressa.

« Merci d'être intervenu. »

Cendre pensait et aurait aimé dire qu'elle n'en aurait pas eu besoin, la politesse cette fois-ci l'étouffait.

« Je m'appelle Cendre Meneldä… mais tu peux m'appeller Yùla, c'est plus simple à prononcer. »

Aucun accent ne tâchait son elfique parfaitement prononcé. Bien sûr, il restait que le Cendre était typiquement talien, et qu'elle aimait ce nom, surtout prononcé par Lìrulìn et son accent du nord. Le même accent qu'on pouvait dénoter chez Cendre pour avoir appris l'elfique avec sa mère.
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#5
Lenwë releva la tête de son ouvrage. La jeune femme venait le remercier. Il ne s'attendait pas à cela mais le prit avec le sourire. L'elfe prenait toujours avec plaisir les compliments sur son travail, et ses talents en magie lui tenaient particulièrement.

"De rien Yùla. Mon nom est Lenwë Ezellohar" échangea-t-il en retour. Son ton dénotait également l'accent du nord de l'empire, un accent plus froid et austère que le parler d'Asteras. La similitude fortuite de leur elfique provoqua un petit rire à Lenwë. Qu'elles étaient les chances de croiser une elfe des neiges dans cette école ? Alors une sang-mêlé Talienne/elfe du nord, ce révélait exceptionnel.
"Je ne m'attendais pas à ça."

Lenwë reposa sa plume sur le côté. L'encre prenait toujours un peu de temps pour sécher. Cela parlait de flux de mana et de la manière des les manipuler. La magie relevait du domaine du rêve et de l'imaginaire, mais brûlait un combustible presque aussi tangible que l'eau pour les mages : la mana, l'énergie de l'esprit. Tout être, toute chose, toute vie était parcouru par elle et elle s'écoulait en rivières visibles pour les initiés. Quand un imprudent ose manipuler l'arcane, la mana brille de mille feux avant même que la première syllabe de son incantation ne franchisse ses lèvres. Naturellement son corps va attirer lentement la mana aux alentours, dans l'air par exemple, pour compenser partiellement la perte occasionnée par l'effort. C'est à ce moment là qu'un mage peut instiller sa propre mana dans sa cible et l'utiliser pour non seulement couper le sort, mais également sonner l'imprudent.
En théorie, en pratique, nombres de pratiquants compétents de l'arcane trouvent des moyens détournés pour se protéger d'un telle manipulation, ou au contraire pour l'insuffler à quelqu'un qui ne fait usage de magie.
Enfin, cela n'importait pas pour le moment. L'elfe referma le grimoire qu'il étudia et poussa plus loin son carnet pour le laisser sécher ses notes.

"Vous avez un parent à Cyrijäl ?" s'enquit Lenwë. Les origines similaires semblaient être une bonne base pour lancer un sujet de conversation, plutôt que d'aller chercher les différences. Les "camarades" qui rappelaient sans arrêt les différences se montraient particulièrement insupportable avec le temps, même si les hauts-elfes cultivaient beaucoup leurs différences. Lenwë l'expérimentait régulièrement. Avec son teint laiteux, ses cheveux blanc cassé de bleu et son accent, aucun elfe qui vivait assez longtemps en ville ne pouvait se tromper sur son origine. Sur celle-ci Ezellohar a tout entendu, entre les insinuations sur leurs mœurs barbares jusqu'aux accusations de traîtrise. Pourtant ses ancêtres combattaient pour la couronne d'Asteras avant qu'elle abandonne le nord. Des souvenirs déplaisant qu'il chassa de son esprit au plus vite, tout en conservant le sourire charmant que tout elfe se devait d'avoir envers une dame.
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#6
« A quoi ? » posa-t-elle comme question, simple et sans fioriture. Ses grands yeux d'or fixaient pleine de curiosité le jeune elfe, aussi elle reprit, d'un ton moins spontané : « Vous ne vous attendiez pas à … quoi ? »
A elle ? A ses remerciements ?
Incertaine d'avoir été entendu, Cendre fronça légèrement les sourcils. Devait-elle prendre cette phrase comme une nouvelle insulte cette fois déguisée ? Ou peut-être s'étonnait-il simplement de son accent, tout comme elle en reconnaissait elle aussi le froid agréable chez lui.

Visiblement, c'était son accent qui réveillait la curiosité de l'elfe. Elle se pinça légèrement les lèvres, hésitant à répondre. Il était vrai que sa mère était née et avait vécu une longue partie de sa vie d'elfe dans les steppes de l'Ingemann. Quand sa propre mère avait été malade, elle avait prit les convois qui descendait jusqu'à Nitraen, et de Nitraen jusqu'à Asteras, afin d'y voir les meilleurs médecins d'Ecridel.
Cela n'avait pas soigné l'elfe dont le coeur, dit-on, avait gêlé. Morte de froid, elle avait laissé seule sa fille éplorée, son père ayant été emporté par quelques démons comme il y en avait beaucoup dans la Corne de Melfred.
Elle avait trouvé par hasard un talien qui avait réussi à réchauffer son coeur, pour mieux le lui briser des années plus tard.
Ce n'était pas une histoire drôle. Ce n'était pas une de ses histoires qui finissaient bien non plus. Mais c'était la sienne.

« Ma mère est originaire de Cyrijäl, mais je suis née à Malefosse. »

Pour sûr que ce joli minois enfantin n'aurait pas survécu une seule seconde au nord, dans le froid des neiges qui recouvraient la toundra. Si ce n'était pas le froid qui l'aurait tué, les monstres de Melfred auraient fait pire.

« Enfin, je réside à Asteras, en ce moment. »

Hors des vacances, Cendre ne rentrait pas chez son père. Elle n'aimait pas rentrer à Malefosse. Son père y était Nurmeth depuis peu, mais elle détestait l'ambiance malsaine qui y régnait. Le voir aux bras de la vieille – pas si vieille – Di Velija, se pavanait, l'écœurait au plus haut point. De loin, elle préférait être accompagnée de sa mère qui, le coeur brisé, n'avait jamais retrouvé de compagnon. Elle était encore pourtant belle, habitée de toute la grâce des elfes du nord, mais Lazzare avait fait mourir en elle tout sentiment, toute envie.
Il y avait au moins Victor pour sauver le tout. Son frère.

« Et vous ? Vous êtes né à Cyrijäl ? » s'amusa-t-elle à pointer, plus par politesse que par véritable curiosité. Il était possible que dès demain, Lenwë Ezellohar ait oublié l'existence de la toute petite Cendre Meneldä.
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#7
"C'est exacte", répondit Lenwë, "je suis originaire de Cyrijäl, mais je réside à Asteras, comme toi. Du moins, le temps de mes études."
Traverser l'Ingemann était compliqué : entre les loups qui chassaient en meute, les bandes d'orcs qui maraudaient, les bandits qui rôdaient, les agars qui cherchaient à s'enrichir en coupant quelques têtes d'elfes, les macabés qui se relevaient, et les bois traîtres qui abritaient des démons, le chemin vers la ville des elfes des steppes se traversait rarement en sécurité. Lenwë ne pouvait espérer rentrer chez lui qu'en empruntant un des rares convois qui osait emprunter la route, ce qui laissait vraiment peu d'occasion.
Lenwë en éprouvait un certain malaise. Le mal du pays comme certains l'appelait.
L'elfe en souffrait mais l'enseignement de la magie pure était lacunaire en Cyrijäl. La plupart des lanceurs de sorts se révélaient être des élémentalistes aux airs de chaman, et le nord désespérait d'avoir des archimages compétents.

"Je ne connais pas Malefosse" avoua Lenwë avant de demander, "c'est une ville talienne ?"
L'apprenti ne se promenait pas beaucoup en dehors de la ville. Une habitude que l'elfe possédait en raison de sa constitution classique pour un haut-elfe mais plutôt maigre un habitant du nord, et des températures glaciales qui dépassaient rarement 0 sur le mercure.
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#8
Un petit sourire bête naquit sur le visage de la jeune sang-mêlée. Elle s'était imaginée Cyrijäl comme sa mère le lui avait décrite, avec un air songeur et appréciateur. Il était vrai que la cité était loin, et elle n'y avait jamais mis les pieds. Elle était trop jeune et trop sujette à des crises de fièvre due à sa maladie pour que sa mère ne lui permette de toute façon le voyage. Cendre s'était faite à l'idée que jamais elle ne verrait les neiges qui avaient vu sa mère naître, et ce n'était pas très douloureux, car quand on est une sang-mêlée, il n'existe pas de pays qui nous attache.

« C'est un Caldrasir talien » corrigea simplement Cendre, sur le ton le plus humble qu'il lui était possible de prendre. « Les nobles aux services du roi y résident. Mon père, qui est un Nurmeth tout nouveau, est rattaché au Caldras de Malefosse. Il a une maison à Malefosse, mais dans les faits, j'habite dans une ville plus humble du nom de Malmont. »

Elle ravala sa salive, jeta un petit regard aux alentours. Ses yeux dorés étranges cherchant quelque chose.

« Tu es seul ? »
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#9
Lenwë bascula légèrement la tête sur le côté, intrigué. Les termes spécifiques de la langue talienne lui échappaient mais l'elfe comprenait l'idée général. Son père devait disposer d'un rang plus que correcte dans la société Talienne.
Les origines de Lenwë demeuraient plus modestes. Son père servait sous l'office de Sylléüs en tant que prêtre, tandis que sa mère servait dans la garde de la ville. Les deniers seuls de ces parents ne suffisaient pas à l'envoyer dans une académie de magie. Son don pour la magie pure et l'extrême générosité de ses pairs lui valaient l'honneur, même si Lenwë se doutait que quelques pièces d'or ont du sortir de coffres plus importants.
L'espoir d'avoir un grand mage pour servir le nord semblait presque folie. Pendant le déclin, l'empire des elfes ne comptait déjà plus qu'une dizaine d'archimage, dont le tristement célèbre Nagoth, et d'autres qui laissèrent un nom dans l'histoire, comme Merydwïn des Arcanistes et Kalina de l'Elendaë. Aujourd'hui les rangs combinés de toutes les races elfiques peine à surpasser la douzaine.

Cendre semblait chercher quelque chose en parlant avec Lenwë. La jeune mage était-elle curieuse de cette rencontre ? En tout cas, la rouquine lui demandait ouvertement s'il était seul. Seul ? Comment ? Ici à Asteras ? Les murs froids de la chambre qu'il occupait n'avaient guère assez de place que pour un. En amitié et en amour ? Ses relations semblaient inexistantes dans cette ville, et déjà à Cyrijäl, Lenwë ne passait pas beaucoup de temps avec les autres. Dans cette bibliothèque ? Lenwë était seul.
"Oui" avoua-t-il sur ton mi-gêné mi amère, face au constat de sa solitude.
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#10
Un petit flottement s'installa entre eux deux, un silence gênant, pesant, comme l'absence.
Quelque chose clochait avec eux, par rapport aux autres. L'envie peut-être. Se faire des amis n'avait jamais été la priorité pour Cendre. Se contrôler l'était. Peut-être qu'un jour elle ne ferait plus prendre feu un immeuble entier après une grande colère ? Peut-être qu'elle ne risquerait pas non plus de se consumer à la première déprime.

Elle eut un petit sourire peiné mais qui se voulait enthousiaste, qui essayait du moins :

« Moi aussi. Mais c'est pas très grave. Il vaut mieux être seul que mal accompagné. »

Elle haussa les épaules l'air de rien, jetant un petit regard aux alentours. Elle n'aimait pas être épié et encore moins entendu. Elle était de celles qui préférait de loin le silence studieux d'une bibliothèque au repère bruyant qu'était le dortoir des filles.

« Ça te dérange si je reste là ? »

Elle sortit de sa besace de cuir un livre un peu plus épais que les livres de cours, un ouvrage talien ancien que son père lui avait offert.

« C'est mes devoirs pour les vacances... » s'amusa-t-elle en essayant de faire redescendre l'atmosphère.
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#11
"Non cela ne me dérange pas." confia l'elfe d'un ton plus enjoué.

Naturellement, comme tout les adolescents qui faisaient connaissances, Lenwë et Cendre passèrent le reste de l'heure en bibliothèque à parler timidement, tout en étudiant sommairement les différents livres. Ils échangèrent sur leurs connaissances scolaire, puis revenaient par moment sur des sujets périphériques, comme l'architecture du nord de l'empire, ou la féodalité aux abords du marais de Tenagos. Parfois les deux avouaient plus qu'ils ne voulaient dire à la base mais cela leur importait peu.

Lorsque l'horloge indiqua midi, ils poursuivirent leurs discussions dans le réfectoire de l'académie. Le duo commençait à parler de tout et de n'importe quoi, à débattre de leurs goûts en matière de roman, ou même raconter quelques blagues au fur et à mesure que la confiance s'installait. Ils profitèrent du repas du midi pour se lancer dans une critique gastronomique détaillée de ce que le personnel servait et le verdict fut impitoyable : les mets leurs paraissaient bien fades en comparaison de ce qu'ils dégustaient chez eux. la nostalgie revint quelques minutes, avant d'être balayé par des sujets plus triviaux.

Le repas se terminait, ils allèrent vers la prochaine salle de cours. Plus d'un étudiant s'était perdu dans ce gigantesque bâtiment, alors ils devaient se repérer au plus vite pour éviter de gaspiller du temps plus tard. Quelques tours dans les couloirs et une demande d'aide à un professeur qui passaient par hasard, et ils passaient la porte de la bonne pièce juste à temps

La nouvelle salle de cours découverte était plus austère que le reste de l'établissement, dépourvu d'ornement ou de portrait d'un quelconque grand mage, les grandes fenêtres ne disposaient même pas de rideaux. Les lourds bureaux des élèves s'alignaient parfaitement et vu la masse qu'ils représentaient, Lenwë s'imaginait mal en pousser ne serait-ce qu'un seul !
Cela semblait être à l'image de l'enseignant qui attendait l'arrivé de ses élèves. Un elfe austère, aux cheveux blonds ternes, au visage grave et émacié, et à l'air sévère. Loin d'être frêle, sa carrure semblait militaire et son port de tête altier.

Cendre et Lenwë s'installèrent l'un à côté de l'autre, ce qui ne manqua pas de provoquer quelques interrogations dans le fond de la classe.
Quelques élèves passèrent encore la porte, et le professeur ferma la porte quand il jugeait qu'il avait assez attendu.

"Venntaï"
Sa voix sonnait aussi autoritaire et grave que son allure.
"Bienvenue dans le cours de magie pure." poursuivit-il, "Je suis l'archimage Ëlvend et je suis en charge des enseignements théoriques et pratiques de cette discipline. Sortez vos cahiers pendant je fais l'appel."
Les élèves s'exécutèrent non sans quelques bavardages. Ëlvend regarda d'un mauvais œil ceux qui osaient parler, ce qui suffit à en faire taire plus d'un, mais laissa couler pour cette fois. Les noms défilèrent calmement, il n'y avait qu'un seul absent.
"Bien. Notez : Introduction. Le terme magie provient de l'ancien elfique "Mageia" et désignait à l'époque la religion. Bien avant l'édification d'Asteras, les prêtres méprenaient la magie pour des miracles de Fryelund. Ce n'est que vers l'an 300 qu'une partie du clergé rejetèrent l'influence directe de Fryelund, et fondèrent le collège de magie. "

Quelqu'un toqua à la porte, interrompant le cours.
"Entrez"
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#12
« Venntaï... » dit Israfel d'un ton légèrement hésitant alors qu'il poussait la porte pour entrer. S'en suivit un petit moment de silence alors qu'il contemplait le spectacle des élèves déjà installés et du professeur qui le toisait. Le jeune elfe eu un petit rire nerveux avant de dire pour toute excuse :

« Oh... Ça a déjà commencé ? »

La colère du professeur ne se fit pas attendre et il commença à lui reprocher son retard avec véhémence. Mais Israfel n'écoutait déjà plus. Il se contentait de rester là devant l'enseignant, avec le léger sourire dont il ne se départait jamais alors que ce dernier déversait son venin sur lui.

Ces remontrances étaient prévisibles, et elles ne représentaient aucun intérêt aux yeux du retardataire. En son fort intérieur, il n'était même pas désolé de son retard.
Il trouvait bien plus intéressant d'apprendre à manipuler les différents éléments dans laquelle la magie s'exprimait plutôt que d'apprendre à manipuler la magie elle-même.
En cas d'incendie, par exemple, ce ne serait pas avec un siphon de mana que les flammes seraient apaisées, mais bien par l'intervention d'un pyromancien qui les dompteraient ou d'un hydromancien qui les étoufferaient. Et la liste d'exemples était longue, mais c'était inutile de tenter d'expliquer cela à un vieil archimage aigri dont la seule compétence se résumait probablement désormais à donner des cours.

Alors que le professeur continuait de donner de la voix, Israfel commença à balayer la salle de classe du regard.
La nuit avait été longue et alcoolisée pour lui, et la voix du vieux magicien lui donnait mal à la tête. La petite sieste qu'il avait fait pendant la pause déjeuner et qui l'avait mis en retard n'avait pas suffit à faire passer ses maux de tête. Mais qu'importe les remontrances, la nuit en avait largement valu la peine. Et il pourrait toujours continuer sa sieste au fond de la classe.

Le regard du jeune elfe fut accroché par une chevelure d'un roux flamboyant.
Une élève qu'il n'avait jamais vue ? Il faut dire qu'il ne prêtait jamais vraiment attention à ce qui se passait durant les cours, il avait très bien pu ne pas la remarquer. Le roux n'était pas une couleur de cheveux très répandue parmi les Hauts Elfes. Une étrangère, peut-être ? Et pourtant ce minois et cet air impérieux lui disaient quelque chose.
Il avait déjà vu cette fille. Mais où ?
Israfel fronça les sourcils et, dans un effort qui n'arrangerait pas son état, tenta de se rappeler où il avait bien pu la voir. Cela lui revint petit à petit. Il l'avait rencontrée à une soirée mondaine quelques semaines plus tôt. Elle était donc de la noblesse, d'une manière ou d'une autre. Et son nom... Meneldä. Impossible de se rappeler du prénom de la jeune fille, en revanche. Peut-être avait-il bien abusé de ce champagne, finalement... Et pourtant, la façon dont elle l'avait éconduit était toujours fraîche dans sa mémoire, elle.

Se rendant compte que le silence était enfin revenu autour de lui, l'elfe détourna rapidement les yeux pour reporter son attention sur le professeur.

« Cela n'arrivera plus. » lâcha Israfel pour la forme avant de se diriger vers les bureaux pour prendre place dans la classe.

Mais au lieu de se diriger vers le fond de la classe comme à son habitude, il alla au tout premier rang et pris place au bureau libre juste à coté de la rousse au sang mêlé.
Alors qu'il s'asseyait, il reprit son sourire habituel et murmura à sa voisine de table :

« Venntaï, Mademoiselle Meneldä. C'est un plaisir de vous revoir. »

Tant pis pour la sieste au fond de la classe. Il semblait qu'il y aurait finalement quelque chose d'intéressant dans ce cours.
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#13
Ëlvend était, de tous les professeurs et archimages de l'école, celui que Cendre détestait le plus. Elle n'aimait de toute façon pas vraiment l'autorité, et bien qu'elle n'osait trop causer de problèmes et préférait souvent se taire à faire entendre ses réclamations, il fallait bien dire qu'Ëlvend avait au moins le mérite de la faire sortir de ses gonds. Rare, mais véridique.
Sagement assise à côté de Lenwë – c'était bien la première fois qu'il y avait quelqu'un à côté d'elle depuis son arrivée à Asteras, deux semaines plus tôt, Cendre tira de sa besace de cuir simple des parchemins et une plume rouge, comme une plume de phénix. L'encre qu'elle utilisait était noire, comme toutes les encres de cours de tous les élèves du collège de magie.

Le cours avait déjà commencé quand la porte s'ouvrit, tirant Cendre de sa concentration et surtout de ses songes discrets. Elle releva ses yeux dorés sur le jeune homme qui entrait, et elle le reconnut sans mal. Fronçant légèrement les sourcils, semblant se renfrogner, elle baissa les yeux sur son parchemin et continua à écrire, ne faisant plus attention du tout aux remontrances d'Ëlvend.

Un petit silence s'ensuivit, interrompu cette fois par le fait que le jeune homme tout juste entré se soit assis à sa gauche. Cendre eut un petit regard vers la droite, jetant un œil à Lenwë qui semblait concentré sur le cours.
Quel Dieu devait-elle tenir pour responsable de sa malchance ?

Lentement la jeune fille tourna le visage vers l'élémentaliste en devenir, et, tout en pinçant les lèvres, murmura pour ne pas se faire remarquer :

« Venntaï, Monsieur Aedarion. Toujours aussi cavalier à ce que je vois. » Elle remit une mèche de cheveux derrière son oreille trop courte et trop longue selon où Cendre pouvait se trouver, et continua, comme Lenwë venait de se tourner vers eux : « Je vous présente : Israfel Aedarion, une connaissance on dira, Lenwë Ezellohar, un camarade de classe. Vous savez, nous nous trouvons actuellement. Enfin, je dis ça, mais je ne sais pas si vous vous connaissez déjà ou non... »

Cendre était arrivé il y avait peu et Lenwë lui avait avoué être seul, mais elle savait que de nombreux mages en devenir étaient brassés au collège de magie. Certains avançaient plus vite que d'autres, d'autres abandonnaient. Du reste, certains disparaissaient tout simplement. Elle, c'était le contraire, elle était apparue par magie, et ça, c'était plutôt rare.
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#14
Israfel Aedarion, le parfait modèle du cancre qui ne faisait pas d'efforts dans les matières qui ne l'intéressait pas. Doué en Aéromancie, suffisament pour s'amuser pendant les travaux pratiques de magie d'air, c'était plutôt le genre à suivre la formation d'élémentaliste.
Malheureusement pour lui, même cette formation devait s'acquitter d'un semestre entier de cours sur la théorie de la magie pure, avant d'en être dispensé. Un long semestre et les notes comptaient pour poursuivre ses études.

Les bavardages de l'élémentaliste provoquèrent un petit haussement de sourcil à Lenwë. Israfel s'était installé juste à côté de Cendre, qui lui répondait. L'échange arracha Lenwë à sa prise de notes, intrigué. Visiblement ils se connaissaient déjà.

Et ils provoquèrent une nouvelle série de remontrances de la part d'Ëlvend. Mécontent d'interrompre son cours une seconde fois pour le même étudiant, l'enseignant se montra plus virulent et moralisateur que la première. C'était un scandale ! Une honte ! Les élèves ne savaient pas se tenir !
Il termina par la menace d'exclure le prochain élève qui aurait le malheur de parler d'être y être invité. Voilà qui méritait de clarifier les choses !

Au moins la classe était particulièrement silencieuse. Le professeur recommença alors son exposé sur les lois fondamentales de la magie.

"Enchanté Israfel" se hasarda discrètement Lenwë, préférant attendre la fin des cours pour en savoir plus. Après tout, il n'y avait que deux bonnes heures de cours.
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#15
Israfel ne répondit pas à sa voisine de classe. Le professeur semblait particulièrement remonté et le jeune elfe ne souhaitait pas lui donner un prétexte supplémentaire pour hausser le ton. Il avait déjà bien assez mal à la tête comme cela, pas la peine d'en rajouter. Il se contenta donc d'un petit signe à Cendre qui signifiait simplement "après".

Pendant le reste du cours, le retardataire alternait les coups d'œils furtifs vers Cendre et Lenwë pendant lesquels il tentait de percer à jour la nature de la relation qu'il y avait entre eux, et la prise de notes rapide de quelques mots épars lorsque le professeur regardait dans sa direction. C'était bien la première fois qu'il se donnait la peine de jouer pareille comédie lors d'un cours, mais en étant au premier rang, il ne pouvait pas se permettre de griffonner de petites esquisses ou de piquer un somme sans attirer l'attention.

Lorsque la fin du cours arriva, cela faisait déjà une bonne vingtaine de minutes qu'Israfel ne se donnait plus la peine de faire semblant de prendre des notes et une dizaine de minutes que ses yeux se fermaient régulièrement pendant quelques secondes avant qu'un très léger sursaut ne les rouvrent.
Quand il constata que la voix monocorde du professeur s'était tue et que les élèves étaient en train de ranger leurs affaires, Israfel se leva d'un bon et fourra rapidement ses affaires dans son sac avant de se diriger vers la porte en courant presque.

« De l'air frais... du café... »

Ce n'est qu'une fois dans le couloir qu'il se rappela qu'il avait dit à sa rousse voisine qu'il lui parlerait après le cours. Le jeune elfe marqua donc un demi-tour soudain qui fit crisser ses bottes de cuir sur le sol de marbre, puis revint vers la sortie de la salle de classe et attendit ses deux camarades de classe.
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#16
Cendre ne prononça pas un mot durant le cours. Elle n'était pas particulièrement intéressée, mais elle suivait soigneusement les cours des professeurs. Sa mère avait déjà bien à faire et bien à se soucier sans qu'elle ne soit aussi un sujet d'inquiétude pour son pauvre coeur blessé. La rousse s'était dit qu'à se faire totalement oublier, elle allégerait au moins un peu le calvaire que pouvait vivre son seul parent.

Quand la sonnerie retentit, elle se leva naturellement et rangea ses affaires, jetant un regard à Lenwë avec un petit sourire. Il avait l'air tellement sérieux qu'elle ne pouvait qu'en rire – elle était un peu moqueuse, Cendre, un peu taquine c'était bien vrai, mais jamais vraiment méchante. Du moins, pas en général.

Elle sortit, mais haussa un sourcil quand Israfel passa entre Lenwë et elle pour fuir la classe – car à la vitesse où il allait, ce ne pouvait qu'être quelque chose de très important.
Les toilettes, peut-être ? Elle pencha légèrement la tête sur le côté, jeta un regard intrigué à Lenwë comme s'il avait pu lui répondre – après tout, elle ne savait pas tout des elfes d'Asteras – et se montra encore plus intriguée quand il fit demi-tour.

La sorcière eut un sourire en coin, clairement moqueur.

Elle attendit quelques secondes, que les élèves autour d'eux se dispersent, pour enfin reprendre leur conversation :

« Tu courrais comme si tu avais eu un Khörg aux fesses… Je sais bien qu'Ëlvend est terrible mais tout de même... » Elle remit une mèche de cheveux derrière son oreille mi-longue, rendant son air encore plus brocardeur. « Par Fryelund, ses cours sont tout de même d'un ennuyeux... On dirait les sermons que donnent les prêtresses de Valmor. »

Se faisant, elle se remémora les longs pèlerinages que son père avait pour habitude d'organiser, mais auxquels il ne se rendait jamais, pour cause de travail – bien que maintenant elle soupçonnait que cela servait surtout à détourner les yeux de la belle Lìrulìn pour aller enfourcher quelques donzelles et pourquoi pas leur faire quelques bâtards.
Si au début, les voyages dans tout le royaume talien lui plaisaient, ça avait fini par l'ennuyer. Les temples, les champs, les plaines… Et elle, le feu au fond du ventre, prêt à tout dévorer…
Oui, à s'en souvenir, ç'avait été une plaie.
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#17
Israfel fuyait désespérément le cours, ce qui provoqua un irrémédiable sourire pour Lenwë. Les préoccupations des Asteriens paraissaient à des lieux de celle du provincial que représentait Lenwë. Au moins, celui-ci suggérait une excellente idée : du café. Yùla rattrapa l'élémentaliste et ne manqua de se moquer de lui.

Elle-même semblait plus légère vis-à-vis des cours, mais après tout, le but n'était que de se former à la magie. Bien des sorciers importants provenaient de villages consanguins, et se hissait grâce à leur puissance et leur maîtrise innée. Une façon très humaine d'aborder le problème, mais les elfes -dont Lenwë- s'intéressaient à la précision et la finesse de la magie, ce qui pouvait s'expliquer par le fait que contrairement aux humains, tous les elfes montraient des prédispositions à la magie. Comme le talent est un critère plutôt répandu dans leur peuple, les elfes devaient bien départager la puissance de leurs archimages sur d'autres critères, en bien comme en mal. Nombre de mage manquaient de pragmatisme, créant des sorts inutilement complexes dans le simple but d'impressionner leurs pairs, car il est bien connu que plus une incantation est complexe et obscur à comprendre, plus elle témoignait de l'intelligence de son créateur.
Ou pas.

L'elfe des neiges arrivait plus lentement, ramassant ses affaires dans sa besace avec un minimum de soin. Les pages de son carnet devaient encore sécher un peu, alors il le prit à la main pour sortir rejoindre Yulà et Israfel.

« J'ai connu plus ennuyeux que la théorie de la magie pure » annonça Lenwë en revenant dans la conversation, « enfin, tout n'est pas forcément utile maintenant, mais certaines concepts ou loi magique ne sont intéressante que plus tard, hmm... »
A la réflexion, mieux ne valait pas trop s'aventurer dans ce genre d'explication, surtout après un tel cours.
« Je vous offre un café ? Y a un salon à une rue de l'académie »
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#18
L'élémentaliste regarda Cendre s'approcher. La jeune femme avait un sourire moqueur au coin des lèvres. Cela satisfait Israfel : même si il ignorait la raison de ce sourire, au moins, elle souriait. Elle ne l'avait pas sèchement envoyé sur les roses comme la dernière fois. Il y avait du progrès.

Il lui répondit avec son sourire habituel, bien que la fatigue le forçait presque à le feindre.

« Je n'ai jamais visité Valmor, mais si ces prêtresses sont ne serait-ce qu'à moitié aussi ennuyeuses que ce vieux dragon, j'espère ne jamais y aller. »

C'est alors que Lenwë arriva. Israfel le dévisagea de la tête aux pieds.
C'était bien la première fois qu'il s'approchait du petit prodige du premier rang. En dehors des heures de cours, le mage arrivait toujours à disparaître. Vu la réputation de rat de bibliothèque qu'avait Lenwë, Israfel ne doutait pas de l'endroit où le trouver, mais le silence était obligatoire dans la bibliothèque. Pas vraiment un lieu propice à la discussion, donc.

L'élémentaliste fit un pas en avant pour se rapprocher de Lenwë et tendit la main vers lui. Il n'était pas mécontent d'enfin pouvoir adresser quelques mots au seul elfe de la classe à avoir une chevelure aussi blanche que la sienne — signe indéniable de racines dans les steppes de Cyrijäl.

« Lenwë Ezellohar, enfin ! » dit-il d'un air enjoué. « J'ai enfin la chance d'adresser quelques mots à l'elfe des neiges du premier rang ! Vous devriez fréquenter un peu moins les endroits où les bavardages sont interdits, vous savez. »

Il marqua une pause. Il parlait vite — trop vite peut-être — et il manquait à la plus élémentaire des politesses. Il reprit donc sur un ton plus posé mais toujours joyeux.

« Comme vous vous en doutez déjà grâce à mademoiselle Meneldä et ce cher Ëlvend, je m'appelle Israfel Aedarion. Enchanté. »

Toujours souriant, Israfel commença à s'avancer dans le couloir avec le mage et la sorcière. Parler un peu l'avait sorti de sa torpeur, mais Lenwë suggérait d'aller prendre un café et il n'était pas encore assez réveillé pour refuser une telle offre. De plus, ce serait une bonne occasion pour discuter avec les deux étranges créatures qu'il avait trouvé au premier rang : un elfe des neiges perdu en ville et une demi-elfe tout droit sortie d'une lointaine soirée alcoolisée.

« Concernant le café, c'est moi qui vous l'offre. C'est le moins que je puisse faire après avoir interrompu le cours. »

Le sourire de l'élémentaliste s'accentua. Il était curieux de la relation qu'il y avait entre Lenwë et Cendre. Il se souvenait bien que la jeune femme l'avait présenté comme "un camarade de classe", mais avec la réputation de solitaire qu'avait Lenwë, qu'une jolie jeune femme quitte le fond de la classe pour venir s'installer près de lui devait bien signifier quelque chose de plus. Cela expliquerait bien des choses.

« Alors… » demanda-t-il, « Vous vous connaissez depuis longtemps ? »
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#19
Cendre eut un petit rire, et bien qu'il sonnait comme une moquerie, il était sincère. Elle haussa les épaules, appuyant son regard sur Israfel sans être hautaine.

« Valmor est un dieu. Pas une ville. »

Parfois, c'était difficile d'allier le patrimoine de ses deux parents.
Son père croyait au panthéon de ses ancêtres, et vénérait avec zèle Valmor et Edar. La mère de Cendre était une elfe, mais une elfe des neiges, elle croyait ainsi à Fryelund et à ceux qu'elle appelait ses « mille visages », c'est à dire la multitude de petits esprits qui parcouraient régulièrement Ecridel.
Lìrulìn était plus particulièrement une jeune Prêtresse quand elle avait rencontré Lazzare. Cendre avait vécu dans le religieux, et si elle-même était pieuse, elle n'avait jamais voulu embrassé une carrière dans le clergé pour autant, malgré que son père fût Paladin d'Edar et sa mère Prêtresse du Nord.

Sortant finalement de ses pensées, Cendre jeta un regard aux deux elfes dont les cheveux étaient aussi blancs pour l'un que pour l'autre. Lìrulìn en avait des mêmes, et ses yeux étaient aussi froids que la glace, signe indéniable qu'elle était née dans le grand nord.
Seuls les elfes originaux avaient les cheveux d'une autre couleur, c'était du moins ce qu'elle avait appris.

« J'accepte un café, mais seulement avec du lait et du sucre » osa-t-elle sans faire de caprice, d'un air aussi léger que calme.

La rousse ne parlait finalement pas à tant de personne que ça. Souvent relayée au fond, elle travaillait en solitaire et c'était aussi bien pour elle qui avait tant besoin de se retrouver parfois – surtout ces derniers temps.
Elle n'était de toute façon ici que depuis très peu de temps, trop peu pour s'être fait des amis – si un jour elle en avait.
Enfin, il y avait de bonne chance que Lenwë Ezellohar en devienne un. Ne serais-ce que parce qu'ils toléraient assez bien leurs présences l'un l'autre.

Cendre leva un sourcil surpris quand la curiosité d'Israfel s'immisça dans la conversation.
Elle se pinça légèrement les lèvres.

« Depuis ce matin » répondit-elle aussi vite qu'elle le put, comme s'il fallait à tout prix couper court à tout malentendu possible, « je suis nouvelle dans l'établissement, on aurait pas pu se rencontrer autrement. Enfin, si, mais j'ai jamais vraiment eu l'occasion d'aller à Cyrijäl. »

Pour certaines raisons ? Elle n'allait pas le préciser. Évoquer la fragilité de sa santé n'allait rien faire d'autre que plomber l'ambiance.
Préférant le choix de la facilité, la rousse eut un petit sourire chafouin en reprenant, pour Israfel :

« Cette curiosité est naturelle ? C'est une mauvaise habitude, la curiosité, à moins qu'elle ne favorise les études, mais à ce que j'ai cru comprendre, ce n'est pas vraiment le cas, mh ? »

Les bases étaient posées : à trop s'intéresser à la petite flamme, on finissait nécessairement par se brûler.
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#20
Israfel s'intéressa plutôt directement à la relation entre Lenwë et Yùla. Le jeune elfe haussa un sourcil surprit par la question. L'élémentaliste connaissait la demi-elfe depuis plus longtemps que lui et il se posait la même question, mais plus timoré et effacé que le charismatique Israfel, Lenwë n'osa pas la soumettre. Cendre se chargea d'assouvir avec justesse sa curiosité, en profitant de sa réplique pour lancer une pique. L'elfe des neiges étouffa son rire, et se détendit un peu. La jolie demi-elfe était bien une jolie allumette qu'il ne valait mieux pas asticoter sous peine de l'enflammer et de se brûler .
« On y va ? » proposa Lenwë.

La petite troupe sortit de la pompeuse académie de magie pour se diriger vers un modeste café, qui installé non la prestigieuse école, profitait du passage des étudiants pour faire tourner son commerce. Les apprentis mages et élémentalistes s'installaient à des tables de bois peintes surmontées de robuste plaque de verre, et discutaient de la pluie et du beau temps une tasse à la main, se plongeait dans des livres aussi divers que variés, ou rédigeait l'ouvrage qui leur apporterait la gloire -s'ils avaient le courage de terminer leur travail-.

Les trois compères s'installèrent naturellement et durent surmonter la terrible épreuve qui attendait tout étudiant en ces lieux : le choix. La carte proposaient divers breuvages nommés de noms étranges, de même pour les nombreuses pâtisseries et douceurs. On pouvait commander une « Tour blanche d'Asteras » ou un « Navire d'Yris ». Pour couronner le tout, la petite tasse de café à 10 pièces d'or ne manqua de faire grincer les dents des plus pingres. L'offre était alléchante mais plutôt chère.
Après ce douloureux moment -où Lenwë commanda personnellement un café glacé- le jeune relança la conversation en posant la question qui le tarauda
« Et vous ? Comment vous êtes vous connus ? »
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#21
Aïe. Premier impair… Il n'avait pas la prétention de connaître tout le panthéon des humains, mais il connaissait au moins leurs deux dieux originels : Valmor et Valmar, dieux du Visible et de l'Invisible. Il était encore plus fatigué qu'il le pensait pour avoir oublié quelque chose d'aussi élémentaire.
Mais cette erreur grossière fit rire la jeune sorcière. D'un rire certes moqueur, mais cela restait un rire. Au moins, elle semblait prendre cela comme une plaisanterie. Une échappatoire qui convenait à Israfel.

À la réponse de Cendre, le sourire de l'élémentaliste s'accentua à nouveau, et la pique qui suivit ne suffit pas à le faire disparaître. Vu la vitesse à laquelle elle avait répondu et comme elle semblait s'être perdue dans la réponse, la question l'avait embarrassée. Et comme la jeune femme ne semblait ni être timide ni manquer de répartie, l'elfe en conclut qu'il y avait quelque chose de plus entre elle et Lenwë qu'une simple histoire de "camarade de classe" rencontré le matin-même. Ses soupçons semblaient donc fondés.

« Je sais que c'est un vilain défaut, mais je ne suis curieux que pour les sujets qui m'intéressent. La magie pure n'en fait malheureusement pas partie. » répondit-il, toujours sans se départir de son sourire.

Il suivit les deux compères jusqu'à un café choisi par Lenwë. L'établissement n'était pas aussi luxueux que ceux situés sur les principales rues de la ville, mais il était tout proche de l'école et la carte semblait fournie. Cela suffirait amplement à faire le bonheur d'Israfel.
Après avoir commandé un cocktail à base de café, de sucre, de whisky et de crème, l'élémentaliste se tourna vers Lenwë.

« Je vois que je ne suis pas le seul curieux ici ! » plaisanta-t-il avant de répondre. « J'ai rencontré mademoiselle Meneldä lors d'une soirée organisée chez la baronne Oxalie de Crèvecoeur, il y a quelques temps. »

Israfel marqua une petite pause, dans un effort pour se remémorer la soirée en question.
Oxalie de Crèvecoeur était presque une célébrité, tant ses soirées étaient appréciées. La baronne organisait régulièrement des fêtes somptueuses où boissons et victuailles coulaient à flot et auxquelles toute la noblesse était conviée, qu'elle soit d'Asteras ou d'Yris. L'hôtesse était également réputée pour y jouer les entremetteuses. Et si il n'y avait jamais trouvé chaussure à son pied, le jeune elfe devait bien l'admettre : les "Soirées Crèvecoeur" restaient les plus mémorables auxquelles il ait pu participer. Et pourtant, il avait déjà quelques soirées mondaines à son actif !
À force de concentration, Israfel commençait à se rappeler quelques bribes de la soirée.
Il se souvenait de la baronne qui l'avait approchée, dans sa longue robe de soie rose. La noble elfe, assez petite et presque aussi large que haute, avait noué sa chevelure blonde en un chignon haut orné d'un gros nœud de la même couleur que sa robe. Elle lui avait fait l'impression d'"un gros bonbon rose". Avec son air affable, elle lui avait indiqué une jolie jeune fille à la chevelure d'un roux flamboyant, flanquée d'une grande elfe des neiges d'une blancheur immaculée et d'un grand roux costaud à l'air sévère. Après lui avoir dit que la jeune femme s'appelait Yùla di Scudira et lui avoir donné les titres et fonctions de ses parents, la baronne s'était éclipsée avec un clin d'œil et un air entendu.
L'élémentaliste se souvenait également qu'il avait longuement attendu que la demi-elfe soit seule avant d'aller lui parler, ainsi que la façon dont elle l'avait envoyé sur les roses. Une partie qu'il aurait préféré oublier.
Au moins, le souvenir avait été suffisamment cuisant pour qu'il note la rupture des di Scudira quelques temps plus tard et qu'il ne commette pas l'impair d'appeler la sorcière par le nom de son père.

« J'ai fait quelques avances à mademoiselle Meneldä, et elle a refusé. Il n'y a pas grand chose à dire de plus. » ajouta-t-il avant de se tourner vers Cendre. « Je tiens d'ailleurs à vous présenter mes excuses pour mon attitude déplorable lors de cette soirée. »
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#22
Un sourire fin et moqueur, la jeune fille grimaça aussitôt le nom d'Oxalie de Crèvecoeur entendu. Cette femme était aussi burlesque qu'exubérante. Cendre n'avait toujours pas digéré leur sortie à cette fameuse soirée. Elle ne savait d'ailleurs toujours pas qui, de sa mère ou de son père, avait fait un choix aussi stupide que navrant.
Se rendre à cette soirée qui ressemblait davantage à un concours de celle ou celui qui trouverait l'amour de sa vie avait été une expérience assez peu glorieuse. Le premier prétendant avait eu un beau visage c'était vrai, mais une cervelle de moineau. Il n'avait pas fallu longtemps avant que la bizarrerie de la jeune fille, sa beauté naturelle, flamboyante et son héritage ne fassent en venir à la pelle de ces beaux jeunes hommes, pleins de fougue et d'ardeur. Pleins d'illusions.

Israfel aussi était venu, peut-être sans arrières pensées, mais il n'empêche qu'il avait été dans les derniers et qu'elle l'avait sèchement renvoyé à sa place, préférant être seule.
Et c'était toujours le cas.
L'amour et les sentiments étaient des choses que son coeur de glace ne supporterait pas bien longtemps, et elle ne pouvait pas vraiment aimer ni un elfe de peur de mourir trop tôt ni un homme de peur de mourir trop tard. Sa longévité de demi-elfe étant inconnue et sa maladie la rendant sujette à périr au moindre instant, Cendre s'était dit assez tôt dans sa vie fragile et vacillante qu'elle n'aurait aucune descendance, aucun époux, aucune épouse, et que les choses seraient parfaites ainsi.
Elle n'avait pas besoin de problèmes supplémentaires. Son coeur était assez fragile comme ça.

« Pas d'inquiétudes, Israfel » elle se permettait cette impolitesse, par flemme, ou tout simplement car elle ne pensait plus qu'à un bon café chaud maintenant qu'ils étaient devant la porte, « vous n'êtes ni le premier ni le dernier que j'enverrais sur les roses. C'est un sport de tous les jours, sans me vanter. Et je n'en veux à personne d'essayer – on ne devrait jamais en vouloir à quelqu'un d'essayer. »

Son ton en effet ne laissait pas penser qu'elle s'en vantait – au contraire, la jeune fille était lasse et fatiguée de ces jeux de cours.

Elle entra dans le café à la suite de Lenwë, le remercia d'un petit signe de tête alors qu'il lui tenait la porte et trouva une table bien positionnée. Ni trop loin de la vitrine, ni trop proche, ainsi la lumière tamisée éclairait la table sans l'éblouir pour autant.

Cendre s'asseya et reprit, sur un ton plus léger, s'adressant à l'elfe des neiges :

« Enfin, je ne te souhaite pas de rencontrer un jour cette fameuse Oxalie. Une bonne femme hideuse et grasse qui se permet d'être entremetteuse alors même qu'elle a dû étouffé cinq ou six maris en dormant... » Elle grimaça de nouveau, à l'idée même que quelqu'un puisse dormir avec la grosse elfe. « Mais j'imagine que tu n'es pas là pour ça. Trouvez une femme, ce n'est pas vraiment ton ambition première, je me trompe ? »

Le ton était devenu plus sérieux. C'était une question sérieuse mais les yeux de Cendre indiquaient que c'était surtout par curiosité. Rien ne l'obligeait à répondre, pas même la malice dans les yeux de chat de la sorcière.
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#23
Lenwë attrapa la grande tasse que le serveur lui amena et en bu une gorgée rapidement. C'était froid et agréable. Il reposa la tasse et entreprit de répondre à Cendre :
« Je suis plutôt là pour les études » expliqua-t-il, « Je... euh... les elfes avec un don pour la magie pure ne sont pas si courant, la dernière archimage originaire du nord remonte à l'ère du Déclin, et personne n'est capable de me former, pas depuis le départ de la reine Anasteriä... et cela date de bien avant ma naissance. »

Le jeune mage reprit sa tasse et bu une nouvelle gorgée. Le froid semblait si familier et amical. Pourtant, quelques temps avant, Lenwë maudissait ce même froid.
« J'ai réussi à réunir quelques pièces pour faire le voyage jusqu'ici, j'ai reçu un peu d'aide de la part du village pour payer les études. »

Quelques pièces du palais de Cyrijäl se glissaient surement dans l'or offert par les habitants, le jeune elfe n'était pas dupe. Ses parents étaient loin d'être riches, mais tous les elfes se connaissaient dans la petite capitale et formaient une grande famille solidaire, quoique méfiante des étrangers.

« Et puis, je n'ai vraiment pas envie de rencontrer cette Oxalie, alors je vais me passer de ces soirées pour jeunes célibataires »
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#24
« Pourtant, un beau jeune homme comme toi pourrais facilement y être le centre de la soirée. » dit Israfel en mettant une tape amicale dans le dos de Lenwë. « Cela dit, je ne pense pas que ça te convienne. Tu sembles plutôt du genre discret. »

L'élémentaliste but une longue gorgée de son cocktail et poussa un petit soupire satisfait avant de continuer.

« Enfin, si c'est la magie pure qui vous amène, je peux peut-être vous aider. Vous semblez aimer les bibliothèques, je peux vous proposer de passer chez moi une fois les cours terminés. La bibliothèque familiale n'est peut-être pas aussi fournie sur le sujet que celle de l'académie, mais vous pourrez au moins continuer à travailler après la fermeture de l'école. »

L'elfe marqua une pause.

« Et en compensation, disons que nous irons boire un verre de temps à autre. Ce sera plus agréable de boire avec un camarade. Et dites-vous que si je me couche plus tôt grâce à vous, le vieux Ëlvend ne pourra que vous en être reconnaissant ! »

Israfel éclata d'un rire joyeux à sa propre boutade. L'elfe qui le ferait se coucher tôt était peut-être déjà né, mais ce n'était certainement pas ce frêle mage à la timidité prononcée.
Alors qu'il riait, il guettait surtout une réaction de Cendre. En effet, si Lenwë se mettait à accompagner l'élémentaliste lors de certaines beuveries, même en évitant les Soirées Crèvecoeur, il y avait des chances pour qu'il finisse par rencontrer quelqu'un. Une chose que la demi-elfe ne laisserait pas se produire si il avait raison à propos d'eux…

« Bien sûr, mademoiselle Meneldä, vous êtes également la bienvenue dans notre cercle d'étude. Aux mêmes conditions que mon compatriote, cela va sans dire. »

Le jeune elfe observait toujours la sorcière en souriant. Le piège était tendu, restait à voir si la souris allait s'y jeter…
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