Le début d'une nouvelle vie
#1
Comme à son habitude le chasseur alla auprès des cadavres pour récupérer la viande possible. Alors qu'il allait s'attaquer aux parties moins ragoutantes, mais tous aussi nourrissantes qu'étaient les abats un nouvel événement troubla la tranquillité relative.


Des abeilles géantes, responsables de l'éradication du village attaquez les aventuriers qui s'aguerrissait rapidement.
Pour avoir déjà vu le groupe à l'œuvre, le résultat ne fut pas très surprenant. Un début difficile suivit par une organisation correcte.

Seulement contrairement a l'habitude un événement supplémentaire aux nouveaux monstres attaquant. La foudre frappa sans s'annoncer.
Une elfe mal en point fuyant la mort qui avançait à grand battement d'ailes rejoint le groupe hétéroclite.


Un seul regard suffit à troubler Mentes. Habitué à tomber sous le charme des jeunes elfes il voulut chasser sans ménagement ces états d'âme nuisances pour la bataille annoncée. Pourtant il y avait une différence, une subtilité qu'il ne pouvait saisir. L'hésitation fut balayée par l'inconscience et les actes irréfléchis. Il se précipita. Attrapant doucement Nemärie par la main il l'aida à se mettre debout ou s'asseoir confortablement comme elle le désirait.

« N'ayez crainte, nous sommes là pour vous protégez et je vous ferais rempart de mon corps ».


Puis se rendant compte de l'état de ses mains, légèrement salie par le dépeçage qui venait d'avoir lieu Mentes vira aux rouges dans la confusion. Il tenta d'essuyer ses mains ainsi que celle de Nemärie tout en bredouillant des excuses.

Alba Fléchelune a écrit :Nemärie est déboussolée, elle a peur. Aussi, quand elle trouve enfin d'autres elfes vivants, ses yeux s'illuminent. Alors que Kyle la soigne du poison qui coule dans ses veines, une autre elfe s'approche pour la soutenir et soigner ses plaies. Elle se souvient des piqûres et du dard qui s'est enfoncé dans sa peau il y a peu. La douleur se réanime en elle.

Je… Je ne veux pas, je ne veux pas y retourner…
Il faut fuir, il faut absolument fuir…


Alors qu'elle panique, prise de lourds sanglots à l'idée de se retrouver de nouveau face à ses affreuses créatures, un elfe arrive et la soutient. Ils sont nombreux autour d'elle à se déplacer pour l'aider. Elle jette de nouveau un regard derrière elle, alors qu'un bourdonnement lourd approche de plus en plus, venant du sud, inquiétant. Elle déglutit péniblement et se glisse tout naturellement dans le dos de Mentes, s'accrochant au tissu de son vêtement.

Il faut partir, Monsieur.
Elles vont venir… Elles vont venir comme elles sont venues à Damärisse… Elles vont tout réduire en cendres, à sang…
Il faut aller à Daniör avant qu'elles ne reviennent... Si elles nous trouvent... Si...


De nouveau des sanglots lui viennent au bord des yeux et elle se sert contre le dos de Mentes, cachant derrière ses longs cheveux ses yeux qui se remplissent de larmes. Elle a peur. Tellement peur… Elle semble terrifiée, comme si elle avait vécu l'enfer.
Citation :L'elfe posa son regard sur Swann, puis sur l'elfe, puis sur le gâteau, et, quoi qu'elle ait attendu la fin de son dialogue, elle lui écrasa aussi sec ce dernier sur la figure d'un geste aussi brusque que soudain. Elle semblait furieuse, furieuse, mais surtout en larmes. Elle était tellement…
Elle se recula d'un pas, le regard sombre :

vous ne vous rendez pas compte, vraiment !
Je.. Je viens du village du sud, de… de Damärisse… C'était un petit village. On… On avait recueilli il y a trois jours des survivants de l'attaque de Fal'Aron. Nous…


Elle étouffa de nouveau au sanglot, l'air perdu.

Nous n'aurions pas pensé qu'elles reviendraient. Nous... Nous n'avons pas cru les survivants.
Et… Et dans la nuit, elles ont attaqué. Elles étaient une nuée, tellement… Une cinquantaine ? Oui, une cinquantaine, au moins… Et elles ont tué, tout le monde, tellement… Ça a été si soudain…
J'ai fui, toute seule. Je ne sais pas si… s'il y en a d'autres…


Elle s'essuya les joues, trempées de larmes, mais également de sang, et secoua le visage d'un air peiné :

il faut que je trouve le Maire de Daniör. Daniör est le plus grand village du comté.
Nous n'avons pas eu de nouvelles des autres villages depuis l'attaque de Fal'Aron.
J'espère qu'Erhynn aura de meilleures nouvelles que…


Elle eut un haut-le-cœur et refoula de nouveau un sanglot.
Elle venait de perdre tout ce qu'elle avait eu un jour, à savoir une famille, une maison et une vie. Tout ça venait de finir mis en cendre par une nuée d'abeilles dont elle ne savait rien, et ne voulait rien savoir. Elle espérait simplement que les choses ne se soient pas aussi mal passées pour les villages aux alentours que pour Damärisse et Daniör…


Après la mort des quatre abeilles, un long silence passa dans la forêt, et de nouveau un immense bourdonnement. Les animaux, loups, ours comme araignées, sentirent le changement dans l'air et se replièrent doucement au nord, fuyant la zone de l'ancien désastre...

Quelque chose passa dans les yeux de Nemärie, qui était maintenant persuadée que seul le maire de Daniör saurait gérer cette situation. Elle se remit à courir.

S'ils voulaient rester derrière et mourir, elle les laisserait faire.
Elle ne les avait que trop prier.
Lorsque Nemärie se mit à courir en direction de Danior, Mentes la suivit sans aucune hésitation et lui offrit son bras si elle désirait de l'aide. Durant le trajet il ne dit rien, tentant de remettre de l'ordre dans ses pensées. Que devait-il faire ? Continuer avec elle ou s'éloigner le temps de prendre du recul.


Pendant ce temps-là, un autre elfe, Swann, qu'il avait déjà remarqué pour être totalement imbu de soi-même et insupportable s'adressa à sa tendre Nemärie. S'il fit apparemment des efforts, son caractère peu agréable filtra dans ses propos et la réaction de l'elfe effrayé fut… particulièrement adaptée pour remettre Swann en place. Mentes ne put retenir un sourire qu'il s'empressa de supprimer avant que Nemärie ne le remarque.

Mentes reprit donc la parole, un sourire crispé, signes de sa profonde anxiété, sur les lèvres :


ne vous inquiétez, je vous accompagne a Danior et aussi loin qu'il le faille pour échapper à ces monstres. Mais rassurez-vous nous ne serons pas obliger d'en arriver là, il y existe bien une solution et si ces abeilles ressemblent aux a celle de taille classique elles rechigneront à s'éloigner trop de leur ruche. Si une fois à Danior vous vous sentez encore en danger, nous pourrons pousser jusqu'à Mitriath.

Je suis vraiment désolé de tout ce qui vous arrive et je ne sais quoi dire et quoi faire pour vous aider. Sachez que si vous aviez besoin de quoi que ce soit ce sera un véritable plaisir de vous aider, alors n'hésiter à me demander quoi que ce soit.

Par contre je tenais à vous prévenir à propos du maire de Danior. Il a tendance prendre ce qui se passe à la légère et à faire de l'esprit sur les choses graves. Cependant je crois et j'espère qu'au fond il est suffisamment sérieux pour faire face à ces problèmes.


[---]

Mentes s'approcha de Nemarïe. Voyant qu'elle avait du mal à se maintenir debout il lui tendit son bras pour qu'elle y prenne appui même si elle se reposait déjà sur Nomin.


— Je suis vraiment désolé de tout ce qui vous arrive. Si je peux faire quoi que ce soit pour vous, que ce soit maintenant ou plus tard ça serait avec le plus grand des plaisirs.

Vous devez être épuisée et aussi affamée. Je peux aller cherchait de quoi vous restaurez.

Vous avez dit que votre sœur était partit a Espe'ra. J'imagine que vous vous inquiétez pour elle. Je peux aller jusqu'au village pour aller vérifier qu'elle est toujours vivante et l'aider sur place ou à revenir jusqu'ici ?


Citation :Nemärie plongea son regard dans celui de Mentes avec un petit triste et renifla. Ses blessures s'étaient résorbées, mais il restait encore en elle la fatigue, la fatigue extrême d'une course contre la mort, pour la vie.

Ça ira Mentes, je n'ai… je n'ai pas faim.
Merci. Merci pour tout.


Elle hocha la tête, timidement, et sembla réfléchir. Ses yeux s'allumèrent au nom d'Esper'a. Le village de sa sœur était bien loin du chemin prévu par les autres aventuriers, et à vraie dire, ils n'y trouveraient rien d'intéressant sans doute que des corps et des corps… Mais le simple fait, que l'elfe se proposa, réchauffa le cœur de la jeune femme.

Vous ne saurez la reconnaître, mais si… Si vous le pensez vraiment, si vraiment vous voulez le faire pour moi, je pourrais vous accompagner. Je vous en serais vraiment reconnaissante, mais je ne veux pas vous éloigner de la bataille qui gronde à Daniör et vous enlever à votre devoir…

La jeune elfe sembla rougir, mais ses joues étaient trop pâles pour le dire.
Merci. Un mot, un seul, sans doute prononcé sans arrière-pensée par politesse et son cœur se réchauffait autant.

Je suis venu ici de ma volonté propre pour aider ceux qui subissaient ces malheurs. Ce n'est pas un devoir pour moi d'aller porter secours, mais un choix. Je suis donc libre de choisir qui aider et s'il reste des survivants, notamment votre sœur, il serait plus que regrettable que l'absence d'aide soit la cause de décès.
Par contre, cela me gêne de vous exposer aux dangers. Vous avez déjà subi beaucoup, je préférerais ne rien vous imposer.


Mentes était hésitant, sur la conduite à tenir. Refusant de se décider optait pour une position d'équilibre instable entre tenter de sauver la sœur de Nemärie et protéger la source de son amour de tout danger.


Citation :Nemärie regardait attentivement Mentes et baissa finalement les yeux, dans cette pudeur de femme de bonnes mœurs. Elle se sentait à la fois triste, car elle venait de tout perdre, mais elle sentait qu'elle avait gagné en Mentes un allié de choix et un chevalier des plus serviables et aimable. En soi, même si elle ne se sentait pas d'humeur à batifoler, cela lui réchauffait un tant soit peu le cœur et l'éloignait de toutes ses choses qu'elle venait de voir et qu'elle voulait oublier.

Cependant, il y avait une chose qu'elle ne voulait oublier, et c'était bien sa jeune sœur.

Dans mon village, je suis tisseuse de sort. Enfin, j'étais.
J'ai reçu l'éducation basique de l'école de Magie de Mitriath. Je sais me défendre.

Elle marqua une courte pause où son regard pâle, quasi translucide, s'était posé de nouveau sur l'elfe :

Croyez-moi, si je ne le savais pas, je n'en serais pas là aujourd'hui.


Elle jeta un regard au Maire de Daniör qui parlait alors avec Eriador, le chef des armées.
Elle ne prit pas la peine de s'attarder davantage. L'inquiétude la rongeait. Elle prit d'elle même la main de Mentes et le tira vers la sortie. Un garde de Daniör soupira en voyant l'étrange demoiselle courir ainsi sans être protégée, et une guérisseuse lui prêta de quoi se défendre après qu'elle eut expliqué sa situation, lui souhaitant bonne chance, et beaucoup de courage.

Au sud de Daniör, l'aventurent les attendait.
Mentes était dépassé, dépassé et enchanté par la tournure que prenaient les événements.

Dépassé car il doutait d'avoir pris une bonne décision en proposant à Nemärie d'aller chercher sa sœur. Même si elle était totalement consciente des risques qu'elle prenait l'idée de la perdre était inimaginable pour Mentes. Si cela arrivait, comment pourrait-il s'en remettre, surtout si c'était lui le responsable ?
Enchanté car il était dans une situation qu'il n'espérait même pas un peu plus tôt. Nemärie lui faisait confiance et il avait une magnifique occasion de lui être utile.

Avant d'avoir pu mettre de l'ordre dans ses pensées, Nemärie lui prenait la main et l'emmenait vers la sortie. Alors qu'une guérisseuse donner à Nemärie un minimum de protection, Mentes en profitas pour demander aux gardes s'il n'avait pas quelque flèches à lui donner. Son stock était quasiment épuisé, et se retrouver sans flèche serait probablement fatal.


Une fois sortie de Danior, Mentes s'avança, observant le terrain et cherchant l'éventuelle présence d'abeille. Il ne trouva qu'un loup. Il lâcha une volée de flèches avant de revenir en arrière.

Citation :Quand Mentes lui donna une rose, le visage alors inquiet de l'elfe sembla s'adoucir et elle eut un petit sourire en coin, gêné, mais touché. Elle eut un petit hochement de tête, en retira toutes les épines et la coiffa dans ses cheveux clairs. Le rouge de la rose ne faisait qu'accentuer la pâleur de sa peau et de ses yeux, de son être en général, un petit être immaculé, quasi opalescent.

Un loup attaqua pourtant, et le cœur de Nemärie fit un bond dans sa poitrine, de peur.

Est-ce que ça va aller Mentes ?
Pour l'instant il n'y avait pas d'abeilles justes de simple loup comme Mentes en avait chassé si souvent. Et pourtant, ils étaient nombreux, une meute entière s'était élancé à leur encontre. Au début cela s'annonçait pourtant bien. Si Mentes, qui se plaça devant pour encaisser l'assaut n'arrivait pas à esquiver les attaques des loups les morsures des loups étaient peu profonde et son armure absorbait une grande partie des chocs. De plus Nemärie lui lança de multiples sorts pour l'aider. L'un lui transforma la peau la rendant plus résistante, avec ce sort les morsures de loup ne lui laissaient rien de plus qu'une légère griffure sur la peau.

Puis le combat prit de la longueur, Mentes se fatiguait vite, beaucoup trop vite, et ses flèches descendait à vue d'œil. Lorsque le sort de protection s'estompa et que Nemärie ne put lui relancer, les griffures des loups devinrent des blessures, certes légères, mais qui s'accumulaient dangereusement. Pendant un instant, Mentes prit en compte la possibilité que les loups le tuent et qu'il laisse Nemärie sans défense. À cette idée il redoubla d'ardeur et finalement les loups tombèrent.


Mentes se laissa tomber aux sols, vider de son énergie et de son sang. Quand il eut repris son souffle, il se tourna vers l'élu de son cœur.

« Oui, je pense que ça va aller. Par contre je crois qu'il vaut mieux que je prenne le temps de récupérer un petit peu, même si le temps joue contre nous.

Et merci d'être venu avec moi, je ne m'en serais pas sortis sans toi. Je n'aurais pas dû mettre en doute ta capacité à me suivre. Je t'ai… »



Mais qu'était-il en train de dire ? Il s'arrêta avant d'avoir fini, bégayant, sans savoir quoi dire. Rougissant il se retourna vers les corps des loups et retrouvant ses réflexes de chasseur il découpa plusieurs morceaux de viande. Choisissant les meilleurs car il y avait largement de quoi faire. Il en profita pour récupérer les morceaux de cuir ou de fourrure récupérable. En passant sur les cadavres, il récupéra également ses pointes de flèches. Comme il disposait d'un stock de frêne, il pourrait si nécessaire confectionner des flèches de récupérations au lieu de devoir utiliser ses mains.

Citation :La jeune elfe pencha la tête, intriguée. Le chasseur n'avait pas fini sa phrase, et si elle ne savait pas ce qu'il avait pu retenir comme mot, elle avait bien vu son rougissement. Elle inspira profondément, et approcha de nouveau, sur la pointe des pieds, l'observant. Elle était jolie Nemärie, comme une rose sans épine au coucher du soir, à peine éclairée par les quelques rayons du soleil déclinant. Jolie comme une elfe sans rien. Comme une elfe de rien...

« Mentes... »

Assise en tailleur, elle leva les yeux vers lui, avec toute la fragilité et la délicatesse des femmes de son pays, et eut finalement un sourire adorable et sincère. Il portait en lui tous les sentiments qui chamboulaient la jeune fille.

« Je suis contente, vraiment, que vous soyez venu... Vous... Je... Merci. Encore. »

Elle se racla difficilement la gorge, et finalement détourna le regard, les joues un peu rouges, jetant un regard au reste de la forêt qui devenait de plus en plus noir. Le soleil s'était caché derrière la cime et ne perçait plus que de rares rayons malheureux, orphelins. Bientôt rejoints par ceux de la Lune.

Nemärie sentait, fatalement, que cette route n'aurait pas de fin joyeuse. Que son histoire s'étiolait devant elle. Qu'elle retrouvait peut-être sa sœur morte, ou qu'elle ne la retrouverait jamais. Dans tous les cas, elle ne regrettait rien.

Halista veillait sur eux après tout, pas vrai ?
Mentes était gêné et voir Nemärie être dans la même situation ne le rassurait pas vraiment. Au contraire, il n'avait aucune idée des sentiments de Nemärie. Il ne pouvait savoir sur quel pied danser et n'oser parler, de peur dire quelque chose de mal placé. Bien qu'il mourrait d'envie de se libérer de cette inconnue en déclarant son amour, il ne pouvait prendre le risque de tout briser. Et même si le cadre était idyllique pour déclarer sa flamme, le moment l'était moins. Il lui fallait prendre son mal en patience.

Songeant que le silence qu'il laissait planer dans la discussion devait être pesant et étrange il se décida à parler. Hésitant presque à chaque mot, tel quelqu'un parlant dans une langue qu'il vient juste de commencer à apprendre.

« De rien. Hum, c'était la moindre des choses que je pouvais faire pour vous. »

Reprenant la route ils arrivèrent aux ruines d'un petit village. Sauf si ses souvenirs étaient mauvais, il s'agissait du village natal de Nemärie. Mentes était plongé dans ses rêveries en arrivant. Il rêvait de nuée l'enveloppant, non pas tel du coton, mais quelque chose de plus doux, de plus soyeux, plus mouvant. Le rêveur était non pas en pleine extase, mais dans une douce perfection. Une sorte de béatitude, une sensation intemporelle et d'un bonheur simple, mais simplement parfait. L'arrivée au village le sortit de son rêve éveillé, et contrairement à chacun de ses réveils il ne se sentait nullement déçu ou déprimé par le retour à la réalité.

S'approchant de Nemärie, il s'adressa doucement à elle.

Est votre village ?

Mentes était gêné et voir Nemärie être dans la même situation ne le rassurait pas vraiment. Au contraire, il n'avait aucune idée des sentiments de Nemärie. Il ne pouvait savoir sur quel pied danser et n'oser parler, de peur dire quelque chose de mal placé. Bien qu'il mourrait d'envie de se libérer de cette inconnue en déclarant son amour, il ne pouvait prendre le risque de tout briser. Et même si le cadre était idyllique pour déclarer sa flamme, le moment l'était moins. Il lui fallait prendre son mal en patience.

Songeant que le silence qu'il laissait planer dans la discussion devait être pesant et étrange il se décida à parler. Hésitant presque à chaque mot, tel quelqu'un parlant dans une langue qu'il vient juste de commencer à apprendre.

« De rien. Hum, c'était la moindre des choses que je pouvais faire pour vous. »

Le chemin ne fut pas de tout repos, mais rien d'insurmontable. Quoique, un temps éventuellement crucial était perdu. Finalement Mentes et Nemärie arrivèrent à un deuxième village, tout aussi dévasté que le premier.

Il semblait un peu plus grand que le premier, une bonne dizaine de maisons, enfin ce qu'il en restait. Une fontaine joliment décorée se trouvait au centre du village. Mentes se demandait comment il pouvait arriver à prendre de manière aussi détachée la vision d'un village détruit, avec des corps laissés à même le sol. On s'habituait dangereusement vite aux choses affreuses.

Nemärie prit les devants et s'approcha des cadavres en les observant. Ce devait être le village ou la sœur de Nemärie était censée se trouver. Il ne semblait y avoir personne de vivant. Mentes espérait encore que la sœur recherchée avait fuis.

Son espoir fut rapidement réduit à néant, il n'y eut pas de bruit, pas de cris, mais Mentes compris. L'élu de son cœur venait de trouver le corps sans vie de sa bien-aimée. Il s'approcha lentement, sans dire un mot. Il s'assit légèrement en retrait, impuissant et inutile.

Au bout d'un moment, il se releva et se dirigea vers celle qu'il aimer. S'agenouillant à côté d'elle, il lui dit doucement :
« Ce n'est pas de ta faute. Tu as fait ce que tu pouvais.
Souhaites-tu te recueillir encore un moment avant d'entamer les derniers hommages ? »


Citation :L'endroit où il y avait eu, jadis des maisons habitées par des elfes sylvains tranquilles, n'existait plus. Il n'en restait plus que des détritus divers et variés, déposés sur le sol. Du bois cassé, des tentures déchirées...
Un véritable chaos s'était abattu sur le petit village, et les cadavres jonchant le sol ne rendaient la chose que plus difficile à digérer pour la jolie elfe.
Nemärie observait d'un œil apeuré le village qu'ils venaient, Mentes et elle même, de découvrir, car si ce n'était pas encore celui de sa jeune sœur, c'était un village sur le chemin, ce qui indiquait que les abeilles étaient déjà, sans aucun doute, passer par là. Avant eux.

Tout le long du voyage, l'elfe se montra tantôt distant, tantôt ailleurs. Elle ne comprenait pas bien ce qui pouvait les abeilles à se retourner contre eux, ni même ce qu'elle avait elle-même fait pour mériter tant de peine.

Elle se laissa happer par un ourson, mais fut de nouveau sauvée.
Posant ses yeux clairs sur l'elfe, elle se rendit de nouveau compte, après un long moment d'absence, qu'en effet Mentes était là, à ses côtés. Elle eut un petit sourire peiné. Elle aurait aimé être davantage heureuse à le voir, mais la vérité était que son esprit se focalisait sur sa sœur et le maigre espoir qu'il lui restait de la retrouver vivante.

Le cœur lourd, elle prit le chemin qui menait au petit village, et y trouva ce qu'elle redoutait : la même vision d'horreur qui l'avait déjà frappé plus tôt. La même, en plus douloureuse encore.

D'un pas lent, Nemärie entra dans le village, et doucement se mit à genoux, les yeux mouillés par les larmes naissantes. Sa douleur était telle qu'aucun mot ne sortit de ses lèvres. Sa douleur était si prenante, si cuisante, que sa voix s'évapora sur ses lèvres, la laissant sans rien.
Ses doigts se posèrent sur le visage adoré ravagé par le sang et la peur, figé dans un éternel tourment, et alors les larmes mouillèrent ses joues, en souillèrent la pureté par leur note salée. Son cœur se mit à crier dans sa poitrine, comme elle avait mal, mal à en mourir.

Ses doigts se serrèrent sur le visage de sa sœur bien aimée, impuissante. C'était trop tard. C'était bien trop tard... Si elle s'était pressée, peut être que...

Elle sursauta quand la voix de Mentes la sortit de sa torpeur. Ses yeux clairs se fixèrent sur lui, mais elle ne le voyait pas tant elle pleurait. Elle ravala difficilement sa salive en l'entendant, et jeta un regard au cadavre sans vie, se pinçant les lèvres. Il lui était douloureux d'imaginer mettre en terre celle qu'elle aurait du protéger, mais il fallait se rendre à l'évidence : il n'y avait plus rien à faire, plus rien depuis longtemps.

Elle essuya frénétiquement ses joues de ses mains claires, comme pour chasser la douleur, mais c'était peine perdue.

« Il faut... Il faut lui donner une sépulture. Il faut le faire à tous... »

Sa voix était entrecoupée de petites respirations fortes et courtes, si bien qu'il était pénible pour elle de parler. Elle resta alors muette tout le long de la journée, aidant Mentes à mettre en terre les dernières victimes du village. Un petit panneau de bois décoré de quelques fleurs serait la seule tombe offerte à la sœur de Nemärie, mais ce ne serait pas des moindres.

Elle resta silencieuse et se coucha au soir, auprès du feu, le cœur encore meurtri et la peine immense.

Sur le chemin retour, elle ne se fit pas plus avenante. La langue liée par la tragédie et les yeux ravagés par les larmes, le chagrin des elfes était puissant et sans égal dans tout Ecridel. On disait des elfes qu'ils étaient les rares êtres à vivre des sentiments : leur amour n'avait aucune limite. C'était sans doute vrai pour Nemärie, car la plaie encore fraîche avait bien du mal à se refermer.
On n'avait pas non plus l'habitude de mettre en terre des êtres vivants plus de cent ans à l'aube de leur trentième année.

C'est à l'approche de Mitriath, alors que les murmures de la forêt disaient que l'on avait arrêté des alchimistes hélions, que Nemärie se rapprocha un peu de Mentes. L'heure de la séparation approchait à grands pas, ou tout du moins, l'heure à laquelle Mentes rejoindrait sa vie d'aventurier intrépide.

Marchant à ses côtés, elle inspira profondément, semblant sereine l'espace d'un instant, avant de murmurer à l'autre elfe :

« Je te remercie, Mentes... de m'avoir accompagné. Aussi loin. » [: b]

Un petit sourire triste décoré les lèvres de la jeune elfe : sa tristesse la rendait plus touchante encore.

[b] « C'était trop tard, mais grâce à toi, ils ont tous pu avoir une sépulture, et... et je vais pouvoir vivre en sachant ce qui est arrivé à ma sœur. Pour cela, je ne saurais jamais comment te remercier. »


Ses yeux ne se détachèrent pas de l'elfe, émue sans doute sur le moment.

Sa peine n'était pas moindre, mais elle comptait sur le temps pour en retirer le poids difficile.

« Je pense rentrer à Mitriath. Je... Je n'ai plus vraiment grand-chose qui me retienne à l'est, alors... » Elle remit délicatement une mèche de cheveux derrière sa longue oreille pointue, l'air distrait. « Je resterais à l'école de magie. J'y ai une vieille amie, elle ne me dira pas non. Si jamais... »
Mentes se sentait désemparé, totalement impuissant, incapable d'aider Nemärie. Celle qui aimait tant souffrait, et il ne savait pas quoi faire il n'arrivait pas à l'aider. Il n'espérait pas effacer son chagrin, lui faire oublier cet épisode douloureux d'un coup de main et repartir avec elle et vivre heureux avec elle ; il ne faisait que le désirer. Pourtant il aurait voulu pouvoir aider, pas nécessairement grand-chose, mais aider quand même.

Et pourtant elle souffrait, et il n'avait que des mots maladroits qui lui venaient en tête. Et son amour lui paraissait totalement déplacé, devait-il le dire se taire et peut être la perdre à jamais ou bien parler. Il ne savait que faire et était certain de faire une erreur monumentale, quel que soit son choix.

« Tu n'as nul besoin de me remercier, le fait de savoir que j'aurais était vraiment utile me suffit. »

Mentes fit un pause, hésitante.

« Tu as était très courageuse, presque personne n'aurait tenus aussi bon. Tu as fait ce que tu pouvais
Je passerais te voir la prochaine que je passerais à Mitriath. »


Il déposa un baiser léger comme l'air sut ses lèvres et se retourna sans rien ajouter.

[---]

Les problèmes ne viennent jamais seuls. L'adage se vérifier une fois de plus, un meurtre étrange avait eu lieu sur les bords de la Loreline et des hélions reprenaient leur sordide affaire. Ce dernier problème inquiété grandement Mentes. Non pas pour ce qu'il était en soi, mais pour les conséquences qui allaient suivre. Quel que soit le résultat de l'affaire, les tensions entre Centaure et hélions seront grandement accentuées. Comme en plus certains de ses compagnons se mêleraient au centaure, un pas de plus serait fait vers la violence et la souffrance.

Pourtant ce n'est pas dans cette direction que le mèneraient ses pas. Il n'avait pas l'espoir de pouvoir enrayer l'immense machine qu'était la marche à la guerre, mais n'y apporterait pas la moindre contribution. Il marcherait donc vers le nord pour y enquêter avec ses frères sur l'étrange meurtre qui y avait eu lieu.


Ses compagnons habituels de route Nomin, Darwi et Pelytna avaient décidé de prendre une autre direction. Ils épauleraient le peuple des fanatiques dans leur mission. Il ne craignait pas d'être seul, probablement bon nombre d'autres sylvain le rejoindrait pour ramener la paix et la tranquillité toute relative de Pelethor. L'événement provoquer pas mal de remous, mais Mentes n'était pas tellement surpris. La chasse était naturelle, et qu'un animal laisse la moitié d'un corps était malheureux, mais rien de tellement inquiétant. Alors qu'il allait partir pour le nord une idée traversa l'esprit de Mentes. Une alternative à partir seule.

Il se dirigea d'un pas lent car il hésiter sur ce qu'il allait faire, mais sa détermination s'affirmer au fur et à mesure de son avancée. Entrant dans l'école de magie, discuta rapidement avec un professeur à propos d'une récompense pour une chasse au feu follet puis se dirigea vers celle qu'il chercher.

Ils ne s'étaient pas séparés depuis longtemps, mais son cœur fit un bond lorsqu'il vers Nemärie. Il s'adressa la voix tremblante comme à son habitude.

« Venta, je passais par ici et je me suis dit que cela ne ferait pas de mal de prendre de tes nouvelles.
Tu dois surement être au courant, mais il y aurait eu un brüsein tué par un animal inconnu dans la Loreline. Je compte aller sur place pour aider à éclaircir le problème et si nécessaire le résoudre. Je voulais savoir si cela t'intéressait de m'accompagner. »


Citation :Nemärie ferma les yeux, par pudeur, laissant le baiser s'envolait aussi vite qu'il s'était posé.
Dans sa poitrine, son cœur sembla bondir, mais elle le laissa partir sans un mot. Il reviendrait, elle en était sûre, aussi sûre que demain le soleil se lèverait, aussi sûre qu'au soir la lune regagnerait le ciel. Il en avait fait la promesse, et elle avait compris que Mentes était de ces hommes à tenir leur parole.

Elle ravala sa salive, se secoua et rejoignit l'école de Magie afin d'y trouver sa vieille amie.
Une nouvelle vie s'ouvrait à elle.

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Elle avait repris une vie semblant normale. Semblant.
Au jour le jour, elle regardait toujours à l'ouest, se rappelait alors la douleur et le sang. Ses nuits étaient parsemées de cauchemars, mais parfois il surgissait des méandres la douceur d'un baiser et l'étreinte sincère et chaude de bras, et elle se sentait rassurée, même si tous les jours elle était seule.
Cela la contentait. La solitude était une amie sincère. Mentes reviendrait, elle en était sûre, et aussi, si la surprise la prit, elle n'était pas sous le choc de le voir. Seulement émue.
De nouveau dans sa poitrine son cœur se mit à battre comme un troupeau d'étalons sauvage, frappant brutalement leur sabot contre sa cage thoracique. Sa gorge se serra, et ses joues s'empourprèrent par pudeur. Elle jetait un regard gêné à son « preux chevalier », car c'était bien ce qu'était Mentes avec elle, un preux chevalier servant.

Elle écouta attentivement et finalement entrelaça ses doigts, les tordant nerveusement, visiblement anxieuse.
Son air était gêné, empreint d'une moue boudeuse.

« Eh bien, ce n'est pas vraiment que je ne veux pas, mais je ne peux pas. J'ai promis à Monsieur Feren de l'aider à ranger la nouvelle bibliothèque, et à dépoussiérer le grenier, alors... »

Elle inspira profondément, se coupant, pour finalement soupirer tout doucement :

« J'ai un peu honte, Mentes, mais je dois avouer que cette histoire de meurtre me fait un peu froid dans le dos. Rien que l'idée de voir une horrible créature s'échappait de la rivière, ça ne me rassure guère. Je... Je crois que j'ai toujours un peu peur... depuis... »

Elle repoussa nerveusement une mèche de cheveux, visiblement embêtée. Elle se savait idiote d'avoir encore peur, mais ce n'était pas partit, c'était encore trop tôt, beaucoup trop tôt pour elle. Mentes était un guerrier brave et courageux. Elle n'avait jamais eu cette force intérieure. Si jamais elle en avait eu une un jour, sa bravoure s'était sans doute épuisée le jour où elle avait retrouvé sa jeune sœur morte dans le village.
Durant un instant Mentes crut avoir fait une erreur en faisant cette proposition. Il avait pensé que le traumatisme concernait surtout ce qui avait trait à la destruction de son village et la perte de sa famille. Nemärie lui avait semblé pourtant forte en affrontant les animaux et les monstres pour rejoindre le village de sa sœur. Alors Mentes avait cru qu'elle était prête à s'exposer au danger et à se battre malgré la situation alors que c'était plus grâce à la situation. Mais au fond ce n'était pas un problème.

Mentes se pencha doucement en avant et prit les mains de la tendre Nemärie dans les siennes. Elle était bien plus douce que les siennes qui étaient plus habituées à manier l'arc que les livres.

» Il n'y a aucune honte à avoir peur. Aller à la rencontre d'une bête tueuse d'elfes n'est pas fait pour être rassurant. Certains fuit leur village car ils ont peut, est-ce mal pour eux de vouloir défendre leur vie ? Alors refuser d'exposer la sienne n'est pas honteux bien au contraire. «

Il ne savait pas quoi rajouter, sur ce sujet et préféra donc dévier la conversation sur autre chose, ce qu'elle faisait ici, si elle s'y plaisait, de sa nouvelle vie.



Mentes ne s'attarda pas très longtemps, autant de peur de déranger trop longtemps Nemärie dans son travail que de prendre trop de retard.

» Je suis désolé, mais ne peux pas rester trop longtemps. Par contre quand je reviendrais, on pourra peut-être prendre un peu plus de temps. «

Sur ces mots Mentes se pencha alors pour murmure à l'oreille de sa bien-aimée : » je t'aime... »

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Alors qu'il longeait tranquillement la Loreline Mentes réfléchissait. Il ne savait plus vers où aller, depuis toujours ou presque il avait eu une route, ou du moins une lanterne pour éclairer sa route. Ses rêves étaient à la fois son chemin de vie son objectif. Cela faisait près de 60 ans qu'il avançait sans jamais douter et maintenant… Il ne rêvait plus, enfin du moins il ne faisait plus ses rêves d'avant. Ou aller-il aller ?

Continuer sa quête errance a la poursuite d'une chimère, de quelque chose d'inexistant et de quelque chose aux delà de la perfection ou bien alors se ranger et aller vivre une vie douce et paisible avec Nemärie. Il ne savait pas, il avait perdu son chemin, il s'était égaré…

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À lettre était resté inachevé, Mentes avait réfléchi longuement, mais il ne pouvait se décider. Ainsi lorsqu'il passa à Mitriath il se dirigea vers l'école de magie même s'il n'avait pas su choisir la direction que sa vie allait prendre.

Entre les professeurs, les bibliothécaires et les apprentis mages, le bâtiment était bien rempli, mais restait malgré tout un lieu de calme. Mentes se dirigea vers sa bien-aimée rayonnante de joie. Tous ses tracas, ses questionnements et ses inquiétudes s'évanouissaient de plus en plus à chacun de ses pas. Tous semblaient, était à vrai dire, plus simple quand il se trouvait au côté de Nemärie.

Les doigts de Mentes se glissèrent dans ceux de Nemärie tandis que ses lèvres se collèrent aux siennes.

« Je t'aime. »

Ce n'était qu'un murmure, mais c'était prononcé avec toute la force qu'une parole peut recevoir. Un instant s'écoula sans que rien ne se passe, un instant pour savourer le présent, un instant de calme dans une vie agité, un instant de bonheur. Puis, Mentes tendit quelques roses à Nemärie d'un air hésitant.
« Je ne sais pas quelle fleur tu aimes, ni même si tu aimes les fleurs, mais j'espère que ça te plaît. »
Mentes eut un petit rire, il se sentait tellement maladroit. Il posa son regard plein d'amour et de tendresse dans les yeux de l'élue de son cœur.
« Je ne te connais qu'à peine Nemärie, mais je veux apprendre à te connaitre. Oui, je veux rester avec toi... »
Mentes s'empourpra, les mots étaient sortis d'eux même. Mentes regrettait une fois de plus d'avoir était aussi direct et aussi maladroit dans le choix de la formulation.

Finalement il avait choisi, il l'avait même dit. Il s'était torturé des heures durant à y réfléchir, alors qu'une fois en présence de Nemärie tout doute l'avait quitté. Il nageait en plein bonheur et la vie semblait si prometteuse…

Citation :Derrière un sourire doux et une voix calme, Nemärie semblait être la plus sereine et la plus paisible des âmes de Pelethor. Son travail, à l'école de magie de la capitale, n'était pas des plus difficiles, mais il lui suffisait pour subvenir à ses besoins et à tout le reste. Encore dans une certaine jeunesse pour une elfe, Nemärie jouissait alors de tout ce que la vie pouvait lui apporter, tout, sauf d'une chose : un aimé. Du moins, un aimé présent.
Comme nombre de femmes de Pelethor, Nemärie attendait chaque soir, en buvant une tisane aux gentianes et aux roses, que Mentes passe le pas de la porte et lui dise que plus jamais il ne partirait. Cela n'arrivait bien sûr que dans ses rêves : la réalité, plus terne, était faite de solitude et de long silence. Parfois, son cœur battait à rompre et elle pensait l'avoir perdu ; mais le lendemain, un espoir nouveau naissait en elle, et elle oubliait alors toutes ses craintes et ses angoisses. Il ne restait dès lors plus que la douceur de sa tisane pour réchauffer son âme et son corps.

Ce matin-là, son rêve avait été long et doux. Mentes arrivait, la prenait de nouveau dans ses bras, et elle sentait enfin le velours de ses lèvres contre ses propres lèvres, et rien que l'idée lui laissait un goût de frustration. Elle avait alors pris un petit déjeuner léger en y pensant, et plus elle y pensait, plus elle se disait qu'il serait bientôt temps de lui envoyer une lettre, un message, pour lui demander de revenir.
Elle n'aurait pas parié une seule pièce de cuivre que Mentes, le même jour, aurait eu la même idée.
Pourtant, il fallait bien se rendre à l'évidence : c'était bien lui, là, eu milieu de la boutique de magie, et derrière lui se tenait le professeur de magie lui-même surpris. L'elfe aux cheveux de lune fixait son prince charmant avec douceur mais surprises, étonnée de le voir, heureuse de le voir aussi. Son cœur rata un battement stupide, mais le regagna aussitôt, comme il l'embrassait. Ses joues s'empourprèrent, tant son contact et son odeur lui avaient manqué. Elle l'aimait comme un elfe ne pouvait aimer qu'une fois ; cela se lisait dans ses yeux.

Elle prit dans ses mains le bouquet qu'il lui tendait et l'écouta, sans mot prononcé. Son petit cœur battait bien vite et bien fort dans sa poitrine, et plus il parlait, plus elle se demandait si elle n'était pas encore en plein rêve, en plein délire, en plein fantasme. Combien de fois avait-elle pu rêver qu'il ne lui dise ses mots ? Qu'il lui promette de rester à tout prix avec elle ?
L'instant d'après, les yeux de l'elfe se remplirent de larmes, à mi-chemin entre la fatigue et le bonheur, et elle se mit à pleurer à chaudes larmes devant Mentes, sans rien comprendre ni contrôler. Elle haleta, la respiration trop rapide, avant de finalement murmurer à mi-mot tant cela lui coûtait de dire quoi que ce soit :

« Si t-tu savais comme j'ai a-attendu… Je… Je c-croyais que tu préférais la c-compagnie des autres… de… P-Pelytna… et là, t-tu es là… tu… je… » Elle lâcha finalement le bouquet de roses sur le sol. Il s'éclata contre le bois et de multiples pétales de rose tombèrent épars sur le parquet. Sans plus y faire attention, elle vint de blottir contre lui, agrippant ses épaules avec force. « Ne m-me quitte pas.. Plus j-jamais.. »
Mentes ne pensait plus, il était heureux. Simplement heureux et c'est tout. Il s'était plongé des centaines de fois dans la béatitude totale de l'onirisme, mais ce n'était pas comparable au bonheur qu'il éprouvait à cet instant. Pour lui cet instant était l'aboutissement final de toute sa vie, tout l'univers entier n'exister que pour que ce moment de joie pure et indescriptible est lieu.


Je reste, je ne t'abandonnerais plus jamais car je ne peux pas vivre sans toi.


Les mots étaient prononcés doucement, mais d'une voie ferme et décidée. Une seule phrase pour lier sa vie à une autre, une seule car les lèvres de Mentes plongèrent sans attendre à la rencontre de celles de son aimée. Le temps semblait s'être figé pour que ce baiser dure une éternité. La sérénité envahissait Mentes, la vie paraissait si simple. Il n'y avait plus rien à craindre ou du moins presque. Les déclarations de guerre présageaient des temps sombres et surtout dangereux. Mentes ne voulait pas y participer, mais il ne pouvait se résigner à abandonner son pays. Ne devait-il pas protéger son peuple, empêcher l'ennemi de venir menacer Mitriath et surtout son plus précieux joyau, Nemärie ?


« Nemärie, je vais te demander beaucoup. Je n'en ai pas envie, mais avec la guerre à nos portes je n'ai pas le choix. Les combats vont se multiplier et hommes du désert comme de la forêt n'hésiteront pas à pénétrer dans Pelethor. Mitriath est exposé au danger, elle ne sera sans doute pas détruite, mais il est probable que des raids aient lieu aux alentours si ce n'est dans la ville même. Je voudrais, pour éviter le danger, que tu quittes la ville. Enfin que nous quittions la ville, je veux dire. Nous pourrions aller tous les deux, nous installer quelques parts dans les profondeurs de la forêt. Nous serions en sécurité, Pelethor n'est pas accueillante pour les étrangers, les étrangers ne viendront donc pas jusque-là. Je comprends que ce soit difficile de repartir de nouveau, mais je crains qu'il n'arrive quelque chose à l'un de nous si nous restons par ici. »

Mentes n'hésita pas un seul instant, sa vie allait basculer et il en était conscient, mais il avait choisis. Il tournait le dos à sa vie solitaire de chasseur et de rêveur errant pour vivre aux côtés de son aimée sans le moindre regret.
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#2
Voici le RP entier, j'éspére qu'il n'y a pas trop de faux raccord (le début était sur une anim j'ai donc choisis les passages).
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