La Geste de Wolfirïn
#1
Maintenant vais-je vous conter une histoire que j'ai entendue d'une pie que j'ai croisée par le hasard de mes déplacements en Korri. Mais ce n'était point n'importe quelle pie, c'était une Pie de la Forêt, et comme nous tous a-t-elle entendu des choses étranges en ces bois. Et par dessus tout, c'était une noble pie voyageuse et intrépide et avide de contes, et son nom est Stanaerën l'Essaimeur d'histoires, que les Elfes sylvains nomment Velinaylaë mais que les Centaures nomment peu car préfèrent écouter leur déesse, et que nos amis Hélions ne nomment point car elle ne s'aventure guère dans le torride désert dénué d'arbres.

Mais voilà, je m'égare, car le conte de Velinaylaë est une autre histoire et n'entre pas dans le présent conte.
Sachez donc maintenant que celui-ci est une histoire d'amour, un conte du monde animal, mais également l'histoire de la création de notre forêt et la preuve su il en est que certains animaux, par la grâce de Wismo, ne sont guère inférieurs à nous, en esprit comme en sagesse. J'ai nommé :


Le Conte de Wolfirïn


Sachez qu'il y a longtemps maintenant, avant la venue de nos ancêtres Pereg et Lumina et avant même la venue des Humains, était en Pelethor une unique meute de loups, en vérité la seule meute au sud et à l'est de la Muraille, et elle était dirigée par Garlof Croc-de-géant, le plus grand et le plus féroce de tous les loups.
Maintenant dois-je vous préciser que la meute était nomade et changeait régulièrement de terrier et de terrain de chasse, mais toujours au sein de la forêt de Pelethor -laquelle était néanmoins plus vaste qu'actuellement, recouvrant l'actuelle plein et englobant Korri-, et Croc-de-géant leur dit que ce qui se trouvait à l'extérieur était mauvais et dangereux et défendit quiconque de s'y rendre, et il dit qu'assurément des enchantements divins protégeaient la Grande Forêt et que c'était pour cette raison qu'aucun loup n'avait encore été aperçu ici.
Ainsi sa meute vécu de longues années en paix au sein de Pelethor-la-Grande, chassant les petits animaux, s'occupant des plus jeunes ou simplement jouant dans les buissons et grimpant aux arbres.
Maintenant, Garlof avait une fille, et avait la force et le courage de son père, mais la beauté et la grâce de sa mère Onial et elle était la fierté de la meute et son nom était Woflirïn Fille de la lune, Elda'Roantuën comme l'on dirait chez nous, car son pelage était blanc de neige et cela était fort rare. Elle était en vérité la plus belle des jeunes louves ayant vécues et qui vivrons jamais, et seule sa jeune sœur Niolang arrivait à susciter parfois autant d'émerveillement.
Celles-ci avaient un jeu : la course boisée. Toute deux excellaient à la course, et elles savaient trouver le nord en pleine forêt et passer inaperçues auprès des rares animaux dont il fallait se méfier en raison de leur taille. Et aussi s'amusaient-elles à chaparder discrètement nourriture et os aux autres membres de la meute, et grand plaisir prenaient-elles à lire la surprise dans leurs yeux canons, et le soulagement rieur quand elles leur rendaient. Ainsi se passa leurs jeunes années.
La présente histoire commença lorsque Wolfirïn atteignit environ l'entrée de l'age adulte.
Aucun loup jusqu'alors n'avait osé braver l'interdit de leur chef, et petit à petit le souvenir de l'extérieur de Pelethor-la-grande s'effaça de leur mémoire, et voilà, la Consigne leur paru moins importante qu'alors.
Ce fut au début du printemps que Wolfirïn et Niolang jouèrent comme à leur habitude entre les arbres et se poursuivaient à vive allure, mais cette fois-ci tout ne ce passa pas comme prévu.
Maintenant étaient-ils loin dans la partie nord de la forêt, poussés lors de l'hiver dans une partie peu connue de Pelethor en quête de nourriture.
Aussi l'orée était-elle plus proche qu'à l'habitude, et les deux sœurs étant nées d'une portée postérieure à l'Exil, elles ne savaient la raison de l'interdit et n'avaient jamais vu autour d'elles qu'arbres à perte de vue. Ainsi furent-elles prises de stupeur et de peur mais également d'émerveillement quand elles entrèrent en Eglandir la vaste pleine du nord, grande marée d'herbes hautes et de buissons épais et de frêles arbres esseulés, moutons perdus de la Grande forêt.
Ce fut le premier des malheurs prédits par Arog le Chaman avant l'Exil.


Maintenant y avait-il en cette plein et proche de là un jeune chasseur de la peu glorieuse meute de Magord le noir, seigneur des meutes du nord et principal responsable de l'Exil. Et par malheur pour Garlof et sa meute, celui-ci vit les deux sœurs avant qu'elles ne le vit, et il se cacha dans les hautes herbes afin de les observer. Et ainsi, quand elles passèrent à côté de sa cachette sans le voir, il bondit sur Wolfirïn et Niolang, et, avec l'aide de ses compagnons qui se trouvaient non loin, parvint à les immobiliser.


Maintenant, suite à ce qui pourrait sembler étrange qu'un loup attaque un autre loup, sachez la raison de l'Exil en Pelethor :
Point longtemps avant de mémoire d'homme, mais plus oubliable de mémoire de loup, tous s'entendaient et étaient en paix au nord d'Ecridel. Puis un jour revint un chasseur de la meute de Magord portant sur son dos l'énorme carcasse d'un étrange animal, mi-cerf mi-ours. Certaines meutes hésitèrent à manger sa chair, mais le chasseur, qui se trouvait être le fils de Magord, mordit à pleines dents, fier de son trophée.
Et grande fut sa folie ensuite, car la viande était maudite et possédée d'un esprit maléfique, comme tous les animaux vivant là où ce chasseur était allé. Mais fort et impitoyable fut-il également, et l'on raconte qu'il égorgea trois loups et décapita complètement un quatrième en un seul coup. Alors, malgré les avertissements d'Arog et de Garlof, Magord et beaucoup d'autres se ruèrent sur l'animal, et beaucoup devinrent fous, et une grande hécatombe fut ce jour-ci, les loups s'entre-dévorants.
Garlof eut à peine le temps de rassembler les réticents et hésitants n'avant pas encore goûté à la viande maudite, avant que les loups restants ne les prennent pour cible. Ceux-ci étaient les plus résistants à la noire folie et ils avaient quelque peu réussi à maîtriser leurs instincts sauvages, mais le refus de Garlof paru à leurs yeux encore sous l'emprise de la malédiction comme une traîtrise, et parmi eux était Magord, son pelage désormais encore plus noir qu'avant. Et Garlof voulu aller vers le sud, vers l'étendue verte que l'on pouvait apercevoir des hauteurs. Et malgré les avertissements d'Arog, ne voulant quitter la montagne et qui lui dit :
"Vois la folie qui s'est emparée de nos anciens amis. Tu ne veux cela pour les tiens, mais les esprits me soufflent que votre paix ne durera pas. Cinq malheurs viendrons de nos enfants et rien ne pourra empêcher cela et ton pays sombrera... Mais va, mon regretté ami, car il n'y a d'autres solutions, et cela est ton destin. "
Alors Garlof, fou de douleur à l'idée de laisser Arog, le supplia de les suivre, mais rien n'y fut. Toutefois est-il sûr qu'ils partirent malgré tout vers Pelethor, et perdirent beaucoup des leur de part le terrain inconnu et leurs poursuivants.
Mais Magord ne les poursuivit plus au delà d'Eglandir, et leur meute réduite pu atteindre la Forêt.
Ainsi fut l'Exil, et depuis ce temps l'interdit devait servir à les protéger.


Mais voilà, comme je vous le disais, le premier des malheurs prédits par Arog arriva. Et donc les perfides chasseurs de Magord capturèrent la belle Wolfirïn, et Niolang parvint de justesse à s'enfuir, mais par malheur elle prit une mauvaise direction dans la vaste et inconnue Eglandir et se perdit à l'ouest. Et peut-être les choses auraient-elles été bien différentes si elle avait retrouvé Pelethor et était allée avertir à temps leur père.
Car voici, les chasseurs, fiers de leur trouvaille mais également intrigués par celle-ci, partirent rapidement vers le nord, afin de livrer Wolfirïn à leur sombre chef. Et malgré les cris affolés de la louve, rapidement remplacés tantôt par des questions entre-coupées de sanglots, tantôt par des insultes, tantôt par des supplications, ils ne répondirent jamais et se contentèrent de la traîner derrière eux.
Et maintenant dois-je vous dire que contrairement aux craintes de Garlof, Arog et les siens ne furent pas non plus pris par la meute de Magord, mais parvinrent à se cacher dans des grottes de la montagne et grâce aux subterfuges du chaman. Ainsi ont-ils vécu de petits raids et de chasses éclairs, toujours avec grande prudence et sans laisser de survivants, afin que Magord ne connaisse leur existence.
Mais voilà, par le hasard ou par coup du Destin, il se trouvait que le propre fils d'Arog était non loin de l'itinéraire des chasseurs. Alors, forts de leur expérience de fugitifs, lui et ceux avec qui il chassait ce jour-ci se cachèrent encore mieux que les chasseurs de Magord en Elgandir, se terrant derrière les rochers de la montagne, espérant comme à leur habitude qu'ils ne s'attardent point. Mais voilà que Minaïr, car tel était le nom du fils d'Arog, entendant des bruits inhabituels chez un groupe de chasseurs, se risqua à regarder.
Ce fut le second malheur.


Ce fut le second malheur, car voyant un loup n'appartenant visiblement pas aux chasseurs, il fut extrêmement surprit et intrigué, puisqu'il était persuadé de connaitre tous les siens et qu'il n'y avait pas d'autre meute libre.
Alors il se tourna vers ses compagnons et leur dit ce qu'il vit et leur demanda de le suivre afin de libérer l'inconnue. Mais l'un d'entre eux, méfiant, dit :
- "Je n'aime pas ça, Minaïr, avec tout le respect que je te dois, il se peut très bien que ceci soit un habile subterfuge servant à nous dévoiler"
- "Ne sois pas stupide, Benolf, ils ne connaissent pas notre existence et ne peuvent donc faire cela..."
- "Mais d'où viens donc cette louve, dans ce cas ?" intervint un autre chasseur du nom d'Aramal. "Car assurément cette blanche fourrure n'est point de chez nous."
- "Je ne puis te répondre, car je ne le sais moi-même. Mais la seule solution pour le savoir est de la libérer !"
- "Ne pourrions-nous pas plutôt avertir Arog, afin de connaître son jugement sur la chose ?" fit Benolf dans un grognement inquiet.
- "Non, ils seront trop loin quand nous reviendrons. C'est maintenant ou jamais... Et pour moi, c'est maintenant !" conclu Minaïr en bondissant du rocher au moment où les sbires de Magord passèrent en dessous.
Maintenant, les chasseurs d'Arog étaient fidèles à leur chef et à sa famille, et ils suivirent Minaïr malgré leurs réticences. Alors le combat s'engagea, et il fut rapide, et les loups rebelles étaient en légère supériorité numérique et les prenant par surprise, mais les loups noirs de Magord étaient plus forts et plus maléfiques.
Et Wolfirïn ne pu qu'assister au massacre, affolée et ne comprenant ce qui se passait, jusqu'au moment où elle aperçu, alors qu'il ne restait plus que quelques loups debout, un angle de fuite entre deux loups. Alors, l'esprit embrumé et incapable d'envisager que les nouveaux arrivants seraient plus amicaux que les premiers, elle s'élança afin d'échapper aux deux camps.
Maintenant, Minaïr s'apprêtait à achever le dernier de leurs adversaires quand il la vit se ruer vers une mort certaine, car en vérité la montagne était truffée de rocs et de crevasses et était impraticable pour un non-initié. Et il délaissa Arnor capitaine des chasseurs d'élite de Magord afin de rattraper la blanche louve.
Ce fut le troisième malheur.


Car maintenant Miraïr arriva à temps et plaqua Wolfirïn au sol deux mètres à peine avant une grande crevasse habilement camouflée par la végétation, et elle se débattit et failli par deux fois le toucher de ses griffes, et l'admiration de Minaïr grandi de même que sa perplexité. Mais voilà, la distraction malheureusement créée par Wolfirïn permit à Arnor de se relever, et il était l'un des plus habiles et forts et rapides de la Meute Noire, et il parvint à semer Benolf et Aranol.
Maintenant, quand ceux-ci, uniques rescapés du combat, renoncèrent et revinrent sur leurs pas, Minaïr avait réussi à calmer la louve, et elle semblait avoir compris qu'il n'y avait point là simple bataille entre bandes rivales se déchirant un butin, mais qu'il y avait, contrairement à ce que prétendait son père, d'autres loups ayant refusé la viande maudite, et qu'ils avaient lancé l'attaque afin de la libérer.
Alors Aranol dit :
- "Minaïr, l'un d'entre eux a réussi à nous échapper, et il doit actuellement être en route pour la Tanière de Magord".
Et Minaïr se redressa et fut peiné à l'annonce de cette triste nouvelle, et il dit :
- "Alors nous devons nous hâter de rejoindre nos frères avant qu'ils ne reviennent en nombre. Si ce que dit notre protégée est vrai, elle ne doit pas tomber entre les mains du Grand Noir."

Et ils se mirent en route, les trois chasseurs guidant Wolfirïn à travers les successions de rocs, crevasses et autres vallées escarpées. Et pour cette raison, ils ne purent prendre chemin complexe que la louve n'aurait pu emprunter, et cela fut d'un grand malheur, car contrairement à ce que dit Aranol, le loup noir n'était pas partit avertir son maître, craignant son courroux, mais se cacha et les suivi, et il les suivi jusqu'à leur destination. Puis il fit demi-tour, et les loups avaient grand sens de l'orientation, et il pu aller rapporter à Magord le Noir ce qui s'était passé, et en vérité il dû sa vie sauve à la révélation de l'emplacement d'Arog, car le grand loup fut plus furieux que jamais d'apprendre qu'il existait des rebelles, et plus encore que Garlof ait survécu à l'inconnue forêt.

Maintenant Minaïr ne se doutait de rien, et ils allèrent directement devant Arog, maintenant d'un age très avancé. Mais il tint malgré cela à se relever pour accueillir l'invitée.
Et de sa voix forte malgré l'age, il lui dit, et l'on pouvait sentir dans sa voix grande joie, mais également grande tristesse, car il pressentait la suite des choses :
- "Ahhh ... ! Tu as l'aura de ton père, ma petite... Et tu es bien la fille de ta mère, ça oui, hé hé !"
Et Wolfirïn fut très surprise, car il semblait dire là connaître Garlof et Onialew, alors que ceux-ci n'avaient jamais parlé à leurs filles de ce vieux loup. Et devant sa mime étonnée, le chaman ne pu s'empêcher de rire doucement, et lui dit encore :
- "Je me doute que tu dois être intriguée par cela... Mais oui, je connaissais bien Garlof... J'étais même le meilleur ami de ton père, fut un temps... Mais je me doutais qu'il n'allait pas parler à ses enfants de sa vie d'avant. Enfin ! Au moins, ta présence prouve qu'il est bien arrivé à la Grande Forêt, comme il le voulait. Je sais que tu as beaucoup de questions sur le bout de ton museau, mais tu dois être fatiguée. Mais sache que tu es ici la bienvenue, et nous te traiterons comme si tu étais ma fille, en souvenir de mon ami Garlof, jusqu'à ce que tu décides de partir... D'ailleurs, tu me diras demain matin comment tes pas t'ont amenés jusqu'ici. Pour l'heure, Minaïr, veux-tu bien guider notre hôte jusqu'à une couche libre, s'il-te-plait ?"

Et bien que déçue de ne pas avoir toute ses réponses sur l'heure, Wolfirïn s'aperçu qu'elle était en vérité très fatiguée, toute la peur et l'excitation des derniers jours étant retombés. Alors, elle suivit Minaïr jusqu'à l'alcôve de la grotte choisie, et s'y endormit presque aussitôt.

Les différentes versions du contes divergent sur la manière dont elle fut réveillée, mais ce qui est sûr est qu'il y avait du bruit, beaucoup de bruit, bruits de pas, grognements et plaintes déchirantes...
Alors Minaïr arriva précipitamment, et il était couvert de sang, et l'on pouvait voir qu'il était épuisé et avait beaucoup combattu, et il dit à la louve qui venait de se réveiller :
- "Venez vite !"
Et devant l'air mi-interloqué mi-ensommeillé de son interlocutrice, il rajouta :
- "Je ne sais comment, mais Magord et ses troupes sont arrivés dans la nuit et ils déciment toutes nos troupes, les prenant par surprise. Suivez-moi !"
Et il partit une direction différente de là d'où il venait. Maintenant, Wolfirïn était parfaitement réveillée, et la peur des chasseurs noirs la fit bondir sur ses pattes et elle suivit Minaïr à travers de nombreux couloirs sombres jusqu'à arriver à une grande caverne, redécorée pour l'occasion en champ de bataille. Et Minaïr chercha son père, et le trouva au prises d'un grand loup noir, et il bondit afin de l'aider, mais si déterminé fut-il, son adversaire était maintes fois plus fort, et l'avoir s'agrippant à sa fourrure ne le gêna pas et il réussi à porter un coup mortel à Arog. Et celui-ci tomba à terre, le cou en sang, tandis que Minaïr et Wolfirïn qui l'avait rejoins mordirent de toute part le grand loup et arrivèrent à le faire tomber.
Maintenant, Minaïr se rua sur le corps de son père, et lécha la plaie en appelant désespérément son père.
Et celui-ci n'était pas encore mort et bougea légèrement la tête et dit faiblement :
- "Cela devait se passer ainsi, mon fils, tu sais bien que les esprits me parlent... Ne me pleure pas, je serais toujours là avec toi. Tu as plus urgent à faire... Va... Va ramener notre... notre amie chez elle... C'est... C'est elle... Qu'il... Qu'il veut..."
Alors, son regard devint terne, et sa gueule tomba sur le côté.
Maintenant grande fut la douleur de Minaïr, et nombreuses les larmes lui obstruant la vue, mais par mémoire d'Arog il fit ce qu'il lui dit, et mena Wolfirïn dans d'autres couloirs encore, et ils tournèrent maintes et maintes fois, afin de semer leurs poursuivants, et coururent de longues heures avant d'enfin sortir de la montagne car une petite crevasse, et de la corniche sur laquelle ils atterrirent l'on pouvait voir Pelethor au loin.
Alors, Minaïr ne put s'empêcher de hurler aux étoiles, jurant de venger Arog.


On ne sait en détail ce qui se passa durant leur voyage en Eglandir, mais il est sûr qu'ils arrivèrent à Pelethor. Alors ils étaient sales et exténués, et ils firent grand bruit en traversant la forêt, et la meute de Garlof pu les entendre de loin. Alors ils furent stoppés et encerclés par une avant-garde, et menés manu militari devant Garlof. Maintenant celui-ci avait beaucoup changé, et semblait amaigri et fatigué et éternellement triste, et Wolfirïn eu du mal à reconnaître son père. Mais celui-ci la reconnu malgré la crasse qui recouvrait son pelage jadis blanc, et son regard s'illumina, et il murmura son nom sans y croire.
Maintenant y avait-il à ses côté un loup inconnu à Wolfirïn, et il était petit et gris, et son regard faisait penser d'avantage à un renard qu'à un loup. Et celui-ci dit d'une voix mielleuse à Croc-de-géant :
- "Attention, mon maître... Qui vous dit qu'elle est bien votre fille ? Ou plutôt, qu'elle l'est encore ?... Regardez son pelage terne... Et celui qui se tiens à ses côté ne me plait pas..."
Alors Garlof remarqua Minaïr, et son regard fut d'un coup plus dur, et il dit :
- "Toi, qui es-tu ? Ou plutôt non, je ne veux pas le savoir. Qu'as-tu fais à ma fille ? Répond !"
Et Minaïr ne put dire un mot, surpris par la dureté du ton. Mais Wolfirïn prit sa défense, et dit :
- "Père, est-ce ainsi que tu me reçois alors que j'étais disparue ? Sache qu'il s'appelle Minaïr et est le fils d'Arog, qui dit avoir été ton ami fut un temps, et il m'a maintes fois sauvé la vie au péril de la sienne."
- "Le fils de... Le fils d'Arog ?" fit-il alors, chancelant. Mais le loup à ses côté lui dit à l'oreille :
- "Le même Arog que le chaman ? Mais il est mort... C'est surement un espion de Magord, il fait le punir !"
Et Garlof, visiblement sous l'emprise des mots doux de ce serpent, mais divisé avec l'amour pour sa fille, dit :
- "Que veux-tu, loup ? Tu viens des montagnes, et je ne crois pas ce que tu as soufflé à ma fille... Mais tu ne l'as pas tué, alors je ne te tuerais pas. Dis-moi ce que tu veux, et va-t-en vite."
Maintenant, Minaïr et Wolfirïn furent stupéfaits de sa réponse, et Wolfirïn confuse, car son père avait fort changé. Mais Minaïr ne le connaissait pas à son habitude, et ne se méfia pas, et prenant son courage à deux mains, il dit :
- "Je... Seigneur loup, la seule chose que j'aimerais est l'asile, car ma meute a été décimée, et... Et j'aimerais vous demander la patte de votre fille."
Ce fut le quatrième malheur.


Ce fut le quatrième malheur, car tout le monde fut stupéfait, Wolfirïn y compris, et un silence de mort suivi sa demande, puis le loup présent aux côtés de Croc-de-Géant parti dans un grand rire, et tous les loups présents le suivirent, sauf Garlof, qui fut contrarié par cela.
Maintenant, le loup s'arrêta de rire, et dit à Garlof :
- "Maître, cet étranger se moque de vous... Et c'est assurément un espion, et c'est pour cela qu'il demande asile. Et votre pauvre fille doit être sous l'emprise de Magord."
Alors Wolfirïn voulu le contredire, s'écriant :
- "Non, je vous assure ! Père, ton ami Arog est mort sous nos yeux, et..." Mais elle fut interrompu par Garlof :
- "Silence ! Sale petit vers de terre, je ne sais ce que tu as fait à ma fille, mais tu le regretteras... Je pourrais te mettre à mort ici même, et tu as de la chance que je sois clément. Tu veux... Tu veux ma fille ? Et bien soit. Vous pourrez partir ensemble... Si tu me ramènes la tête de Magord-le-noir d'ici une lune !"
Et grand fut le silence à cette annonce, car tout le monde savait cela impossible, mais Faolin, car tel était le nom que portait le perfide loup aux côtés de Garlof, fut heureux, car le retour de Wolfirïn n'était pas dans ses plans, et il dit :
- "Excellente décision, maître !
Aller hop toi, va-t-en !"

Alors les loups autour de Minaïr le maintinrent et l'emmenèrent de force, malgré ses cris et son incompréhension.
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