A la recherche d'Adraste...
#1
Une affiche placardée sur les murs de la Capitale et de l'avant poste, un murmure colporté par les marchands ambulants, les baladins, et les centaures ou elfes de bonne volonté...

Chers compagnons,

Il y a de cela quelques jours Adraste a combattu de curieuse manière dans l'arène. Elle a enfreint les règles et jeté l'opprobre qu sa réputation jusque là immaculée.

Elle a souvent combattu à nos et vos côtés lorsqu'il a fallu défendre nos Terres ou lutter pour tenter de retrouver la relique sacrée de Notre Peuple.

La lumière doit être faite sur les circonstances et causes de ce changement de comportement de notre sœur. Le Roi et la Grande Prêtresse lui ont commandé de se présenter devant eux mais elle n'est pas venue.

Je crains qu'elle soit en proie à une malédiction ou le jouet de nos ennemis par je ne sais quel chantage ou sorcellerie...

Je vous en conjure, si vous l'apercevez manifestez vous pour nous faire part de sa position et nous donner de ses nouvelles. Faites lui savoir la volonté de nos autorités afin qu'elle puisse s'expliquer devant eux et recevoir leur aide.

Espérant avoir promptement par vos soins des nouvelles de cette amie perdue je vous souhaites à toutes et tous de longues nuits paisibles et lumineuses.

Almeria,
Chef de la Chevauchée Rédemptrice
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#2
Loin de la capitale, dans la forêt de Korri, ce qui devait arriver arriva : une vie de gloutonnerie fit s'écrouler Aioros sous son propre poids. Ou c'est en tout cas ce que Priscilla crut voir et elle ne put contenir un pouffement moqueur qui s'ébruita dans les branchages.
Elle s'avança pour l'aider à se relever tout en réfléchissant déjà à un système de poulie. Auraient-ils assez de corde ? Mais à y regarder de plus près, la Masse d'Aletheria (comme elle aimait à l'appeler) ne s'était pas effondré à cause de son obésité morbide. Couché sur son flanc, six flèches lui lardaient le gras.


Voilà maintenant plusieurs jours qu'ils se promenaient dans le coin aux côtés d'une compagnie d'elfes et que Priscilla prenait plaisir à voir Aioros se dandiner entre les arbres, le souffle court et ruisselant d'une sueur au fumet incomparable.
A dire vrai, elle commençait à l'apprécier ce gros tas de bidoches. Car sous ses airs patauds et sa fainéantise avérée (il ne prenait bien souvent même plus la peine de ramasser ses javelots), caché entre ses bourrelets immondes qui vous sautaient au visage, se cachait un tireur hors pair à la bonne humeur communicatrice.
Et de la bonne humeur, Priscilla en avait bien besoin. Voilà des lunes qu'elle n'avait eu de nouvelles d'Adraste de Sid'Alteh que les échos de la capitale présentaient désormais comme une criminelle recherchée et traitre à sa déesse. Alors elle avait beau se convaincre que tout cela n'était rien que du dégueulage de purin, voire du mensonge perfide, les Miséreux n'en demeuraient pas moins laissés pour compte et orphelins de leur mère spirituelle. Ce sentiment d'abandon lui minait le moral.

Le pire, c'est qu'elle était certaine qu'Adraste n'aurait aucune chance si procès il y avait. N'importe quel jury la condamnerait. Trop dévouée pour être aimable. Trop droite pour courber l'échine. Elle les toiserait tous du haut de sa foi et leur cracherait leur hypocrisie au visage. Oserait-on dire qu'elle monterait sur ses grands chevaux ?

Oui, on oserait, car ici tout est permis. Ne le saviez-vous pas ? Vous vous trouvez dans le subespace littéraire, en dehors de la réalité et en deçà de la fiction, repère du dieu narrateur, cette petite voix qu'on tente de camoufler pour immerger le lecteur mais qui soutient tout interstice descriptif. Vous n'êtes en ces lieux qu'un invité, à peine plus qu'un œil, souvent distrait, et vous me ferez le plaisir de sourire lorsqu'on vous présente un jeu de mot moisi, par courtoisie si ce n'est par franchise. Parce que je suis maître dans mes écrits et que vous n'êtes que des marionnettes entre mes mains. C'est vous qui lisez mais c'est moi qui dirige. Et quoi ? Vous vous rebiffez ? Vous doutez de mon pouvoir ? Et bien regardez : alors que jusqu'ici vous le faisiez sans vous en rendre compte, vous prenez maintenant conscience… de votre respiration ! Voilà, preuve est faite de ma domination mentale sur votre personne, votre seule échappatoire est de fermer les yeux ou de tracer jusqu'au bout, jusqu'à votre réponse, votre dla, votre zone de liberté.

Mais avant cela je vous propose de revenir avec moi dans cette forêt hostile, là où des tambours et une confiance mal placée ont attiré un centaure à la tête vide mais au cœur plein, et où nous l'avions laissé gisant dans son sang au-devant d'une jeune chaman en quête de repères.


Cundonya sonna l'alerte. Ils s'abritèrent tous du mieux qu'ils purent pour ne pas tomber sous les flèches ennemies. Les ordres fusèrent, de ceux qu'on ne veut jamais entendre, « retraite rapide », et ce fut la cavalcade. Chacun pour soi, Aletheria pour tous.
Dans sa précipitation Priscilla fut séparée de ses camarades. Elles s'arrêta au bout d'une dizaine de lieues au sein d'un petit vallon pour reprendre ses esprits et distinguer l'est de son ouest sur sa carte. Devant elle, elle entendit une branche morte craquer sous des pas. Elle releva la tête, prête à en découdre.
La lune s'était levée sur Ecridel, ses faisceaux éclairaient doucement la nuit, taillant une ombre grandiose qui l'engloutit toute entière.

Cette nuit, Alméria reçut le message suivant.

Citation :Cheffe,
Le blanc n'a pas à se laver devant les taches.
De Sid'Alteh brille toujours de mille feux.
A bientôt,

Priscilla.
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