La cité des Nains
#1
Une découverte douloureuse

Ayant observé discrètement chaque aventurier lors de la découverte de la Bête dans la campagne elfique, Melmoth avait l'information qui l'intéressait.
Délaissant cette chasse, il se dirigea à marche forcée vers Karad Zirkomen.

Juste avant l'aube, après trois jours de course continue, il est aux portes de la grande cité des Nains.

Comme à chaque fois, il est fasciné par ces murailles qui imposent le respect.
A leurs pieds, elles vous paraissent infranchissables, hautes comme des montagnes, d'une régularité parfaite, sans faille.
En temps de guerre, il sait que c'est le cas, surveillées par des sentinelles vigilantes et avisées.
En temps de paix cependant...
Mais il n'a pas le temps d'attendre la nuit.

A cette heure précoce, la cité est encore endormie.
Comme on le lui avait assuré, aucune sentinelle n'est en poste devant les portes.
Aucune lumière ne danse sur les remparts et la nuit est sans lune.
D'un pas assuré, calmement, il s'approche des grandes portes de bois, qui pivotent sans bruit sur une simple poussée de la main.
Scrutant rapidement alentours, il ne manque pas de repérer les deux statues de gardes à la carrure imposante qui sont en poste derrière les portes.
Un peu plus loin, un nain s'approche à pas lents. Il ne l'a pas encore aperçu.
Il ne doit pas être vu.

Restant dans l'ombre des murs, le rôdeur laisse descendre dans sa main gantée les deux flèches courtes à bout rond cachées dans sa manche.
Faisant pivoter son arc dans un geste fluide et rapide, il ajuste le nain et décoche ses traits.

Surpris, un genou à terre et légèrement sonné, Jah'soldier ne voit pas Melmoth ressortir par les portes de la cité.
Cependant il voit les gardes s'animer et s'engouffrer vers l'extérieur, leurs armes dégainées.

Trop sûr de lui, le rôdeur s'éloigne lentement de la cité en marchant.
Il sait que sa cible est à terre, probablement trop sonnée pour savoir d'où sont venus les coups.
Rageur et concentré, il sait qu'il devra revenir de nuit et tenter l'escalade que peu ont réussi.
Il n'est pas voleur mais il s'en sait capable, seulement il appréhende cette mission.

De cette absence passagère, il se rappellera plus tard avoir vaguement entendu "Le voilà !" sans réagir.
Le reste, il ne s'en souvient que trop bien.
Un coup violent et soudain le projette en avant, sa tête manquant d'exploser.
Se relevant et se retournant par réflexe, il a à peine le temps d'apercevoir un heaume de pierre avant qu'un puissant coup de bouclier ne le jette au sol à nouveau.
A genou, un dernier coup de pied l'envoie rouler dans l'herbe, presque inconscient.
Une voix dure et froide, caverneuse, déclare haut et fort "Ne reviens plus si tu tiens à la vie" et puis il perd conscience.
Répondre
#2
La leçon du chasseur

Après un temps indéfini, à l'agonie et épuisé, Melmoth reprend conscience.
C'est la nuit.
Du sang d'une blessure à la tête a séché dans son cou et il peut à peine bouger.

Dans un effort douloureux, il décroche une fiole à sa ceinture, casse le goulot et la vide d'un trait.
Après quelques minutes, la boisson fait son effet.

Reprenant quelques forces, le rôdeur s'assoit dans les hautes herbes.
Au loin, la citadelle des Nains se découpe, d'un noir d'encre sur la nuit étoilée.
Aucune trace des Gardes de Pierre.

Par sécurité cependant, il s'éloigne péniblement vers les montagnes proches, puisant dans les faibles forces que la potion lui a restituées.
Au pied des montagnes, il s'écroule au sol plus qu'il ne s'assoit.
Par sécurité, il décide de na pas allumer de feu.

Reprenant son souffle, il vérifie d'abord son équipement. Rien ne manque.
Avec de l'eau tirée de son outre, il nettoie sa plaie à la tête et ses vêtements.
Il s'abreuve longuement. Quelques cèpes et une demi-miche de pain achèvent de le restaurer.

Il a déjà repris assez de vie pour reprendre sa mission.
La douleur est sa compagne, il en a l'habitude, elle lui rappelle qu'il est en vie.
Il manque cependant d'énergie, aussi décide-t-il de se reposer avant de reprendre le chemin de la cité Naine.
S'enroulant dans sa cape, adossé contre des buissons au fond d'une légère dépression, à l'abri du vent, le rôdeur s'endort.
Il est en sécurité.

Du moins le croit-il.

Encore une fois, l'elfe est trop sûr de lui. La leçon va être cruelle.

Une effroyable douleur au côté le réveille dans son profond sommeil.
Ecroulé sur le flanc, il porte la main à son côté et constate avec effroi qu'une flèche s'est fichée entre ses côtes.
Elle n'a pas pénétré profondément, ne touchant probablement aucun organe vital, mais il saigne abondamment et la douleur est vive, à la limite du supportable.
Il sait qu'il ne doit pas crier, cela signifierait sa mort.
Il espère juste que la pointe n'est pas empoisonnée, comme le laisse supposer l'empennage triple de la longue flèche, du genre dont se servent les chasseurs.
Mais quel diable a pu le toucher en pleine nuit ? Il ne voit personne à plus de cent pas !

Soudain, un second sifflement lui signale que son calvaire n'est pas fini.
Instinctivement, il approche son sac de voyage pour se protéger du mieux qu'il peut. Il n'a pas de bouclier.
Son réflexe lui sauve la vie.
Le second trait se fiche avec une précision démentielle juste à côté de l'autre.
Heureusement, elle entame à peine les chairs après avoir traversé son sac et s'est fichée elle aussi entre ses côtes.
Il ne peut pourtant pas retenir son cri malgré son entrainement, des larmes de douleur emplissent ses yeux et sa vue se trouble.

Alors il entend les pas lents et réguliers qui approchent.
Melmoth ne peut le voir, trop faible pour bouger.
Le personnage s'arrête à quelques pas.
Il ne dit pas un mot, juste un grognement haineux : un Nain !

Sachant le chasseur talentueux et probablement expérimenté à la justesse de ses deux traits décochés dans la nuit, le rôdeur n'a qu'une solution.
N'ayant pas la haine pure des Nains qu'ont habituellement les Elfes au sang pur, il n'éprouve aucune honte à s'adresser à lui :

"Noble chasseur,
Mon nom est Melmoth, je suis le messager des Ombres.
Je suis aux portes de la mort après que les gardes de votre puissante cité m'aient pourchassé hors de vos murs, me laissant à l'agonie devant vos portes.
Alors que je regagnais péniblement un peu de vie dans la froidure de la nuit, je fus frappé de deux traits de votre arc précis et puissant.
Je suis sûr que les Dieux vous seraient gré de me laisser fuir votre courroux, que je ne me souviens pas d'avoir mérité.
Vous ne gagneriez que peu de renommée à m'affronter ainsi diminué, tandis que votre talent de chasseur pourrait s'en trouver loué si d'aventure vous me laissiez filer...
Il se trouvera probablement d'autres occasions de nous affronter si vous le désirez, d'égal à égal.
Les Ombres se verraient également obligées d'une dette pour cela."


Sans un mot, le Nain fit un signe de tête vers la direction à laquelle il tournait déjà le dos, signifiant ainsi à l'Elfe qu'il pouvait partir.
Sans demander son reste, Melmoth déguerpit aussi rapidement que son triste état le lui permettait, moitié en rampant, moitié se trainant au sol tel un animal blessé par un chasseur.
Toujours silencieux, le Nain cracha par terre, et reprit sa route.

Dans un dernier effort, l'elfe cria dans la nuit en direction du Nain : "Quel est ton nom, noble chasseur ?
Il mérite d'être écrit en lettres d'argent au registre des Ombres. Nous avons une dette envers toi.
Si toutefois la nuit est ton Domaine, nous pourrions être amenés à nous rencontrer de nouveau. Je sais que tu sauras me retrouver.
Que les Ombres protègent tes pas !"

Et il perd connaissance une fois de plus.

Ayant frôlé la mort et ne devant sa survie qu'à la charité assez inhabituelle de ce chasseur à l'adresse exceptionnelle, Melmoth survit cependant à cette aventure.
Pendant plusieurs lunes, comme une bête, il se traine au sol ou somnole à demi conscient, à la merci du moindre prédateur.
Avant longtemps, il n'a même pas la force d'ôter le premier trait qui l'avait transpercé, n'en cassant que la hampe.
Le second était toujours fiché dans son sac.
Par chance, la fiole avalée juste avant sa rencontre avec le chasseur l'a probablement protégé d'une infection, à coup sûr mortelle compte-tenu de son état.

Reprenant progressivement des forces, il est maintenant capable de se déplacer à nouveau normalement.
Bien entendu, il faudra encore du temps pour qu'il retrouve la fluidité de ses gestes et sa propre adresse au tir.
Pendant tout ce temps, il pourra à loisir méditer la leçon du chasseur Nain et chercher à comprendre pourquoi il lui a laissé la vie.
La proie n'était-elle pas à la hauteur de ses talents de chasseur ?
Ne voulait-il affronter l'Elfe que dans un combat loyal, à armes égales ?
Avait-il d'autres ambitions ... peut-être les Ombres ?

Dans tous les cas, Melmoth se devrait de rencontrer à nouveau le chasseur.
Il avait une dette envers lui.
Les Ombres avaient une dette envers lui.
Dès que sa santé le lui permettrait, il partirait en quête du Nain.
Son nom était gravé sur la hampe de ses flèches, dont une des pointes de pierre était toujours dans ses chairs et le marquerait à jamais.

Il devrait se mettre en quête de Baldor Nordhal.
Répondre
#3
L'entrée de la Mine

Si ses renseignements sont exacts, Melmoth croit savoir qu'il existe un ancien passage par les Mines pour rallier la cité des Nains.
Vu son état, le ranger préfère errer plusieurs jours sous terre, quitte à ne pas trouver l'accès à la cité, plutôt que de tenter l'escalade impossible. Il n'est pas pressé.
La difficulté serait de passer inaperçu à l'entrée de la mine.

Moitié se reposant, moitié s'entraînant à retrouver sa dextérité, Melmoth progresse lentement à travers les Monts de Pierre bordant le Sud de la Cité.
Arrivé en haut d'immenses falaises, des traces en contrebas indiquent un sol anciennement marqué par le passage de nombreux chariots. Il approche de son but.
A sa grande surprise, la mine semble abandonnée : devant sont entrée, un encombrement de wagons, de chariots, de caisses et de tonneaux, en plus ou moins bon état, bordent les quais ou des rails s'enfoncent dans une ouverture béante encadrée de poutres de bois imposantes.
Après plusieurs heures d'observation, il n'a relevé aucune activité : pas de Nain, aucun animal, aucun bruit, rien.

Le rôdeur vérifie son équipement et surtout que son outre est pleine, puis il approche discrètement de l'ouverture sous la montagne.
Un dernier coup d'oeil alentours et il s'enfonce dans la pénombre en prenant soin de ne marcher que sur les rails.
La lumière décline rapidement et devient nuit... il se fond dans son élément.
Doucement, ses yeux s'acclimatent à la pénombre.
De curieux champignons luminescents recouvrent les murs tels une tapisserie : il n'aura pas besoin de torche dans l'immédiat.

Sa vue se limitant à quelques dizaines de pas, le hall de la mine semble infini, la voûte se perdant loin au-dessus de lui.
De nombreux objets jonchent le sol, bois, verre, débris, os...
Aucun son ne se fait entendre, pas même le son énervant d'un goutte à goutte.
Par endroit, le sol est recouvert de dalles de pierre polies par l'usage.
Curieusement, nulle poussière ne recouvre l'endroit et le rôdeur ne décèle aucun signe d'une présence récente.

De fines veines d'or et de pierres précieuses se dessinent çà et là sur les murs.
Malgré plusieurs tentatives avec sa dague, le ranger n'arrive qu'à égratigner légèrement la pierre noire.
Il se dit que c'est décidément un travail pour les Nains et qu'il faut probablement du matériel particulier et un bon entrainement pour tirer profit de ces filons.

Reprenant sa progression, il observe à moins de vingt pas devant lui de solides portes d'un bois clair lourdement armées de fer, d'une hauteur faible au regard de leur largeur imposante.
Prudent, il s'arrête à quelques pas des marches au pied des portes.
Aucun signe ne permet de connaître l'ouvrage qu'elles gardent, pas une gravure sur le bois, pas un signe sur le fer.

Sur ses gardes, tous ses sens en éveil, le rôdeur approche doucement pour coller son oreille sur le bois...
Répondre
#4
Aucun son n'arriva jusqu'à l'oreille de Melmoth. Seul le silence le plus profond régnait dans la mine.
Répondre
#5
Une information stratégique.

D'après ses calculs, c'est la nuit à l'extérieur.
Aucun son ne parvenant à ses oreilles, l'elfe se dit que si la porte donne sur l'extérieur, il aura une chance de ne pas se faire repérer.

Poussant doucement sur la porte, sa première tentative n'aboutit à rien d'autre qu'un cliquetis de son équipement qui lui paraît monstrueusement bruyant dans le silence pesant.
La porte ne bouge pas d'un pouce, comme bloquée, et pourtant elle ne dispose d'aucune serrure... visible.
Peut-être une serrure magique invisible ?

Après une courte pause, le rôdeur tente sa chance sur le second panneau.
A sa grande surprise, la porte s'entrouvre sans aucun effort, et surtout sans aucun bruit.
Comme prévu, aucune lumière ne s'infiltre par l'entrebaillement.
Seul un souffle léger et doux lui amène des odeurs de bière, de lard grillé, de charbon de bois... des odeurs de ville !
Aucun son de lui parvient de l'autre côté.
Poussant un peu plus la porte, son coup d'oeil lui confirme que la porte donne sur l'extérieur.
Le sol est dallé et le mur à côté de la porte est en pierre taillée de très bonne qualité.
Vers le haut, il peut apercevoir des créneaux sur le ciel étoilé.
Aucune torche ni aucune lampe n'éclaire les lieux.

Poussant un peu plus la panneau, le rôdeur s'avance à pas feutrés, courbé sur le sol.
Il est dans une rue très large adossée contre un mur d'enceinte.
Des constructions se dessinent à quelques pas.
Encore une fois, il ne voit aucune lumière dans aucune direction et aucune bruit ne se fait entendre.
Il doit se trouver dans une citadelle ou une forteresse militaire.
Aucune ville ne dort jamais à ce point !

Comme pour le faire mentir, un bruit de pas trainants attire son attention.
Une ombre de petite taille, à peine visible dans la nuit s'avance doucement, balançant de droite et de gauche, comme... un Nain ivre ?
Le ranger ne peut pas rester là.
Il tente de repousser la porte, mais celle-ci refuse de bouger !
Il n'a pas le choix, il doit avancer pour se cacher.

Alors qu'il s'apprête à progresser à l'opposé de l'ombre, un éclat lumineux éclaire soudain un visage adossé contre le mur à moins de trente pas.
Un Nain vêtu d'une armure lourde, son heaume et son marteau de guerre posés au pied du tonneau sur lequel il est assis, il tente d'allumer une pipe.
Plusieurs chopes et bouteilles s'entassent à ses pieds.
Il grommelle, et soudain l'ombre ivre semble lui répondre par un cri sourd ou un rôt puissant et accélérer dans sa direction.
Maudissant sa malchance, le rôdeur recule vers le tunnel qu'il venait de quitter, tout heureux que le nain sur le tonneau ne l'ait pas aperçu.
Aussitôt à l'intérieur, il tente de refermer la porte une nouvelle fois.
Celle-ci bouge légèrement mais refuse de se fermer totalement.
Espérant que cela suffise à ne pas attirer l'attention du Nain ivre, Melmoth dégaine sa dague et colle de nouveau son oreille sur le bois.

Il devine plus qu'il n'entend les pas lourds du Nain ivre qui passe devant la porte sans s'arrêter.
Il n'a rien remarqué.
Par l'entrebaillement, le rôdeur aperçoit le Nain qui rejoint l'autre, qui chute soudain du tonneau !
Il reste au sol, à demi-recroquevillé sur lui même, une main tendue dans une position impossible, sa pipe éteinte cassée en deux.
Le second Nain s'étale à son tour sur l'autre en butant sur lui comme si il ne l'avait pas vu.
Plus aucun ne bouge.
Cependant les premières lueurs de l'aube commencent à préciser les contours des créneaux.
Quoique à peine visible, Melmoth reconnait toutefois l'héraldique qui figure sur le fanon accroché sur une des poutres du chemin de ronde : Karad Zirkomen !

Il a atteint la cité des Nains. Il a atteint son but...enfin presque.
Et Le chemin a été anormalement facile et rapide.
Ce chemin est-il déjà oublié des Nains depuis de si longues années ?
Peut-être estiment-ils qu'il n'a pas à être gardé ?
Le rôdeur aurait-il passé ses gardiens sans les apercevoir ?
Se pourrait-il qu'on l'ai laissé arriver ici volontairement ?
Cette information devra être donnée au conseil des Hauts-Elfes, ce sera aux sages d'y réfléchir.
Il pourrait peut-être revendre assez cher cette information stratégique...
Il faudra pour cela retourner en vie chez les elfes.
Mais avant, il devait accomplir sa mission première pour terminer sa formation.

Rengainant son arme, Melmoth tire de toutes ses forces sur la porte pour tenter une dernière fois de la refermer.
Elle vient soudain se refermer sans un bruit, faisant chuter l'elfe dans son effort non mesuré.
Se relevant, il maudit les Nains pour leurs constructions erratiques et les bénit pour leur incroyable addiction pour l'alcool.
S'éloignant de quelques pas jusqu'à une alcôve légèrement en retrait des portes, il se restaure rapidement de quelques champignons et de pain de voyage.
Se dissimulant dans sa cape d'esquive, il devra retenter sa chance ce soir et en attendant, il ne peut que se reposer dans l'inquiétant silence de la Mine, achevant de recouvrer toutes ses forces.
Répondre
#6
La fuite

L'heure venue, Melmoth rouvre la porte capricieuse qui pivote sans bruit.
Dans la nuit, la cité est toujours aussi calme, pas de lumière, pas de bruit... sauf un ronflement bruyant et très proche.
Scrutant dans la direction ou il a laissé les deux Nains ivres la veille, il ne voit plus que le tonneau et les restes de leur beuverie.
Avançant de quelques pas, le rôdeur trouve la célèbre source sonore et n'en croit pas ses yeux.
Personne sur cette terre ne pourrait croiser le célèbre guerrier au filet qu'est Borïn.
Tout heureux qu'il soit endormi, le ranger avance rapidement vers son but à travers les maisons silencieuses.

Encore une fois, le destin ne lui est pas favorable : un Nain noctambule avance lentement vers lui.
Saisissant deux flèches à bout rond, le rôdeur s'engouffre dans la ruelle adjacente.
Les maisons sont basses et il tente sa chance.
Par-dessus les toits, ses deux traits partent en direction du ciel.
Quelques secondes après, un bruit sourd suivi d'un grognement lui indiquent qu'il a fait mouche.
Le rôdeur n'est pas venu pour tuer et laisse donc le Nain inconnu assommé pour continuer sa mission.

Il a vite repéré son objectif.
Se faufilant tel une ombre, il longe les murs de l'Ecole de Magie et s'engouffre dans le bâtiment par les portes principales.
A l'intérieur, tout respire la Magie et le rôdeur est mal à l'aise.
Le sol est dallé, les murs sont couverts de tapisseries aux signes incompréhensibles au profane.
Aucune lampe ni torche n'est visible, et pourtant une lumière tamisée éclaire toute la pièce uniformément.

Plusieurs Nains sont présents.
Il en reconnaît un pour avoir déjà croisé sa route : Jah'soldier. Il parle tout bas avec un nain en robe couverte de runes, en retrait sur la droite, près d'une bibliothèque couverte de vieux livres et de parchemins.
Un autre Nain très connu nommé Sandolphane lui tourne le dos. Lui aussi converse avec un autre Nain maître en Magie à voix basse.
Aucun n'a semble-t-il remarqué sa présence.

En retrait sur sa gauche, derrière un comptoir de verre, un autre Nain le regarde d'un oeil curieux.
La main levée en signe de paix, Melmoth s'approche doucement pour ne pas attirer l'attention des autres, sa capuche ne laissant pas apparaître ses traits.
Le comptoir est couvert de livres, de pierres, de fioles, tout un tas d'ustensiles magiques dont le rôdeur ne connaît pas l'utilité.
Ne parlant pas un seul mot du dialecte Nain et ne sachant pas si le Nain parle la Langue Commune, il tend au vendeur le billet que le vieil Elfe lui a remis, la tête humblement penchée en avant.

En grommelant, le vendeur s'adresse à lui en Haut Elfe avec un fort accent caverneux mais parfaitement compréhensible, d'une voix très basse :
"Et quel est donc l'Elfe qui souhaite connaître les mystères des runes du grand Kardak Gründd ?"

Et Melmoth de répondre doucement à son tour :
"Maître des Runes, le Nom de l'Elfe ne te sera d'aucune utilité.
Je paie pour le livre et je m'enfuis.
Tu n'est pas sans savoir l'aversion des tiens pour ma race et tu devines aisément que mon chemin jusqu'ici n'a pas été facile.
Tous les Nains n'auront pas ta patience ou celle de certains de vos chasseurs.
Déjà vos Gardes m'ont sévèrement averti, me laissant aux portes de la mort alors que je venais en paix.
Quel est ton prix ?"


L'air pensif, tiraillant sa barbe colorée et savamment travaillée en tresses attachées par des bagues runiques, le Nain met un temps précieux à répondre.
Melmoth scrute prudemment la salle par des coups d'oeil furtifs : rien ne semble distraire les autres Nains affairés, dont la patience et le savoir en commerce sont aussi célèbres que leur addiction pour l'alcool.
"Pour toi, j'enfreindrai la loi des Nains. Le prix sera élevé."

"Pour toi je ne suis qu'un client et tu es un commerçant. Aucune loi contre çà.
Et puis personne ne saura."


"Le prix devient abordable mais il me faut quelque chose en échange, de la bonne matière à travailler.
Et il me faut ton Nom.
Si tu acceptes mes conditions, les écritures sont à toi pour 40 pièces d'or."


Le prix était effectivement élevé pour un livre commun chez les Nains...mais rare chez les Elfes.
"Que demandes-tu en échange ? J'ai quelques pièces de Chêne Eternel dont tu sauras sûrement tirer profit.
Chez moi, les mages en font de puissantes baguettes."


"Ton Nom, rôdeur ?"
Disant cela, le Nain pousse sur le comptoir un rouleau de parchemin couvert d'un étui de cuir rouge couvert de runes.
Melmoth reconnaît vaguement sur le cuir quelques signes semblables à ceux du billet remis par le vieil Elfe, mais rien ne l'assure que le Nain n'est pas en train de le doubler.
N'étant pas en position de force, le rôdeur convient que l'accord est honnête.
Tirant de son sac les quelques branches de Chêne Eternel qu'il a trouvées en chemin, posant sa bourse à côté, il met sa main sur le rouleau, prêt à s'en emparer.
Soudain, le Nain pose une main de fer par dessus, le bloquant sans effort.
Regardant en direction de son visage, il demande :
"Rôdeur, tu as du courage d'être venu jusqu'ici pour un parchemin sans valeur à tes yeux.
Je pourrai facilement me dévoiler tes traits, mais il semble que tu tienne à les garder cacher, aussi je respecte ton choix.
Mais donnes-moi ton nom pour que notre accord soit conclu. Sinon..."


Pris au piège, très tendu, le rôdeur est obligé de répondre. "On me nomme Melmoth. Je te prie de garder ce nom pour toi."

Forçant la main du Nain, le rôdeur glisse le rouleau sous sa cape et prend discrètement la direction des portes sans se retourner.

Il entend le Nain soupeser la bourse.
Il a dû voir sur le cuir noir la dague blanche avec la gouttelette rouge à sa pointe.
Il ne connaît pas la valeur que le Vendeur de Magie accorde à sa vie, mais désormais ce dernier sait qu'elle a un prix.

Dehors, la nuit est à peine avancée.
Melmoth s'avance doucement, ne percevant rien de dangereux à sa portée.

Mais il ressent soudain une fatigue irrésistible.
Aurait-il présumé de ses forces ? La tension l'aurait-elle tenu éveillé au-delà de ses forces ?
Il est forcé de mettre un genou à terre en pleine rue.

Affolé, il aperçoit maintenant non loin deux Nains que sa fatigue lui avait dissimulés.
l'un, adossé à un mur à moins de dix pas de lui semble faire un somme tranquille et silencieux.
Ses traits et sa barbe courte le font paraître jeune . Mais pas moins dangereux que les autres.
Le second semble faire de même sur le pas d'une porte un peu plus loin. Ses traits ne lui sont pas visibles.

Sentant ses forces faiblir rapidement, le rôdeur craint de s'endormir... à jamais ?

Sa témérité l'a mis à la merci de ses adversaires.
Sauront-ils qu'il n'est pas venu en ennemi cette nuit ?

Sa vie ne tient qu'à un fil.
Répondre
#7
A la merci des Nains

A peine s'est-il posé la question qu'un cri dans la nuit crie à l'alerte "Un Eeeeeeeelfe. Tuez-le" et qu'une douleur fulgurante le perce au côté.
Un trait d'arbalète a traversé son sac et son armure de cuir comme du beurre pour ressortir intact et se ficher entre deux pierres au sol, son sang dégouttant sur un morceau de tunique.
La douleur est telle qu'aucun son ne parvient à sortir de sa bouche.
Aussitôt que cette pensée lui traverse l'esprit, un second trait tout aussi puissant se fiche dans son épaule gauche, coupant net au passage la sangle de son carquois.
Sa vue se brouille d'avantage.

Sans se retourner, il crie vers la forme qui s'approche doucement, tentant coûte que coûte de lui expliquer qu'il n'est pas venu en ennemi.
"Elle" répond d'une voix sèche empreinte de haine et de méfiance.
Sa faiblesse le met de nouveau en difficulté, car il a pris Loki pour un guerrier et l'archère Naine est cruelle et expérimentée.
Il espère qu'elle ne prendra pas ses mots pour un affront !

Dans le même temps, une voix sourde se fait entendre à courte distance : "un intru..."
Tournant la tête avec peine, le rôdeur comprend que la fin approche : il reconnaît Borïn, qu'il a laissé endormi aux portes de la mine, déboulant de derrière l'école de Magie.
Il tente à nouveau de se justifier et crie sa bonne foi au guerrier.

Alors la naine à l'arbalète lui jette sa haine à la face : pas de pitié pour les Elfes.
Elle continue son approche à pas lents, goûtant apparemment la douleur du rôdeur, peu pressée d'achever son calvaire.

Les autres Nains à proximité ne vont pas tarder à s'éveiller au son de cette "chasse".
A bout de forces, Melmoth crie dans la nuit à qui peut l'entendre :

"Nains,

Je suis un Elfe, mais je ne suis qu'un rôdeur en mission.
Je ne suis pas guerrier ni Mage.
Aucune haine ne m'anime envers les Nains aujourd'hui et je ne viens ni voler ni tuer ni espionner.
Vous m'avez déjà par le passé laissé plusieurs fois aux portes de la mort, et encore aujourd'hui vos traits me laissent sans force.
Vous pouvez me tuer aisément si il vous plaît.
Je ne demande qu'à repartir dans la nature et implore votre clémence."


Et l'Elfe de s'écrouler sur le sol.
Répondre
#8
L'échec de la mission.

Les deux Nains à proximité s'observant pour deviner chacun ce que pense l'autre, le rôdeur profite de ce faible répit et d'un peu de lucidité retrouvée pour s'enfuir discrètement, moitié rampant, moitié se trainant au sol, l'estomac au bord des lèvres tant la douleur est forte.
Il va tellement doucement que les Nains doivent le croire immobile par une nuit si sombre.
Il use pour sa fuite d'une de ses compétences de rôdeur qui lui permet de dépasser ses limites pour faire quelques pas de plus...qui peut-être lui sauveront la vie ?

Ne sachant que faire, les idées toujours floues, Melmoth décide de se réfugier dans l'armurerie célèbre de la citadelle.
Avec un peu de chance, tout le monde dort à cette heure-ci.
Les guerriers ont coutume de s'abreuver et de dormir le soir venu, quand les mages étudient toute la nuit et se reposent le jour.

Comme il le pensait, les portes sont ouvertes.
Quelles raison auraient les Nains de les fermer au coeur de leur cité ?
A l'intérieur, çà sent l'huile, le fer chaud et le cuir.
Deux armuriers dorment à leur place, le menton sur la poitrine.
Un troisième, assis, semble mal en point, la sueur perlant à son front, sa tête reposant sur la table, les yeux fermés et fébriles.
En face, un jeune guerrier ouvre de grands yeux ébahis en voyant l'elfe s'avancer recourbé, son arc en mains et une flèche encochée, tournée vers le sol.
Il s'adresse à lui en Langue Commune :

"Jeune guerrier,
Je ne te veux aucun mal. Toi non plus.
Ne bouge pas, je serai parti sous peu.
Bien entendu, tu n'auras vu personne.
Je suis sûr que tu comprends"


Et de s'éloigner à pas lents vers l'arrière de la boutique...

A peine eut-il fait quelques pas que les portes s'ouvrent à la volée, réveillant les Nains endormis.
Avant qu'ils aient pu faire un seul pas, la rapide et futée Loki ajuste le rôdeur avec courage.
Seule elle sait comment elle a retrouvé si vite la trace du rôdeur et a pu le suivre si vite en sa cachette.

Son geste est précis et le carreau s'enfonce profondément dans son dos.
l'Elfe est presque mort.
S'écroulant au sol, il ne bouge plus, la tête face contre terre, sa capuche couvrant toujours ses traits.
Un filet de sang s'écoule sur le sol de pierre de l'armurerie.
Les autres Nains s'approchent en courant.
Rechargeant son arme tout en s'approchant, Loki ne laisse aucune chance au rôdeur et l'achève d'un trait dans la nuque.


Ainsi finit la mission du rôdeur.
A l'évidence, il n'était pas prêt à ses prétentions.
Ce n'est pas le premier à avoir tenté cette mission.
Elle est particulièrement ardue mais une autre ne sera désignée qu'après la réussite de celle-ci.
Un autre viendra donc pour s'acheter le droit d'entrée parmi les Ombres.


Peut-être que l'histoire des Nains retiendra dans ses annales que ce jour a été marqué d'un fait divers méritant d'être retranscrit dans les Livres.
La puissante et honorable guerrière Loki a pourchassé avec adresse un espion Elfe infiltré dans citadelle de Karad Zirkomen.
Malgré les dénégations du vilain qui a tenté de la soudoyer, elle s'est défendue avec ardeur contre ce violent et intrépide agresseur venu voler et tuer les Nains en leur forteresse la plus puissante.
Elle s'est battue en défendant sa vie et celle de plusieurs Nains éminents témoins de la scène, achevant l'intrus d'un trait d'arbalète en plein coeur en plein milieu de l'armurerie.


Quelque part ailleurs, une chandelle s'éteint au fond d'une cave voûtée et sombre.
Sur un grand cahier rélié de cuir noir, une main à la peau tannée et ridée achève d'écrire les noms.
Le premier, écrit à l'encre noire, est Melmoth, Elfe rôdeur.
Le second, écrit en lettres de sang, est Loki, Naine guerrière.
Des cheveux blanc et fins se soulèvent légèrement lorsque la main fragile referme l'ouvrage.

Sur la couverture, une dague peinte en blanc. A sa pointe perle une gouttelette rouge.
Répondre
#9
...J'en ai presque la larme à l'Oeil...

Grabuge avait eu vent qu'une de ces saletés de Bouffeurs de Salade, était rentré dans leur Mythique Cité de Karad Zirkomen...et bien qu'il avait une mission de toute urgence à mener, il s'était dit qu'un petit crochet par la Cité pour voir ce qu'il en était, semblait prioritaire.

Grabuge vociférait dans sa barbe sans comprendre comment un être qui ressemblait si peu à leur race, avait pu se faufiler au nez et à la barbe de tous les Nains...
Mais Bon Sang, mais que faisait les gardes ...dormaient-ils ...Rhaaaa !! Sans doute ??!!

...Le suivre c'était facile, il laissait des traces visibles sur sol...celle de son sang. Il devait être bien amoché pour laisser de tels traces et ça facilitait drôlement sa poursuite...Heureusement m'auriez vous dit, car Grabuge avait un retard certain par rapport à lui, mais il ne perdait pas espoir de le rattraper.

...il ouvrait la porte de leur grande Cité, quand il entendit les cloches sonner. Elles annonçaient qu'un ennemi était dans la ville..."aaaah" fit-il soulagé, " tout le monde ne dort pas ici et ils ont fini par le repérer"...un peu plus loin sur son chemin...il eu la certitude, que l'ennemi avait été abattu...

Grabuge était à nouveau serein et pouvait à présent continuer sa quête.
Il se disait qu'avant qu'une nouvelle tentative ne se fasse, il se passerait du temps...

Pourtant, bien qu'il ne pouvait pas supporter ces Bouffeurs de Salade et leur "joli p'tite gueule d'Ange"...il devait quand même reconnaître que cet foutue "d'Oreille Pointue"...avait des couilles bien placées pour oser pénétrer dans l'Antre des Nains, seul ...et blessé... ça méritait sévèrement un Hommage...
Il est vrai que Loki aura droit à son heure de Gloire...mais moi j'applaudis des 2 mains...attend je pose mon épée...voilà c'est fait...

Donc je dit un grand Bravo à Melmoth pour son courage (pour un Elfe je trouve ça bizarre...il doit avoir du nain...c'est obligé ! ) et sa bravoure (...et pour son super Rp...) ...et pour son trépassage ! Big Grin

...Par contre si on se croise...ça chiera des bulles !! Big Grin...
Bon Courage quand même ! Wink
Répondre
#10
Wink
Répondre


Atteindre :