Voyages d'un marchand de tout et de rien
#1
L'astre de Solaris frappait l'enclume de sable de ses rayons impitoyables.

Le voyageur, lourdement couvert par sa tenue faite de tissus richement teintés était à l'abri de l'irradiation venue d'en haut.

Cependant, l'air chaud qui remontait en volutes du sable brulant parvenait inévitablement à se glisser entre les plis de sa tunique.
Il n'y avait pas un souffle de vent pour déplacer les masses d'air chaudes.

Mais ça, pensait Tasr'Amal, c'était encore une bénédiction. Il ne connaissait que trop le pouvoir intrusif et corrosif du sable transporté en bourrasque par le vent du désert.

La chaleur.

Et le fidèle camélidé, lourdement chargée, à quelques pas derrière lui, qui se plaignait de temps en temps par un frémissement discret de l'échine du traitement rude qu'on lui infligeait aujourd'hui.

Tasr'Amal, en d'autres circonstances, aurait choisi les premières heures du jour ainsi que les dernières pour parcourir la distance quotidienne de sa longue marche dans les meilleurs conditions.

Mais aujourd'hui était diffèrent.

Aujourd'hui, il avait prolongé son effort jusqu'aux heures les plus chaudes car le but était proche. Et il voulait la contempler enfin dans toute sa splendeur.

Babylios

Une dernière dune, et la voilà.

Un joyau dans le désert de Salith. Un chaos de toits réfléchissant la lumière dans toutes les directions.

Remarquable, sans aucun doute, pour celui qui n'avait depuis des jours que des ondulations infinies comme seul horizon.

Babylios, c'était aussi la promesse de retrouvailles avec la société, la communauté des hommes et femmes hélions sédentaires, qu'il avait laissé derrière lui, il y a bien longtemps, lorsqu'il était parti pour son long voyage en quête des substances rares et exotiques qui ne se trouvaient que dans les contrées les plus éloignées.

Tasr'Amal, à cette vue, était saisi par un subtil dosage d'émotions mêlant des touches de nostalgie, d'anticipation joyeuse et d'inquiétude caractéristique de l'homme solitaire qui va devoir renouer des liens et se réadapter.

Un bien curieux mélange, pensait l'homme de science victime d'introspection inutile.

Nul besoin de retarder ce moment, il avait encore tant à faire. Il était impatient aussi d'apprendre les dernières nouvelles de cette région d'Ecridel. Que s'était-il passe en son absence ?

Sans doute bien des choses, bien des histoires en perspectives.

Le voyageur se remit en marche afin de franchir la dernière ligne droite jusqu'aux portes de la ville.
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#2
Pour atteindre les grandes portes, il fallait traverser d'abord le souk.

On disait que l'oasis de Babylios avait été dans le passé un point où la vie sauvage foisonnait, où les animaux venaient s'abreuver, s'accoupler avant de retourner affronter les vastes territoires désertiques pour des raisons mystérieuses.

Il en avait vu de tels oasis au cours de son périple. Moins vastes, plus inaccessibles que le site de la capitale, mais intacts, préservés par le secret d'une localisation imprécise.

Aujourd'hui, dans cette région partiellement colonisée de Salith, une fraction des hardes avait été domestiquée. Les descendants d'Adoelath s'étaient emparés de cet écrin paradisiaque il y a fort longtemps. A présent, c'était en tant que troupeaux de bétail ou bêtes de somme destinées aux caravanes, que la vie animale se maintenait aux pieds des murs.

Exhibée et négociée, achetée et vendue.

En observant les nuages de poussières qui flottaient dans l'air, en écoutant le son des mugissements et des hennissements sporadiques, des piétinements continus et des voix humaines qui haussaient le ton pour se faire entendre au-dessus de cette agitation permanente, Tasr'Amal se disait que le foisonnement de la vie n'avait pas totalement disparu en ce lieu.

Juste changé, transformé.

Il continuait son chemin.

Sa fidèle monture n'était de toute façon pas à vendre et son objectif était autre.

Peu de monde lui portait attention car l'arrivée d'un inconnu n'était pas tellement un évènement exceptionnel dans ce carrefour du désert.

Les négociants du souk étaient de plus bien assez occupés par leurs affaires du moment. Tout au plus un regard se détournait de temps à autres pour se porter sur le voyageur et jauger subrepticement son potentiel.

Il y avait sans doute aussi des yeux moins commerçant déjà posés sur lui afin d'évaluer une autre forme de potentiel. Il y avait quantité de réseaux plus ou moins officiels à Babylios et les observateurs ne manquaient pas. Une autre facette de cette civilisation.

Il finit par atteindre les portes.

Les portes de Babylios.

Célèbres pour les façades de céramiques émaillées de couleurs vives qui recouvraient les tours gardant le passage vers la ville intérieure, elles permettaient dans leur usage régulier de contrôler et filtrer les flux entrant et sortant. Des flux de biens, de marchandises et de personnes.

Attendant son tour pour répondre aux quelques formalités d'identification qui lui seraient soumises par les gardes des portes et obtenir ainsi son droit d'entrée, Tasr'Amal pensait aux traits commun des grandes villes d'Ecridel qu'il avait pu visiter.

Par déformation professionnelle il voyait les grandes métropoles ceintes par des murs comme de grands réservoirs pouvant servir de réacteur à de multiples transformations.

Ici, les idées étaient mélangées selon les dosages plus ou moins équilibrées des cultures propres aux habitants et aux personnes de passage. Plus une ville était ouverte vers l'extérieur et plus il y avait de chance de voir deux constituants réagir l'un avec l'autre pour donner quelque chose de nouveau.

Un immense alambic.

C'était à présent son tour de franchir la porte intérieure et de pénétrer dans les grandes rues rectilignes menant vers le centre de la cité.

Babylios était l'une des villes les plus ouverte qu'il connaissait. Un véritable foyer de civilisation. Malgré tout, elle souffrait de son isolement loin dans le désert qui la coupait du reste du monde et ralentissait l'afflux provenant des autres régions d'Ecridel.

Yris ou Asteras en comparaison étaient bien mieux situées pour des échanges réguliers.

Mais dans l'esprit de l'alchimiste, l'isolement de l'alambic Hélion permettait aussi la progression de réactions plus poussées, où les sciences et les philosophies pouvaient être conduites éventuellement jusqu'à maturité par la force des choses avant d'être remplacées par d'autres.

Tasr'Amal se rendit en premier lieu jusqu'au caravansérail. C'est ici qu'il prendra ses quartiers le temps de son séjour.
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#3
En second lieu il fit un passage par une officine de la Guilde afin d'enregistrer ses intentions d'exercer une activité de commerce au sein de la cité. Il y reviendrai plus tard afin de s'acquitter des taxes.

Le préposé de la Guilde s'étonna.

« Mais ça c'est un certificat de fin d'étude d'alchimie, vous êtes sur que vous ne devriez pas plutôt demander un accès à un laboratoire plutôt qu'une autorisation pour un stand sur le bazar ? »

Tasr'Amal plissa légèrement les yeux tout en conservant un sourire impeccable.

« Non, non, il n'y a pas d'erreur. Je n'exerce pas vraiment, c'est bien d'un emplacement dont j'ai besoin. »

Le représentant n'insista pas et se contenta de finir de remplir les autorisations nécessaires. Dans tous les cas la Guilde et le Cheikh recevront leur dû, alors cela n'avait pas trop d'importance.

Apres cette démarche, il avait tout en main pour installer sa tente dans un coin du bazar.

Tasr'Amal avait acquis les bases de l'alchimie dans sa jeunesse. Mais il n'en avait jamais fait son métier principal. Un laboratoire digne de ce nom permettant une quête sérieuse et méthodique des secrets de la matière était bien trop contraignant, statique et clos pour le caractère curieux et entreprenant de ce personnage.

Mais il n'avait pas fait table rase de ces connaissances acquises par apprentissage pour autant.

Au lieu de produire, il fournissait.

Il connaissait suffisamment la rareté et l'utilité des ressources étranges consommées par la confection des potions pour partir à la recherche de ce qui manquait aux autres, mages ou savants qui eux pratiquaient l'expérimentation.

Il était devenu marchand et son stock était à la fois curieux, hétéroclite et incompréhensible au client néophyte. Mais pour un initié, il vendait de véritables trésors.

Des extraits, des essences, des poudres, et des ingrédients sous leurs formes premières.

Le bazar, toujours aussi animé que dans les souvenirs de Tasr'Amal, n'avait rien à envier au désordre du souk à l'extérieur. Moins d'animaux, c'est vrai, mais la foule humaine s'agitait comme une colonie d'insectes sociaux. Le tout était confiné dans un espace plus restreint ou chaque parcelle infime était utilisée pour exposer les marchandises.

La langue Hélion se prêtait admirablement au jeu complexe du marchandage et tout se déroulait avec la dextérité vocale de commerçants nés.

Même les enfants Hélions que Tasr'Amal eut l'occasion d'observer sur le bazar se révélaient être des hommes d'affaires retors jouant de la sous-estimation de leurs interlocuteurs.

Pour lui, le contraste avec la sérénité et la solitude offerte par le voyage et le désert était presque déstabilisante. Mais ce n'était pas la première fois qu'il se replongeait ainsi dans la tourmente d'une société humaine.

Et puis, au fond, on n'efface pas facilement le conditionnement de toute une jeunesse passée à Babylios et c'est donc avec de vieilles habitudes refaisant surfaces qu'il installa son stand et l'ouvrit au public en fin d'après-midi.

Si proche du berceau même de la discipline alchimique élevée au rang de science et riche du fruit de ses longs voyages, Tasr'Amal espérait que les affaires se révèleraient bonnes.

Dans quelques jours, si Eudamie se montrait clémente, il pourrait trouver le temps de se lancer dans la recherche de cette autre chose qui l'avait fait revenir dans la ville de son enfance.

Citation :[hrp]A partir de ce point: possibilite d'un RP ouvert a ceux qui se trouveraient a Babylios et souhaiteraient passer au stand de Tasr'Amal. Mais l'histoire continuera dans quelques temps si personne ne se manifeste.[/hrp]
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#4
Les derniers jours avaient été plutôt fructueux en termes de vente, mais peu de clients s'étaient engagés dans une discussion très longue avec ce nouveau vendeur surgi de nulle part.

Le soir, Tasr'Amal remballait ses articles invendus présentés sur de rustiques tapis et ramenait le tout au caravansérail. Il y avait là des espaces dédiés à l'entreposage qui étaient mieux gardés la nuit.

Une solution temporaire.

Puis, une fois sa marchandise en sureté, Tasr'Amal utilisait le peu de temps libre à la tombée du jour pour se rendre à la grande bibliothèque.

Cette institution monumentale était une mine d'information inépuisable et nombreux les érudits qui pouvaient passer une vie entières à arpenter ce labyrinthe de savoir pur.

Notre marchand n'avait que peu de temps à consacrer à ses recherches. Il avait à la fois cet avantage de ne chercher qu'un ouvrage précis et le malheur de savoir cette chose cachée au milieu d'une multitude innombrable de documents similaires.

Il mit plusieurs jours à chercher par lui-même dans les rayons, distrait par des trouvailles inattendues de littérature remarquable qui n'avaient rien à voir avec son intention première.

Il était attiré par un titre, une illustration, une couverture ouvragée.

Il s'emparait de l'ouvrage et le feuilletait, assis sur les bancs de pierre.

Puis il soupirait, accablé par la fuite du temps qui s'écoulait comme du sable entre ses doigts.

Il remettait alors les choses en place sans les avoir vraiment lues, se mentant à lui-même lorsqu'il se promettait de revenir … un jour …

Une vie passée à partir et revenir, repartir.

Il passait toujours un peu de temps à la bibliothèque lors de ses passages à la capitale.

Cette fois-ci toutefois, il y passait plus souvent et restait plus longtemps sur place. Tout son temps libre y passait en fait. Et si les distractions littéraires consumaient son temps imparti, il n'en oubliait pas pour autant l'objet de ses préoccupations présentes.

Après plusieurs jours à chercher par lui-même, il comprit qu'il valait mieux demander à un bibliothécaire.

« Voici ce que j'aimerais trouver. C'est un passage ancien, parlant d'une composition alchimique méconnue. Un extrait banal en apparence qui ne m'aurait pas tant intéressé s'il n'avait un rapport avec la requête convergente de certains parmi les plus influents de mes clients lointains. Mais je n'ai pas su le trouver ici. Vous seriez bien aimable si vous saviez me donner ne serait-ce qu'une piste, une méthode. »

Et le bibliothécaire, bien qu'ignorant du texte en question, se révéla malgré tout bien utile en conseillant Tasr'Amal de ne pas se limiter aux traités d'alchimie.

« Puisque vous recherchez une œuvre d'origine supposée locale, vous feriez bien de regarder aussi dans les ouvrages religieux. La frontiere entre sciences, traditions, magies et religions n'a pas toujours été bien définie. »

Son conseil s'avéra précieux puisque Tasr'Amal commença à trouver des références dans des textes parlant du matériel nécessaire aux déroulements de quelques cérémonies mineures du culte de Solaris d'une certaine époque.

Il approchait lentement mais surement du passage tant cherché.

Celui contenant la recette.
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#5
Et avec la recette, les ingrédients nécessaires.

Car la recherche de ce texte n'était que la première étape d'une quête insolite ou l'espoir du gain financier offert par le client potentiel n'était qu'une fraction de la motivation réelle de l'hélion.

La curiosité poussait à bien des choses pensait Tasr'Amal lorsqu'il mit enfin la main sur le paragraphe tant cherché dans un antique manuel traitant « De la préparation adéquate et sanctifiée des produits à usage cérémoniels destinés au Temple ».

C'était le titre.

La recette était simple, le procédé complexe mais réalisable par un maitre, et les matières premières plutôt rares et spécifiques.

Dès qu'il eut confirmation de ce qu'il devait se procurer, Tasr'Amal sut que tout ne se trouverait pas dans son stock actuel.

Par chance, les ingrédients cités semblaient être plus ou moins accessibles soit dans la région soit dans les territoires voisins.

Il manquait principalement:

Des spores lumineuses issues de champignons géants de la foret de Korri
Du sel minéral de Salith raffiné et purifié par l'action du soleil
Des fleurs ayant poussées sous les rayons du jour filtrés par les frondaisons de Pelethor

[Image: 510553banniere.png]

Citation :[hrp]Quelques clarifications hrp: la recette n'existe pas en jeu, je l'invente pour les besoins de l'histoire et me donner une raison de voyager sur la carte actuelle. Je n'ai meme pas encore décidé quelle serait la finalité de la composition meme si j'ai quelques idées. Malgre tout, si le besoin se fait sentir il est possible de rattacher les ingredients a des ressources existantes comme par exemple amanites pour les spores, gemme solaire pour le sel et fleur de mana pour les fleurs. C'est juste un exemple, ca pourrait etre aussi cepe, cristal de mana et roses ... je reste volontairement vague[/hrp]
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#6
Tasr'Amal recopia tout ce dont il avait besoin, aussi bien la recette que le procédé de fabrication, revint remercier chaleureusement le bibliothécaire qui l'avait mis sur la voie et quitta la grand bibliothèque.

Babylios était en effervescence. La nouvelle d'une guerre venait de se propager et beaucoup se préparaient aux temps difficiles à venir.

Tasr'Amal, lui, se retrouva comme pris au dépourvu par ce changement de contexte qu'il n'avait pas vu venir. Sa recherche documentaire à la bibliothèque était devenue tellement prenante les derniers jours qu'il n'avait pas prêté suffisamment d'attention aux rumeurs entendues sur le bazar concernant la santé du Cheikh et les négociations en cours.

Malgré la sympathie qu'il éprouvait pour son peuple d'origine, il ne pouvait pas se permettre de se laisser prendre par la mobilisation en cours.

Pas maintenant.

Pas après avoir fait ce pas important vers la réalisation de son contrat.

De toute façon, il savait qu'il n'était pas un soldat.

Ses talents se limitaient à l'approvisionnement en denrées rares. La seule chose qu'il pouvait faire c'était apporter un tout petit appui logistique à l'effort de guerre. Il se doutait que cela ne ferait pas pencher la balance.

Tasr'Amal fit une pause dans le jardin public central de Babylios, étrangement calme en comparaison des rues fébriles.

Cela l'aida à prendre une décision sur la marche à suivre.

Il en avait vu des conflits, au cours de ses voyages. Pas nécessairement de l'ampleur de celui qui débutait ici, mais il savait ce qui faisait défaut à chaque fois dans les régions sinistrées par la guerre.

Dans un premier temps, il y aurait besoin de matériel de premier soin pour traiter les blessés, puis si les combats se prolongeaient sur le long terme, ce serait au tour de la nourriture de manquer.

Son instinct de marchand lui soufflait insidieusement qu'il y aurait là des fortunes à se faire.

Mais Tasr'Amal n'était pas ainsi. Il ne cédait pas facilement aux tentations vénales qui se présentaient sous forme d'opportunités faciles. Trop faciles.

Il ne pourrait jamais charger des réserves alimentaires suffisantes pour réduire significativement les effets d'une famine. Il en était conscient. Il ne disposait que d'une seule bête de somme. Mais le transport de produits alchimiques à usage médical etait tout a fait dans ses cordes.

Il remercia Onados, divinité de la chance de l'avoir conduit à la recette juste à temps, récupéra l'ensemble de ses biens au caravansérail, fit l'acquisition des rations nécessaires à son prochain périple, ainsi que d'une quantité importante de baumes et de bandages, s'acquitta des taxes en sursis à la Guilde et finalement quitta la capitale sur le pied de guerre afin de reprendre une fois de plus la route du désert.

Il distribuerait le matériel de soin à perte s'il croisait des victimes. Mais si sa quête finissait par aboutir, il la récompense promise compenserait facilement cette attitude non rentable.

S'il voulait se rendre utile sur le long terme, il ne devait surtout pas négliger son projet.

La première étape s'imposait d'elle-même : les salines naturelles de Salith.

Le marchand espérait que les armées engagées ne pénètreraient pas si loin dans le désert. Ce serait donc l'étape la plus paisible en principe.

Il y avait fort à craindre qu'il en serait tout autre avec les destinations suivantes.
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#7
Sous le soleil brûlant, le sable avait un éclat étrange, dans cette partie du désert. Il faudrait faire attention. Les quelques voyageurs qu'il avait croisés en sens inverse avaient signalé un groupe de brigands non loin.
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#8
Et l'astre de Solaris frappait toujours, sans se lasser, le sable de Salith.

Il y avait dans ce désert des constantes qui, malgré la rude contrainte imposée, était de nature à apaiser par leur aspect immuable.

Le désert était indiffèrent au sort des créatures vivantes et survivantes qui s'y perdaient ou s'y adaptaient.

Malgré la rareté de la vie locale qui s'expliquait aisément par les conditions de vie exigeantes, Salith n'était pas totalement dépeuplé.

Il y avait les hyènes, bien sûr, ces charognards, que Tasr'Amal avait appris à côtoyer si souvent. Les bandes sentaient rapidement les voyageurs isolés et connaissant leurs chances de survie réduites, concentraient leur chasse sur ces proies faciles, attendant le moment ou la chaleur et la déshydratation affaibliraient suffisamment leur cible.

Armé d'une pique à usage plus intimidant que létal face à ces prédateurs opportunistes, l'hélion avait parfois dû repousser quelques assauts testant ses forces restantes.

Il était ensuite tranquille pour plusieurs jours de marche, suivi de loin par les plus téméraires.

Mais les hyènes n'étaient pas les seules formes de vie. Il y avait de petits rongeurs, quelques serpents, des insectes fouisseurs. Il y avait des gobelins et des trolls dans quelques zones rocheuses arides.

Les hommes aussi s'étaient adaptés, l'hélion voyageur n'était pas le seul fou à s'aventurer dans les étendues désertiques. Il y avait les autres caravanes croisées de temps en temps, et les bandits qui frappaient sans prévenir et disparaissaient comme par magie.

La dernière caravane rencontrée l'avait d'ailleurs averti de la présence de ces bandits plus loin sur la route de l'est.

Un avertissement salutaire.

Car une rencontre avec les hommes du désert aurait sans doute été fatale au vendeur itinérant. Il n'avait pas pris la peine d'engager une escorte dans son entreprise.

Modifiant sa trajectoire, Tasr'Amal prit la route du sud.

Il y avait plusieurs façons de se rendre aux salines, mais le détour imprévu emmenait l'hélion dans une région de Salith méconnue. Il devrait prendre des pistes incertaines.

Le sable de cette partie du désert avait un éclat étrange.

L'œil exercé du nomade ne s'y trompa pas. La curiosité du scientifique aussi s'éveilla lorsque le sentiment d'inhabituel se renforçait. Il y avait un changement au niveau de la composition du sable révèle par un effet d'optique.

Tasr'Amal descendit de sa monture et s'accroupit afin d'examiner le sol de près, remuant les grains de sables, prenant une poignée qu'il laissa filer dans le vent.

Des traces de sel minéral.

En quantité trop infime, mais il était sur la bonne trace.

Alors qu'il regardait à présent l'horizon afin de déterminer la direction à suivre en fonction des réflexions lumineuses, il repéra quelques points flottants brillants comme des feux.

Le second phénomène était encore loin mais celui-ci était malheureusement connu de l'hélion.

Des feux follets.

Un essaim.

Forme de vie assez etrange, les feux follets pouvaient représenter une menace car ils avaient tendance à consumer la matière organique qui passait à proximité.

Sans aucune mauvaise intention.

Juste un phénomène naturel.

Ne laissant que des cendres aussitôt dispersées, diluées dans la poussière.

Tasr'Amal remonta hativement sur sa monture et la pressa d'accélérer la cadence. Il fallait trouver les salines au plus vite avant que les feux ne se laissent porter par le vent dans leur direction.

Une poursuite dangereuse s'engagea.

D'un cote, le risque de perdre la trace de sel qui demandait des pauses régulières afin d'examiner le sable et de l'autre celui de se laisser rattraper par l'essaim brulant.

Enfin l'hélion atteignit la saline.

Offrant un paysage aussi fantastique que dans ses souvenirs, le sel en quantité incroyable surgissait du sable en structures cristallines simultanément géométriques et chaotiques.

Toujours à l'affut du moindre changement dans la direction du vent, le marchand commença la récolte. Le temps manquait pour briser les cristaux, il devait trouver des fragments naturels de taille convenable avant d'être rejoint par la menace qui le poursuivait.




[Image: 613783Sel.jpg]

Citation :
[hrp]Merci pour l'animation! Pour info des traces légères avaient été laissées dans le sable pour un jeu de piste.[/hrp]
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#9
Il en trouva,

Des fragments de matière dure et translucide reposant plus ou moins enseveli par le sable commun du désert qui constituait la base de cet étrange environnement entre les grands monolithes.

Nettoyés de leur poussière, les blocs captaient la lumière pour la diffracter dans de multiples directions, des jeux de reflets relayés par les surfaces murales des cristaux géants.

Mais Tasr'Amal ne pouvait pas se laisser aller à la fascination qu'éveillait en lui ces jeux de lumière.

La quantité de cristaux de sels ramassée devrait suffire.

Il le fallait.

Les feux-follets approchaient à vive allure et pénétraient la forêt de cristal.

Tasr'Amal entendait déjà le crépitement de leur combustion et la lumière mouvantes des feux se reflétait aussi dans les facettes géantes, annonçant leur présence.

Il entraina sa monture hors des salines, reprenant la route de l'ouest, marchant à pas rapide afin de mettre autant de distance que possible entre lui et les feux-follets.

---

Une fois ceux-ci distancés, il infléchit sa marche vers le sud, rejoignant la cote.

Un littoral aride mais le fait de marcher le long des plages interminables facilitait la progression.

Et puis le vent marin rafraichissait l'atmosphère rendant la température bien plus supportable que dans l'intérieur des terres.

Des jours de voyages assez tranquilles se succédèrent.

Enfin Tasr'Amal atteignit les embouchures des fleuves Sorlin et Loreline.

Ce n'était pas précisément le meilleur endroit pour traverser, en ce point ou les eaux étaient les plus larges. Mais le marchand savait qu'au-delà débutait les premiers sous-bois de la mystérieuse forêt de Korri, seconde étape d'importance de son voyage.

Le camélidé aurait pu se débrouiller tant bien que mal pour traverser à la nage, mais impossible de faire traverser son chargement en le maintenant au sec. De toute façon Tasr'Amal, lui, était un piètre nageur et il ne connaissait rien des courants et contre-courants de l'embouchure d'un fleuve.

Ils firent donc un détour pour rejoindre une communauté de pêcheurs, vivant de l'abondance offerte par les flux de poissons qui se réunissaient en ces eaux avant de remonter les deux grands fleuves pour la ponte, loin, loin en amont.

Il réussit à négocier son passage à bord d'une embarcation de pêche en échange de quelques flacons d'huiles parfumées qu'il s'était procuré à la capitale des hélions. Les villageois fumaient le poisson et le séchait au soleil. Ils étaient habitués à ces odeurs prégnantes de poisson et de fumée, cependant ils restaient sensibles à la subtilité de ces fragrances fruitées évocatrices des oasis hélionnes que le marchand leur proposait.

Tasr'Amal et sa monture traversèrent donc les deux estuaires à bord d'un large bac utilisé en temps normal pour déployer des filets.

Le pêcheur qui les guidait montra a Tasr'Amal une raison supplémentaire de se féliciter de ne pas avoir traversé à la nage : des nuées de serpents marins qui pullulaient dans ces eaux saumâtres, en particulier autours des embarcations qui rejetaient parfois du poisson.

Une nourriture facile en fait.

Lorsque le marchand débarqua, il vit également au loin se reposant dans le sable une grande salamandre, de la taille d'un crocodile, qui se reposait dans le sable sec.

Le pêcheur lui conseilla de s'enfoncer dans les terres au plus vite avant que cet animal ne se réveille et ne le prenne en chasse.
On les trouvait généralement dans les marais, mais il arrivait parfois qu'elles s'aventurent jusqu'au bord de mer. En tout cas elle n'hésiterait pas à suivre une proie loin dans les zones humides de Korri.

Tasr'Amal ne se le fit pas dire deux fois, remercia chaleureusement son passeur pour le service rendu, et reprit sa route vers le pays des hommes-bêtes.
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#10
Tasr'Amal avait déjà traverse des forêts, mais jamais rien de comparable à ce chaos végétal dans lequel il s'enfonçait à présent.

Les arbres ne cessaient de grandir en taille au fur et à mesure qu'il avançait.

Bientôt la circonférence de ces troncs géants devint telle qu'il devait marcher des heures pour en faire le tour.

Si encore la terre entre les géants avait été une surface plane et ferme, couverte d'un tapis de feuille à la limite, il aurait progressé sans peine.

Mais bien entendu la région était humide, il y avait donc de nombreux étangs, lacs et toute une seconde catégorie de végétaux luxuriants se développaient à la base des arbres.

Le sol était fait tantôt d'humus, tantôt de mousse et si Tasr'Amal n'était pas accompagné d'un quadrupède, il aurait certainement mieux fait d'escalader le réseau de racines toutes aussi démesurées que leurs plantes d'origines.

Il devait y avoir des routes, des pistes aménagées quelques part car l'hélion n'était pas sans savoir que sa capitale et celle de cet étrange pays étaient reliées par un échange commercial, diplomatique et culturel régulier. Il y avait de longues caravanes et des voyageurs qui faisaient fréquemment le trajet entre Jada et Babylios.

Pourtant le marchand s'était aventuré dans les bois sans suivre une route connue.

Il le faisait parfois lorsqu'il cherchait à s'imprégner de la spécificité d'un environnement sauvage afin d'évaluer par lui-même la richesse en matières premières rares.

Et ce lieu était exceptionnel en ce sens. Korri était un réservoir exceptionnel malheureusement difficilement accessible.

Surtout pour un chameau.

Tasr'Amal faillit baisser les bras. L'animal pataugeait, montrait des signes de mauvaise humeur d'être entrainé dans ce bourbier, et ne pouvait en aucun cas escalader les ponts végétaux de racines et de lianes que semblait emprunter le reste de la faune agile de cet environnement.

Les spores lumineuses quant à elles étaient visibles loin au-dessus de leurs têtes.

Pourtant aucune ne semblaient tomber jusqu'au niveau de la base la plus profonde dans lequel se démenaient l'hélion et sa monture.

C'était un phénomène curieux pour le physicien qui s'attendait au départ à ce que toute chose qui plane finisse par tomber.
Surtout pour des spores qui devaient normalement servir à ensemencer cette boue fertile afin de donner naissance à de nouveaux champigons géants.

Tasr'Amal se dit que la chute de ces spores devait être rare ou que la lumière qu'elles dégageaient s'éteignait peut-être à trop basse altitude.

Quoi qu'il en fût, sa quête en ces lieux n'était pas aussi simple qu'il l'avait imaginé.
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#11
Lorsque la nuit tomba, il finit par faire un camp sur une butte de terre qui par miracle était restée au sec.

Dans l'obscurité, les spores brillaient d'autant plus, remplaçant les étoiles, presque aussi inaccessibles.

La nuit, Korri était remplie de bruits. La faune nocturne extrêmement riche donnait un concert de cris, de chants et de piaillements, de hululements.

Tasr'Amal alluma un feu pour tenter de sécher ses robes légères à présent totalement moites.

Etait-ce la lumière de ce feu dans la nuit qui attira les gardes ou bien ceux-ci guettaient-ils le marchand depuis son entrée dans les bois ?

Toujours-est-il que Tasr'Amal qui commençait à s'assoupir, blotti contre la fourrure du chameau, fut réveillé en sursaut par la vue de trois étrangers armés qui s'étaient glissé sans bruits dans son campement et le regardaient sans un mot.

Il se redressa et tenta d'entamer la conversation.

« Bonsoir qui que vous êtes. Je suis Tasr'Amal, honnête marchand hélion. Etes-vous venus à moi pour partager mon feu ? »

Les sentinelles ne répondirent pas de suite mais se consultèrent du regard. Apres un silence inconfortable, l'un d'entre eux finit par répondre :

« Hélion, vous ne devriez pas voyager par ici. Seul vous courrez à votre perte, cela ne fait pas l'ombre d'un doute. Vous risquez de déranger un esprit, de respirer des vapeurs toxiques ou de rencontrer des prédateurs contre lesquels vous ne sauriez pas vous défendre.

De plus nous sommes en guerre et nous avons d'autres choses à guetter que des imprudents comme vous. »


Tasr'Amal essaya d'improviser des excuses mais le garde lui coupa la parole, l'interrompant d'un geste un peu agacé.

« L'un de nous va vous escorter jusqu'à Jada. »

Et cette offre sonnait sans méprise possible comme la fin de la discussion.

Deux des hommes-bêtes repartirent et le troisième resta, attendant patiemment que le marchand réussisse à convaincre son animal de trait que le temps du repos était terminé.

Suivant ce nouveau guide, ils empruntèrent des pistes que Tasr'Amal n'aurait jamais trouvé seul et tard dans la journée du lendemain ils arrivèrent dans une vaste clairière visiblement aménagée de constructions en ruines et peuplée néanmoins de nombreux habitants.

C'était Jada.

L'éclaireur qui avait amené Tasr'Amal jusqu'à cette étrange ville isolée dans un monde sauvage, fit un signe a l'hélion qu'il pouvait circuler librement dans cette clairière et expliqua qu'il devait repartir faire son devoir aux lisières de Korri.

Le marchand ne suscita pas trop de curiosité parmi les hommes-bêtes qui vivaient à Jada. Il y avait d'autre hélions en ville que Tasr'Amal s'empressa de rejoindre.

Des caravanes en transit, plus quelques militaires venus discuter stratégies et opérations communes.

Tasr'Amal confia sa monture et son chargement aux soins de ses collègues marchands, résidents temporaires de la cité des hommes-bêtes.

Puis il partit à la rencontre des habitants dans l'espoir de trouver quelqu'un qui pourrait le conseiller sur la façon, ou le meilleur lieu pour aller collecter ces spores inaccessibles.

Citation :[hrp]Allez encore une ouverture dans le recit pour offrir à d'autres joueurs de se joindre au periple du marchand, meme si ce n'est que pour l'aider dans cette etape. Hommes-bêtes savez vous comment attraper des spores?[/hrp]
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#12
Les spores étaient-elles une manifestation sacrée d'Estalia ?

Tasr'Amal ne connaissait pas assez bien les fondements de la religion des hommes-bêtes pour en être certain, mais à la façon dont les habitants de Jada le dévisageaient ou détournaient le regard lorsqu'il expliquait l'objet de ses recherches, c'était peut-être le cas.

Tout au moins, personne ne formula d'interdiction stricte, mais il ne put trouver de volontaire pour le guider.

Il y avait une chance aussi que les pisteurs parmi les hommes-bêtes n'étaient pas en ce moment en ville, et que les autres ne voyaient simplement aucun intérêt à aider le marchand excentrique.

Il dut se résoudre à continuer seul.

Cependant, il savait qu'il allait devoir s'y prendre différemment cette fois.

Pas de monture, pas de marchandises, peu de vivres.

Ce qui assurait sa survie lors des longues traversées des étendues désertiques de Salith ici ne feraient que l'entraver.

Il allait braver la forêt de Korri de nouveau mais en laissant ses possessions sous la garde des hommes-bêtes.

Ces derniers acceptèrent au-moins de l'aider de cette manière à défaut d'autre chose.

Tasr'Amal, au moment de quitter la clairière, crut même apercevoir quelques anciens secouer la tête comme s'ils désapprouvaient sa témérité qu'ils considéraient comme vaine.

Il est vrai que sans expérience de cette région étrange et sans guide, l'hélion courrait tous les risques.

Mais Tasr'Amal en dessous de son aspect inoffensif et quelconque, cachait une volonté persistante quand il s'était donné un but.

Il s'engagea donc de nouveau entre les grands arbres.
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#13
Moins encombré que lors de sa première tentative, Tasr'Amal put progresser plus aisément. Il trouva facilement des sous-bois riches en espèces de champignons géants qui rivalisaient en taille avec les arbres.

Ceux-ci n'étaient au fond pas si rares en Korri et les spores convoitées illuminaient de nombreux endroits sombres.

Mais elles ne brillaient qu'en hauteur.

L'hélion installa un campement au pied des végétaux géants et commença à étudier le phénomène, prenant des notes dans un petit carnet jours après jours:

Jour 1 :

Les spores tombent.

Il n'y a pas de doute là-dessus. J'ai suivi du regard la progression de plusieurs d'entre-elles. Mais leur éclat ternit et s'éteint. A partir de là, impossible de les suivre du regard, elles sont trop petites.


Jour 2 :

J'ai commencé à inventorier les spores que je trouve au niveau du sol. Il y a de nombreuses espèces.

Je n'ai pas vraiment de moyen d'identifier lesquelles sont lumineuses en altitude. Un spécialiste des plantes, druide ou guérisseur, parmi les hommes-bêtes pourrait m'aider peut-être mais je ne sais si la recette fonctionnerait avec celles qui sont déjà éteintes.

Il va falloir que je trouve un moyen de grimper.


Jour 3 :

J'ai tenté l'ascension des arbres géants.

Ce n'est pas si évident leurs troncs sans être lisses présentent quand même des parois trop verticales. Il faudrait des crochets et des cordes ou être capable de voler.

Mais j'ai quand même espoir de trouver un chemin en escaladant progressivement des plantes de tailles inferieurs.

Je recommence demain.


Jour 4 :

Ca y est ! J'ai pu observer des spores lumineuses de près, perché sur les hautes branches de ma dernière ascension.

J'en ai même prises quelques-unes qui planaient a portée, enroulées hâtivement dans un tissu.

A ma grande déception elles ont perdues leur éclat lorsque je suis redescendu.

Il faut que je comprenne le phénomène.


Jour 5 :

Je suis remonte là-haut.

La perte d'éclat des spores n'est pas une question de temps. J'ai supposé qu'elles étaient peut-être éphémères mais elles tombent bien plus lentement que celles que je ramène qui s'éteignent inévitablement.

Si c'est juste une question d'altitude je suis mal parti car je devrais bien continuer mon voyage au niveau du sol tôt ou tard.

Le découragement n'est pas loin. Mais je cherche toujours une solution.


Jour 6 :

Aujourd'hui une pluie abondante est tombée toute la journée.

L'eau ruisselle de partout mais il y a peu de gouttes qui tombent directement du ciel. C'est une expérience étrange pour un homme du désert comme moi. Mon expérience de la pluie est très différente.

Je reste abrité. Pas de progrès aujourd'hui.

Aucune spore ne brille en hauteur, sans doute lavées par la pluie.


Jour 7 :

Aujourd'hui les spores n'ont toujours pas reparues. Pourtant la pluie a cessé.

Enfin je crois, mais l'eau continue de goutter, probablement des restes venant des lointains feuillages.

L'humidité est très élevée.

J'ai tenté de remonter mais ma route vers la canopée a été interrompue par la pluie qui a du déplacer certaines des plantes qui me servaient d'étapes dans mon escalade.

Il va falloir que je tente de trouver un autre endroit propice.


Jour 8 :

Cette nuit les spores recommencent à briller timidement. L'humidité au sol est toujours lourde mais les gouttes ne tombent plus des feuilles.

Et si c'était l'humidité qui affectait les spores ?

L'air en altitude dans cette forêt est, par beau temps, beaucoup moins saturée de vapeurs et d'effluves qu'au niveau du sol.

Cette idée reste imprégnée en moi ce matin accompagnée d'un espoir renaissant.

Si c'est le cas il faudrait que j'enferme des spores sèches et brillantes dans un contenant imperméable.

Des bocaux qui ferment, par chance, j'en ai dans mon équipement qui est resté à Jada.


Jour 9 :

Un aller-retour et me voilà équipé de mes récipients hermétiques.

J'en ai profité pour aller voir ma monture et rassurer les hommes-bêtes en ville que je n'ai pas disparu.

Un druide-loup nommé Var'staen semble commencer à s'intéresser de plus près a mon histoire. Je l'ai croisé dans la forêt alors qu'il faisait route avec son groupe vers le nord et m'ayant reconnu, il a pris le temps de s'arrêter pour me poser plusieurs questions.

Je lui ai dit que je voyais deux moyens de parvenir à mes fins à présent.

- Tenter une nouvelle ascension armé de mes bocaux.
- Trouver une partie de Korri où l'air à la base des grands arbres est beaucoup moins gorgé d'humidité pour vérifier si les spores conservent leur brillance jusqu'en bas dans ces conditions.

Mais je crains que les champignons géants ne poussent pas de la même manière dans les sols secs ce qui rend un tel endroit, ni trop sec ni trop humide, difficile à trouver.
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#14
Le petit groupe qui venait de trouver le camp du marchand accepta de faire halte et de participer à la recherche. Il y avait là plusieurs hommes-bêtes nommés Var'Staen, Shraleith, Danold, Dhos, et un hélion, Dragon noir.

Les débuts de cette exploration confirmèrent les inquiétudes de Tasr'Amal : les endroits secs étaient bien fournis en arbres de nombreuses espèces mais peu de champignons et donc pas de spores lumineuses.

C'est donc dans un marais au plus profond de Korri qu'ils finirent par trouver un endroit propice.

C'était un endroit riche en champignons de toutes tailles et les points lumineux flottant loin au-dessus de leurs tètes étaient tellement nombreux que lorsque la nuit venait, le spectacle incroyable des spores dansantes illuminaient le vide.

Les rares arbres géants de ce marais avaient du mal à tenir debout droit, et, sans doute déstabilisé par leur poids trop important pour ce sol meuble, s'affaissaient jusqu'à tomber au sol et pourrir.

Quelques-uns pourtant étaient interrompus dans leur chute par des champignons de taille similaires et ceux-là offriraient peut-être des troncs inclinés permettant une escalade rapide jusqu'aux altitudes nécessaires.

Le groupe s'enfonça dans le marais à la recherche d'un tel arbre.


[Image: 930078Maraisauxchampignons2.png]


Mais la première difficulté qu'ils rencontrèrent fut la faune de ce marais.

Ils furent très vite attaqués par des faon et des biches aux yeux rouges enveloppés dans des nuages de spores nocives.

Tasr'Amal se demanda si l'air vicié de cet endroit saturé n'était pas la cause de ce comportement anormalement agressif de ces espèces autrement réputés pour leur aptitude à fuir le moindre danger.

Heureusement les aventuriers qui s'étaient joint à lui dans sa quête étaient des chasseurs compétents qui surent prendre le dessus sur ces cervidés hostiles.

Néanmoins, Tasr'Amal se rendit compte que seul, il aurait très certainement péri dans cet endroit étrange.

Ils progressèrent lentement, ralentis par les attaques et le terrain boueux mais finirent par arriver au pied de l'arbre qu'ils cherchaient.
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#15
Ils entamèrent l'escalade, progressant lentement pour ne pas risquer de tomber.

Tout était disproportionné. Même l'écorce, et pourtant tout le monde connait la texture habituelle de l'écorce, et bien sur ces arbres l'écorce était tellement épaisse que certaines aspérités devenaient des obstacles difficiles à franchir. Sans parler des autres plantes qui poussaient directement sur le tronc.

Tasr'Amal se dit à ce moment que c'était sans doute ce que vivaient les fourmis tous les jours dans le reste du monde.

Mais s'ils ne croisèrent pas de fourmis géantes, d'autres insectes de tailles démesurés ne manquèrent pas de repérer ces cibles maladroites et inattendues qui montaient difficilement.

Ce fut d'abord un triplé de moustiques vrombissant qui vinrent tenter de décrocher l'un ou l'autre des aventuriers alors qu'ils escaladaient le tronc.

[Image: 526661Maraisauxchampignons3.png]

Il fallut jongler entre équilibre et adresse pour repousser cet assaut de monstres volants suceurs de sang.

Le premier trio écarté, le groupe continua sa progression vers les cimes.

Ils n'étaient pas arrives bien loin lorsqu'un second bruit de bourdonnement beaucoup plus important cette fois leur annonça l'arrivée imminente d'une véritable nuée.

Ils accélérèrent la cadence. En espérant que les premiers feuillages, plus très loin, gêneraient les insectes volants.

Mais d'un coup le bruit s'éloigna et le silence revint.

Un silence inhabituellement profond.

Le groupe découvrit rapidement la raison de ce soudain revirement des moustiques lorsqu'ils découvrirent les premières toiles.

La base des feuillages était en fait le royaume d'araignées tisseuses dont la taille était une fois de plus hors-norme.

Mais ils étaient déjà allé si loin que nul ne suggéra de rebrousser chemin.

Ils sortirent leurs armes et tranchèrent dans les fils aussi gros que des câbles pour se frayer un chemin.

Cela ne plut pas trop aux araignées bien entendu, plus habituées à ce que leurs proies se laissent prendre et entraver sans résistance.

Elles tentèrent de venir se battre elle-même mais ne purent pas soumettre les intrus et quelques-unes finirent par se faire découper comme leurs toiles, décourageant les autres.

[Image: 349955Maraisauxchampignons5.png]

Le domaine des araignées s'arrêtait lorsque le réseau de branches devenait moins dense. A cette altitude les spores étaient déjà bien brillantes mais il était difficile de les collecter dans les toiles collantes.

En s'écartant du tronc et en suivant les plus fines branches jusqu'à leur bout, les aventuriers finirent par se retrouver entourés par ces multitudes de tout petit points lumineux.

Comme si la pluie était faite de lumière et que les gouttes refusaient de tomber.

Tasr'Amal sortit ses bouteilles étanches et les confia a Danold, en tête du groupe.

Collecter les spores n'était plus qu'une formalité à condition de ne pas se laisser déséquilibrer par les branches devenues souples à leur extrémité.

Une fois les bouteilles remplies et closes, Danold rendit le précieux ingrédient au marchand.

[Image: 179334Maraisauxchampignons6.png]

Sur le chemin du retour, ils coupèrent et se servirent des fils d'araignées pour faciliter leur descente. Ils réussirent à descendre suffisamment vite pour ne pas attirer de nouveau les moustiques et finalement atteignirent le sol sans encombre.

Le test de l'altitude confirma l'hypothèse de l'influence déterminante de l'humidité car les spores cette fois restèrent brillantes dans leur espace clos.

Tasr'Amal poussa un soupir de soulagement.

Apres tant de jours passés dans cette forêt étonnante, l'hélion tenait enfin le deuxième composant de la mystérieuse recette en sa possession.
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#16
Citation :[hrp]J'accélère pour pouvoir finir ce qu'il reste a faire dans cette partie du monde avant la fin de la manche. Du coup, je fais des ellipses et j'aborde la troisième partie de cette quête de manière un peu différente sans passer par l'animation.[/hrp]
En possession des spores, le marchand retourna a Jada.

Il y récupéra ses affaires, sa marchandise et sa fidèle monture qui l'avait attendu avec un flegme imperturbable digne d'un véritable chameau.

La route du retour commença.

Il existait quelques pistes balisées qui permettaient de quitter Korri sans encombres et les Hommes-bêtes lui montrèrent.

Mais le petit groupe qui l'avait aidé se retrouva vite mobilisé a son tour par la guerre et leur chemin durent se séparer.

L'hélion, de nouveau seul, savait que le dernier composant se trouvait en Pelethor, l'autre grande foret de cette région, et qu'il devait par conséquent traverser le Sorlin et les plaines de l'autre coté.

Mais la ligne de front de cette guerre passait probablement par ces plaines.

Il tenta un premier contournement en faisant route vers le nord.

Mais il ne put pénétrer dans les landes proches de Nael'Kaldora. Repéré par un éclaireur centaure il se fit promptement interdire l'accès par des salves de tirs mortels.

Tasr'Amal du renoncer à emprunter cette voie et tenta alors de se joindre à une expédition armée qui faisait route vers Mitriath.

Mais lorsque les combats commencèrent, le marchand compris qu'il n'était pas a sa place. pas très utile, se contenant de rester le plus en retrait possible, faisant de son mieux pour aider malgré tout à la logistique de l'expédition et quelques taches de support.

Et le risque était de finir par s'enliser dans une guerre de retranchements et d'escarmouches qui jamais ne pourraient l'emmener jusqu'au cœur de Pelethor.

Il profita d'une retraite de son détachement pour se cacher dans des collines à l'est et laisser passer les forces adverses concentrées sur la poursuite.

La tactique fonctionna et Tasr'Amal se retrouva enfin pour une fois derrière la ligne de front du bon coté.

Il reprit sa route vers le nord et entra dans Pelethor.

Cette forêt était entourée d'une aura de mystère et de majesté millénaire, bien que très différente dans son aspect que les bois luxuriants de Korri, elle était aussi très impressionnante. Moins humides, les sols ne portaient pas de champignons de la taille des arbres et les arbres bien que moins grand semblaient quand même très âgés, noueux, larges de tronc et presque vibrant d'une énergie imperceptible.

Et surtout Pelethor s'étendait à perte de vue.

Tasr'Amal marchait depuis plusieurs jours dans cette foret interminable et commençait à se demander comment il allait trouver des fleurs dans ces sous-bois dense et couvert de feuilles sèches.

C'est à ce moment que surgissant de nulle part, un elfe apparut devant lui.

L'hélion savait qu'il ne suffirait pas de dépasser les armées sylvaines pour être totalement à l'abri d'une rencontre, après tout il s'approchait de plus en plus du territoire des elfes et de leur capitale, mais l'atmosphère de calme et de sérénité de Pelethor lui avait fait oublier ce détail d'importance.

Par chance celui qui venait de le trouver se montra contre toute attente peu agressif.

Tout au contraire, il engagea la conversation, permettant à l'hélion de s'expliquer.

L'elfe se nommait Altharius et ses motivations à lui étaient pacifiques. Il sembla à Tasr'Amal en écoutant le discours de son surprenant interlocuteur que celui-ci regrettait l'état de conflit dans lequel se trouvaient engagés les peuples de la région et voulait apprendre a connaitre l'intru hélion afin d'initier un germe de paix.

Tasr'Amal de son coté, revenu depuis peu dans la région après de long voyages, n'était pas habité par l'antagonisme qui opposait hélions, centaures, elfes-sylvains et hommes-bêtes. Il avait trop vu le vaste monde pour prendre à cœur une rancune locale aussi justifiée qu'elle fut pour les gens d'ici.

Alors les deux s'entendirent sans peine et Altharius accepta d'aider le marchand dans sa recherche.

Il le conduisit en à peine une demi-journée de marche à une clairière ou plutôt une éclaircie répondant parfaitement aux critères décrit dans la recette.

Ici les arbres étaient plus espacés et la lumière de Solaris tombait jusqu'au sol en rayons fragmentés. Quelques fleurs y poussaient baignées dans une lumière rare et pure, filtrée.

Tasr'Amal sut alors que grâce à l'aide de cet elfe et de son état d'esprit tolérant, il avait devant lui à ses pieds le troisième ingrédient.

[Image: 541195wpss201512210001.png]
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#17
Prélever quelques fleurs ne posa aucunes difficultés et la cueillette se déroula sans incidents.

La spécificité de ces fleurs se remarquait dans leurs couleurs évanescentes très étranges, mais ces couleurs acquises dans les conditions particulières de leur milieu d'origine, restaient stables après la cueillette.

Bien plus simple à conditionner par conséquent que ces maudits spores sensibles à l'humidité.

Tasr'Amal se demanda quand même comment ces fleurs fraiches supporteraient le voyage. Par chance, il avait déjà eu à transporter certains ingrédients végétaux de ce type et il avait appris les procédés de transformation permettant de sécher les fleurs sans leur faire perdre leurs propriétés particulières.

Il remercia chaleureusement Altharius pour son aide avant que leur route ne se sépare.

Tasr'Amal avait en effet l'intention de retourner à Babylios afin de trouver un maitre alchimiste en mesure de réaliser la fameuse préparation décrite dans la recette qu'il avait trouvée à la grande bibliothèque.

Il ne voulait en fait pas se risquer à tenter la réaction des ingrédients lui-même. Il y avait, pour cela, besoin d'un savoir-faire et d'un équipement de laboratoire assez pointu.

En dehors de ses moyens personnels de marchand itinérant en tout cas.

Malheureusement, il apprit assez vite en discutant avec quelques voyageurs dans les relais qui parsemait la route du retour vers Salith et la cité hélionne que la guerre avait dégénéré et qu'une grande bataille se préparait.

D'autres rumeurs racontaient aussi que la bataille avait eu lieu, que les centaures et les elfes avaient remporté la victoire et que Babylios était à présent assiégée.

Mais le marchand ne pouvait faire la part entre le vrai et le faux de ces informations vagues et douteuses. La confusion de la guerre était source de bien trop d'imprécisions et de fantasmes dans les nouvelles récentes.

Toutefois il ne pouvait prendre le risque.

Il avait à présent tout le nécessaire pour fabriquer l'élixir alchimique mais il pouvait encore échouer s'il se montrait trop téméraire et se laissait capturer ou pire.

Alors Tasr'Amal estima que le client qui attendait cet élixir, là-bas, loin au nord, aurait certainement l'équipement nécessaire à la fabrication, ou des relations parmi les cercles des mages de son peuple qui sauraient l'aider.

L'alchimie était peut-être née et s'était développée comme une véritable science dans sa patrie natale mais le peuple du désert n'avait pas l'exclusivité de la préparation des breuvages et potions.

Il restait donc une chance de remplir malgré tout son contrat avec les éléments déjà présents en sa possession.

Le marchand et sa fidèle monture entamèrent donc la longue route qui remontait vers le nord en longeant le fleuve Sorlin.

Une route qui allait les mener bien loin de chez eux.

Une fois de plus…

Citation :
A suivre

Rendez-vous dans la prochaine manche pour connaitre l'histoire du mystérieux élixir
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