La vengeance
#1
Les effluves de peur et de sueur masquaient presque celles plus fruitées et discrètes émanant d'un lièvre, d'un loup le chassant, d'un renard et d'un cerf s'observant. Seul l'homme pouvait empester ainsi l'odeur de la foret et des animaux l'habitant. Cela offrait cependant une piste facile à suivre pour la bête. Celle ci s'élança à travers le couvert touffu et dense fait presque exclusivement de bois feuillus. Dévalant la pente d'une motte boisée, la bête aperçu enfin les 2 hommes, elle fondit sur eux et s'élança sur l'archer qui lui sembla le plus dangereux des 2. Ses crocs se refermèrent sur la gorge de l'homme et brisèrent les cervicales comme de simples sarments morts. Le sang gicla et humecta les babines de l'ourse. Celle ci ne prit pas le temps de s'en repaître et se retourna vers le second des deux hommes. Il portait une épée qui bien qu'émoussée pouvait encore occasionner de graves blessures. Un formidable coup de patte brisa net l'avant bras laissant apparaître un morceau du radius. l'homme hurla et tomba à genoux. Son sang giclait et tachait l'herbe à ses pieds. Il ne présentait plus de danger mais son odeur réveillait les instincts primaires de la bête. Elle ouvrit sa large gueule en s'approchant de la gorge de l'homme.

Il fallut à Linuviel un effort considérable pour s'extraire de sa forme d'ourse. Les enseignements de ses maîtres formaient aux transformations mais rien ne l'avait préparé à un tel affrontement. Les pulsions de l'ourse, le goût du sang sur ses babines, l'envie d'étancher sa faim furent presque plus forts que la volonté de Linuviel. Elle fut terrifiée par les sensations ressenties et longtemps se passerait avant qu'elle ne reprenne forme animale.

Quant aux deux hommes, ils ne commettraient plus leurs viles forfaits contre les sylvains des villages éloignés. Le viol et le meurtre d'une mère et de son enfant furent le pire et le dernier de leur crime. Cette vengeance laissait cependant un goût amer à Linuviel et détruisit sa candeur. De longs sanglots s'échappèrent alors de sa gorge, destinés autant aux victimes qu'aux hommes qu'elle venait de tuer.
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