[RP] Que soit faite la volonté de Solaris.
#1
Un soleil ardent se couche sur les toits de Babylios. Il nimbe de feu les murs blancs des villas et sublime les chants du soir des oiseaux. La chaleur étouffante qui écrase la ville sera bientôt remplacée pour une douce fraicheur aux ombres alanguies.
Marée de voiles multicolores, les femmes sortent par toutes les ruelles pour occuper les terrasses et les jardins, pendant que les hommes ouvrent les étals du souk. Le monde s'endort et Babylios s'éveille. Seul parmi la foule, un homme d'une carrure impressionnante contemple ce spectacle d'un air mélancolique. Les hélions saluent une dernière fois le Radieux Solaris. Pourtant Anwaar est inquiet. Son dos large est vouté par les soucis et ses yeux voilés par le doute. Quand vient l'heure des hyènes, il constate amèrement son échec.

« Pardonnez-moi mes enfants. Je ne sais pas… »

Personne ne l'entend murmurer. Une autre journée passée en vain dans les bibliothèques du temple. Il se remémore encore son entretien avec le prête. C'était hier, c'était il y a une éternité. Il se souvient des paroles apaisantes, alors même que la voix du prête tremble.

« Allez dans la paix de Solaris, mon enfant. Si le Radieux a souhaité vous éprouver, le chemin se montrera à vous au moment opportun. Vous devrez être prêt à entendre la parole de Dieu à ce moment. »

Le prête l'a-t-il renvoyé parce qu'il avait peur. Ou bien croyait-il sincèrement en ce qu'il disait. Venir à la capitale avait semblé une si bonne idée. Mais aujourd'hui Anwaar a des doutes. Rien. Il n'a rien trouvé. Rien appris. Il reste à se morfondre dans les divans du boui-boui. Parfois les voisins passent et le saluent. Il répond machinalement. Il y a un peu d'espoir pour que Miraäk Dal've puisse l'aider. Ses cheveux surtout ont sonné comme une évidence. Petit à petit, la conviction s'est imposée qu'il ne trouverait rien dans les livres. Ni dans sa tête. Seul un autre hélion peut éclaircir son mystère, mais il est mort. Et le forgeron cherche toujours. Une lueur, une infime étincelle, une parole qui pourrait chasser la gangue de doutes où il se noie.

Il doit bien y avoir quelqu'un, quelque part, qui sait. Car le temps file, inexorable et rien ne change. Chaque jour répète son calvaire. Lentement, péniblement, l'immense silhouette se lève et louvoie à travers la pièce. Les gens s'écartent et le saluent. « Maitre sorcier »… un nom auquel il ne s'habitue pas. Au fond, bien au fond, il est resté Anwaar le jeune et talentueux forgeron, qui a séduit Julanr. Mais la ville le repousse petit à petit dans les tréfonds de son âme. Il manque d'action. Ce soir, il faudra encore s'occuper des bêtises de Solaria, de l'entrainement de Khalid et discuter de la robe de Chemsa. Il doit être le Père dans ces moments, le maitre sévère et juste de la famille Lahad.
Et pourtant, il doute.

« Pardonne moi Julanr, je ne peux pas tout te dire, pas encore »


Son murmure s'envole, petite phrase perdue dans la cacophonie de la ville.


(à suivre)
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