Dans les quartiers du Nord-Est de la ville, non loin de la bibliothèque, il est un cabanon pas vraiment comme les autres.
Outre la fumée continuelle qui s'échappe par l'ensemble de ses orifices, elle se démarque du lot par une devanture haute en couleur et des bruits étranges qui en ressortent. Des bruits capables de mêler rires, explosions et cris d'animaux.
Ce taudis n'est autre que le laboratoire du très curieux alchimiste portant le nom de Tommy Vazhek.
De manière générale, il aimait être chez lui à tenter de créer de nouvelles potions allant du soin aux troubles de l'érection, aux poisons capable de transformer le métal en gelée rose. Mais aussi lire ! Beaucoup lire pour que son savoir jamais ne tarisse.
Un savoir certains comme en témoigne sa potion de soin des hémorroïdes, mais pas réellement reconnu par ses pairs.
En réalité, cet être de petite taille arborant un sourire auquel manque quelques dents était considéré par la plupart comme un cinglé. Il avait surement été un brave homme autre foi... Mais il n'était plus qu'un fou, certes capable de prouesses, mais incapable de tenir des propos cohérents.
C'est pourquoi, pour principal compagnon, il se balade avec Hook. Un singe d'environs 1m50, incapable de sortir de sa bouche un autre son que le nom qui est le sien et tout autant incapable de faire quoi que soit d'autre que jouer avec ses fèces et écouter son maître.
On a entendu les coquelicots chanter ?
Chao Hu débarqua en courant dans le laboratoire de son grand père.
"Eh papy papy papy !
Ze suis allé voir dehors, z'ai vu pleins de trucs dehors ! C'était cro bien !"
Elle observe le singe et lui tire la langue, imite le son d'un prout et repart en rigolant vers Tommy.
"Eh, papy, d'puis qu'maman et papa y sont trop morts comme des vipères au bout d'une pique, tu peux continuer à m'apprendre des zurons ?
Moi, z'adore sac à purin percé, mais z'ai pas envie de dire ça tout le temps. Et les gardes ils font rien que de me regarder bizarre...
Oh...
C'est quoi ça ?
Dis papy, c'est come les seaux d'eau mis ? Tu fais des potions aussi grande que ça ? Moi ze croyais que tu prenais que des fiottes. Euh non, ze voulais dire, des fioles !
Hihi, papy, allez, dis un zuron !"
Pour l'embêter , elle tourne les pages de ses grimoires en pointant les images du doigt en les commentant de manière plutot... Enfantine.
"Oh, elle est zolie celle là !
Z'en veux une pareille de grenouille !"
Le vieux attrape une peau de serpent alors que la petite fille arrive, pleine de vie, au milieu de son laboratoire. Comme à l'habitude, il n'y prête pas trop attention. Elle a toujours été comme ça et cela ne l'a jamais réellement dérangé dans son travail.
Il s'arrête tout de même un instant pour la saluer et lui demander d'être gentille avec Hook.
La mouche qui pète point plus haut qu'son anus ventile le marais.
Pour seule réaction, le singe attrape une flasque en verre et la jette par terre en "hookhookant" d'énervement. Le vieux se retourne alors, et donne un coup de bâton sur la tête de l'animal.
Vivifiant cet alpage !
L'animal essaye alors de se faire plus petit qu'une fourmis en se dirigeant vers ce qui lui sert de lit. Un tiroir en bois rempli de paille.
Elle courait partout, elle parlait tout le temps, mais elle écoutait quand même attentivement.
"Vivifiant cet alpaze ? Ça a l'air un peu bizarre ton esspression !
Ça veut dire quoi ? Que les mousses dans le marais ça esplose la russe des zabeilles ?
Tu dis un peu n'importe quoi hein...
Mais ze vais essayer !"
Elle court, saute sur une chaise, puis sur une table, renverse une fiole, s'arrête, la ramasse, fait un sourire gêné, recommence à courir comme si rien ne s'était passé, saute par dessus un livre qui traine, et finit par imiter Hook pour se hisser vers la fenêtre qu'elle ouvre en grand, et hurle à un passant.
"Eh, raclure d'bidet rouillé qui suinte du coqu'licot !
Ecoute celle là !
Vivifiant cet alpaze !
Hihihihihi !"
Rapidement, elle ferme la fenêtre et se cache contre le mur. Pourquoi ? Pour que le passant ne la retrouve pas, évidemment.
Comment ? Que me dit ce lecteur ?
Ah, oui, c'est pas forcément très futé une petite quand ça veut jouer, tu as raison.
Chao Hu Pinhouh se baladait dans Babylios, l'air était frais et ses cheveux dansaient allègrement dans le vent. Il sentait le soleil lui chauffer les pommettes et décida de s'arrêter quelques instants au Temple pour prier Solaris. Le jeune homme vénérait - comme tous les Hélions - son Dieu et il accordait une grande importance à la pratique de sa religion.
De nouveau à l'extérieur Chao Hu Pinhouh se dirigea vers le laboratoire de Tommy, son grand-père brillamment fou. A peine arrivé près du cabanon il voit la fenêtre s'ouvrir et recule prestement tandis qu'il entend une voix fluette à l'accent reconnaissable entre mille lui crier quelques mots. Souriant il met la main sur la poignée de la porte et rentre dans le laboratoire.
Avisant son adorable, mais néanmoins instable, petite soeur il ouvre ses bras en grands et l'attrape tandis qu'elle court dans la pièce et passe devant lui.
"Coucou ma petite raclure de bidet préféré !
Tu sais que tu as manqué à ton grand frère ?"
Chao Hu Pinheht, agite ses pieds pour redescendre sur la terre ferme, il la dépose et se dirige vers Tommy afin de s'enquérir de l'avancée de ses recherches. Pendant ce temps la gamine, infatigable, dissémine sa bonne humeur enfantine parmi eux.
"Bonsoir Papy ! Alors comment vont tes recherches ? Tu as encore fait des merveilles ?"
Le vieux regarde l'autre morveux débarquer dans son laboratoire. Il lui sort un livre d'alchimiste ouvert à une page présentant une potion qui permettrai d'alourdir les objets. Les explications pour permettre la création d'une telle potion peuvent paraître complexes pour un néophyte et le gamin s'arrêtera certainement à la lecture de la description.
Et là haut sur la montagne, on jette le taureau par les cornes. Puis BAAAAAAAAAAM
Tommy fait un grand cercle au dessus de sa tête à l'aide de ses bras alors que ce "Bam" sort de sa bouche. Puis il se met à rigoler tout seul, fier de ce qu'il vient de dire.
Il se précipite alors vers une vieille armure toute rouillée qui est là, abandonnée par terre, une fiole d'un liquide verdâtre à la main. Une foi le récipient ouvert, il dépose une goûte du liquide sur l'armure qui se met à légèrement fumer au niveau du point d'impact.
Hum... Il faut pas laisser tomber mémé dans le pissenlit ! Sinon ça coupe jarret !
Sur ces bons mots, Tommy file arracher un poil de son singe qui "hooke" alors de douleur, puis met se poil dans la flasque avant de bien la secouer.
Elle s'arrête, regarde son frère, regarde la fiole en train de se fabriquer, puis hoquète.
"Naaaaan ! Ze veux cro un truc comme ça !
Allez quoi, sois zentil papy ! Tu fais une potion qu'on appellera "vide-bleusaille" et ça fera trop que des trucs de fous ! Zenre euh... Zenre tu le verses sur ma dague et après ça veut dire ze peut aspirer l'énerzie de zens pour la mettre dans mon corps et tout !
Allez papy, tu me fais ça, hein, dis ? Hein, dis, tu le fais dis dis dis ? Dis oui que tu le fais !
Papyyyyyyyyy ! Sinon ze mord les burnes à Pinhuouh !"
En prononçant ce juron, elle fit un grand sourire. De toute façon, elle s'en fichait, quand Pinhouh voudrait le dire à papa et maman, il se rendrait compte qu'ils étaient mort. Et de ça presque un an. Dans le fil de ses pensées, elle déclara à voix haute :
"Ça doit pas sentir bon dans la cave, un garaze de mousse à merde moi ze dis !"
Pour elle, cette phrase allait parfaitement à la suite de celle d'avant. Quoi de plus logique comme connexion que de passer de mordre des organes génitaux à parler de l'odeur d'une pièce renfermée ?
Puis elle réfléchit. Peut être qu'il serait fâché le frérot, quand il découvrirait qu'elle n'avait prévenu personne de leur morts. Et qu'elle ne les avait pas enterrés.
Bah, elle lui proposerait une partie de cache-cache, ça lui changerait les idées. En plus, il pourrait pas se cacher dans la cave, ça sera plus dur. Plus de challenge, plus d'amusement !
Le vieux pose la flasque sur un support et décide de taper sur la tête de la petite avec le bâton qui lui permettait de marcher convenablement. C'était un bâton de bois sombre, difformes et avec une petite clochette à son extrémité. Au moment de l'impact avec le sommet du crâne de la petite, celle-ci se mise à tinter.
C'est en bûcheronnant qu'on élimine les castors !
Alors que le singe s'agite dans son coin, lançant ses selles par l'un des fenêtres laboratoire et avant que la petite ne puisse dire quoi que ce soit, le vieux attrape une fiole emplie d'un liquide bleu qu'il fait boire de force à la gamine. Le goût est proche d'un fromage de chèvre très fort en goût auquel on aurait ajouté de l'ail pour accentuer les saveurs répugnantes de ce mélange. Le vieux s'éloigna quelque peu en ricanant en attendant de voir les effets de cette potion sur sa petite fille. S'il avait convenablement suivi la recette, cela la rendrait plus attentive et augmenterai légèrement ses capacités de récupération après l'effort. Non pas qu'elle en est besoin, mais bon, il lui fallait bien un cobaye !
Il est venu, il a vu, il est devenu velu ! Car c'est pas en pataugeant dans la mare qu'on d'vient forgeron d'galion.
Si tu éternues, m'en va t'lessiver la couenne du jambon sans un doigt.
La taverne n'est pas l'hostie du cordonnier s'il pue des pieds.
AH AH AH AH AH AH
La petite n'avait pas besoin d'être priée pour tout avaler. Certaine qu'elle allait sans doute pouvoir devenir aussi massive qu'un troll, agile qu'une hyène, et rapide comme une vipère, elle avala le tout goulument avec des bruits rauques qui sortaient de sa glotte à chaque gorgée. A la fin, elle grimaçait quand même.
"Franssement papy, c'est déglaglasse ! T'es sur que c'est trop ça qu'il faut faire boire ? Moi ze crois que t'as surtout pris le massin marron que Hook le débile il fait rien que d'en zeter, et ensuite t'as tout mélanzé pour faire semblant que t'es un grand nalchimiste !
Moi les couennes de zambons, ze les mystifie avec du papier pour scribe ! "
En colère de s'être fait avoir et d'avoir bu une potion si immonde qu'un vampire aurait préféré boire du sang froid plutot que ça, elle mis un grand coup de boule dans un bouclier qui trainait dans un coin de la pièce. Sonnée par le choc, elle vomit.
Mais au lieu de s'étaler sur la table, le liquide projeté avec une puissance buccale proche de "Ax+f-Y*0,? " fit un trou dans le meuble. Un beau trou, bien lisse, malgré les éclaboussures.
Il avait tout fait disparaitre. Un peu comme les sujets du docteur Petiot quand ils passaient dans l'acide sulfurique. Sauf que là, la table n'était pas vivante.
Pinheht écarquilla les yeux.
"Papy... Tu m'as transformé en dragon ?
Zenre ze vais trop pouvoir voler et tout ?
Et me répond pas "La terrine est dans l'pré, car la mousse qui roule est à la masse." , tu me l'as déza dit hier !
Bordel à cul d'catin sodomite constipée, z'ai la bousse qui sslingue le boeuf en rut !"
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