Le début d'une nouvelle vie
#1
HRP : Pour plus d'informations sur le passé de Farouk, je vous invite à lire son histoire ici.

Salîm venait de mourir et Farouk était né pour la deuxième fois. Il venait de perdre sa famille en même temps que son amant et n'avait désormais plus pour seules possessions que les vêtements de lin qu'il portait, le cimeterre béni attaché à sa ceinture et une bourse bien fournie de 260 pièces d'or, seule vestige de sa vie passé.

Cette bourse lui permettrait probablement de vivre plusieurs semaines, voire plusieurs mois s'il oubliait le luxe auquel il avait été habitué. Mais Farouk savait qu'il ne pouvait se reposer sur sa maigre fortune. S'il voulait survivre il devrait trouver un travail. Mais qui serait prêt à embaucher un inconnu sans famille ni garant ? Aucune personne du monde très fréquentable dans lequel il avait pu vivre jusqu'à présent.

Pour trouver un employeur peu regardant sur son passé, Farouk devrait se tourner vers l'autre Babylios. Babylios la sombre, Babylios la ténébreuse. Celle que l'on surnomme la cité des voleurs, la capitale des assassins. Une cité où les gens naissent, vivent et meurent sur les pavés de ruelles sombres et crasses dans l'indifférence générale. Une cité où la vie d'un homme ne vaut que le prix fixé par son ennemi. Une cité dans laquelle l'on ne trouve aucun ami.

Farouk savait ce qui l'attendait. Il savait qu'il faudrait oublier ce qu'il avait appris pour découvrir ce qui lui était jusqu'à présent inconnu. Il savait que dans ce monde qui l'attendait, l'éducation militaire qu'il avait reçue ne lui serait que de peu d'utilité. Certes, il savait probablement manier les armes mieux que n'importe lequel des traînes savates qui peuplaient ces ruelles nauséabondes, mais personne n'avait besoin des services d'un bretteur. C'était d'un mercenaire, d'un assassin, dont les gens avaient besoin. Une personne capable de tuer en un éclair, sans un bruit et surtout, sans laisser de témoin.

Lui qui avait été formé à l'art de l'escrime et du duel par les meilleurs maîtres d'armes, il devait à présent apprendre les coups bas et le combat à la déloyal en se confrontant aux pires crapules. Lui qui avait étudié les stratégies militaires des plus grandes campagnes, il devait désormais découvrir toutes les ruses des plus viles canailles. Lui qui avait été éduqué dans un monde où le paraître primait, il devait finalement apprendre l'art de la dissimulation et de la disparition. Il devait devenir une ombre capable d'être partout et nul part à la fois, de voir sans être vu et, si cela s'avérait nécessaire, de tuer avant d'être tué.

Oui, Farouk avait tout à apprendre de cette nouvelle vie. Et il le savait.
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#2
Pour commencer, Farouk devait trouver un équipement qui correspondrait d'avantage à sa nouvelle condition. Il se rendit chez un forgeron pour y vendre son cimeterre béni. Avec l'or ainsi acquis il acheta alors une dague simple, qu'il enduirait de poison, et une dague d'acier, plus résistante. Enfin, et avant de partir arpenter le désert à la recherche des plantes qui lui permettraient de parfaire son équipement, Farouk décida de faire l'acquisition d'une pioche dans l'éventualité de la découverte de minerais pouvant se monnayer. Tous ces achats lui avaient coûté 60 pièces d'or de plus que ne lui avaient rapporté son cimeterre béni mais, avec un peu de chance, cet investissement pourrait rapidement être remboursé. Ainsi équipé, et après avoir dépensé quelques pièces d'or supplémentaire pour acheter de l'eau et de la nourriture, il se mit alors en route en direction du désert.

Sur sa route, et alors qu'il passait devant une caserne, Farouk surprit une conversation entre deux gardes. Ceux-ci discutaient d'un rapport, qu'ils venaient de recevoir en provenance de la garde de l'avant-poste Gario, faisant état d'étranges activités au nord de la Loreline. La destination se trouvait à cinq jours de marche à travers le désert, et les gardes ne semblaient pas disposés à perdre tant de temps pour vérifier une simple rumeur. Comprenant qu'il pourrait profiter de la paresse des gardes pour gagner quelques pièces d'or supplémentaires, Farouk leur proposa ses services

Economiser dix jours de marche contre 5 pièces d'or ? Les gardes ne purent résister à une telle affaire et l'offre fut immédiatement acceptée par ceux-ci, trop contents de trouver un fou – ou un simple d'esprit – prêt à affronter dix jours de désert pour une somme si ridicule. Pour Farouk il ne s'agissait que d'une mission d'observation sans aucun danger, si ce n'était ceux du désert lui-même. Mais qu'importe le désert et ses dangers, Farouk avait de toute façon déjà prévu de les affronter.

Et c'est ainsi qu'il prit congés des gardes pour bientôt disparaître à travers la porte nord de la cité.
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#3
Dix jours passés dans le désert peuvent paraître durer une éternité, surtout lorsque l'on est seul. Et pourtant, seul, Farouk voulait l'être.

L'assassin commença par se diriger vers l'ouest, là où il avait repéré un lieu propice à la récolte d'amanites. Arrivé sur place il pu se féliciter de son intuition puisque deux amanites n'attendaient qu'à être cueillies. Juste à temps avant qu'une furie n'arrive à son tour, lui reprochant d'un regard courroucé de les lui avoir dérobé sous son nez. Qu'importe, il n'avait que faire de ces accusations. Quelques mots cinglants eurent raison de la patience de la lionne qui s'en retourna, non sans avoir griffé l'hélion au passage. La journée étant déjà bien avancée, Farouk décida de planter sa tente pour y passer la nuit. Le lendemain, il prendrait la direction du nord.

Après avoir rangé sa tente et levé le camp, Farouk se remis en route. En chemin, il croisa un groupe de compatriotes aux prises avec une hyène. L'assassin ne prit cependant pas la peine de s'arrêter pour leur proposer son aide. Une perte de temps selon lui, et probablement rien d'intéressant à gagner en retour. Il continua ainsi, préférant terminer au plus vite la mission qui lui avait été confiée. Marchant d'un pas décidé, l'hélion atteignit ainsi l'extrémité nord du désert dès le troisième jour. Epuisé par ces jours de marche, il paya cependant sa précipitation – et son manque de vigilance – par l'attaque d'une vipère tapie dans les herbes hautes. Cette mauvaise rencontre valu à l'hélion une nuit fiévreuse et agitée ainsi qu'un repos forcé durant la bonne partie du jour suivant.

Lorsqu'il s'en sentit capable, Farouk reprit – difficilement – la route. Le venin était toujours présent dans ses veines et l'hélion se sentait faible. Mais alors qu'il longeait la Loreline en direction du nord, l'assassin pu se consoler par la découverte de trois plants de lin qu'il s'empressa de cueillir. La chance l'accompagna également le jour suivant puisqu'il fit la découverte de pierres semi-précieuses. Il savait qu'il pourrait tirer un bon prix de ces pierres, bien plus que le garde ne le paierait pour cette mission d'exploration, aussi décida-t-il de s'arrêter une journée afin d'extraire les précieux cailloux.

Le sixième jour, Farouk traversa enfin la rivière pour arriver à l'emplacement que lui avait indiqué le garde. L'endroit était calme et l'assassin ne décela la présence de nulle âme. Aucune trace ne semblait par ailleurs indiquer le passage récent d'un groupe conséquent. Ainsi, et après avoir examiné la zone durant le reste de la journée, conclu-t-il à une fausse alerte. Une nuit sur place lui permettrait cependant de s'assurer pour de bon de l'absence de toute menace.

Après une nuit calme, Farouk se réveilla et leva le camp pour reprendre la route en direction de Babylios. Il traversa une nouvelle fois la Loreline et rejoignit le désert. Cinq jours de marche l'attendaient, peut être moins s'il ne faisait cette fois pas de mauvaise rencontre.
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#4
Un hélion aux vêtements poussiéreux passa les lourdes portes de Babylios. Farouk rentrait en ville après plus de dix jours passés dans le désert. La mission qui lui avait confiée par les gardes était accomplie : il s'était assuré qu'aucune activité anormale n'avait cours sur les rives de la Loreline, à l'ouest de l'avant poste Gario. Il prit prestement la direction de la caserne pour en informer ses employeurs, et bien entendu pour percevoir sa récompense. Arrivé sur place il reconnu l'un des gardes qui l'avaient missionné. L'assassin lui fit signe d'un geste de la main et le garde vint rapidement à sa rencontre.

- Je reviens de la Loreline, lui dit Farouk. Aucun signe d'activité et aucune trace récente d'un groupe conséquent sur place. L'endroit était calme et désert.

- Je vois, répondit sobrement le garde. Je doute que les gardes de l'avant poste aient fait leur travail. En voulant se couvrir, ils ont rédigé un rapport truffé de mensonges. Je vais leur remettre les soleils au zénith !

Les deux individus restèrent quelques instants, silencieux à se regarder. Au bout de quelques instants, et pour faire comprendre au garde qu'il n'avait pas fait tout cela pour rien, Farouk tendit la main afin de réclamer son dû.

- Ah oui, bien sûr, où ais-je donc la tête ? s'exclama le garde d'un air faussement surpris. Voilà ta paye, tu l'as bien mérité !

Le garde regarda autour de lui afin de s'assurer qu'ils n'étaient pas observés. Lorsqu'il fut certain que personne ne pourrait surprendre cet étrange échange, il sortit sa bourse pour en retirer cinq pièces d'or qu'il plaça discrètement dans la main de l'assassin.

- File maintenant avant que quelqu'un ne nous surprenne. Avec ces derviches j'ai des affaires sérieuses à traiter !

Des devriches… Ces fanatiques de Solaris étaient généralement peu appréciés du reste des hélions en raison de leur extrémisme. Mais que pouvaient-ils bien avoir fait pour s'attirer ainsi l'attention des gardes ? Farouk devrait se renseigner. Mais d'abord il devait passer au souk de la ville. Il n'avait pas fait tout ce chemin pour cinq malheureuses pièces d'or. Cette mission avait surtout été l'occasion pour lui de récolter de précieuses ressources. La cueillette avait été bonne et sa besace était remplie d'amanites, de lin et d'héllébores. Par ailleurs, la découverte d'une ressource plus rare, et donc plus précieuse, lui vaudrait probablement une récompense à la hauteur du mal qu'il s'était donné pour la récupérer. A cette pensée, la main de Farouk vint tâter sa bourse afin de s'assurer que celle-ci était toujours à sa place. Cette vérification effectuée, il prit alors la route du souk, bien décidé à échanger le petit caillou qu'elle contenait contre des pièces sonnantes et trébuchantes.
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#5
Arrivé sur place, l'assassin se dirigea vers l'un des nombreux étals. Il sorti sa bourse, desserra la cordelette qui la maintenait fermée et la retourna délicatement pour en faire sortir une pierre semi-précieuse qui roula doucement au creux de sa main. Il s'adressa alors au marchand qui se tenait devant lui.

- Bonjour l'ami, combien m'offres-tu pour cette pierre ?

Le marchand sorti une loupe à l'œil pour mieux observer la qualité de la pierre. Après quelques instants d'observations, il lui annonça un premier prix.

- Soixante pièces d'or.

La pierre valait bien évidemment d'avantage, et Farouk le savait. Le marchandage était une tradition bien connue dans les souks de Babylios et l'assassin dû parlementer longuement avec le marchand afin de grapiller quelques pièces d'or supplémentaires. Finalement, au bout de quelques minutes, tous deux finirent par s'entendre sur la somme de 72 pièces d'or. Le marché était conclu.

Sa bourse à présent lestée de quelques pièces d'or supplémentaires, Farouk se dirigea à présent vers le cordonnier. Cette longue route à travers le désert avait eu raison de ses bottes et il lui en fallait une nouvelle paire. Sa vie luxueuse étant à présent derrière lui, il n'avait désormais plus les moyens d'en faire confectionner une paire sur mesure. Il devrait se contenter d'en acheter une qui conviendrait simplement à son pied. Qu'importe : il n'avait de toute façon pas de temps à perdre.

Après avoir trouvé une paire qui lui convenait, Farouk s'acquitta des 40 pièces d'or que lui en demandait le cordonnier avant de prendre la direction de la taverne. Nul autre lieu n'était plus propice à la collecte d'information et il comptait bien en apprendre d'avantage sur les récents événements qui avaient valu aux derviches une telle attention de la part de la garde. Il entra dans la première taverne qu'il rencontra et alla commander un verre d'arak au bar. Le tavernier était un homme trapu dont le visage, à moitié recouvert sous une barbe broussailleuse, était lézardé de vaisseaux sanguins qui témoignaient de son goût prononcé pour les bouteilles qu'il servait. Alors que celui-ci remplissait le verre commandé, Farouk en profita pour l'interroger.

- J'ai entendu dire que la garde en avait après un groupe de derviches. Aurais-tu entendu quoi que ce soit à ce sujet ?

La réponse du tavernier ne se fit pas attendre.

- Ah, les derviches ! Tout l'monde parle qu'd'eux en s'moment. Paraîtrait qu'y s'sont mis dans l'idée d'vénérer un démon, une créature d'flammes. Paraîtrait qu'y croient qu'c'est l'envoyé d'Solaris !

Ces derniers mots provoquèrent chez le tavernier un rire gras et rauque. Farouk se contenta d'esquisser un sourire par politesse.

- S'tu veux en savoir plus, t'd'vrais faire un tour du côté du temple. Les robes ça les a mis en pétard d'apprendre ça ! Des hérétiques qu'y disent, des blasphémateurs et j'en passe. Y z'organisent une chasse à l'homme. J'ai entendu dire qu'y'avait moyen d'se faire du blé… Si c'est ça qu'tu cherches.

L'assassin se contenta de hocher la tête en signe d'approbation. Il bu son verre d'un trait avant de déposer quelques pièces sur le comptoir en paiement du verre et des renseignements. Il se leva alors et sorti du bar pour prendre la direction du temple. Un démon, une créature de flamme... L'histoire devenait intéressante. Et il était question de récompense !
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#6
Le tavernier n'avait pas menti : Babylios ne semblait plus parler que des derviches et de leur culte dérangeant. Farouk pu s'en rendre compte une fois arrivé au temple. Le lieu était bondé de fidèles et d'aventuriers venus entendre le prêche du prêtre qui promettait fortune à ceux qui se débarrasseraient du faux dieu. La créature en question était en réalité un effrit : un élémentaire de feu se faisant passer pour l'envoyé de Solaris et prétendant remettre les hélions dans le droit chemin. Il avait ainsi su se jouer des derviches, prompts à croire en l'arrivée d'un messie, qui s'étaient alors prosternés devant lui.

Farouk n'avait que faire de savoir si l'effrit était bel et bien un envoyé de Solaris. A vrai dire, il n'avait que faire de Solaris lui-même. Ce qui l'intéressait c'était la promesse d'une récompense. Mais il ne pouvait raisonnablement pas se lancer seul dans une mission de cette envergure. Il n'était désormais plus question d'une simple mission d'éclairage mais bel et bien d'une expédition punitive impliquant des combats contre un puissant élémentaire de feu et contre les derviches qui le protégeraient. Farouk avait besoin de trouver un groupe expérimenté auquel il pourrait se joindre.

Et justement, parmi les nombreux aventuriers qui se massaient aux abords du temple, attirés par les promesses de fortune des prêtres, Farouk reconnu le visage de Miraak Dal'Vë. Miraak avait parcouru Babylios, des casernes aux tavernes, dans le but de recruter des combattants désireux de rejoindre la guilde qu'il venait de créer : l'Ordre de Solaris. Il s'agissait d'un autre sujet de discussion très répandu ces derniers temps. Une guilde créée par un jeune homme qui avait l'ambition de nettoyer Babylios de la corruption et de la criminalité qui la gangrénait. Pour Farouk, il ne s'agissait guère plus que d'un groupe d'enfants de riches ne connaissant rien de la réalité de la vie et voulant jouer les justiciers. Mais si leurs idées et leurs dessins n'intéressaient pas l'assassin, celui-ci devait cependant leur reconnaître une certaine aptitude au combat et au maniement des armes.

Ainsi, lorsque le groupe dirigé par Miraak Dal'Vë prit la direction de la porte Est de Babylios, Farouk décida de les suivre. Mais alors qu'il s'avançait à leur suite, l'assassin pu constater que d'autres aventuriers leur emboîtaient également le pas. Il n'était visiblement pas le seul à avoir eu cette brillante idée.
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#7
Quatre jours s'étaient écoulés depuis que Farouk avait quitté Babylios. Il avait fait route en direction de l'est à travers le désert, profitant des oasis qui jalonnaient sa route comme point de repère de la distance parcourue mais aussi et surtout comme point de ravitaillement vital en eau. Depuis son départ, il avait pris soin de suivre l'Ordre de Solaris. Il n'était d'ailleurs pas le seul, d'autres aventuriers solitaires s'étant également joints au voyage. La cadence de la guilde était peu soutenue, un groupe aussi conséquent devant aligner son rythme à celui du plus lent de ses membres. Aussi, Farouk n'eu-t-il aucun mal à suivre Miraaak Dal'Vë et son groupe. Ces derniers avaient bien entendu remarqués la présence de Farouk et des autres aventuriers solitaires mais ceux-ci ne semblaient pas s'y opposer, probablement conscient que tout combattant serait le bienvenue pour accomplir la tâche qui leur avait été confiée.

Durant quatre jours, l'assassin vécu au rythme de la guilde sans toutefois jamais leur adresser la parole. Il se levait lorsqu'ils se levaient, marchait lorsqu'ils marchaient, mangeait lorsqu'ils mangeaient et dressait le camp lorsqu'ils dressaient le leur. Cependant, et pour ne pas s'imposer trop ostensiblement à ce groupe, Farouk veillait toujours à rester à bonne distance de celui-ci, de jour comme de nuit. Les seules exceptions à cette règle furent lors d'occasionnelles rencontres avec des meutes de hyènes. Farouk rattrapait alors la guilde pour se joindre au combat puis, dès que celui-ci s'achevait par le trépas des hyènes, l'assassin laissait l'Ordre reprendre de l'avance en consacrant un temps excessif au dépeçage des animaux.

Finalement, au cinquième jour, le groupe parvint enfin au pied des montagnes que leur avaient indiqué les prêtres de Solaris. D'après leurs informations, l'effrit était parvenu à rallier à sa cause un grand nombre de fidèles. Le campement d'un tel groupe ne devrait ainsi pas être compliqué à trouver, d'autant que ceux-ci auront dû installer celui-ci aux abords d'un point d'eau, rendant leur repérage plus aisé encore. La traque commençait alors, et la première étape de celle-ci consistait à localiser le campement des adorateurs répudiés.
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#8
Le groupe d'hélions attaqua le flanc de la montagne – qui s'apparentait en réalité d'avantage à une colline faite de roches – en s'étalant sur toute sa longueur pour tenter de couvrir une plus grande zone. L'objectif des recherches était de localiser un camp à ciel ouvert ou bien l'entrée d'une grotte suffisamment spacieuse pour y abriter un groupe conséquent. Par ailleurs, le sommet de la colline offrirait probablement un point de vue idéal pour inspecter la zone, ce qui en rendait l'ascension nécessaire.

Au bout de quelques heures le groupe repéra enfin un campement. Malheureusement pour eux il ne s'agissait pas de celui des derviches mais d'un groupe de gobelins, un chef tribal à leur tête, accompagné de deux imposants trolls domestiqués. Comble de malchance, leurs occupants avaient eux aussi repéré l'arrivée du groupe d'hélions et les attendaient de pied ferme. Le combat était à présent inévitable et déjà les javelots pleuvaient en direction des hélions situés en contrebas. Leur position n'était évidemment pas idéale et leur seule chance était de parvenir rapidement au cœur de la mêlée.

Comme cela pouvait être attendu d'eux, l'Ordre de Solaris prit en main la coordination des forces en présence. La cible principale fut rapidement annoncée : il fallait trancher le cou du chef tribal pour décapiter la chaîne de commandement ennemie. Malheureusement, et contrairement à ce que l'on pouvait attendre d'un groupe de gobelins, ceux-ci étaient également organisés et semblaient suivre des consignes similaires. L'essentiel de leurs attaques visèrent en effet Miraak Dal'Vë qui dirigeait les combats du côté hélion. Les coups de chaque camp firent mouche. Le chef tribal tomba rapidement sous les assauts du groupe d'hélions et Miraak ne dû sa survie qu'à la dévotion que les membres de la guilde portaient à leur chef, s'interposant entre celui-ci et les gobelins pour le sauver d'une mort certaine.

Farouk n'avait lui non plus pas été épargné par la violence des combats. Les puissants coups de masse du chef tribal associés aux javelots aiguisés des gobelins l'avaient laissé en bien mauvais état. Et si le chef des gobelins avait été abattu, deux trolls domestiqués s'approchaient à présent de la mêlée, menés par des gobelins qui les retenaient par des chaînes. Ces chaînes ne tarderaient pas à être lâchées et les monstres déferleraient alors rapidement sur la mêlée. Farouk, lui, n'avait nullement l'envie ni l'intention d'être sur leur route lorsque cela arriverait. L'assassin était peut-être courageux mais il était suffisamment raisonnable pour ne pas confondre courage et folie. Les blessures qu'il avait déjà subies lui avaient coûté beaucoup de son agilité et de sa rapidité de mouvement. Il craignait désormais de ne plus être suffisamment vif pour esquiver les coups meurtriers, bien qu'imprécis, d'un troll.

Après une étude rapide de la situation, Farouk décida de se retirer quelque peu de la mêlée. Lorsqu'il fut hors de portée des gobelins et de leur javelot, et que les trolls étaient suffisamment loin pour que le risque de se retrouver encastré dans un rocher soit écarté, Farouk ouvrit sa besace pour en extraire deux petites fioles qu'il bu d'un trait. L'une était une potion de santé dont il avait fait l'heureuse acquisition auprès d'un alchimiste éminent, l'autre était une fiole d'arak – une eau-de-vie à base de jus de raisin agrémenté d'anis – dont il avait fait l'acquisition auprès d'un tavernier minable. La première était reconnue pour ses bienfaits curatifs et réparateurs, la seconde pour ses qualités anesthésiantes. Et puis, cela aidait à faire passer le goût exécrable de la potion du vieil alchimiste ! A ce moment précis, Farouk ne regretta pas son investissement. Rapidement les breuvages firent effet et déjà la douleur disparaissait. Il faudrait à présent du temps pour que les plaies se referment.

Farouk profita de ce moment de répis pour analyser la situation.
Il jeta un regard sur les combats qui faisaient encore rage. La mort du chef tribal avait eu l'effet escompté et les rangs des gobelins semblaient à présent désordonnés et désorganisés. L'issue du combat tournait clairement en faveur des hélions malgré l'arrivée redoutée des deux mastodontes, lents et imprécis bien que redoutables.
Il porta alors son regard vers le campement qui surplombait la bataille et d'où avaient surgis la horde. Un tel groupe de gobelins gardait probablement un impressionnant butin, pensa l'assassin, et il ferait mieux d'être le premier à mettre la main dessus.
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#9
A la pensée du butin qui l'attendait, Farouk se releva et tourna le dos à la mêlée pour se diriger vers le campement. Il se faufila dans le dos d'un gobelin lance-javelot qui pilonnait les combattants hélions, et atteignit l'entrée du campement qui s'apparentait en réalité à une sorte de petit village. L'assassin n'avait pas de temps à perdre et n'aurait que peu de temps pour examiner les lieux avant que le reste du groupe ne le rejoigne. Le village était désert et Farouk avait toute latitude pour procéder à son inspection. Seul le temps lui faisait défaut pour procéder à un examen minutieux de chaque hutte.

Farouk repéra la plus haute et la plus large des huttes, située au centre du village, qu'il considéra être celle du chef. Il s'y dirigea prestement, estimant que si trésor il y avait, celui-ci y serait probablement dissimulé. L'aménagement de la hutte était à l'image de la construction : rudimentaire. Une paillasse trônait négligemment au centre de la salle qui était jonchée d'ossements et de restes de petits rongeurs. La pièce, dépourvue de fenêtre, était plongée dans l'obscurité et une odeur nauséabonde et malsaine imbibait les lieux. L'appât du gain était bien la seule motivation qui permit à Farouk de poursuivre ses investigations.

Dans un coin – ou plutôt dans un renfoncement, puisque la pièce était ronde – Farouk repéra un tas d'objets négligemment entreposés. Il s'agissait d'objets rouillés et de vieilles armes émoussées. En fouillant d'avantage, Farouk parvint cependant à mettre la main sur une bourse en cuir dont la forme rebondie laissait présager d'une belle récompense. Un sourire se dessina sur le visage de l'assassin tandis qu'il tendait la main en direction de la petite bourse. Ce sourire disparu pourtant rapidement pour laisser place à une expression d'étonnement alors qu'il se saisissait de l'objet de sa convoitise : la bourse était anormalement légère. Plus étonnant encore : aucun cliquetis caractéristique des pièces d'or que l'assassin escomptait trouver ne se fit entendre. Que pouvait alors contenir cette bourse ? Farouk s'empressa de défaire le lacet qui la maintenant fermée pour découvrir avec stupeur le contenu de son butin : des rognures d'ongles que les gobelins semblaient avoir élevés au rang de trésor.

Farouk était bredouille. Dépité, il jeta violemment la bourse contre le tas de ferraille qu'il venait d'inspecter et sorti en hâte de la hutte. Dehors, le calme était revenu. Les affrontements semblaient avoir cessés et les hélions étaient probablement victorieux. L'Ordre de Solaris ne tarderait probablement pas à investir les lieux pour procéder à une inspection minutieuse de chaque hutte. Qu'importe : celles-ci n'auraient probablement rien de plus à révéler que celle que l'assassin venait de fouiller. Pour autant, il ne devait pas se laisser surprendre ici : cela pourrait sembler louche. Il rejoindrait le groupe plus tard pour poursuivre l'inspection de la colline, mais pour l'heure il devait disparaître au plus vite. Ainsi Farouk décida-t-il de quitter l'endroit avant l'arrivée des combattants victorieux.
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#10
Après avoir jeté un furtif regard en direction de l'entrée du village par laquelle il était arrivé, afin de s'assurer qu'il n'avait pas été surpris, Farouk fit volte-face pour partir dans la direction opposée. Le village n'était composé que de quelques huttes et l'assassin fut rapidement hors de celui-ci. A la sortie du village, un sentier – visiblement formé par un piétinement répété du sol – serpentait à travers la montagne et semblait déboucher sur une petite grotte non loin. Pourrait-il s'agir d'une piste menant au campement des derviches ? La grotte semblait trop petite mais Farouk devait en avoir le cœur net. Par ailleurs, cette grotte pourrait peut-être contenir le trésor des gobelins tant convoité par Farouk. Sans se poser d'avantage de questions, l'assassin se lança rapidement sur le sentier, d'avantage inquiété par la possibilité d'être découvert par les autres hélions que par ce qui pouvait l'attendre dans cet antre.

Arrivé à l'entrée de la grotte, Farouk s'arrêta net. Celle-ci semblait en effet habitée, ou tout du moins le fut-elle récemment. Tout comme dans la hutte qu'il venait de fouiller, Farouk aperçut des ossements jonchant le sol. Cependant, ces ossements n'étaient cette fois plus ceux de petits rongeurs mais semblaient appartenir à des bêtes bien plus massives. Des hyènes peut-être, ou bien des loups… à moins que ce ne soient des ours ? Mais Farouk n'avait guère le temps ni l'envie de déterminer le régime alimentaire des trolls, car il s'agissait bel et bien de leur lieu de captivité. De lourdes chaînes pendaient en effet des parois de la grotte et se terminaient par d'imposants anneaux de fer destinés, en regard de leurs dimensions, à entraver les mains et les pieds de créatures massives. Les anneaux étaient ouverts et aucune créature ne se trouvait cependant plus enchaînée à ceux-ci.

Un examen rapide de la grotte, peu profonde, pu cependant rassurer Farouk : aucun troll n'était plus présent. Ceux-ci avaient probablement été emmenés par les gobelins lorsqu'ils avaient repérés l'approche des hélions. Il s'agissait d'ailleurs sûrement des deux trolls que Farouk avait pu voir se diriger vers la mêlée. Une fois de plus, Farouk pouvait donc inspecter les lieux sans risquer d'être surpris. Et si le trésor des gobelins était finalement dissimulé là où personne n'oserait s'aventurer : dans la geôle des trolls ?
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#11
L'inspection des lieux fut rapide : il n'y avait guère plus de mobilier dans cette grotte que dans la hutte du chef tribal, ce qui en soit pouvait aisément se comprendre. Pourtant, Farouk eu cette fois d'avantage de chance. Nulle bourse remplie de rognures d'ongles ici mais une veine de mithril qui lézardait une paroi au fond de la grotte. Quelle aubaine ! Sans attendre d'avantage, Farouk agrippa la pioche qu'il gardait attachée dans son dos et entreprit d'extraire le précieux minerai. Le raffut attirerait probablement l'attention des autres hélions mais Farouk n'en n'avait que faire : il ne pouvait passer à côté d'un tel pactole.

Et effectivement, les coups répétés de la pioche et le fracas des métaux s'entrechoquant eurent tôt fait d'attirer un hélion qui s'attendait plus certainement à trouver un nouveau groupe de gobelin qu'un hélion solitaire minant un filon fraîchement découvert. L'individu portait un masque qui ne laissait rien entrevoir de son visage et cachait son corps sous une longue cape sombre.

L'inconnu émit un bruit à peine audible, comme un murmure.

- Mmmh...

Bien que son visage ne fût pas visible, l'ombre immobile de sa capuche semblait trahir un regard insistant, comme si l'inconnu tentait de voir à travers lui. D'une voix sombre, il s'adressa à Farouk.

- Voilà une bien curieuse rencontre au cœur d'un campement sauvage. Mais le butin semble à la hauteur du risque. Est-ce là une des matières les plus rares d'Ecridel que je crois deviner sous ta pioche ?

Farouk aurait pu cacher sa trouvaille, mais le rôdeur devait l'avoir observé depuis longtemps. Il ne servirait à rien de nier.

- Il s'agit bien là d'un filon de mithril, répondit Farouk. Les gobelins n'auront probablement pas eu le matériel nécessaire pour l'extraire ou bien ne connaissaient-ils peut-être pas sa valeur marchande.

- Mmmmh. Les autres auront sans doute achevé d'inspecter le village sans succès. Il y aura plus probablement de quoi leur salir les mains que de quoi leur remplir la bourse.

A ces mots, un petit rire nerveux s'échappa de la capuche, comme si la situation l'amusait. Farouk, lui, resta immobile fixant son homologue en se demandant si celui-ci lui réclamerait une part du filon de mithril qu'il venait de découvrir. L'inconnu reprit.

- Je suis Hanish. Quel nom puis-je mettre sur ta personne ?

- Farouk Al Mahjoub, lui répondit-il sobrement.

- Que les Ombres protègent tes pas Farouk Al Mahjoub, lui lança-t-il d'un ton bienveillant. Il reprit alors, une pointe d'ironie dans la voix. Je t'ai observé durant ton voyage depuis Babylios. Tu sembles aussi seul qu'une vieille hyène malgré l'énergie qui semble t'habiter. Une tanière et une meute sont souvent à-même d'alléger le quotidien...

A ces mots, Farouk fronça les sourcils, méfiant de ces mots mystérieux à la limite de la provocation.

- Que dis-tu ?

Alors le rôdeur tendit une main nue, un petit morceau de parchemin plié entre le majeur et l'index.

- J'ai peu de temps. Ton butin m'intéresse mais je n'ai pas sur moi les moyens de te le payer. Je t'offre pour ce minerai le meilleur prix que tu trouveras en ville. Rends-toi au rendez-vous indiqué sur ce parchemin lors de la prochaine nuit sans lune.

Hanish marqua un temps d'arrêt, semblant observer la réaction de Farouk et sa réceptivité à la proposition qui lui était faite. Sans attendre la réponse de ce dernier, Hanish reprit.

- Viens seul. Nous pourrons prendre du temps pour mieux faire connaissance. Mon intuition me dit que nous avons un bout de chemin à faire côte à côte.

Farouk prit le parchemin et tourna la tête vers le filon enfiché dans la paroi de la grotte. Quand il tourna de nouveau son visage vers l'inconnu, ce dernier avait disparu dans les ombres.
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#12
Après le départ d'Hanish, Farouk repris sa tâche. Etrangement aucun autre aventurier ne vînt perturber son labeur et il pu ainsi extraire deux minerais de mithril sans être d'avantage dérangé. Lorsqu'il sorti de la grotte, il reprit le sentier qui menait au village des gobelins pour s'enquérir de la situation. Les hélions qui avaient lancés l'assaut semblaient tous avoir disparus ou presque. Seuls subsistaient quelques rares aventuriers solitaires tentant vainement de mettre la main sur un trésor dissimulé sous des amas de détritus.

Après avoir interrogé l'un d'eux, Farouk apprit que les collines avaient été fouillées et que celles-ci n'abritaient aucun campement autre que celui des gobelins récemment exterminés. Cette désillusion, accompagnée de l'absence de tout butin sur place, avait entraînée la dispersion du groupe d'aventuriers. L'assassin apprit ainsi que l'Ordre de Solaris était partit en direction du sud-est, espérant découvrir le campement des derviches par quelque heureux hasard, tandis que le reste des aventuriers avaient pris la direction de l'ouest et de Babylios. Enfin, son interlocuteur lui révéla que la fouille du village n'avait rien apporté d'autre que déception, et que tout empestait la mort et les excréments. Mais cela, Farouk le savait déjà.

La décision prise par l'Ordre de Solaris de partir au hasard en espérant débusquer les derviches au milieu du désert semblait à Farouk être une décision hâtive et grièvement irréfléchie. Autant chercher une goutte d'eau dans le désert, pensa-t-il ! Lui ne ferait pas la même erreur. Il savait qu'il fallait rentrer à Babylios pour informer ses commanditaires – les prêtres de Solaris – de leur découverte, ou plutôt de l'absence de toute découverte. D'ici là, il espérait bien que le clergé aurait obtenu de plus fiables informations et qu'ils auraient de nouvelles consignes à lui confier. En outre, l'assassin avait récolté de nombreuses ressources dont il espérait bien pouvoir tirer un bon prix.

Sa décision était donc prise, Farouk quittait la colline aux gobelins pour rentrer à Babylios.
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