Le lire ou pas ?
#1
« C'EST A CETTE HEURE QUE TU RENTRES ! N'AS-TU AUCUNE CERVELLE ! TU VEUX MA MORT, FILLE INDIGNE ?
_ Mais M'man…
_ Silence ! Monte dans ta chambre, et attend que ton père sache ça ! »



Les cris stridents de la cuisine réveillèrent Anwaar Lahad, père en question, qui soupira et décida de ne pas trainer au lit aujourd'hui. Il s'habilla rapidement, la journée promettait d'être longue… Depuis l'autre pièce, il entendait le raffut de sa femme, passant sa rage sur la vaisselle. Une porte claqua dans la cour. Solaria avait du regagner sa chambre, faisant savoir à toute la maison avec quelle injustice on l'avait traité.

Ce matin Anwaar avait à faire, il devait régler encore quelques détails avec Miraak puis filer au Temple. Il pourrait sans doute prétexter une rixe au Souk pour rentrer plus tard. Mais il faudrait quand même régler cette affaire au diner. De la vaisselle serait encore cassée…

Il attendit que les bruits se soient tue pour rejoindre la cuisine. Il prendrait un petit pain chaud sur le chemin, pour le moment il avait droit à une tasse de kaff chaud. Julanr lui en préparait tous les matins. Dégustant son breuvage, il commença à lister ce qu'il faudrait récapituler au Temple. La période était calme sur les frontières, ils avaient le temps d'occuper l'intendance.
Il tourna la feuille.

Citation :« C'est aujourd'hui. Aujourd'hui, je me marie. A partir de ce soir, je serai Julanr Lahad… »
Anwaar avait lu machinalement. Sur cette feuille, une femme, sa femme, racontait sa journée de mariage. Il tourna le cahier. Feuilletant quelques pages, il finit par trouver :

« Journal de Julanr Lahad »

Une petite perle de sueur lui glissa des tempes. Il avait intérêt à rentrer tard ce soir. Anwaar reposa le cahier. Il n'avait jamais pensé que Julanr tenait un journal. Elle avait du oublier de le ranger dans sa colère. Il allait le laisser sur la table… c'était le mieux. Il referma doucement la porte. Si le journal était encore là pour le thé, il pourrait peut-être y jeter un œil discrètement.
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#2
Julanr revint dans la cuisine quelques instants après le départ de son époux. Où était-il passé ? Elle fronça les sourcils. D'accord, il était parti sans lui dire au revoir. Elle soupira et s'assit sur la chaise encore chaude, posant sa tête dans ses mains. Calme, elle l'était à nouveau. Cela était rare qu'elle se mette dans une colère pareille, mais Solaria avait le don de faire tout ce qu'il ne fallait pas.
Restant ainsi pendant quelques minutes, elle releva finalement la tête pour s'apercevoir que son journal se trouvait là. Et qu'est-ce qu'il faisait ici ?! Était-ce Anwaar qui l'avait trouvé et était en train de le lire ? Elle blêmit un peu puis retrouva ses couleurs. Non, sinon il ne l'aurait pas laissé à un endroit si visible. Mais alors qui ? Elle plissa les yeux. Elle trouverait bien.

Elle le prit et se leva pour aller dans le bureau. Là, elle utilisa parchemin, encore et plume pour laisser un petit mot dans son carnet. Elle le glissa ensuite dans un tiroir du bureau et retourna à ses occupations.
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#3
Il avait pu rentrer à la maison en esquivant tout le monde. Même la vieille qui passait son temps à espionner les jeunes s'embrasser sous les porches n'avait pas pu le voir. Être mage avait du bon quelques fois. La maison baignait dans le silence. Les enfants devaient être encore à leur entrainement –ou en théorie, quelque part pour Solaria- et Julanr aimait sortir en début de soirée.

Quelqu'un avait rangé le journal. Julanr l'avait-elle trouvé ? Personne ne l'attendait avec un arc braqué, c'était donc bon signe. Peut-être que la surprise serait pour le diner. Penser qu'il devrait encore régler les frasques de Solaria lui donna la migraine. Il se demandait bien comment Khalid et sa jumelle pouvait être aussi différents. Il se rappelait encore les disputes entre Julanr et son propre père. Peut-être ne fallait-il pas chercher bien loin.

C'est un père de famille fourbu qui s'installa au bureau. Il devait absolument répondre à cette missive de Korri. Quelqu'un avait oublié de refermer le tiroir. Solaria et Chemsa n'étaient pas vraiment posées et Khalid avait désormais sa propre pièce de travail…
Anwaar vérifia que personne n'était dans les parages. Le journal se trouvait là. On l'avait donc reposé à sa place. Mais sa femme s'était-elle rendu compte qu'il avait été lu ? La curiosité l'avait dévoré toute la journée. Même après vingt ans de mariage et trois enfants, sa compagne restait un mystère. Il se sentait un peu coupable tout de même.

Il commença à lire les premières pages, c'était la vie de Julanr au camp, ils ne s'étaient pas encore rencontrés à cette époque. Quand il tourna une nouvelle page, une petite feuille glissa du livre.

Citation :« Mon chéri. Si tu es en train de lire ceci, mieux vaut t'arrêter maintenant. Et si tu commences à le lire, il ne faudrait pas que je le découvre… »
Anwaar ramassa le petit mot et sourit. Il se cala confortablement sur la chaise et recommença à lire. Sa femme rentrerait dans quelques heures…
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#4
31e jour du mois des Unions, 273

Père m'a offert un dromadaire pour mon anniversaire... Je me demande réellement s'il croyait me faire plaisir. Un dromadaire ! Je sais bien qu'ils tiennent un élevage, mais tout de même. Pour sa fille... Même pour un garçon je trouverais ça bizarre mais pour une fille ! En plus ça sent mauvais. Et il a failli mâcher mes cheveux. Ah, si ce n'était pas un cadeau de père, j'en ferais un rôti !
Heureusement que Mère avait aussi un cadeau. C'est une superbe robe rouge en tissu léger dont j'ai oublié le nom. Elle me va parfaitement ! Bien sûr je ne la mettrais que pour de grandes occasions, mais je l'adore.
Entre le dromadaire et la robe, ça ne fait pas un pli. Merci maman !


11e jour du mois du Cerf, 273


Je me demande encore si je ne suis pas trop vieille pour écrire là dedans, et pourtant je continue.

Je viens de revenir du camp militaire. J'ai le droit à un peu de repos à cause de ma blessure, et mon oncle m'a renvoyé ici. Oui, je me suis blessée... Enfin, l'un des goujats de l'entraînement m'a violemment poussé en arrière d'une marche et je suis mal retombée. J'ai la cheville foulée... Et je vais me venger.
Maman était contente de me revoir, Hema et Malik tout autant, et Père aussi. Il a l'impression que je mûris plus vite en étant encadrée par l'armée... Je n'aime pas vraiment ça, mais c'est simplement pour apprendre les bases. J'espère que ça ne durera pas plus d'un an ! Ça fait déjà six mois.
Je préfère bien plus m'instruire intellectuellement, c'est normal. Mais père dit que l'art du combat me servira un jour ou l'autre. J'ai déjà appris à me battre convenablement à l'épée. Mais je préfère l'arc ! C'est moins brutal. Sentir la corde vibrer sous ses doigts, oublier ce qu'il y a autour pour viser... Bon, le problème c'est que je dois attacher mes cheveux, je n'aime pas ça ! Enfin, c'est vrai que quand il y a du vent, je n'ai pas vraiment le choix...


15e jour du mois du Cerf, 273

J'ai dû aller chercher des armes chez un forgeron avant-hier avant de revenir à la maison. C'est une connaissance de mon oncle apparemment. Et là-bas, j'y ai rencontré un jeune homme. Il était en train de battre le fer. C'est le fils de la famille, il s'appelle Anwaar. Il est mignon ! Il a sans doute déjà une fiancée... C'est dommage, même s'il avait l'air parfois un peu lent, du peu que j'ai pu voir, il semblait attentionné et appliqué. … Ce n'est pas mon problème après tout, je ne le reverrai sans doute jamais. Mais à cette pensée, mon cœur se serre quelque peu, c'est étrange.
[Un passage est raturé.]
C'est lui qui m'a remis les épées. [Une grosse rature orne encore une fois la page. Difficile de dire si cela a été fait exprès ou non...] Il a la peau encore douce malgré son travail. Il m'a dit que c'est lui qui les avaient forgées, il a du talent ! Enfin, je le pense... J'espère que je pourrais retourner le voir au moins une fois.


28e jour du mois du Cerf, 273


J'ai vu une délégation d'Hommes-Bêtes passer tout à l'heure en ville. Ils sont étranges, et tous différents. Je me demande bien comment ils peuvent vivre comme ça dans la forêt. Ils ne sont que peu habillés mais ils ont l'air forts en même temps. L'un des leurs avait une apparence normale. C'était un « guérisseur » paraît-il. Les autres avaient plus ou moins les traits d'animaux différents.
J'aimerais bien voir leur mode de vie ! Cela doit être bien plus simple que nous... Après tout ils sont proches de bêtes sauvages. Je me demande comment se passe leur toilette. Est-ce qu'ils se trempent juste dans l'eau puis s'ébrouent comme certains animaux ? Je n'ose m'imaginer la toilette d'Hommes-Félins si elle se trouve être comme celles des félins eux-mêmes... Et mange-t-il de la viande ? Est-ce « sacrilège » ou bien est-ce le contraire ? J'aimerais savoir tant de choses à leur sujet. Je vais aller chercher des livres à la bibliothèque pour en apprendre un peu plus.
J'espère que plus tard je pourrais parler avec certains d'entre eux.


4e jour du mois de Givre, 273

Je l'ai revu ! Anwaar. Et il se souvenait de moi. Je devais faire une drôle de tête lorsqu'il me l'a dit. Et je crois avoir rougit, quelle idiote ! Il va s'imaginer des choses après...
Enfin, ça doit être l'odeur de la forge qui me fait me sentir bizarre quand j'y vais. Je n'ai qu'à ne plus y aller, et ce sera réglé... Je n'ai pas envie d'attraper un mal quelconque à cause de cela !


13e jour du mois de Givre, 273


Un garçon a essayé de me voler aujourd'hui. Il ne devait pas avoir plus de dix ans... Je n'ai pas pu me résoudre à appeler un garde pour qu'il l'attrape, je l'ai laissé s'échapper. Qu'il perde une main aussi tôt aurait été affreux… Il n'aurait peut-être même pas survécu ! Et dire qu'ils deviennent plus tard des vauriens.
J'ai de la chance d'être née où il fallait.


17e jour du mois de Givre, 273


Je suis retournée au camp hier... Mais je n'y suis pas restée longtemps. On va dire que mon entraînement a été écourté. Il faut dire qu'il était dans un sale état après que je me sois vengée. Je n'allais pas juste le pousser pour qu'il se torde la cheville comme il l'a fait. C'était bien plus amusant de le voir pleurer comme cela. Le pauvre petit chou, une lame dans la cuisse et il appelle sa mère. Dire qu'il voulait jouer aux costauds. C'est raté là, se faire battre par une fille !
Apparemment je faisais peur à cet instant. Mais il n'avait pas qu'à m'attaquer. Comme si je ne savais pas faire mal. Enfin, il est loin de la mort tout de même... Il a sombré dans l'inconscience et j'avais peur, mais il va bien. Malheureusement, je me retrouve privée d'entraînement. C'est la seule raison pour laquelle je regrette mon geste. Je ne serais pas inquiétée par l'autre imbécile, mon oncle me l'a certifié.
Toutefois je vais continuer le tir à l'arc. Père m'accorde cette exception, si je trouve un endroit adapté pour en faire et où je ne risque pas de blesser quelqu'un ou quelque chose. C'est mieux que rien.
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#5
22e jour du mois de Givre, 273

Maman est décidément bien plus encline que Père à me laisser faire ce que je veux. J'espère qu'il finira par comprendre que je ne lui obéis que quand j'en ai envie...
Elle m'a offert un bel arc ! (Et le carquois qui va avec.) Apparemment il appartenait à mon grand-père. Je ne l'ai jamais vu avant, mais je l'aime bien. Il est en if, et de petites courbures sont gravées sur la surface pour le rendre un peu plus esthétique. La corde est en crin de cheval. Je me demande encore comment l'on peut parvenir à faire des cordes aussi résistantes avec cela.
Père n'a cependant rien dit lorsqu'elle me l'a donné. J'aurais pensé qu'il aurait protesté et que je me serais encore disputée avec lui mais ça n'a pas été le cas. J'en suis heureuse d'ailleurs. Mais je me doute qu'il est encore loin de me faire des cadeaux pareils !


1er jour du mois du Blanc Manteau, 273

J'ai réfléchi et je crois avoir compris pourquoi j'écris encore là-dedans. Cela me permet de faire le point sur ce que je pense après tout. Et je pense que c'est ce que voulait dire Hema en disant que j'en aurais besoin. Sinon, je ne vois pas pourquoi elle me l'aurait donné : Je n'ai pas de meuble bancal pour lequel j'aurais pu m'en servir comme cale.
Cela continue toutefois d'être en partie absurde, non ?


3e jour du mois du Blanc Manteau, 273

Décidément, je suis heureuse de ne plus être au camp ! Ce n'était pas fait pour moi. J'aime trop ma liberté pour me plier aux ordres de l'armée, même si ce n'est que pour peu de temps. La nourriture n'était pas très bien.
Et puis, je suis loin de tous ces lourdauds. Entre ceux qui bavaient à moitié en voyant les quelques filles se changer, ceux qui me cherchaient des noises et ceux qui pensaient que j'avais besoin de protection... Enfin il y en avait quelques uns avec qui je n'avais aucun problème. Et je me suis fait quelques amies, mais je peux toujours leur écrire. Tant que je suis loin de cet endroit, tout va bien !


8e jour du mois du Blanc Manteau, 273

Cela fait un peu plus d'un mois que je n'ai pas revu Anwaar... Je me demande s'il va bien. Je ne pense qu'à lui ces derniers jours, bien malgré moi. Je me demande si je ne devrais pas en parler à Hema demain matin. Mais je crois avoir compris ce qui se passe. Ce serait donc cela l'Amour ?
Bien que je n'y pensais pas réellement au début, il s'est fait de plus en plus présent dans mes pensées... J'ai des pincements au cœur quand je pense trop à lui, et je deviens anxieuse en me demandant s'il va bien, s'il sera toujours là si je retourne le voir...
[La fin est illisible.]


9e jour du mois du Blanc Manteau, 273

Je viens de lui en parler, oui, c'est bien cela. D'après elle. Peut-être qu'elle cherche à me faire une plaisanterie de mauvais goût aussi. Ce serait tout elle.
Mais qu'est-ce que je devrais faire maintenant ? Retourner le voir ? Non, lui ne doit même pas se souvenir de moi. Je suis une fille ordinaire après tout, et il doit en connaître bien d'autres ! Mais... J'aimerais juste le savoir. Peut-être demander à Malik d'aller lui parler discrètement, s'il n'est pas trop occupé. Et surtout lui demander de tenir sa langue alors, je n'ai pas envie que père soit au courant.
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#6
Anwaar reposa lentement le petit carnet. Près de lui, la bougie faiblissait doucement. Quelle heure pouvait-il bien être ? Evidemment, Solaria était encore dehors. Non point qu'il y ait à s'inquiéter pour elle, son père avait veillé à ce que tous ses enfants sachent se défendre. Contre tous type de danger. Mais il plaignait un peu les pauvres jeunes hommes de Babylios.

Combien de jour déjà ? Trop. Quand elle partait ainsi Julanr lui manquait. Il devait bien l'admettre, même après 20 ans de mariage, être loin de son aimée le plongeait toujours dans la mélancolie. Le dernier passage surtout lui avait rappelé de doux souvenirs. A l'époque il était jeune, fou et naïf. Il avait fallu que sa tante lui explique les choses plusieurs fois patiemment. Ses amis avaient ri, cependant il ne regrettait aucun des choix qu'il avait fait avec cette fougueuse archère qui était sa femme.
Preuve en est, Solaris lui avait accordé trois adorables marmots…

Il relut pour la millième fois la missive sur la table.

Citation :Mon chéri,

Les quelques jours passés loin de toi, me paraissent tellement de temps... Je me sens seule sans toi à mes côtés. Je rentre bientôt à Babylios, fort heureusement.
J'espère que vous allez tous bien. Je suppose que les enfants sont avec toi, à part Solaria... Embrasse-les de ma part s'il te plait.

Prends soin de toi et d'eux,
Je t'aime,

Julanr
Encore plusieurs jours d'attente. Et il faudrait sans doute ranger la maison. Il devait aussi s'occuper des armes des enfants. Julanr reviendrait juste à temps pour repartir en mission avec la guilde. La première vraie « sortie » pour Chemsa. Il faudrait fêter ça.
Oui, les jours à venir promettaient d'être longs. Et il y aurait de longues soirées pour lire la suite du journal.
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#7
12e jour du mois du Blanc Manteau, 273

Je suis finalement retournée voir Anwaar. J'étais encore plus heureuse de le revoir que je ne l'aurais cru. Mais je ne lui ai pas sauté au cou pour autant ! Je devais avoir l'air fine avec ma couleur tomate encore une fois. Il avait l'air content de me voir à nouveau lui aussi. Nous avons discuté un peu et j'ai fini par prendre mon courage à deux mains : je lui ai proposé une promenade !
Nous avons flâné un moment dans les rues et il a fini par proposer de sortir un peu de la ville. Si j'avais pensé que je monterais réellement sur un dromadaire un jour... Mais mon forgeron m'a fait oublié cet animal désagréable, sa compagnie est si plaisante. Nous sommes allés jusqu'à une petite oasis à l'ouest puis nous avons fait demi-tour et heureusement ! La nuit tombait quand nous sommes rentrés. Il m'a raccompagné. Mais il ne s'est rien passé d'autre.
Je suis vraiment heureuse d'y être retournée... Maintenant il sait où j'habite et j'espère qu'il viendra vite me voir. [Un petit cœur est dessiné.]


Deux pages semblent avoir été arrachées.



26e jour du mois du Blanc Manteau, 273


Un des jeunes hommes qui était au camp militaire également, et qui m'était relativement sympathique, est passé me voir... Soit disant pour prendre de mes nouvelles. Je ne savais pas vraiment comment réagir. Je ne sais pas comment il a su où j'habitais, je ne lui avais même pas dit mon nom de famille. Mais puisqu'il appartient à l'une des familles bien en vue ces derniers temps, je suppose qu'il lui a été facile de le savoir... Heureusement, il n'est pas resté longtemps.
Mais Père était là et sa tête faisait un peu peur. D'abord parce qu'il a cru que je voyais quelqu'un sans qu'il soit au courant... Bon, c'est en partie le cas mais ça ne risque pas d'être lui ! Et plus tard en découvrant à quelle famille il appartenait. J'espère que ce nigaud ne va pas revenir me voir et qu'il ne va pas passer par la tête de Père un mariage. Puisqu'il ne croit rien de ce que je lui dis !
Et si jamais il faisait quoi que ce soit allant en ce sens, je ne lui obéirais pas !


29e jour du mois du Blanc Manteau, 273


Anwaar est venu me voir ! Heureusement que Père n'était pas là. Enfin, il le saura par un domestique sans doute, mais au moins ne m'a-t-il pas gâché ce moment.
Et dire que je me prélassais encore dans mon lit quand on m'a annoncé qu'il était là. Et je n'allais pas me présenter en robe de chambre ! Le pauvre, il a dû attendre une dizaine de minutes. Il est d'une gentillesse presque naïve avec moi, cela le rend encore plus mignon. En fait, il me donne par moment l'impression de n'être qu'un enfant.
Je me demande... S'il est venu me voir, cela veut dire que je ne l'indiffère pas, mais peut-être n'est-ce que de l'amitié. J'espère que non ! Je devrais prendre mon mal en patience. Si je l'intéresse, il finira par me le dire...


4e jour du mois du Blanc Manteau, 273

Malik part faire un tour du côté du territoire des Hommes-Bêtes, ou tout du moins vers l'Ouest... Sans un grand-frère pour m'empêcher de faire toutes les bêtises que je voudrais, à qui je peux dire tout ce qui me passe par la tête, et qui veille sur moi, je sais que cela va faire vide. Il ne sait pas vraiment pour combien de temps il part, mais il m'a dit qu'il nous enverrait régulièrement des nouvelles. Il part avec quelques amis « à l'aventure », comme il m'a dit. N'importe quoi.
Enfin, j'espère qu'il me ramènera des anecdotes sur les Hommes-Bêtes, s'il en croise, et pleins d'autres choses ! Je ne doute pas que Solaris veillera sur lui. Et puis, il a intérêt de revenir en un morceau... Déjà que Viraj commence à faire des bêtises, s'il n'a plus de père pour l'encadrer !
Il va vraiment me manquer...
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#8
11e jour du mois des Douceurs, 274

Je suis tellement heureuse ! Ça fait longtemps que je n'ai rien marqué mais il le fallait bien pour ça. Anwaar a demandé ma main à Père... Et il a dit oui. D'accord il a un peu hésité mais il a accepté. J'ai eu un peu peur. Je promets d'être plus gentille avec lui maintenant.


20e jour du mois des Fleurs, 274


Le mariage s'est bien passé. Bien que certaines personnes invitées ne semblaient pas tellement apprécier cette union, il n'y a pas eu de soucis. Ils tiraient parfois de ces têtes. Étrangement, il s'agissait essentiellement des amis de mes parents qui auraient pu m'avoir comme belle-fille...
Malik est revenu à temps pour l'événement, comme il me l'avait dit dans une lettre. J'en suis heureuse, cela aurait été quelque peu triste sans lui. Surtout quand il avait trop bu ! Il a commencé à faire des avances à une bouteille et à dire et faire d'autres choses dont il ne veut pas que nous reparlions.
J'ai gardé ma robe... Bien que je ne la remettrais pas, elle est tellement belle, je ne vais pas m'en séparer.



2e jour du mois des Dieux, 274


Nous avons fini d'emménager dans ce petit village, Anwaar et moi. Être juste tous les deux... Cela me fait plaisir, et puis, nous serons plus libres vis-à-vis de... certaines choses.
La vie est bien plus paisible ici, et cela a du bon. Bien que ce soit un peu ennuyeux, je pense que je me lierais plus facilement avec les personnes du voisinage.
Je trouve la maison très bien, quoiqu'un peu grande. Et sans domestique pour s'en occuper... Je vais devoir tout le ménage. Anwaar a intérêt à m'aider !


9e jour du mois des Etreintes, 275

Je suis enceinte ! Mais je me demande comment ils vont tous réagir. Nous n'avons jamais vraiment parlé enfants avec Anwaar, toutefois il sera certainement aussi heureux que moi. J'aurais préféré attendre un peu, mais puisque c'est fait.
Après réflexion, je ne vois pas pourquoi j'aurais de l'appréhension, tout se passera bien, non ? Je lui dirais tout à l'heure, quand il rentrera.

Je n'avais vraiment pas à m'inquiéter. Anwaar a presque sauté de joie partout ! Il a même été le crier dans la rue quelques instants. Je l'aime tant.
J'attends à présent la réponse de mes parents. Je leur ai envoyé une lettre en attendant qu'il rentre.


9e jour du mois des Pluies, 275

La voisine parle un peu trop à Anwaar à mon goût... Ce n'est peut-être qu'une impression, mais elle discute avec lui longtemps à chaque fois qu'elle le croise... En tout cas, cela fait déjà plusieurs fois que je le vois depuis la fenêtre. Je vais rester bien sur mes gardes par rapport à elle...
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#9
14e jour du mois des Douceurs, 275

Cela fait quelques temps que j'ai repris mon « étude » des Hommes-Bêtes. Je ne peux pas faire grand-chose d'autre à présent. Anwaar commence à m'interdire de faire quoi que ce soit, de peur pour moi et l'enfant.
Me voilà donc obligée de passer mon temps à lire, écrire des résumés de ce que je lis pour clarifier les informations que l'on possède… Cela reste toutefois très intéressant et c'est une bonne occupation. Peut-être que je ferai un livre de toutes les informations intéressantes sur ces Hommes-Bêtes, un jour… Mais j'aimerais pouvoir bouger comme avant. Par moment, je me sens vraiment très mal, autant que physiquement et mentalement… C'est exaspérant. Je plains mon pauvre époux qui doit subir cela…


26e jour du mois du Cerf, 275


J'ai accouché il y a quatre jours, mais je n'ai pas vraiment eu le temps de me poser pour écrire. A présent, ils dorment tous les trois, mais moi je n'y arrive pas. Trois ? Anwaar, et nos deux enfants. J'ai eu la joie (et la douleur) d'accoucher d'une fille et d'un garçon : Solaria et Khalid. Ils sont tellement beaux. Et ils sont blonds. Anwaar les appelle déjà « élus de Solaris ». Pour ma part, je préfère attendre et voir si leurs cheveux ne noircissent pas en poussant… Après tout ils viennent de naître. Mais s'ils restent blonds, alors sans doute seront-ils favorisés par Solaris.

Le travail a été long ! Mais mon Anwaar est resté près de moi, il ne voulait pas partir. En un sens, j'aurais préféré qu'il attende dans une autre pièce, cela ne devait pas être très joli à voir...

Nous allons retourner à Babylios. Bien sûr, il est hors de question que cela se fasse dans les jours qui suivent, les enfants sont trop petits. Mais peut-être que dans six mois nous serons de retour dans notre belle capitale.


3e jour du mois du Givre, 275


Être mère ou père se trouve être plus éreintant que je ne le pensais. Surtout être mère. Quoique, les cris des bébés au beau milieu de la nuit nous dérange tous les deux, mais ce n'est pas Anwaar qui doit faire tout le reste.
Cependant, je suis tellement contente d'avoir ses petits bouts de choux. Sans doute parce qu'il s'agit bien de mes enfants. Je ne pense pas que je supporterais ceux d'autres personnes.


14e jour du mois des Bourgeons, 276

Nous voilà de retour à Babylios. Le temps passé hors de ces murs aura été court ! Mais il me plaît de retrouver cette activité intense de la ville. Nous nous sommes installés assez proche de chez mes parents à vrai dire… Mais assez loin pour ne pas être embêtés.
Toute la famille était ravie de voir enfin mes deux anges. A part peut-être Viraj qui n'en avait pas grand-chose à faire… Mais c'est de son âge. Enfin, je pourrais demander de l'aide à ma mère ou ma sœur si jamais il y avait un problème.


Il ne semble pas y avoir d'autres mots écrits dans ce carnet, mais il faut dire que la plupart des pages suivantes ont été arraché…
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