03-12-2013, 21:50:47
Pas de pitié pour les caves
La ville gît sous la lumière des astres. Ses rues inanimées ronflent à point fermé dans la douceur nocturne. Ceux qui ne dorment pas ont les paupières lourdes.
Ici un boulanger se lève péniblement pour commencer son œuvre. La bas un ivrogne s'écroule dans un caniveau. Au temple, quelques moinillons zélés mènent l'office de nuit. La garde somnole en attendant la relève.
Le calme ? Pas vraiment. Un bruit au loin. Une cavalcade. A l'Est, dans les quartiers pauvres. Une fuyarde. Deux poursuivants.
Le premier.
Une gueule de travers. Des yeux de fouines et le rictus qui va avec. Ses cheveux noirs et graisseux plaqués sur un crâne retors. Une robe bringée comme un paillasson. Un corps maigrelet. Une allure de tuberculeux.
Gérald.
Dit Gégé, Gégé la Teigne. Dit Le Jacteur. Dit Le Bravache. Dit l'Enfant de Putois. Dit Sa Majesté des Emmerdes. Dit Porte-Malheur. Petit comme un poney. Mauvais comme son surnom. Bras droit de l'Etalon depuis quatre ans et un bon millier de coups bas. Son truc à lui, c'est de pérorer. De blaser. D'insulter. De faire entendre le message.
Le second.
Pollux. Le Boucher de la rue des Rois, l'Arrache-Cœur, le Brise-Jarrets. Dit Paulo, pour les intimes. Dit Paulo l'Equarisseur, pour les autres.
Taillé comme un taureau et aussi malin. Une robe brune comme la peste. Une mâchoire carrée et un faciès de tueur. Un regard qui jette un coup des éclairs, et l'autre regarde passer la caravane. Un crane rasé de près. Des muscles saillants et des veines comme des fleuves. C'est le Muscle du Bras Droit. Ou bien son Poing. Trois ans de service au service de l'Etalon et une petite centaine de cadavres. Paulo ne parle pas. Il correctionne. Il asperge. Il ventile.
Son rôle à lui ? C'est faire passer le message.
Le message, elle l'a entendu mais préfère ne pas le sentir passer. Alors elle galope comme une dératée, la frousse aux trousses et la mort sur ses talons.
Elle ? C'est Adra. Mais de la ou d'elle vient, dans les ruelles obscures qui composent son univers, on la connait que sous le pseudonyme d'Aragne. Bientôt dite Aragne l'Ecrasée, la Morgue, la Froide, l'Ecchymose et ainsi de suite. Spécialisée dans l'escroquerie qui finit mal - celle qui ne verse pas ses dividendes à qui de droit.
En somme une cave.
Et pas de celles en sous-sol. Plutôt de celles dont le cadavre finit dans un caniveau.
Tournant à droite. Tournant à gauche. Derrière, un bruit de craquement. Pollux qui pulvérise un obstacle. Pousse un cri rageur. Courir après des mouflards, ça l'irrite, l'a pas la fibre paternelle le Paulo.
Gégé crie de la saloperie. Des « J'vais t'caner » et autres crèves. Môsieur manque de politesse. L'Aragne elle commence à manquer de souffle comme de patience.
Sauf qu'un centaure, ça grimpe pas au toit. Ca se cache pas dans un buisson. Ca vit pas une course poursuite de bipède. Les disparitions subites au détour d'une ruelle, c'est du complexe quand on a quatre sabots. Alors ça dure, dure, dure. Ses poumons sont en feu. Elle est maintenant bien loin de son quartier natal. Quelques précieuses minutes la séparent de ses poursuivants.
Un lac. Des hautes herbes.
S'immerger. Le coup du roseau. Aucune chance que ça passe mais son corps ne sait plus la porter. Alors le tout pour le tout et le reste entre les mains de la Déesse.
L'eau froide la fait frissonner alors qu'elle s'enfonce sous les flots. Ses poursuivants passent au galop. L'obscurité leur cache les vaguelettes qui rident la surface de l'ondée.
Ils s'éloignent dans un concert de jurons. Elle émerge. Trempée. Glaçée. Brisée.
Mais vivante.
Citation :-Vous idéalisez M'sieur le Commissaire. C'est pas dans mes ambitions de finir au trou à Fleury-Mérogis.La nuit. De ces heures sombres qui précèdent l'aube. Entha Kaldora.
-Non, mais y'a de la promotion dans l'air. Tu pourrais finir dans un trou au Père Lachaise.
Les inconnus, Pas de bégonia pour le cave.
La ville gît sous la lumière des astres. Ses rues inanimées ronflent à point fermé dans la douceur nocturne. Ceux qui ne dorment pas ont les paupières lourdes.
Ici un boulanger se lève péniblement pour commencer son œuvre. La bas un ivrogne s'écroule dans un caniveau. Au temple, quelques moinillons zélés mènent l'office de nuit. La garde somnole en attendant la relève.
Le calme ? Pas vraiment. Un bruit au loin. Une cavalcade. A l'Est, dans les quartiers pauvres. Une fuyarde. Deux poursuivants.
Le premier.
Une gueule de travers. Des yeux de fouines et le rictus qui va avec. Ses cheveux noirs et graisseux plaqués sur un crâne retors. Une robe bringée comme un paillasson. Un corps maigrelet. Une allure de tuberculeux.
Gérald.
Dit Gégé, Gégé la Teigne. Dit Le Jacteur. Dit Le Bravache. Dit l'Enfant de Putois. Dit Sa Majesté des Emmerdes. Dit Porte-Malheur. Petit comme un poney. Mauvais comme son surnom. Bras droit de l'Etalon depuis quatre ans et un bon millier de coups bas. Son truc à lui, c'est de pérorer. De blaser. D'insulter. De faire entendre le message.
Le second.
Pollux. Le Boucher de la rue des Rois, l'Arrache-Cœur, le Brise-Jarrets. Dit Paulo, pour les intimes. Dit Paulo l'Equarisseur, pour les autres.
Taillé comme un taureau et aussi malin. Une robe brune comme la peste. Une mâchoire carrée et un faciès de tueur. Un regard qui jette un coup des éclairs, et l'autre regarde passer la caravane. Un crane rasé de près. Des muscles saillants et des veines comme des fleuves. C'est le Muscle du Bras Droit. Ou bien son Poing. Trois ans de service au service de l'Etalon et une petite centaine de cadavres. Paulo ne parle pas. Il correctionne. Il asperge. Il ventile.
Son rôle à lui ? C'est faire passer le message.
Le message, elle l'a entendu mais préfère ne pas le sentir passer. Alors elle galope comme une dératée, la frousse aux trousses et la mort sur ses talons.
Elle ? C'est Adra. Mais de la ou d'elle vient, dans les ruelles obscures qui composent son univers, on la connait que sous le pseudonyme d'Aragne. Bientôt dite Aragne l'Ecrasée, la Morgue, la Froide, l'Ecchymose et ainsi de suite. Spécialisée dans l'escroquerie qui finit mal - celle qui ne verse pas ses dividendes à qui de droit.
En somme une cave.
Et pas de celles en sous-sol. Plutôt de celles dont le cadavre finit dans un caniveau.
Tournant à droite. Tournant à gauche. Derrière, un bruit de craquement. Pollux qui pulvérise un obstacle. Pousse un cri rageur. Courir après des mouflards, ça l'irrite, l'a pas la fibre paternelle le Paulo.
Gégé crie de la saloperie. Des « J'vais t'caner » et autres crèves. Môsieur manque de politesse. L'Aragne elle commence à manquer de souffle comme de patience.
Sauf qu'un centaure, ça grimpe pas au toit. Ca se cache pas dans un buisson. Ca vit pas une course poursuite de bipède. Les disparitions subites au détour d'une ruelle, c'est du complexe quand on a quatre sabots. Alors ça dure, dure, dure. Ses poumons sont en feu. Elle est maintenant bien loin de son quartier natal. Quelques précieuses minutes la séparent de ses poursuivants.
Un lac. Des hautes herbes.
S'immerger. Le coup du roseau. Aucune chance que ça passe mais son corps ne sait plus la porter. Alors le tout pour le tout et le reste entre les mains de la Déesse.
L'eau froide la fait frissonner alors qu'elle s'enfonce sous les flots. Ses poursuivants passent au galop. L'obscurité leur cache les vaguelettes qui rident la surface de l'ondée.
Ils s'éloignent dans un concert de jurons. Elle émerge. Trempée. Glaçée. Brisée.
Mais vivante.