L'idiot au pied de l'arbre
#1
Les saisons passaient sur la forêt de Korri. Les saisons ne semblaient pas affecter l'idiot qui se reposait au pied du grand chêne à la sortie de Jada.

L'idiot n'adressait jamais la parole à ses concitoyens. Il se contentait de rester assis dans l'ombre de l'arbre, à parler tout seul. Parfois on le voyait se lever pour jouer avec son épée. Parfois il disparaissait plusieurs jours et revenait ensuite au pied de l'arbre, allumait un feu et faisait griller le fruit de sa chasse. Le plus souvent, il restait là à somnoler ou à parler tout seul, sa capuche enfoncée sur sa tête. Ceux qui prirent le temps de l'observer plus longuement constatèrent qu'il parlait systématiquement en direction des ombres. Quand il brandissait son épée, il semblait jouer avec elles. Mais dans l'ombre du chêne, on ne distinguait rien. Rien qui ne vaille la peine de brandir une épée ni d'entamer une conversation.

Le chêne à la sortie de Jada avait été rebaptisé "l'arbre de l'idiot".
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#2
L'hiver avait jeté son dévolu sur Korri. Un soleil pâle éclairait poussivement les arbres de la forêt, donnant au sous-bois une atmosphère feutrée.

Les timides rayons filtrant au travers des feuillages réveillèrent l'idiot. Il se leva et ramassa son épée qu'il avait laissé contre un rocher. Il parla tout seul pendant un moment en recouvrant du pied les quelques braises survivantes du feu de la nuit. Une fois qu'il eut fini, il ramassa son baluchon, ajusta sa capuche et s'éloigna du chêne en direction du sud-est. Quelques secondes après son départ, l'ombre de l'arbre sembla ondoyer légèrement.

A l'issue de cet étrange phénomène, l'ombre se déforma de façon inexplicable, un chat en sortit et emboîta le pas de l'idiot. Le chat était de grande taille, haut sur pattes et son pelage noir de jais reflétait la lumière de façon inhabituelle. Après avoir parcouru une dizaine de mètres, le greffier s'arrêta, s'assit et se mit à lécher sa patte avant droite avec insistance. L'idiot s'arrêta à son tour et se retourna.


Si tu commences comme ça, on est pas rendu.

A ces mots, il fit quelques pas en direction du chat, s'inclina légèrement et tendit le bras dans sa direction.

Avec une grâce impressionnante, le félin grimpa le long du membre qui lui était offert et alla se loger sur l'épaule de l'idiot avec ce qui semblait être un léger sourire. L'idiot fronça un sourcil et reprit sa route.


Tu me fatigues déjà...
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