Evil dead
#29
Surplombant le champ de bataille du sommet de la colline sur lequel il avait pris pied, Céolaf eut tout le loisir d'observer les meutes rampantes et glapissantes de créatures d'outre-tombe qui s'attaquaient inlassablement à tous les êtres vivants qui s'aventuraient à portée de leurs griffes jaunies ou de leurs dents pourries. Un frisson lui parcourut l'échine : ces créatures impies étaient tout bonnement terrifiantes !

Qu'importe ! S'il ne pouvait trouver en lui le courage nécessaire pour les affronter, il n'était pas digne de prétendre défendre la déesse. Les non-morts faisaient des ravages terribles non seulement dans les rangs armés de son peuple et de leurs "alliés", mais aussi parmi les innocents qui vivaient dans cette région d'Ecridel. Partout, il pouvait voir des corps de civils déchiquetés au milieu des guerriers. Femmes, vieillards, enfants... aucun n'avait trouvé pitié aux yeux des revenants. La déesse ne pouvait tolérer de telles exactions. Pas plus que lui.

Sa main droite alla saisir le pommeau de l'immense flamberge qui battait dans son dos, et la tira de son fourreau dans un long crissement métallique. C'était une lame particulièrement imposante, longue de près de trois coudées et demi, qu'il avait forgée lui-même dans un alliage de fer et d'argent qui lui conférait une couleur particulièrement claire. La poignée figurait en son extrémité une tête de cheval devant une pleine lune, symbole de la famille Médras.

Son pouce gauche vint dessiner un croissant de lune sur son front tandis qu'il adressait une prière silencieuse à la déesse. Poussant un formidable cri de guerre, il se mit alors à dévaler la colline dans un galop qui devint rapidement une charge puissante. Sa formidable flamberge tournoyait dans l'air en chantant tandis qu'il plongeait dans la masse informe et grouillante des non-morts.

Le premier revenant qu'il rencontra ralentit à peine sa course lorsqu'il le percuta de plein fouet et l'envoya au loin telle une poupée désarticulée. Un second fut brisé sous les fers d'argent qui ornaient ses sabots puissants. D'autres goûtèrent à sa lame, qui tranchait dans les chairs putréfiées des créatures comme dans du beurre. Dans des tentatives désespérées de riposte, les fantômes tentaient d'atteindre le guerrier de leurs attaques. D'aucuns griffaient dans un crissement odieux les épaisses plaques de fer lunaire qui couvraient l'ensemble de son corps, tandis que d'autres tentaient de les matraquer de leurs armes rouillées. Mais son armure était un objet d'excellente facture, et les uns comme les autres échouaient dans leur entreprise de blesser le Centaure furieux.

Voyant que d'autres étaient en difficulté, il tailla de plus belle dans les rangs des créatures, fauchant toujours plus de monstres, tant pour réduire leurs effectifs que pour attirer l'attention. Ses coups étaient un concentré de violence, bien éloignés des techniques raffinées qu'il avait pu observer chez les Elfes. Mais nul n'aurait pu nier l'efficacité de ses coups de boutoir. Ceux qui en étaient victimes moins que tout autre...

Il n'était guère seul à affronter la marée de non-morts. Peut-être pouvait-il rallier les autres combattants des environs pour effectuer une percée et rejoindre à leur tour le village nain de Kromgar avant qu'il ne soit réduit en cendres. Fracassant à coups de flamberge le crâne d'un dernier mort-vivant, il fit volte-face d'une ruade et gagna le sommet d'une colline proche. Il s'empara de la corne d'ivoire qu'une boucle en crin maintenait contre sa poitrine, et la porta à sa bouche. Une longue note s'éleva de l'olifant et emplit rapidement les collines. Une note vibrante et profonde, amplifiée par le relief environnant et pénétrant le cœur de chacun, que ce soit pour y distiller l'effroi ou la vaillance. Une note à la fois terrible et magnifique que semblaient hurler tous les guerriers déjà tombés.

Lorsque finalement le chant du cor mourut dans le lointain, Céolaf hurla à qui pouvait l'entendre :


"Avec moi ! Une charge héroïque est une belle mort pour un guerrier !"

Et joignant le geste à la parole, il s'élança une fois de plus dans la marée grouillante des ennemis, faisant chanter l'épée et craquer les os...
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