les signes
#2
Barkant sentit progressivement son esprit quitter son enveloppe physique. La sensation était aujourd'hui bien connue du Chaman, après plusieurs années d'étude de son art, que le Synmens avait consacrées depuis déjà bien des lunes.

Une fois libéré de son propre corps, il chercha à entrer en communion avec les esprits. Un jeu d'enfant pour un Émissaire accompli. Il n'eut pas longtemps à attendre avant de sentir leur contact.

Le Feu d'abord, bien moins violent qu'aux premiers jours, dansant en lui pour l'envelopper de sa chaleur bienfaitrice.
Puis vint la Terre, ferme et implacable, sévère et immuable.
L'Air ensuite. Léger, tourbillonnant.
L'Eau enfin, tel un fleuve rassérénant qui coulait en lui pour emporter ses maux et purifier son âme.

Il était en contact avec les esprits, et les esprits lui parlèrent.

La conversation fut longue, surtout pour le monde des esprits où les informations circulent en quelques secondes.

Le Centaure évoquait son inquiétude et celle des siens.

Mais les esprits semblaient confiants.

Tous étaient conscients des dégâts que faisait la tempête, mais tous avançaient qu'elle était nécessaire. Même le Feu acceptait de ne plus brûler pour que l'Eau et l'Air puissent agir ; pour que l'Eau puisse baigner la Terre pour que la Terre soit baignée par l'Eau.

Cette tempête était la volonté des esprits, et ne durerait pas plus longtemps que nécessaire.

Que ce soit un jour, une semaine, un an ou un siècle, elle finirait par prendre fin. Et la volonté des esprits serait accomplie.

Il n'y avait aucune malice derrière ces pluie diluviennes ; aucune sorcellerie derrière ces vents hurlants ni derrière ces éclairs crépitants.

Même si cette tempête devait prélever son tribut sur la vie, elle le rendrait au centuple. Les fleuves regagneraient leur lit en laissant derrière eux un limon fertile ; les nappes d'eau souterraines se rempliraient ; de nouvelles formes de vie végétales et animales seraient amorcées, pour se développer dans des centaines d'années.

Ce n'était pas la première tempête de cet acabit. Mais les autres avaient précédé l'avènement des peuples doués de raison. Mais ces mêmes peuples ne sont qu'une facette de la vie, et ils doivent comme les autres subir de tels événements pour que d'autres formes puissent un jour exister.

Après ces longues explications, l'Eau demanda au Centaure :


"Tout est-il clair, Émissaire ? Ou nos desseins comportent-ils encore une part d'ombre que tu voudrais nous voir éclaircir ?"
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