Tour Holdar

[Thessalie Fauchauvent]

La prêtresse était restée silencieuse depuis le début. Ses yeux guettaient les protagonistes parlaient les uns après les autres, muée dans un calme olympien et dans un profond respect. Bien sûr l'on parlait de son rang, et cela ne l'étonna pas que l'Archidruide ne soit du même avis que le Chaman ; elle ne cilla pas. Elle était aussi étrange que changée, comme si quelque chose en elle avait mûri, ou éclos. Oui, c'était ça : quelque chose avait éclos.
Elle avait vu le sang et la guerre, et surtout, surtout, elle avait sentit une force incontrôlable explosée d'entre ses mains, nourrissant chaque parcelle de son corps, chaque veine et vaisseaux. Son être entier avait été baigné dans la certitude et elle était aujourd'hui capable – et surtout persuadée – qu'elle était le nouvel instrument d'Aletheria. Une nouvelle Grande Prêtresse selon les mots même de Cyrallus et des siens.

Elle fronça nettement les sourcils à entendre Val'Kyria qui, si elle était le Capitaine des centaures, se montrait sans doute beaucoup trop – aux yeux de la prêtresse – virulente. Elle-même connaissait l'armée et les ordres militaires, et on ne pouvait pas punir des hommes qui, loyaux, avaient obéis aveuglément à des ordres. Quand bien même ces ordres étaient stupides, ils n'avaient fait qu'obéïr. Elatos était, à ses yeux seulement visiblement, le seul responsable, et il était à présent mort, laissant derrière lui ses frères et sœurs répondent à sa place de ses actes.

« Des fanatiques ? »

La voix claire de la prêtresse sonnait, pour la première fois, comme une véritable brûlure. Ses lèvres jusqu'alors crispées s'étaient entreouvertes sur une bouche adorable, oui adorable, mais une bouche qui à présent serait la voix de la Déesse.

« Ceux ne sont que des croyants, des croyants avec une foi remarquable, et c'est bien parce qu'ils sont pieux qu'ils me défendront et défendront Aletheria. »

Elle posa ses prunelles claires sur le Roi : « Les punir de leur naïveté envers un chef imposant, comme l'était Elatos, me semble être une erreur. Ils sont loyaux et obéissants, et former une fracture entre eux et nous serait contraire, je crois, à ce que notre Mère voudrait pour nous. »

Elle tourna doucement la tête vers Val'Kyria : « Elatos fut responsable et fut puni. Ils n'ont fait que répondre à leurs chefs, tout comme ils répondront à vos ordre si vous les prenez de nouveau Val'Kyria. Ils n'ont voulu la mort de personne, et d'ailleurs, à part Elatos, lequel d'entre eux peut-être accusé d'être un meurtrier ?
Ce qui serait une traîtrise, ce serait de leur tourner le dos alors qu'ils ont pris le bon chemin de bon cœur, en s'excusant.

Pour ce qui est de ma part, je leur ai déjà accordé mon pardon. »

Le ton était plus assuré, Aonie avait de nouveau quelque chose dans les yeux, une nouvelle flamme, une nouvelle raison d'être sans doute...