Pour quelques rondins de plus
#1
Le vent souffle sur la plaine...

Daenariel et d'autres bras cassés de l'Elendaë se retrouvaient encore une fois en fâcheuse posture au milieu de la plaine de Karios. A croire qu'ils recherchaient ce genre de situations. Pas de démonistes cette fois, rien qu'une transaction commerciale qui aurait dû se passer sans encombre. Une besogne de mercenaire, un travail d'enfants. Mais voilà, chaque famille a ses sales gosses.

Il fallait aller récupérer un convoi de rondins à Kromgar parce que l'Empire manquait probablement de bois de chauffe. Les palais y étaient vastes et la pierre froide. Lorsque l'annonce fut passée par un marchand de renommée, les fils du renouveau se trouvaient à Nim Duin, attirés à la ville-frontière par la rumeur de demoiselle en détresse à secourir. Lorsqu'ils arrivèrent sur place, deux sylvains et un nain furent exécutés alors qu'ils fuyaient les lieux tandis qu'Anialir invoquait la mort du hait de sa tour. Aucune détresse n'était à déplorer et c'était bien dommage.

Ils se mirent alors en route vers l'avant poste nain. Si servir Asteras était toujours un plaisir, le faire loin de la politique viciée de la cité l'était encore plus. Daenariel-Syndra aimait les longues trottes dans la nature chatoyante aux abords de l'Erion et la bonne compagnie de sa soeur lorsque cette dernière n'était pas plongée dans ces bouquins. En plus, pour une fois, son talent tout relatif pour lire une carte et décrypter le paysage s'avérait utile.

C'est d'ailleurs en se plongeant dans ses cartes qu'elle eut le pressentiment que quelque chose clochait. Que les nains acceptent de vendre quoique ce soit aux hauts efles étaient déjà une énigme en soi, mais un rapide coup d'œil sur le monde connu fit apparaître un autre mystère : d'où venait tout ce surplus de bois ? Les nains avaient encore moins de forêt sur leur territoire que les autres et pourtant ils en avaient à revendre ? Daenariel trouvait cela louche mais ne dit mot de peur de passer pour une idiote. « C'est probablement car tout leur mobilier est deux fois plus petit que le notre qu'ils ont trop de matière première » se conforta-t-elle « J'ai entendu dire qu'ils n'avaient pas de lit mais qu'ils dormaient dans des trous de terre dont seul dépasse leur barbe sur laquelle on tire pour les réveiller, comme les patates dont ils ont la morphologie.»

Elle réussit à oublier ses inquiétudes jusqu'à l'apparition du convoi. Celui-ci ne les avait pas attendu pour quitter Kromgar. De plus, une grande bâche avait été jetée au dessus de la marchandise, cachant celle-ci à leur curiosité. Enfin, et surtout, les chariots n'étaient absolument pas protégés. Le premier Sylvain passant par là aurait pu se faire une orgie nécrophile (parce qu'ils étaient les amants de la forêt, n'est-ce pas ?).

Daenariel sentit le coup fourré à plein nez et courut au sommet d'une colline afin d'avoir une vue plus claire de la situation. De là, elle aperçut plusieurs nains dont un archer et un seigneur des runes qui semblaient les regarder s'approcher du convoi. Kalina était presque arrivée à hauteur des charrettes, suivie par Edeil'hir et Elwing.
L'imagination de l'éclaireuse s'emballa : elle vit le seigneur des runes lancer un sort sur les rondins de bois préalablement runés qui EXPLOSERENT de mille feux, puis elle vit ses camarades, sa sœur, transformés en torche vivante gesticulés et aboyer des cris d'agonie tandis que des flèches venaient mettre fin à leur souffrance. Un piège, c'était un putain de piège !
Evidemment, comment en aurait-il pu être autrement ?

L'elfe n'avait jamais eu le don de prescience mais elle n'était pas prête à risquer la vie des autres elfes sur son inaction face à ce que lui dictait son instinct. Elle choisit scrupuleusement ses plus beaux carreaux, prit position et éteignit la source du chaos avant qu'elle ne put le déverser : Dearaor gisait désormais dans la plaine.
Soulagée, Daenariel-Syndra regarda sa sœur soulever une bâche afin d'inspecter la marchandise. Elle verrait ainsi les runes tracées pour leur exploser à la figure et tous remercieraient leur éclaireuse pour les avoir sorti de ce mauvais pas.

…Sauf que tout semblait normal du côté du convoi. Le bois était même douloureusement banal.

Les nains témoins de la scène, eux, n'apprécièrent visiblement pas la tournure des événements et se mirent à tirer. Kalina se prit une première flèche dans l'épaule et, se mettant à couvert comme elle put, lança à sa sœur un regard noir du genre qui voulait dire :
-« mais qu'est-ce que t'as encore fichu ? »
Daenariel ne put que hausser les épaules :
-« Oups. »
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