Assez !
#1

Il était là ! Le fou furieux qui voulait détruire le monde ! Ce malade, ce génie ! Merydwïn avait envie de vomir. Vomir de rage devant un tel gâchis, vomir de honte devant sa propre admiration face à cet homme qui était allé au bout de ses rêves.

La pièce baignait dans la lueur des forges. La chaleur étouffante des combats et des flammes brouillait la vision. Les hommes d'armes de Nahgoth et quelques mages formaient ici un dernier rempart, quand il était apparu. Sa magie avait frappé, nul ne pouvait se méprendre sur ce mage criant des ordres à tout va. Les Elendaë ne manquaient pas de courage mais leur folie avait couté cher.
A ses pieds la jeune elfe distinguait à peine les corps morts ou agonisants. Amis, ennemis, elfes d'Asteras ou de Pelethor, il y avait la même douleur dans leurs yeux, le même désespoir se peignait sur leur visage quand ils sentaient la mort venir les prendre. Tant de cris, tant de sang et de souffrance inutile. Ces mages, ces ennemis, ils avaient vécu dans la même ville, vu les mêmes choses. Cet homme qu'elle venait de transpercer d'un projectile … qui était-il, manquerait-il a une femme ou à une sœur ? Ces elfes qu'ils combattaient avaient grandi avec eux, rit avec eux. Et cet autre là, n'avaient-ils pas déjà partagé une table ou un livre ? Et le sylvain qui était mort, qu'était-il venu chercher dans les ténèbres de ces grottes. La gloire, la fortune ? Que vaut la gloire pour les morts.


Rien ne pouvait justifier un tel massacre, aucun être ne méritait de mourir.

« Assez » murmura l'elfe, « il y a eu assez de morts ».

Oragie était pantelante, la mage, si suffisante d'habitude, ne tenait que par sa volonté. Devant, le guerrier centaure se trouvait sans défense. A ses côtés plusieurs mages, hagards et fourbus, tentaient de retrouver un dernier souffle.


« Je vais tenter quelque chose, ne me contredisez pas. Faites passer devant » murmura-t-elle aux elfes les plus proches.

« Seigneur mage Nahgoth ! » sa voix explosa littéralement dans la grotte, répercutée par les murs. On aurait difficilement cru qu'une petite elfe puisse hurler si fort, mais les Arcantistes étaient un excellent entrainement.

« Seigneur Mage ! Cessons cette lutte inutile. Mages, guerriers, nous sommes elfes avant toute chose ! Tous enfants de l'Empire !

Nous ne venons pas prendre les vies de nos frères ! A quelques minutes, les pleutres nains, les traitres des bois et bien d'autres se pressent ici avec pour seule intention la mort des elfes. Vous n'aurez pas la force de contenir tout le monde.

Seigneur mage, rendez-vous ! Rendez-vous auprès de ceux qui vous respectent, ceux qui vous traiteront avec la décence qui s'impose. Rentrez avec nous à Asteras où vous serrez entendu par vos pairs ! Épargnez-vous l'humiliation d'être rattrapé par les nains ou les autres bêtes d'Ecridel. Rien ne vous oblige à mourir, rien ne vous oblige à abandonner l'œuvre de votre vie.

Mage d'Asteras, seigneur mage Nahgoth, rien ne nous oblige à vous tuer. Cessons le combat. Vous êtes nos frères, nous ne l'avons pas oublié. Rendez-vous, vous serrez traités avec respect et dignité ! »


Merydwïn termina sa longue tirade.

Elle ignorait si ces fous pouvaient encore réfléchir, mais il y avait au moins une chose qu'elle pensait vraiment. Ils étaient leurs frères que ça leur plaise ou non. Elle ne pouvait pas massacrer son peuple sans rien faire.

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