Carnet de route d'une Arcantiste
#2
Deuxième soir : Un raccourci vers les champignons !



La mésaventure qui nous frappa au détour d'une vaste plaine d'herbes haute vaut sans doute la peine d'être contée. Tant par la morale de l'histoire que sur les indications géographiques majeures que nous avons pu relever à ce moment.

Nous marchions tranquillement avec Aïevon- vous savez, Aievon Aelis Axiel Auciley Anialor Aryter Adelvis Rëorhur dont je vous ai déjà parlé au chapitre précédent, prenant garde où nous mettions les pieds et méfiants vis-à-vis des alentours.
La région verdoyante de l'est s'étalait longuement en de vastes étendues d'herbes hautes et grasses, riches de buissons à baies et des petits bois charmants. Depuis la traversée de l'Errios, les deux marcheurs n'avaient rencontré aucun danger particulier, mais ils se savaient en territoire hostile. Leur pas était leste et détendu mais ils restaient méfiants et à portée de voix des autres groupes d'éclaireurs. Vers midi ils arrivèrent près d'un vaste champ de fougères sauvages, bordée par un petit bois dense de buisson. Ils auraient pu trouver à manger dans les sous-bois, mais la prudence leur disait de continuer en terrain découvert.

Ainsi nous longions les premières lignes d'arbres, devisant sur la beauté du paysage, quand nous entendîmes un petit bruit venir des fourrées. Nous n'y avons pas pris garde pensant à une bête sauvage qui se serait trop éloigné du couvert des arbres. Soudain, deux formes sombres déboulèrent en trombe d'entre les ombres. Les terrifiantes créatures hurlèrent en plongeant sur nous. Nous n'avons pas eu le temps de réagir, dans un cliquetis de métal et un concert de cri, nous fumes plaqués au sol par les deux assaillants. Je heurtais lourdement la terre plate, le corps massif de la bête étalée sur moi. J'avais le souffle coupé et le bras coincé sous le … postérieur.

« Hé ! Salut cousine Mery ! »

Plait-il ? La créature m'avait elle parlé ? Il est vrai que ma famille a de multiples ramifications mais aucune créature des bois n'en faisait partie jusque là.
Je tournais la tête pour voir une tornade de cheveux bleus tentant de démêler ses membres de ceux d'Aïevon.

« Ohhh-ragie ! »

Tentais-je d'articuler, toujours sous le corps qui ne voulait pas bouger. Je tournais la tête juste à temps pour voir un sourire ravi se dessiner sur le visage d'Isilgath ! Un grand coup de coude lui remit les idées en place. Nous finîmes par nous relever tant bien que mal, et j'allais demander certaines explications quand un hurlement bien reconnaissable se fit entendre.

« Courez ! », hurla Oragie et nous ne nous fîmes pas prier. Il ne faut pas croire, quand il s'agit de sauver sa peau, Isilgath peut être aussi leste et rapide qu'un renard. Ainsi quatre elfes détalèrent prestement dans les buissons

« Qu'avez-vous donc fait pour déranger une meute de loup ? Criais-je en courant à ma cousine au 5ème degré par alliance du côté de ma tante maternelle
_ Pas grand-chose, nous avons juste cueillis quelques baies ! , rétorqua-t-elle.
_ Oui, et un ou deux lapins … ajouta Isilgath
_ Puis quelques cèpes, et …
_ Vous êtes complètement malad… », commença à rager Aïevon.

Je ne sentis pas le terrain glisser je me souviens juste d'un « HAAAAAAAAAAAAAAAAA » de groupe franc et massif, quand les quatre fous dévalèrent la pente inopinément placée sur leur chemin. Dans notre fuite éperdue nous n'avions guère pris garde au terrain. Nous roulâmes dans les branches entres les sous-bois, bringuebalant entre les rochers et les creux du dénivèlement et atterrîmes-enfin-lourdement sur la route. Je m'étalais à plat sur le sol, mordant à belle dent la route. Oragie continua de rouler jusqu'à ce qu'un arbre l'arrête. Isilgath atterrit sur son postérieur et Aïevon trouva à manœuvrer pour atterrir sur l'ancien guerrier.

« Je crois que je me suis cassé quelques chose … », bougonna le premier, avant d'extraire une branche de chêne de sous ses fesses, désormais inutile.

Je me relevais péniblement pour la deuxième fois en quelques minutes. Le paysage m'était totalement inconnu.

« Où nous avez-vous amené? Vous êtes complétemen… »

Oragie s'époussetait les vêtements et me répondit, aussi fière qu'à l'accoutumé.

« Peu, c'était un raccourci !
_ Un raccourci ! Un raccourci vers où ?!
_ Vers les champignons ! », s'exclama Aïevon, une lueur de joie malsaine dans les yeux.

Quatre elfes se jetèrent vicieusement sur quelques amanites.

Cet épisode explique en partie l'absence de quatre Arcantises le deuxième soir au bivouac, je me demande néanmoins s'il doit figurer dans la mouture finale de cet ouvrage. J'ai un doute sur la place que pourrait accorder le sinistre bibliothécaire d'Asteras à ce récit. Peut-être vous suffit-il de savoir que les quatre elfes connurent encore de nombreuses aventures.

Troisième jour : La marque de la bête !

A venir !

(* toute ressemblance avec l'œuvre d'un certain J.R.R.T. ne saurait être fortuite)
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