Carnet de route d'une Arcantiste
#9
Vers la Corne et au-delà

Il me faudrait milles vies pour ne conter qu'une seule, milles plumes pour une histoire. Je ne pensais pas retrouver ces carnets à mon retour, pourtant ils m'attendaient. Un coffre et la main généreuse d'un Arcantiste les avaient protégés durant mon long exil.

Ils ont connu les batailles du Sud, les batailles de mages, ils conteront les batailles du Nord. La Conseillère avait piqué notre curiosité. L'Ingemann nous appelle à nouveau, souvenir fascinant d'un passé trouble. D'où viens cette étrange curiosité je l'ignore moi-même.


Nous avons fait les emplettes minimum, nous avons l'habitude de voyager. La nature pourvoira à nos besoins, ou peut-être les Frontaliers si nous arrivons à les rattraper. Bien que je préfère les éviter quelques temps, ce serait de la folie que de voyager seuls dans le Nord.


Nous sommes partis depuis plusieurs jours déjà. Les premières neiges éternelles ont fait leur apparition sous nos pas. Aucune trace des autres elfes pour le moment. Une bonne nouvelle aussi bien qu'inquiétante. L'hiver du Nord arrivera bientôt. Nous avançons au ralentit, rendu méfiants par cette ambiance glacée et silencieuse. Armes et bottent gèlent pendant le jour, le bivouac se fait obligatoirement autour d'un feu, que nous sommes forcés d'allumer de plus en plus tôt. Au loin, quelques anciens villages en ruines pourraient servir de refuge mais je préfère ne pas savoir ce qui hante encore des lieux si isolés.


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Cette nuit, nous avons manqué de prudence. Cette neige rend les terres trompeuses.
Nous ne les avons pas vus arriver.
Aussi silencieux que la mort, plus froids que la glace. Leur présence terrifiante nous a pétrifié d'horreur. Combien étaient-ils, cela restera un mystère. Était-ce un piège ou bien la malchance, qu'importe au final. Cette nuit nous a appris la souffrance.
D'où peuvent-ils bien venir en si grand nombre ?

Je ne pourrai jamais oublier ces cris. Eledhwen, pauvre enfant, si fière il y a peu de nous annoncer son mariage. La créature l'avait à peine effleuré que son visage se tordait en un masque d'agonie. Un premier cri de douleur intense déchira l'air, quand la Chose fondit sur l'elfe. On aurait dit qu'elle allait littéralement l'aspirer. La magie déferla en vague cinglante de son corps alors que la petite mage s'effondrait livide. Nous avons eu juste le temps d'achever la créature avant que les dégâts soient irréparables.
Elle gisait inconsciente et méconnaissable, le poids de milles années de douleurs dessinées sur son joli minois.

Nous l'avons fait rapatrier vers Asteras bien que j'ignore si quelqu'un peut guérir ce genre d'affliction.


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Voilà deux semaines que nous marchons dans les bois enneigés du Nord. Les créatures sont toujours là, mais nous les abattons une par une avant de continuer. Oragie a repéré un chemin vers le Nord. Est-ce par là qu'ont disparu les troupes ? Ou bien ont-elles subies un sort plus funeste ? Il faudrait sans doute envoyer un mot à la Capitale … cependant je répugne à divulguer notre présence en ces lieux. D'autant que nous ne sommes plus seuls.
La compagnie d'Eryel est toujours un plaisir, je suis bien moins sûre des autres elfes qui l'accompagnent. L'une d'elle semble à peine savoir tenir un arc. Nous verrons bien ce qu'ils valent à la prochaine escarmouche.


Nous allons avancer vers la passe repérée plus tôt. A ce moment, je ferai porter un message à Asteras.
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