Les Loups hurleront de nouveau.
#25

Elle écoutait les échanges depuis un certain temps, immobile et assise, une jambe repliée sous l'autre et la paume offrant appui à son menton. Aussi inexpressive qu'un arbre en hiver, elle laissait passer les colères, les flèches à missives et les réponses vives sans que rien n'ombre son visage. Un silence se fit, guère plus long que les autres, pourtant c'est celui qu'elle choisit pour enfin se lever, écartant sa chevelure de son épaule pour la découvrir et replier ses mains en son dos, cambrant l'échine. Une fois assurée du regard qu'elle avait l'intention d'au moins une ou deux paires de longues oreilles, elle souffla d'une voix douce, mais lente et sans précipitation, trahissant un certain âge... Ou une certaine indolence.

"Allons, allons, mes frères, mes aimés. Gardons nos esprits sages et attentifs, et ne perdons pas de vue le socle de toutes choses.

Ces terres ne sont pas nôtres. Mais nous appartenons à ces terres et elles nous ont choisis, chacun de nous, pour les protéger. Alors, il est de notre devoir, de notre devoir le plus intime de les protéger des attentions étrangères, fussent-elles seulement de la curiosité infantile, légère ou stupide.

Non, ce n'est pas de l'orgueil insensé que de vouloir veiller à chaque erre qui ne soit pas des nôtres qui voudrait marcher là où nous vivons.
Non, ce n'est pas de la cruauté déplacée que d'en refuser l'accès si nous le jugeons bon.
Oui, c'est à l'autre, l'intrus, de prouver qu'il ne sera pas délétère et non pas à nous de faire l'effort pour lui. Comment apprendra-t-il le respect de la Nature ainsi ? Va-t-elle vers qui l'exploite pour le prendre par la main et lui dire, prends, pille, marche, profane, je t'expliquerai et réparerai derrière toi ? Bien sûr que non. Elle ne parle qu'à ceux qui le méritent, et ceux qui le méritent, mes frères... Ne sont que parmi nous."

Elle pencha légèrement la tête.

"Celui qui vient avec l'humilité nécessaire pourra, et ce seulement après l'avoir démontré justement par cet effort, être sensible à nos propos, notre culture - Notre terre.

Les autres n'ont strictement rien à faire sous le couvert de nos arbres. Rien."

Elle esquissa un sourire, très doux, pour ajouter.

"Celui qui veut arracher les racines, arrache la chevelure de ma mère. Celui qui commet cet acte, devra le payer de son sang. C'est une loi immuable."

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