Chou à la crème, liqueur de violette et bière naine [Happy wedding]
#7
[Image: 122658663033.jpeg]


Orme suait à grosse goute. Elle avait couru, c'était une excuse raisonnable. Elle était en retard, c'était une excuse moins raisonnable, mais elle complétait la première.

Elle n'avait absolument aucune idée d'où était sa robe. Et elle avait une excellente idée de ce que ferait Louhëa si elle s'en rendait compte. Et même si ce n'était pas une excuse, c'était une raison logique pour suer à grosse goute.

La troisième raison et non la moindre, c'est qu'elle allait devoir parler à tous ces gens. Ce n'était pas une excuse, ni une raison logique, tout du moins dans la chronologie de fait. Mais raison, chronologie et excuse n'avaient pas été invitées. Contrairement à la troupe de nains et d'elfes qui se massait dans le petit lieu.

D'en haut, on aurait dit une tarte aux deux légumes. Les petits poivrons bariolés des elfes s'étaient regroupés vers le sud. L'or le plus délicat de leurs coutures mettait admirablement en avant les tuniques d'un tendre vert feuille, et les capes crémeuses. De l'autre l'aubergine naine sentait bon la terre fraiche. Barbes couleur miel et haches aux éclats acides se disputaient le droit de briller au soleil. Parfois, quand la vie prenait un malin plaisir à faire chauffer l'ambiance, une petite olive noire s'échangeait dans les regards des deux camps.

Adorables et ridicules, comme toujours. Certaines choses étaient aussi solides qu'un cake aux fruits rouges. Inébranlable et ancestrale petite gue-guerre. De ci, de là pourtant, des choses nouvelles étaient appelées à naitre, petite compote étrange que ces deux elfes riant avec Chamail.

Salade insouciante de ces gens qui se retrouvent par delà les distances et les poils, pour échanger nouvelles et ragots. C'est la joie d'une vie nouvelle qui a mit plus de douceur dans leur regard. Ou la peur ? Ont-ils senti cette onde noire qui se propage sous le fil scintillant de ce bonheur ?

Peut-être un sourd regret les pousse-t-il à profiter une dernière fois des fruits de la nature.

Tant pis, Orme n'aura pas le temps de trouver la robe avant son discours. Ils vont tous finir par fondre comme le caramel au soleil. Elle s'avança au milieu de ce petit rond de bonheur. Seule.


* « Pourquoi n'es-tu pas venue Araknelee »*


*« Tu avais dis que tu serais là avec moi »*

*« Est-ce que tu vas bien »*

*« Tu n'es pas là »*

Apparemment, peu lui prêtaient plus d'attention qu'à une folle qui passe. Arrivée près d'un roc, Orme sorti son immense épée, et d'un geste vif donna un coup retentissant sur la pierre. L'épée rebondit sur la roche et vibra sous le choc. L'ambiance aussi.

Elfes, nains, rieurs ou méfiants se tournèrent.

« Amis, je ne vous appellerai pas frères, car je n'en ai aucun ici, vous qui avez franchi des monts et escaladé des préjugés pour venir ici, vous qui n'hésitez pas à montrer votre joie dans les temps obscures. Je sais bien des choses de vous. Et la principale c'est que vous … avez soif ! »

Range l'épée.

« _ Je vous fais grâce des longs discours, et je vous absous dès maintenant de toute impolitesse que vous allez commettre par mégardes ou par les effets de l'alcool. Je pardonne dès ce soir les chants paillards et bon enfant que feront résonner vos estomacs. »

Sort une bouteille d'on ne sait où.

«_ Je vous demande juste d'honorer le banquet avec plus de vigueur que mon discours ».


Orme glissa derrière le rocher dans un bruit d'étranglement. Une jolie jeune elfe qu'on nommait communément Louhëa venait de l'attraper et tentait de lui passer une robe de force. Orme se laissa faire un instant, puis saisissant la jeune femme, elle luit tint les mains, et réajusta la robe à sa convenance.


Tenir la jeune elfe n'était pas très difficile pour la guerrière. Elle regarda longuement les yeux magnifiques de la future mariée. Il n'y avait nulle trace de peur ou de haine dans cet esprit.

*Est-ce que tu vois venir la folie de ce monde ? … *


« Ma chère petite, j'aurai bien des choses à vous souhaiter, et bien assez de conseils pour vous gronder. Mais vous serez une femme bientôt. Alors, je ne dirai pas de sottises, ni de conseils mal avisés. Rien ne pourra vous prémunir face aux ténèbres. Ne l'oubliez jamais.
C'est pourquoi, je vous souhaite de connaitre le bonheur ».


Et Orme s'éloigna dans la foule migrante et riante. Un peu plus loin elle aperçut un nain à l'allure familière.
Répondre


Messages dans ce sujet

Atteindre :