Les chroniques de la mère morte
#18
- J'ai eu la chance d'en trouver une très semblable,
Même ses yeux avaient une teinte comparable.
J'espère qu'il la chérira comme sa propre fille,
Et qu'au moins l'une de ces orphelines y gagnera une belle vie.
Comme j'espère faire le bonheur de ma nièce, cela en fera deux,
Avec votre aide, si vous voulez bien l'apporter à iceux.


- Je le veux...

- Il nous faudra peut-être aussi la baptiser,
Car ma chère cousine jamais ne l'a dénommée.


- Nous pourrions la prénommer... Andora ?

Ce prénom fut adopté à l'unanimité.

Ils avaient déjà parcouru lun long chemin, Asteras se distinguait à peine au loin. Le soir étant proche, Sorn partit en avant, puis revint bientôt avec un bedonnant paysan à l'air jovial. Derrière son dos, le trouvère fit signe à la nourrice de ne pas s'offusquer de ce que le croquant dirait.

- Je vous salue Lilië ! Votre époux m'a expliqué que vous veniez de mettre au monde la p'tiote, mais comme j'lui ai dit, chuis ben désolé, j'peux vous proposer que mon étable là bas... y'a d'la paille, du foin, poussrez un peu l'ânnesse a droite, le boeuf à gauche et vous aurez d'la place suffisamment pour une nuit avec la p'tiote, j'vous d'mande rien bien entendu,'pouvez même prélver quelqu'zoeufs, j'en ai a foison...

Il se dirigèrent vers ladite étable, qui se situait au bord d'un énorme mais pittoresque étang.

- Je vais pour la vêprée préparer le repas,
Et dans ce bassin prometteur placer quelques appâts

annonça Sorn.

Il alla voir le couffin et son contenu, passa quelques instant à l'observer, puis sourit. Enfin il défit son paquetage. Prenant un petit fil de métal recourbé qu'il fixa au bout d'une cordelette, il en fit un hameçon qu'il garnit d'un ver bien dodu. Il y mit encore à mi-longueur une plume ramassé à même le sol, et jeta le tout dans l'étang. La plume flottait paisiblement, à l'indifférence de deux cygnes qui ne semblèrent pas s'outrer de cette ridicule concurrence.
Puis il chassa une poule râleuse et lui emprunta deux oeufs, ramassa quelques brindilles et morceaux de bois auxquels il bouta le feu à l'aide de son briquet. Il enterra deux piquets branchus de part et d'autre du foyer. Enfin il entailla un arbre et posa un petit gobelet en terre cuite a son pied, puis se rendit au point d'eau pour y remplir une outre.

Lilië, qui l'observait, lui demanda si elle pouvait l'aider.
Il lui répondit :

- Non point, ma Dame, vous venez d'accoucher !
Mettez-vous bien à l'aise et attendez le dîner.
Vous pouvez surveiller l'étang si vous le souhaitez,
et me héler dans le cas où la plume bougeait.


Quand il revint un peu plus tard, chargé de quelques plantes appétissantes et d'un bouquet de fleurs, Lilië avait largement outrepassé sa consigne, car elle était consciencieusement en train d'éviscérer une grosse carpe brune qu'elle ficha sur un pieux et posa sur les deux supports qu'avait préparé Sorn.

Ils s'installèrent autour du feu et mangèrent.

- Vous en avez émerveillé plus d'un lorsque vous dansiez,
On a loué votre capacité à s'occuper des nouveaux-nés,
Maintenant voilà que vous campez comme un scout...
Comment faites-vous, de toutes qualités, pour exceller en toutes ?


- Oh, je suis loin d'être experte dans tous les domaines... je suis vierge, vous savez. Et tout mon passé, bien qu'intéressant, m'a fatiguée. J'aimerai maintenant, plutôt que de travailler pour les autres, dans les maisons des autres et pour les enfants des autres, prendre un peu de temps... pour moi. Pour nous.

- Peu m'importe parmi le zodiaque quel est votre signe,
Moi aussi j'aspire a la vie tranquille que mènent ces deux cygnes.


Et pour servir le destin, les deux oiseaux s'approchèrent, s'ébrouèrent et se levèrent légèrement l'un vers l'autre en un ballet majestueux et évocateur.

- Votre préparation pour ce poisson était exemplaire,
je me suis délecté et suis prêt à passer au dessert...


- Oui, je suis fatiguée, vite le dessert puis allons tâter le foin... A propos de dessert, quel est le menu ? Je ne comprend pas pourquoi avez-vous avez entaillé cet hévéa, il me semblait que seul l'érable était comestible et sucré ?

Il s'approcha de sa délicieuse voisine, sans donner de réponse à ce que pourrait être le dessert.

Leurs lèvres s'approchèrent.

- Ouiiiinnnnnnn ! Ouiiiiinnnnnnn !
- Pfffff.... Je viens, Andora, je viens...
dit Lilië d'une voix douce.

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