Le mystère de l'Ornelune
#13
Naaëmsin avait du mal à comprendre comment il était possible de s'excuser de quelque chose que l'on a délibérément choisi de vivre.
Il n'était pas dans sa nature de ne pas assumer ses choix.
Ces elfes devaient bien se douter qu'elle les savait présents lors de ses ébats avec son cher amour.
Si elle avait voulu échapper à leur présence, elle aurait pu aisément le faire.
S'ils avaient voulu détourner le regard ou quitter l'étang, rien ne les en empêchait.

Comprendraient-ils que ce faisant elle avait cherché à leur prodiguer un enseignement sur leur propre nature, sur leur propre histoire ?
Comprendraient-ils que l'intérêt de ce qu'ils venaient de vivre ne reposait pas sur la qualité de leur relation avec elle mais sur la qualité de leur relation avec la vie sauvage, avec leur histoire trop souvent oubliée par la plupart ?

Asteras, la magie, l'étude des armes et du combat, la guerre contre les nains, la quête de puissance et de pouvoir, tout ceci était dorénavant au centre de l'existence des elfes lui semblait-il...
Seuls certains d'entre eux semblaient trouver leur propre chemin de lumière au milieu de tous ces faux-semblants.

Il était temps que les chemins soient de nouveau envahis par les ronces et les baies.
Il était temps que les elfes ré-apprennent à marcher en dehors des sentiers battus, qu'ils renouent avec leur héritage.
Oui, Ecridel était à eux, c'était leur terre, leur territoire, comme tout aussi légitimement les loups pouvaient le revendiquer, ainsi que les busards, les rats musqués, les faucons crécerelles, les abeilles, les vieux chênes et les jeunes pins.

Elle salua Fragorn, à genoux devant elle, assise dans la neige, les bras enserrant ses jambes repliées contre elle.
Elle se leva, lui tendit la main et l'aida à se relever, pour autant qu'un petit corps comme le sien puisse aider un solide guerrier comme l'était Fragorn.
La main de l'elfe était douce, elle rayonnait d'une douce chaleur, étonnante quand on voyait les frissons parcourir la peau veloutée de la troublante créature.
Vous ne me dérangiez pas, messire, je vous remercie de votre aide.
Mais il n'est rien à réparer, rien n'a été brisé.
Je n'ai rien dont je puisse vous tenir rancune.

Je dois partir, maintenant, une longue, très longue tâche m'attend.


Elle savait quelle réponse elle allait donner à son Roi.
Avec un dernier regard pour les ours, jouant sans lui accorder la moindre attention avec l'elfe trempant ses pieds dans l'étang et leur offrant des baies, elle se détourna et prit la direction du sud.
Cette elfe a trouvé le sentier de sa mémoire, pourvu qu'elle ne s'égare pas, pensa-t-elle.
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