[Scénario final] Pryd, ami ou ennemi ?
Attentifs à l'échange animé sur leur avenir, parfois virulent, les deux holdars ne cherchèrent pas à fuir leur destin. Pryd avait assouvi sa vengeance en voulant sauver Isaroth, mais le constat était sans appel : un échec.

L'esprit des habitants était déjà corrompu par l'Angil. Cette matière première aux caractéristiques incroyables, presque divines, avait fait la joie et l'apogée des premiers colons holdars. Malgré quelques tensions avec les locaux - les elfes - ils avaient réussi à s'établir au cœur d'andoras, érigeant un mur pour délimiter les frontières. Les premières études de cette matière avaient mis en exergue une influence néfaste sur le porteur, et les premières armes furent forgées avec un alliage en médénite, atténuant les caractéristiques de l'Angil, mais aussi cet aspect négatif.

Au fil du temps, le procédé de fabrication devint un automatisme et l'effet indésirable ne devint qu'un chuchotement à la forge, un murmure qu'on évoquait lorsqu'un travail était achevé. Pryd, lui-même, avait occulté ce désagrément lors de la construction des pylônes ordonnée par Erhan, où la proportion d'Angil était plus importante. A l'époque, seul le bénéfice retiré - calmer les esprits et limiter la télépathie - comptait alors que la guerre civile couvait.

Mais la vision d'Isaroth en pleine autodestruction lui fit prendre conscience qu'il était dans l'erreur. Et sa vengeance n'avait qu'empirer le déclin de son peuple. Son exil débuta peu après l'achèvement de ces brouilleurs mentaux, et il n'eut pas l'occasion de voir les méfaits de cette création. Lhuste, lors de sa première incursion dans la cité, était loin de se douter que le soulèvement n'était qu'un prétexte pour lever les armes contre son prochain, pour répondre à cette petite folie guerrière que l'Angil avait instillée dans chaque habitant. Le mal était fait : seule la nouvelle génération cloisonnée dans la nurserie était épargnée. Pryd n'était pas le seul à avoir compris cela, puisqu'Ekhkron avait ordonné leur extradition.

Et maintenant, ils étaient à la merci de ceux qu'ils avaient choisi d'impliquer. Pryd prit conscience d'avoir porté des œillères depuis le début de son exil, obnubilé par son désir de vengeance. Elle l'avait averti, elle lui avait dit de comprendre ces peuples, mais il n'avait que faire de ses conseils, préférant la solitude pour mener à bien son entreprise.

Et maintenant, l'heure n'était plus à l'usage d'un langage vicieux, des promesses d'une quelconque réussite, pour que ses interlocuteurs adhèrent à ses idées. Seule la franchise pouvait les sortir de ce mauvais pas, si un salut lui était possible... On l'avait poussé à répondre à ces accusations, et ainsi débuta sa longue plaidoirie.

[Image: 91312.png]Bien des rumeurs sur les holdars sont infondées et reposent des vérités exagérées pour rendre les histoires plus glorieuses. Les premiers combats avec les elfes pour le contrôle d'Andoras furent notre première victoire, par une stratégie peu reluisante mais efficace, nos montures ailées aidant beaucoup dans l'entreprise. Les récits des survivants furent déformés par leurs nombreuses versions exagérant nos capacités. Au fil du temps, ces rumeurs devinrent elles-même des faits, des preuves irréfutables de notre suprématie. Cette peur de notre puissance nous a sauvegardé des interactions avec l'extérieur, préservant notre autarcie.

Les peuples d'Ecridel, vos peuples, auraient eu raison des nôtres si une simple alliance, un consensus les avaient poussés à envahir Isaroth, mais vous étiez trop occupés à vous quereller entre vous, à défendre votre petit lopin de terre face au méchant voisin. Cette nature individualiste a créé des opprimés, des reclus de la société, qui comme au sein d'Isaroth, ne demandaient qu'à se réveiller, qu'à se rebeller face au pouvoir en place. Une petite étincelle, un désir inassouvi que l'on promet d'exaucer et la machine est lancée. Chaque nation a son lot de miséreux, d'incompris, tant de monde qu'il est facile de recruter sans aucune manipulation comme vous le suggérez, sorcier. D'ailleurs, certains ont délibérément refusé.

Nos nations ne sont pas si différentes, construites sur cette même hiérarchie engendrant a fortiori des frustrés. Et la guilde des ombres les a rassemblés, à commencer par les délaissés de l'hiver cruel... Selotte en tête de ligne.

Alors, non, ne m'octroyez pas des pouvoirs de domination mentale à en faire pâlir les primes dragons, là où un jeu verbal et des on-dit sur ma puissance suffisent à s'assurer un dévouement sans faille. La pérennité de cette dévotion vient avec quelques colliers pour une suggestion mentale massive à proximité en gardant l'illusion d'un contrôle sans limitation de portée... Sauf qu'aucun "dominé" n'a vérifié, préférant exécuter les ordres sans faillir, alimentant par la même occasion cette impression de manipulation dépassant les frontières.

Ma force est une télépathie sans frontière, mais ma domination mentale exige un contact visuel.


Il s'accorda un moment de silence, dévisageant le sorcier talien, dupé par les paroles d'évangile qu'on lui avait susurrées. Pryd avait choisi d'être franc, mais il perdait par la même occasion, son seul moyen de pression. Se tournant vers la Caldras puis vers Gorbad, il ajouta d'une voix calme.

[Image: 91312.png]Loin de moi de vous avoir proposé cette précieuse matière première pour vous conduire à votre fin, j'ai redécouvert ses effets retors à mon retour. Je pleure de voir mon peuple égaré se déchirer, pris dans cette spirale infernale provoqué par l'Angil. Je vous le laisse, les miens en ont terminé ici, et vous pouvez constater les effets secondaires d'une exposition trop élevée.

Mon désir de vengeance m'a animé durant mon exil et j'ai puisé dans les faiblesses de vos nations une force pour l'assouvir. Je contemple aujourd'hui les effets de ma perversion : j'ai voulu sauver mon peuple, mais la voie choisie m'a conduit dans l'erreur.


Lhuste resta silencieuse, concentrée sur les paroles du nain plutôt que sur le discours de son père. Ainsi, Xyliate était encore vivante. Elle se reprit lors de la dernière phrase de son père, et s'approcha pour le gifler. Ses doigts laissèrent une marque violette sur la figure paternelle.

[Image: 91301.png]Nous devions agir. En bannissant la seule opposition, la seule évolution pour assurer notre avenir, les exarques ont conduit notre peuple à sa perte.


Ainsi, des figures aussi impressionnantes que ces deux holdars pouvaient chuter. Seulement, plus haut on tombe, plus violent est l'impact.
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