[Scénario final] Pryd, ami ou ennemi ?
La sorcière, visiblement peu compatissante eut égard des blessures sévères d'Evrard, leva les yeux au ciel d'exaspération devant ses propos. Ceux-ci n'avaient fait que l'irriter d'avantage.

"Je crains qu'avec tout ce sang perdu, il vous soit impossible de raisonner correctement, Evrard. N'auriez-vous dû plutôt reprendre votre souffle bien loin du champ de bataille, rebroussant chemin vers la montagne, afin de défendre vos vies sans en prendre d'autre ? Non, Evrard, vous n'avez rien préservé du tout. Ni votre vie, ni celle des autres. Vous vous êtes contenté de foncer tête baissée sans réfléchir aux conséquences de vos actes malavisés, trop empressés de défaire le Renégat !

Oubliant par la même occasion que vous agissiez alors comme ses véritables ennemis. Comme eux, vous espérez sa fin par tous les moyens. Je ne vois nulle différence entre ces holdars qui ont tué des nôtres, et vous qui en avaient fait tout autant, si ce n'est plus. Dans de telles circonstances, comment imaginer que Pryd ne vous englobe pas dans sa vindicte ?

Vous aviez le choix, Evrard. Nous avons tous le choix d'agir au-delà de nos impulsions guerrières. Vous pouviez vous ranger à mes côtés. Vous pouviez reculer. Vous pouviez vous contenter d'actions défensives le temps de juger de la parole du holdar.

Mais vous avez choisi de semer la mort de mes sujets... Et cela même lorsque plus rien ne le justifiait."


Sa dernière phrase fut prononcée comme une sentence. Mais Selinde délaissa soudainement le talien pour observer, un à un, chacun des possédés. Pryd avait soufflé dans son esprit la nouvelle de leur libération après la mort du dernier holdar présent dans le charnier. Elle contempla un moment le lent et sinistre spectacle qu'offrait le réveil de ces malheureuses marionnettes. Ils étaient vivants et libres, mais combien d'entre eux seraient capables de s'accrocher à la vie après l'avoir connu si cruelle ?

Ce n'est qu'au moment où ils se confondirent avec l'horizon, si haut vers le sommet, qu'elle cessa de contempler leur ascension et qu'elle fonça au galop en direction du sud, vers Isaroth là où les guerriers nordiques l'avaient déjà précédé. Elle les trouva aux prises avec une poignée de skilithes, qui, reconnaissons-le volontiers, n'avaient pas l'endurance de leurs cavaliers.

Mais surtout, Isaroth, la Haute, citadelle imprenable du peuple holdar se dressait majestueusement devant elle. Peu s'en était approcher d'aussi près, encore moins nombreux étaient ceux qui en étaient revenus pour narrer sa beauté. Ses rêveries furent interrompus par une voix masculine qui l'interpelait de par son titre.

Ses yeux se posèrent sur lui, incrédules. Selinde n'aurait pu s'attendre à trouver un chevalier talien, indemne de tout affrontement, aux portes d'Isaroth. Comment avait-il franchi la barrière rocheuse sans se faire repérer par les patrouilles ennemies ? Il avait, probablement, profité de la diversion qu'eux-mêmes avaient provoqué pour emprunter un second chemin au travers la montagne. Irréaliste, mais bien réel.

La caldras plissa les yeux. Si elle ne voyait pas son visage sous son casque, il y avait chez ce guerrier quelque chose de familier. Elle n'était, cependant, pas capable d'expliquer pourquoi. Une sensation. Une intuition, peut-être, et elle ne réalisa pas non plus lorsqu'il présenta Aimesta à ses pieds en signe d'allégeance. Elle acquiesça d'un hochement de tête, lui accordant sa bénédiction.

"Sire Hector, je...", cessa-t-elle immédiatement, en découvrant le visage de l'inconnu. Si sa peau n'était pas d'un naturel blafard, d'aucun l'aurait vu blêmir face à la résurgence de ce fantôme du passé. Mais ce n'était pas lui, ce n'était pas Victor. Il n'existait qu'une vague ressemblance, rapidement balayé par des yeux bruns au contraire de l'héritier du Nurmeth de Malmont qui en arborait des bleus.

"Sire Hector," se reprit-elle sans sourciller d'avantage, "votre présence est une surprise, mais je m'en réjouis autant que je m'en tracasse. Si j'ignore pour quels motifs vous vous trouvez devant les portes d'Isaroth, sachez que je ne m'encombrerai pas d'un poids mort durant sa conquête. Expliquez-moi la raison de votre présence ici tout en faisant vos preuves sur un de ces animaux, Chevalier.

Une fois cela accompli brillamment, vous veillerez à écouter cet homme."


Elle pointa du doigt un agar, barbe et cheveux longs et bruns, armé d'une double hache.

"Il a démontré son sens tactique dans la bataille précédente. C'est suffisant pour moi, cela le sera pour vous. Je ne m'occupe que de certains détails."
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