[Scénario final] Pryd, ami ou ennemi ?
#68
Avant l'arrivée des guerriers du Nord.

“Non, Halko, je ne te méprise pas. Tu es intelligent et valeureux. Ce sont tes croyances naïves en un monde inexorablement juste et bon que je méprise. Ce sont elles qui te conduisent à déshumaniser tes adversaires pour dédouaner ta conscience des atrocités que tu veux commettre. En quel nom d'ailleurs ?”

Selinde émit un petit rire amusé. Chord se tenait près d'elle.

“Celui de tuer un être dont tu n'as pas eu conscience des malversations pendant si longtemps. Sans ce cynisme que tu renies si durement, Pryd ne serait qu'une ombre invisible dans nos politiques internes. Tes yeux ingénus n'ont su le distinguer, et au lieu de les garder grand ouvert sur la situation, tu préfères les fermer sur les conséquences de tes actions.

La vérité est limpide. Tu n'es pas meilleur que moi, tu n'es pas pire non plus. Tu es seulement incapable d'assumer la signification profonde d'un tel massacre, alors que j'en mesure froidement toute l'horreur.

Tu me renvois la faute du meurtre des nôtres, mais qu'as-tu fait pour l'éviter ? Rien. Tu es resté passif et tu as suivi le chemin qui t'a été imposé sans lutter. Tu t'en es accommodé sans grand mal, grâce à ce cache-misère moral que tu brandis sans honte.

Et tout cela, pendant que j'en exigeais l'arrêt au principal concerné depuis le premier sang versé.”


La Caldras marqua une pause, pour accueillir d'un hochement de tête Vagnard et Ekairos qui s'avançaient vers elle, en lui signifiant leur soutien. Si elle n'ajouta rien à leur attention, ils pouvaient tous deux lire dans ses prunelles noisettes l'estime et l'affection sincères qu'elle leur portait.

Elle détourna les yeux et les posa en direction de l'est, d'où commençaient à arriver les guerriers nordiques. Selinde inclina légèrement la tête, presque hésitante, mais se reprit bien vite dans son attitude conquérante, le menton altier et fier. Elle les fixait sans émotion sur le visage tandis qu'elle continuait de répondre à l'argumentaire d'Halko.

“J'aurai probablement agi en leur faveur s'ils n'avaient pas craché sur la main que je leur tendais, au péril de ma vie. Il n'était pas question d'alliance pour eux, ni même de risquer leur vie pour nous tirer d'un mauvais pas. Ils ne pouvaient espérer mieux de ma part dans des conditions qu'ils ont eux-mêmes imposées.

Quoiqu'il en soit, nul ne peut prédire les actions de Pryd sans connaître la totalité des cartes dissimulées dans sa manche. Je me contente d'énoncer ce que moi je ferai avec le jeu déjà dévoilé.”


Les yeux de la sorcière, irrités par la candeur de son discours sur l'avenir des peuples d'Ecridel, se posèrent sur Shatolissa.

“Commence plutôt à prier Edar, Paladine. Si Pryd n'est qu'à moitié aussi impitoyable que moi, tes choix conduiront nos royaumes à leur perte sans le moindre doute. Mets-y toute ton âme et n'oublie nulle divinité du panthéon tant il nous faudrait un miracle pour obtenir la miséricorde des Exarques à présent que la barrière rocheuse est tombée.

La bénédiction des Dieux est tout ce que l'on peut espérer lorsque l'on base son avenir sur le bon vouloir de plus puissants.”


Elle agrippa les rênes sa licorne et lui fit faire volte-face vers le sud, là où elle savait que le combat faisait rage. Juste avant de s'élancer au galop, elle lâcha de façon désinvolte :

”Inquisiteur Bêcheur, pouvez-vous veiller sur le jeune Kinrove afin qu'il nous rejoigne sur le front en un seul morceau ?”
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