17-04-2020, 10:02:58
Le sort d'Halko atteignit Selinde de plein fouet. Inquiète de n'en sentir aucune douleur, elle palpa son épaule et sa poitrine en quête d'une blessure indésirable avant de comprendre de charme il avait usé. Un demi-sourire exaspéré s'installa sur son visage pendant qu'elle défaisait lentement les lanières de son col. Sa gorge enfin dévoilée, elle commença, légèrement sarcastique.
"Pas la moindre trace de collier, Halko. Mes seules entraves sont celles de ma conscience qui ne peut accepter que l'on massacre autant des nôtres et de ma raison qui me laisse à penser que la mort de Pryd ne protégera en rien nos peuples de guerres à venir.
Dans un sens, tu as raison, j'ai confiance en ce holdar. J'ai une foi inébranlable en sa duplicité et sa capacité à nous nuire des plus viles manières. Il sait que durant cette collaboration, je traquerai chacune de ses failles et qu'à la moindre entourloupe, je me retournerai contre lui sans la moindre hésitation.
C'est parce qu'il le sait qu'il n'en fera rien avant la prise d'Isaroth sous peine de perdre le soutien qu'il a tant cherché à obtenir. C'est aussi parce qu'il sait tout cela qu'il n'utilisera plus ces hommes comme vulgaires chairs à canon, il hésitera à voir leur nombre diminuer trop drastiquement sans quoi sa monnaie d'échange devient caduque. Dans un sens, je m'assure ainsi qu'il ne dilapide pas leurs vies dans des mouvements de troupes suicidaires.
Mais plus important, Halko, que préconises-tu en contrepartie pour le tuer ? Crois-tu naïvement que nous pourrons l'atteindre sans devoir passer l'épée dans le corps de chacun de ses sbires possédés ? Cette enflure les utilisera inlassablement comme bouclier, pour nous détourner de notre objectif. Regarde autour de toi... N'as-tu pas la moindre compassion pour tous ces taliens et elfes qui nous entourent ? Ils sont vraiment nombreux... et tu les condamnes ainsi à un trépas des plus cruels tant il n'a aucun sens.
De plus, rien ne nous assure que la fin de Pryd sauvera ces innocents. Les colliers sont dotés d'un mécanisme mortel pour le porteur. Il pourrait très bien y avoir une sécurité en pareil cas. Ou plus simplement, voyant ses derniers instants, Pryd pourrait ordonner leur suicide collectif afin que notre victoire sur lui n'en soit pas vraiment une.
Tout cela en priant les Dieux que les exarques se montrent magnanimes et compréhensifs, qui, comme nous le savons tous, sont des qualités particulièrement répandues chez le peuple holdar."
Elle marqua une pause après sa pique ironique, scrutant le reste de l'assemblée et leurs inclinaisons respectives. Elle savait qu'elle devrait lutter contre deux sentiments d'apparence opposée qui pourtant s'associaient parfaitement pour s'opposer à cette collaboration dans l'esprit de ses compatriotes. Fierté et peur s'enlaçaient de manière inextricable. Tandis que l'une susurrait qu'il était indigne de suivre le renégat dans sa folle conquête, l'autre, plus sournoise, craignait les exarques et renforçait la première. La pyromancienne s'adressa de nouveau à Halko.
"Enfin, soit, j'entends bien les vies des misérables t'importent peu. Peut-être dois-je te rappeler l'envergure de cette prise d'otage qui s'étend jusqu'à Asteras, dans les plus belles ailes du palais des Alcastyrs ? Ta propre reine en est victime, portant à sa gorge l'un de ses sinistres colliers. Non que je l'estime particulièrement, mais de son existence nait un fragile équilibre politique.
Bien des aristocrates ricaneront intérieurement de cette mort, derrière le deuil d'apparat qu'ils réserveront pour leur entourage. Sans héritier légitime pour contenir leurs ambitions, il y a fort à parier que les plus puissants se trouveront toutes les qualités et compétences pour poser sur leur tête la couronne de l'Empire elfique. Ne l'ont-ils pas déjà faits dans une fronde il y a quelques décennies de cela ? D'autres y verront l'occasion de réinstaurer la lignée des Alcastyrs siégeant à Ciridjäll.
Dis-moi, Halko, est-ce que la tête de Pryd vaut une guerre civile au sein de l'Empire elfique ?"
"Pas la moindre trace de collier, Halko. Mes seules entraves sont celles de ma conscience qui ne peut accepter que l'on massacre autant des nôtres et de ma raison qui me laisse à penser que la mort de Pryd ne protégera en rien nos peuples de guerres à venir.
Dans un sens, tu as raison, j'ai confiance en ce holdar. J'ai une foi inébranlable en sa duplicité et sa capacité à nous nuire des plus viles manières. Il sait que durant cette collaboration, je traquerai chacune de ses failles et qu'à la moindre entourloupe, je me retournerai contre lui sans la moindre hésitation.
C'est parce qu'il le sait qu'il n'en fera rien avant la prise d'Isaroth sous peine de perdre le soutien qu'il a tant cherché à obtenir. C'est aussi parce qu'il sait tout cela qu'il n'utilisera plus ces hommes comme vulgaires chairs à canon, il hésitera à voir leur nombre diminuer trop drastiquement sans quoi sa monnaie d'échange devient caduque. Dans un sens, je m'assure ainsi qu'il ne dilapide pas leurs vies dans des mouvements de troupes suicidaires.
Mais plus important, Halko, que préconises-tu en contrepartie pour le tuer ? Crois-tu naïvement que nous pourrons l'atteindre sans devoir passer l'épée dans le corps de chacun de ses sbires possédés ? Cette enflure les utilisera inlassablement comme bouclier, pour nous détourner de notre objectif. Regarde autour de toi... N'as-tu pas la moindre compassion pour tous ces taliens et elfes qui nous entourent ? Ils sont vraiment nombreux... et tu les condamnes ainsi à un trépas des plus cruels tant il n'a aucun sens.
De plus, rien ne nous assure que la fin de Pryd sauvera ces innocents. Les colliers sont dotés d'un mécanisme mortel pour le porteur. Il pourrait très bien y avoir une sécurité en pareil cas. Ou plus simplement, voyant ses derniers instants, Pryd pourrait ordonner leur suicide collectif afin que notre victoire sur lui n'en soit pas vraiment une.
Tout cela en priant les Dieux que les exarques se montrent magnanimes et compréhensifs, qui, comme nous le savons tous, sont des qualités particulièrement répandues chez le peuple holdar."
Elle marqua une pause après sa pique ironique, scrutant le reste de l'assemblée et leurs inclinaisons respectives. Elle savait qu'elle devrait lutter contre deux sentiments d'apparence opposée qui pourtant s'associaient parfaitement pour s'opposer à cette collaboration dans l'esprit de ses compatriotes. Fierté et peur s'enlaçaient de manière inextricable. Tandis que l'une susurrait qu'il était indigne de suivre le renégat dans sa folle conquête, l'autre, plus sournoise, craignait les exarques et renforçait la première. La pyromancienne s'adressa de nouveau à Halko.
"Enfin, soit, j'entends bien les vies des misérables t'importent peu. Peut-être dois-je te rappeler l'envergure de cette prise d'otage qui s'étend jusqu'à Asteras, dans les plus belles ailes du palais des Alcastyrs ? Ta propre reine en est victime, portant à sa gorge l'un de ses sinistres colliers. Non que je l'estime particulièrement, mais de son existence nait un fragile équilibre politique.
Bien des aristocrates ricaneront intérieurement de cette mort, derrière le deuil d'apparat qu'ils réserveront pour leur entourage. Sans héritier légitime pour contenir leurs ambitions, il y a fort à parier que les plus puissants se trouveront toutes les qualités et compétences pour poser sur leur tête la couronne de l'Empire elfique. Ne l'ont-ils pas déjà faits dans une fronde il y a quelques décennies de cela ? D'autres y verront l'occasion de réinstaurer la lignée des Alcastyrs siégeant à Ciridjäll.
Dis-moi, Halko, est-ce que la tête de Pryd vaut une guerre civile au sein de l'Empire elfique ?"