[Scénario final] Pryd, ami ou ennemi ?
#14
A peu près en même temps, Selinde sortit en trombe de sa tente de convalescence, sous les yeux incrédules d'une disciple de l'étoile de nacre, venue lui prodiguer quelques soins supplémentaires. Elle l'arrêta d'un geste.

« Cela ira, merci de votre dévouement. Vos talents seront plus utiles auprès de mes compagnons », déclara-t-elle, mentant délibérément sur son véritable état. « Pouvez-vous dépêcher un messager pour porter ceci à mon intendant, à Balard, s'il vous plait ? »

La disciple acquiesça d'un hochement de tête affirmatif, pouvant difficilement refuser les ordres directs d'une caldras et s'éloigna en hâte pour s'exécuter. La pyromancienne se dirigea directement vers sa monture et se mit aussitôt en selle, dissimulant de son mieux la souffrance réveillée par de tels mouvements.

Elle arriva bien vite sur le champ de bataille, portée par le petit trot élégant de sa licorne. Comme elle le craignait, la situation n'était pas à l'avantage du Concordat. Aussi braves et vaillants que les combattants pouvaient être, ils ne pouvaient triompher de ces vagues incessantes, qui les submergeaient en nombre.

« Où est encore passée ma sœur ? »

Selinde se retourna, reconnaissant la voix exaspérée de son frère. Son très cher frère... Son cœur s'accéléra en apercevant la crinière blanche de Dione un peu plus loin. Elle sourit. Elle n'était jamais plus sereine et rassurée qu'en sa présence. Ensemble, ils ne pouvaient que triompher.

« Jamais très loin, mon frère... » répondit-elle en s'approchant.

« De la poudre noire… Pryd en fait confectionner en masse dans ce camp. C'est à la fois notre malheur et notre chance. Une seule étincelle, et... », souffla-t-il.

Au fur et à mesure qu'il parlait, les yeux de Selinde s'éclairaient, non pas d'espoir, mais d'excitation à l'idée de l'incendie destructeur qui allait naître dans ses paumes. Une étincelle, oui, une seule étincelle pouvait créer l'enfer sur terre et réduire en cendre l'armée entière de Pryd.

Ce savoir nain était vraiment redoutable… Bien trop. Le holdar avait eu raison de s'en emparer pour mener à bien ses projets. Mais il s'était fourvoyé en abandonnant ses laboratoires à la merci de ses adversaires, si loin du sommet, tout comme il regretterait de ne pas avoir accepté sa proposition, somme toute raisonnable.

« Très bien. Je sais quoi faire. »

Elle talonna sa monture qui se mit immédiatement au galop.

« Halko, j'ai besoin de ta magie ! Vagnard, Idya, de la vôtre aussi ! » cria-t-elle en allant à leur rencontre. « Si nous souhaitons pouvoir atteindre le sommet depuis lequel ce maudit holdar nous observe, il nous faut pouvoir déployer notre arrière-garde, sans craindre une prise à revers, sans quoi nous ploierons sous leur nombre en amont. Nous ne tiendrons pas deux fronts simultanément.

Dés que nous en tuons dix, il en revient cent pour nous attaquer depuis ce camp. Alors, nous allons le détruire, ou dans le pire des cas, faire en sorte de bloquer leurs assauts... En faisant exploser toute la poudre noire qu'ils ont fabriqué et entreposé…

Halko, ton rôle est primordial. Tu t'occuperas du vent. Il doit souffler d'ouest en est, afin d'attiser l'incendie et de le diriger vers les différents lieux de stockage. Nous pourrons alors espérer un effet en chaîne suffisamment conséquent pour atteindre tout le camp et le noyer dans les flammes et les explosions. De plus, tant que le vent soufflera dans cette direction, notre propre camp sera protégé, d'où l'importance d'y veiller.

Quant à nous trois, nous nous contenterons d'envoyer quelques boules de feu sur les tables d'alchimie. L'effet devrait être immédiat. Bien entendu, il faudra agir vite et ne pas s'attarder sous peine d'être nous-même happé par les explosions.

J'ignore quel sera l'étendu exact des dégâts, ne pouvant prévoir avec quelle vitesse le feu se répandra. Mais je mise à la fois sur un nombre conséquent de morts et un incendie qui ralentira massivement les attaques. Dans ce chaos, les ennemis survivants ne pourront passer au travers des flammes sans être blessés ou sans essayer d'éteindre le feu. Dans tous les cas, nous aurons gagné du temps. »


Elle n'ajouta rien au sujet des combattants du Nord, ne sachant s'ils bénéficieraient de la manœuvre, ou au contraire, en seraient-ils affaiblis. Mais dans le fond, cela ne la concernait plus depuis qu'ils avaient poliment décliné sa main tendue.
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