[Mini-event estival]
#14
Selinde sentit le métal froid des lames de la Maldorne s'abattre et transpercer ses chairs avec une force hors du commun. Cette fois-ci, la sorcière fut incapable de retenir le hurlement de douleur, qui résonna du fond de ses entrailles. Le sol, autour d'elle, se mit à danser tandis que son esprit vacillait peu à peu, cherchant désespérément le répit dans l'inconscience. Une flèche se planta dans son dos. Un traitre ? Ses pensées s'envolaient sans qu'elle puisse s'attarder sur cette hypothèse. Ses yeux révulsés peinaient à se fixer... jusqu'à ce qu'ils rencontrent ceux de la Maldorne.

Au milieu des acouphènes qui bourdonnaient inlassablement dans ses oreilles, elle l'entendit distinctement. Du moins, en eut-elle la certitude lorsqu'elle se laissa tomber à terre. Ses jambes venaient d'atteindre leurs limites et ne la portaient plus. Elle s'effondra, le souffle coupé par le choc. Ses blessures venaient d'heurter le sol violemment, réveillant l'insupportable douleur. Mais elle ne cria pas. Elle en fut incapable.

Il lui fallut quelques secondes pour reprendre ses esprits. La pièce n'avait cessé de tournoyer. Les sons lui revenaient diminués, assourdis par son état cotonneux et fébrile. Le moindre mouvement, même imperceptible, était un supplice, sa respiration un tourment. Elle entendait, ou imaginait entendre, étouffé par les bourdonnements, la voix déformée de Valyrielle se moquant du pathétique insecte qu'elle était et qu'il était ravi d'avoir écrasé si facilement.

Impuissante. Encore.
Elle n'avait pas changé. Elle était toujours cette gamine maigrelette que l'on tabassait jusqu'au sang dans les rues mal fréquentées d'Yris. Combien de fois l'avait-on laissé pour morte ? Des dizaines. Elle restait là, recroquevillée sur les pavés et couverte d'ecchymoses, à haïr le monde, à se haïr de ne pouvoir le changer, jusqu'à ce que son frère finisse par la retrouver et la ramener. Mais aujourd'hui, Dione n'était pas là.
Elle était seule.

Pied bancal.

Seule avec cette rage qui coulait dans ses veines, comme un poison... comme un espoir.

Pied bancal.

Lentement, son index bougea, suivi du réveil maladroit et tremblant de chacun de ses doigts. Il lui fallut, parfois, s'y reprendre à plusieurs fois pour obtenir un résultat. Elle parvint à positionner sa main pour un ultime sort. Le feu était en elle, elle le sentait bouillonner, prêt à tous les ravages pour se libérer.

Mais son corps, lui, était à bout... Sa paume dévia sous l'effet du sortilège de feu qui vint s'écraser contre la paroi de la grotte, bien loin de la botte de la Maldorne que Selinde ciblait. C'était un échec. Elle ne l'avait même pas effleuré.

Pied bancal.

La sorcière hurla de colère, et mue de l'énergie du désespoir, parvint à pivoter sur le sol de façon à atteindre le talon de l'elfe possédée de sa jambe, espérant la déstabiliser par ce mouvement rotatif.
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