[Mini-event estival]
#3

Qui voyage loin ménage sa monture. Toute féérique qu'elle était, celle de la sulfureuse Caldras de Balard n'échappait pas à l'adage populaire et n'avait pu maintenir la cadence effrénée que sa cavalière lui avait infligé en quittant Balard.

A présent reposée, la bête du Pelethor avançait d'un petit trot élégant et aérien, évitant les fourrées et autres buissons parsemant le chemin forestier quand soudain, elle s'immobilisa pour renacler bruyamment et taper le sol terreux de son sabot. Sa tête, ornée d'une unique corne, se releva, au aguet. Sa cavalière l'imita, à la recherche de ce qui avait pu troubler sa sombre monture.

En tendant l'oreille, il ne fut pas difficile de déceler les échos d'un combat. Cela devait être eux. Cela ne pouvait être qu'eux si l'on en croyait la lettre signée de la main de la paladine Shatolissa. Une lettre, restée scellée durant un cycle de lune complet, de peur d'en compromettre les informations. Elle avait craint que l'être qui voyageait dans ses songes n'en prenne connaissance. Elle l'avait combattu de son mieux en se privant de sommeil, mais vaincue par l'épuisement, elle n'avait pu que se résigner à le voir hanter ses souvenirs auprès de la Princesse Elene.

Pryd y cherchait quelque chose. Un moyen de nuire à cette dernière, assurément. Le sang de la sorcière bouillait à cette idée, qui lui était d'autant plus intolérable d'avoir conscience d'être elle-même cette chose, cette faiblesse qui pourrait permettre au holdar de triompher de sa souveraine.

Soit. Elle ne pouvait dissimuler la véritable nature de sa relation avec la Princesse à un maître de l'illusion tel que Pryd. Non, elle ne pouvait rien lui cacher de cet amour secret, qui n'attirerait que le malheur sur les deux jeunes femmes si cela venait à se savoir.

Bien que Selinde avait fini par s'y résoudre, acceptant l'inéluctable pour mieux y faire face, un élément singulier de ces intrusions l'interpelait. N'aurait-il pas été plus simple pour Pryd de se renseigner à la source, dans les rêves d'Elene plutôt que dans les siens ? Il avait, ainsi, pris le risque d'avertir une de ses ennemis de ses intentions malveillantes à l'égard du Royaume Talien. Pour quelle raison ? Etait-ce de l'arrogance qui l'avait amené à provoquer la pyromancienne de la sorte ? Ou au contraire le témoignage de son impuissance ?

Il fallait arrêter le holdar.
Et la lettre de Shatolissa lui avait offert, à défaut d'une solution, au moins un début de piste à suivre.

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