[RP] Sous le masque du secret

[Esprit rêveur]

La talienne démasquée hocha la tête, détaillant Vagnard sans pudeur. Son visage lui était inconnu : il n'avait pas du participer à la bataille au manoir. Un bon point selon elle.

"Bien. Installez-vous, je vous prie. Nous avons effectivement bien des choses à vous révéler... en commençant par mon identité. Je me nomme Alcina Franisca. Ma mère était la nourrice de Reïn et nous a toutes deux élevées durant notre enfance. Depuis, je n'ai jamais cessé de protéger et servir ma sœur de lait. Je ne pouvais la laisser seule aux prises avec ce maudit Rian'cir."

Sentant le regard des hommes tournés vers elle, la jolie brune ne put empêcher ses joues de rosir délicatement. Elle tâcha de retrouver sa contenance en poursuivant le récit entamé par sa comparse. Sa prose paraissait confuse et décousue, révélant tout de la culpabilité qui la rongeait.

"Nous ne voulions pas... Enfin, si, nous souhaitions me permettre de fuir ce mariage. Pauvre Eavaar, il n'y est pour rien, vous savez. Mais tous ces morts... La situation nous a échappé... Nous avions engagé quelques manants pour effrayer les convives. A la dernière limite, les blesser superficiellement. Mais jamais, nous n'avions voulu tout cela !"

"Reïn", répliqua sèchement la rousse, "cesse de geindre. Ces messieurs sont là pour entendre la vérité, pas tes regrets."

Piquée au vif, les yeux légèrement larmoyants, Reïn inspira profondément avant de reprendre, chargée d'un courage nouveau.

"La vérité, c'est que je n'ai jamais eu le moindre sentiment pour mon fiancé, qui bien que doté d'une incroyable bonté, ne fait guère battre mon coeur de passion. Profitant de sa sincère inclinaison pour moi, Mère a insisté pour que je ne rejette pas ses bras vigoureux et que je me laisse bercée par ses doux mots d'amour. Je l'ai fait. Pour ma famille. Pour qu'elle retrouve sa place d'antan aujourd'hui disparue.

Mais j'espérai secrètement un refus de ma potentielle belle-famille, ce qui ne manqua pas d'arriver. Ezuri Rian'cir s'opposa avec virulence à notre union, prétextant à juste titre une mésalliance tant de prestige que de fortune."

Alcina soupira.

"Abrégeons.
Tu t'es laissée berner par ce petit rat de Sadriemir qui a su te faire avouer, par je ne sais quel prodige, un secret familial qu'il a vendu à son maitre dans la foulée. Ce dernier a subitement changé d'avis concernant le mariage. Tout s'est enchainé à une vitesse vertigineuse. Des allusions, menaces à peine voilées, ont commencé à se murmurer dans le creux de l'oreille de Reïn.

Il nous fallait agir. Ce que nous avons fait, avec le succès que nous savons tous."

Elle marqua une pause pour laisser le temps à ses interlocuteurs de recoller tous les morceaux et prête à répondre à leurs légitimes interrogations.