Tant de droiture dans la perfidie
#4
« La plupart des guerres sont l'œuvre de l'imagination. Le quiproquo est frère de la discorde. »

Voilà une rare chose qu'elle avait retenu de ses longues leçons sur les Arts de la Guerre à l'Académie d'Asteras. Les cours n'étaient pas ennuyeux, mais Cendre n'avait jamais eu l'âme d'une guerrière conquérante. C'était une érudit somme toute banale, avec pour seul objectif la recherche de la puissance… pour aucune autre raison que d'être plus forte. Pour être implacable, ce qu'elle n'était pas au fond.

La rousse eut un petit rire sincère à l'invitation, mais il sonnait quelque peu… amer.

« Je ne suis pas contre un repas, mais si c'est pour finir en face de mon frère, je préfère très sincèrement aller dans un petit bouiboui où je serais cent fois plus au calme. »

Un petit mouvement de main semblait vouloir dire qu'elle leur laissait Victor.

Elle allait faire un pas, mais s'abstint. Son regard mordoré brilla comme si quelque chose venait de lui passer entre les deux oreilles semi-pointues.

« Mais j'y penserais, chevalier Belzora. On ne sait en effet pas ce qu'il adviendra sous peu. »

La lettre de Seldzar avait été une nouvelle aussi exaltante que perturbante.
Cendre était sûre que quelque chose était en train de se tramer.

Elle hésita une seconde de plus, cherchant à savoir si sa vengeance serait plus savoureuse si elle venait à détruire le bonheur de Victor en face ou si elle serait plus douce encore apprise de l'oreille d'un proche.
Elle pencha pour la seconde solution et reprit :

« Ça me fait penser, Dione, si je peux me permettre » un sourire neutre se dessina sur ses lèvres pâles, « tu pourras apprendre à mon cher frère que ma mère est vivante. Elle se trouve en ce moment même à Cyrijäl auprès de la Reine Mélyriëlle. S'il s'intéressait encore à sa famille, je veux dire. »

Elle eut un sourire fier. C'était aussi savoureux qu'elle l'espérait.
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