La complainte du Korrigan
#1
Karad Zirkomen, le soleil rougeoyant illumine les monts enneigés alentours. La cité est calme, ses habitants vaquent à leurs occupations et comme d'habitude en cette fin d'après-midi, les nains, à l'issue de leur journée de travail, parcourent les rues de la cité, certains retournant dans leur foyer, d'autres se rendant à la taverne afin de s'y délasser devant quelques chopes, d'autres encore se dirigent vers les bains publics ou vers quelqu'activité connue d'eux seuls. Les forges résonnent encore des coups de marteaux réguliers de leur forgeron, les derniers marchands franchissent les portes de la cité avant que la nuit ne tombe, poussant et tirant leurs charriots, huant leurs animaux de bât, pressés de se rendre à l'auberge afin de s'y reposer.
Soudain...

Asteras, les hautes tours de la cité resplendissent, baignées des lueurs du couchant, tandis que les Haut Elfes en parcourent les larges avenues de leur pas gracieux. Non loin du palais, on peut entendre les chants harmonieux des Maîtres Chanteurs et de leurs élèves, célébrant la grâce et la beauté du monde. Un groupe de jeunes elfes, occupés à poursuivre l'ennemi nain qu'ils combattent en cet instant à l'aide de leurs épées de bois, bousculent un groupe d'érudits tout occupés à leur conversation, les anciens affichent un sourire plein de compréhension pour l'énergie désordonnée de ces jeunes guerriers pleins de folles ambitions.
Soudain...

A Kromgar, comme à Tilador Erdana, la vie suivait son cours. Bien que moins animés, moins prestigieux, moins grandioses que leur capitale respective, les deux villages fortifiés en étaient la réplique presque exacte. Leurs habitants, soumis comme les autres au rythme des journées, achevaient la leur et se préparaient à leurs activités du soir.
Préparer le repas, courir après les enfants, dénouer les muscles douloureux, se rendre au temple afin d'y déposer quelques intentions de prière et peut-être quelques offrandes.
Tandis que d'autres, les gardes, le personnel des tavernes et des auberges, se préparaient, eux, à leur service de soirée ou de nuit.
Soudain...

Dans chacune des cités d'Ecridel, au même instant, en cette fin de journée, le même personnage apparait, semblant doué du don d'ubiquité.
Il est petit. Bien plus petit qu'un nain. Ce dernier pourrait l'écraser d'un coup de botte en pensant marcher sur une branche du sol. Selon les critères elfes, il est laid. Selon les critères nains, il est laid. Ses membres sont fins et noueux, comme un arbre ayant vieilli sans jamais s'épanouir. Ses vêtements sont cependant propres et bien coupés. Pour qui est capable de s'en rendre compte, il n'a pas d'odeur. Sa voix est basse mais éraillée, comme un vieux portail rouillé annonçant chaque visite d'un grincement tremblotant.
Entendu, curieusement, dans tous les coins et recoins de ces cités, il dit ceci :

Salut, Salut, hauts et bas culs,
Gens de paix et gens d'épées,
Gens de magie, gens malappris,
Venez, venez, approchez-vous,
Ne craignez rien, mais rien du tout !
Vous cherchez or, force et gloriole ?
Vous ne craignez ni feu ni race ?
Alors écoutez mes paroles,
Avant que trop, le temps ne passe,
Et que le Korrigan se lasse..

Encore plus prés, approchez-vous.
Ecoutez et taisez-vous.
Voici venir l'énigme folle,
Voici venir mes paroles :

7 sont à tête couronnée, vers le soleil sont tournées.
3 vivent à l'ombre des 3 suivants, et du soleil sont délaissés.
3 de ramures sont parés, aux voyageurs offrent le frais.
2 sont refuges des petits, promesses d'épines effilées.

15 à nommer ne suffit pas, les situer il vous faudra, puis les noter, n'oubliez pas !
Ensuite revenir à moi, vous me trouverez ici bas :
Là où glace couvre racines, prés de la table des géants,
Je vous attendrais Oh Héros, mais attention, pas trop longtemps.
Alors du jeu en trois séquences,
Vous aurez fait la première danse.
Et vous aurez ma récompense, pas celle du roi, celle du valet.
C'est après la troisième chance, que vous ferez de roi bombance,
Et satisfait, je partirai, vous laissant à vos errances, à vos combats, à vos croyances.
Une dernière chose, aventuriers : un mot, la solidarité.
Seul, faute de temps, vous succomberez, à mon impatience renommée.
Pour réussir, un bon conseil, quelle grande générosité !
Il vaudrait mieux vous réunir, pour ne pas trop vous attarder.


A l'issue de la diatribe de l'étrange et laid petit personnage, de nombreux habitants des cités sortent de leur foyer, des tavernes, de leur boutique, curieux, intrigués, inquiets parfois.
Les gardes des cités restent circonspects, hésitant sur la conduite à tenir.
Mais l'auteur de ce poème a déjà disparu...
Les érudits, magiciens et autres maîtres des runes se lancent déjà dans des conversations endiablées, chacun faisant preuve de son érudition.

Partout, on entend les premiers commentaires.

-Un Korrigan, c'est un Korrigan !
-Un Korrigan ? Mais qu'est-ce que c'est ?
-Un du petit peuple, voyons ! On dit qu'ils détiennent des trésors fabuleux ! Et que parfois ils les offrent à ceux qui leur apportent leur aide.
-On dit aussi qu'ils sont facétieux, que parfois ils lancent des malédictions sur ceux qui les maltraitent.
-Mais qu'est-ce qu'il veut ?


Les plus réactifs, les plus opportunistes ou les plus curieux des habitants d'Ecridel notaient déjà les paroles du Korrigan afin de les étudier et d'en comprendre le sens.
Y aurait-il à la clé aventures, richesses ou secrets à découvrir qu'il ne faudrait pas rater le coche, se disaient-ils...
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